En Algérie, au troisième jour du procès de la BNA, le juge Belkherchi a poursuivi l’audition des responsables des agences où les 3 200 milliards de centimes ont été dilapidés ainsi que des inspecteurs et des commissaires aux comptes, chargés du contrôle durant la période de ces malversations. Il a ainsi appelé à la barre, dès l’ouverture de l’audience de jeudi dernier, M. Boughernout Ali, chef de section chargé du paiement des salaires au niveau de l’agence BNA de Koléa.
Ce dernier est l’oncle maternel de l’épouse d’Achour Abderrahmane, le principal accusé dans ce scandale. Accusé entre autres d’association de malfaiteurs, de dilapidation et d’escroquerie, Boughernout Ali a commencé par nier en bloc tous les chefs d’inculpation. «Je n’ai aucune relation avec cette affaire», lâche l’accusé dès que le magistrat lui donne la parole. «Pourtant Aïnouche, l’associé de Achour, t’a contacté pour ouvrir un compte pour son entreprise au niveau de l’agence de Koléa ?», demande alors le président de séance. «Comme n’importe quel client, je ne le connaissais pas. Il cherchait à se renseigner et c’est à moi qu’il s’est adressé», réplique l’inculpé. Loin d’être convaincu, le juge s’interroge si pour ouvrir un compte dans une agence bancaire, un citoyen a besoin d’une connaissance. Il sera appuyé par la suite par le procureur général qui demandera à l’accusé si au niveau de l’agence il n y a pas de guichet pour les renseignements ou au moins un préposé à la réception pour orienter les clients.
«Tu occupes un poste qui n’a aucun lien avec les ouvertures de comptes», fait remarquer le représentant du ministère public. Boughernout persiste à dire qu’il ne savait pas qu’Aïnouche était l’associé de Achour. «Justement, mon guichet est généralement peu sollicité, donc les clients n’aiment pas faire de queue et se présentent pour se renseigner !».
Ne voulant pas polémiquer, le juge commence à lire le PV d’audition du témoin lors de l’instruction : «Aïnouche m’a contacté en sa qualité d’associé de mon neveu par alliance, Achour, pour lequel j’ai intervenu pour l’ouverture d’un compte commercial». Boughernout ne veut rien admettre : «Je n’ai jamais dit ça. Ces passages ont été rajoutés». Le juge décide de poursuivre son interrogatoire à la barre : «Trois jours après, Aïnouche a présenté plusieurs chèques aux noms de personnes et d’entreprises pour retirer la somme de 9 milliards de centimes du compte de l’entreprise National A Plus. Et c’est vous qui aviez remis les avis de sort à Aïnouche, en mains propres. Est-ce le procédé réglementaire ?» «Sur ordre de mon directeur d’agence», répond l’inculpé. Le procureur lui fera alors remarquer que son travail se limitait à payer les salaires des employés. Boughernout niera avoir reçu, durant toute la durée de l’ouverture du compte, des chèques de son neveu Settouf Djamel (frère de l’épouse Achour et qui est également inculpé dans cette affaire) qu’il remettra à l’encaissement.
Un compte ouvert à 20 000 DA a permis l’encaissement de plusieurs milliards
Pour l’inculpé, «mon neveu venait à la maison pour rendre visite à sa grand-mère, il ne m’a jamais rien remis». M. Belkherchi ne pourra pas s’empêcher de tirer cette conclusion : «Pour un compte ouvert avec 20 000 DA, des milliards ont été retirés trois jours après. Voilà la raison pour laquelle, il fallait une intervention pour ouvrir le compte». Le représentant du ministère public se contentera pour sa part de rappeler à l’accusé ses déclarations devant le juge instructeur où il avait expliqué le procédé de la dilapidation. «L’agence de Cherchell paye l’agence de Bouzaréah et le retrait s’effectue de l’agence de Koléa». Quand Kherroubi Lakous, le directeur intérimaire de l’agence de Cherchell se présente à la barre, il confirmera que les opérations effectuées au niveau de cette agence étaient suspectes, «mais je n’ai rien à voir».
