L'Algérie s'apprête à élire un nouveau président le 9 avril, un scrutin sans surprise qui devrait offrir à Abdelaziz Bouteflika, âgé de 72 ans, son troisième mandat. Cette élection se déroule dans un contexte économique marqué par une certaine aisance financière du pays, mais sur fond d'inquiétudes sur l'avenir en raison d'une économie trop dépendante des hydrocarbures.
Le pays dispose de 140 milliards de dollars de réserves de change, près de 55 milliards de dollars dans un fonds de régulation des recettes, une dette publique externe de moins de 600 millions de dollars et un taux de chômage de moins de 12 %, selon des chiffres officiels. L'économie reste toutefois très dépendante des hydrocarbures - 98 % des recettes en devises ! -, qui ne sont pas inépuisables, et importe l'essentiel de ses besoins en produits et services, dont la facture a augmenté de 300 % entre 2002 et 2008 (39 milliards de dollars). Durant ses deux précédents quinquennats, Bouteflika a lancé deux plans de développement économique d'un montant total de plus de 160 milliards de dollars, financés grâce à la manne pétrolière (75 milliards de dollars en 2008) et destinés notamment à moderniser les infrastructures de base ou à réduire la crise du logement.
En vue, un autre plan de développement de 150 milliards de dollars pour les cinq prochaines années. Mais la poursuite de cette politique d'investissements massifs, qui n'a pas réduit la dépendance du pays vis-à-vis des hydrocarbures, ne fait pas l'unanimité parmi les experts algériens. "Continuer à injecter de l'argent public dans l'économie n'est pas la bonne solution, faute d'entreprises capables de créer des richesses. Le pays aura, certes, des infrastructures, mais pas d'économie durable", estime l'économiste Abdelhak Lamiri.
Un système financier sclérosé
Pour substituer la production nationale à l'importation et aussi moderniser ses institutions, l'Algérie doit investir massivement dans le développement humain, l'agriculture et les petites et moyennes entreprises, préconise l'expert. "Nous avons une économie qui dilapide les ressources au lieu de créer des richesses. Il faudrait rendre les entreprises et les institutions plus efficaces pour créer beaucoup de richesses avec peu de ressources."
L'économiste Abderrahmane Mebtoul regrette, pour sa part, le manque de visibilité économique du gouvernement et met en garde contre les effets de la crise mondiale sur le pays. "Avec un baril de pétrole à 50 dollars et au rythme actuel des dépenses, l'Algérie aura des problèmes budgétaires en 2011. Le gouvernement minimise les effets de la crise mondiale sur notre pays, alors qu'elle nous touche indirectement via la chute des prix du brut. La crise économique mondiale n'est pas prise au sérieux en Algérie."
Le gouvernement ne l'entend pas de cette oreille. Il certifie que l'Algérie a les moyens de "faire face à la crise mondiale" durant trois ans et a de quoi financer aussi sa politique de grands travaux. Malgré la manne pétrolière, beaucoup reste à faire pour moderniser l'économie algérienne, plombée par la corruption, un système d'information économique peu fiable et un système financier sclérosé et déconnecté du reste du monde.
Par Jamila Aridj (source AFP)
Le pays dispose de 140 milliards de dollars de réserves de change, près de 55 milliards de dollars dans un fonds de régulation des recettes, une dette publique externe de moins de 600 millions de dollars et un taux de chômage de moins de 12 %, selon des chiffres officiels. L'économie reste toutefois très dépendante des hydrocarbures - 98 % des recettes en devises ! -, qui ne sont pas inépuisables, et importe l'essentiel de ses besoins en produits et services, dont la facture a augmenté de 300 % entre 2002 et 2008 (39 milliards de dollars). Durant ses deux précédents quinquennats, Bouteflika a lancé deux plans de développement économique d'un montant total de plus de 160 milliards de dollars, financés grâce à la manne pétrolière (75 milliards de dollars en 2008) et destinés notamment à moderniser les infrastructures de base ou à réduire la crise du logement.
En vue, un autre plan de développement de 150 milliards de dollars pour les cinq prochaines années. Mais la poursuite de cette politique d'investissements massifs, qui n'a pas réduit la dépendance du pays vis-à-vis des hydrocarbures, ne fait pas l'unanimité parmi les experts algériens. "Continuer à injecter de l'argent public dans l'économie n'est pas la bonne solution, faute d'entreprises capables de créer des richesses. Le pays aura, certes, des infrastructures, mais pas d'économie durable", estime l'économiste Abdelhak Lamiri.
Un système financier sclérosé
Pour substituer la production nationale à l'importation et aussi moderniser ses institutions, l'Algérie doit investir massivement dans le développement humain, l'agriculture et les petites et moyennes entreprises, préconise l'expert. "Nous avons une économie qui dilapide les ressources au lieu de créer des richesses. Il faudrait rendre les entreprises et les institutions plus efficaces pour créer beaucoup de richesses avec peu de ressources."
L'économiste Abderrahmane Mebtoul regrette, pour sa part, le manque de visibilité économique du gouvernement et met en garde contre les effets de la crise mondiale sur le pays. "Avec un baril de pétrole à 50 dollars et au rythme actuel des dépenses, l'Algérie aura des problèmes budgétaires en 2011. Le gouvernement minimise les effets de la crise mondiale sur notre pays, alors qu'elle nous touche indirectement via la chute des prix du brut. La crise économique mondiale n'est pas prise au sérieux en Algérie."
Le gouvernement ne l'entend pas de cette oreille. Il certifie que l'Algérie a les moyens de "faire face à la crise mondiale" durant trois ans et a de quoi financer aussi sa politique de grands travaux. Malgré la manne pétrolière, beaucoup reste à faire pour moderniser l'économie algérienne, plombée par la corruption, un système d'information économique peu fiable et un système financier sclérosé et déconnecté du reste du monde.
Par Jamila Aridj (source AFP)