«Il y avait des chèques sans provision et j’ai attiré l’attention de mon directeur, M. Belmiloud Mustpaha, mais ce dernier m’a expliqué qu’il s’agissait d’un gros client qui présente des garanties et qui peut alimenter son compte dans les délais». Le juge demande à l’accusé : «Nous savons que vous avez attiré l’attention de votre directeur et qu’après votre nomination pour l’intérim vous avez fermé les comptes. Mais ce que nous voudrions savoir, c’est la raison pour laquelle vous n’avez pas alerté l’agence de Bouzaréah de cette fermeture en continuant à renvoyer les avis de sort sans mention. Ce qui a permis la poursuite des encaissements de chèques.». L’accusé tergiversera un moment avant que le juge ne lise son PV d’audition. «Je reconnais ma faute, celle de ne pas avoir avisé l’agence de Bouzaréah de la fermeture des comptes. La raison est que j’avais peur des conséquences face aux menaces de gens influents». Il lui dira ensuite : «Tu as voulu être honnête mais il y a eu une déviation par la suite en décidant de te taire».
C’est lors de l’intervention du PJ qu’une allusion sera faite aux raisons de cette «déviation».
M. Belhadj demandera à l’accusé : «Tu as bien acheté à cette époque un logement LSP ? Et tu as reçu d’Achour la somme de 40 millions de centimes ?» Kherroubi lâche alors : «Je n’ai jamais volé.» Le procureur lui demandera des explications sur le procédé réglementaire en cas de décèlement de chèques sans provision à plusieurs reprises pour un même client. Kherroubi explique alors que le directeur d’agence est tenu d’informer la banque centrale. Pour quelle raison ne l’a-t-il pas fait ? «J’ai fermé les comptes et j’ai avisé l’agence de Bouzaréah. J’ai envoyé des PF4 (documents bancaires) avec les chèques en retour. Le PF4 est un document destiné au client l’avisant que son compte n’est pas crédité», explique Kharroubi qui ne convainc pas le PJ : «Pourquoi ne pas avoir tout simplement mentionné cela sur les avis de sort ou téléphoné à l’agence de Bouzaréah ?»
Ce dernier est l’oncle maternel de l’épouse d’Achour Abderrahmane, le principal accusé dans ce scandale. Accusé entre autres d’association de malfaiteurs, de dilapidation et d’escroquerie, Boughernout Ali a commencé par nier en bloc tous les chefs d’inculpation. «Je n’ai aucune relation avec cette affaire», lâche l’accusé dès que le magistrat lui donne la parole. «Pourtant Aïnouche, l’associé de Achour, t’a contacté pour ouvrir un compte pour son entreprise au niveau de l’agence de Koléa ?», demande alors le président de séance. «Comme n’importe quel client, je ne le connaissais pas. Il cherchait à se renseigner et c’est à moi qu’il s’est adressé», réplique l’inculpé. Loin d’être convaincu, le juge s’interroge si pour ouvrir un compte dans une agence bancaire, un citoyen a besoin d’une connaissance. Il sera appuyé par la suite par le procureur général qui demandera à l’accusé si au niveau de l’agence il n y a pas de guichet pour les renseignements ou au moins un préposé à la réception pour orienter les clients.
«Tu occupes un poste qui n’a aucun lien avec les ouvertures de comptes», fait remarquer le représentant du ministère public. Boughernout persiste à dire qu’il ne savait pas qu’Aïnouche était l’associé de Achour. «Justement, mon guichet est généralement peu sollicité, donc les clients n’aiment pas faire de queue et se présentent pour se renseigner !».
Ne voulant pas polémiquer, le juge commence à lire le PV d’audition du témoin lors de l’instruction : «Aïnouche m’a contacté en sa qualité d’associé de mon neveu par alliance, Achour, pour lequel j’ai intervenu pour l’ouverture d’un compte commercial». Boughernout ne veut rien admettre : «Je n’ai jamais dit ça. Ces passages ont été rajoutés». Le juge décide de poursuivre son interrogatoire à la barre : «Trois jours après, Aïnouche a présenté plusieurs chèques aux noms de personnes et d’entreprises pour retirer la somme de 9 milliards de centimes du compte de l’entreprise National A Plus. Et c’est vous qui aviez remis les avis de sort à Aïnouche, en mains propres. Est-ce le procédé réglementaire ?» «Sur ordre de mon directeur d’agence», répond l’inculpé. Le procureur lui fera alors remarquer que son travail se limitait à payer les salaires des employés. Boughernout niera avoir reçu, durant toute la durée de l’ouverture du compte, des chèques de son neveu Settouf Djamel (frère de l’épouse Achour et qui est également inculpé dans cette affaire) qu’il remettra à l’encaissement.
Un compte ouvert à 20 000 DA a permis l’encaissement de plusieurs milliards
Pour l’inculpé, «mon neveu venait à la maison pour rendre visite à sa grand-mère, il ne m’a jamais rien remis». M. Belkherchi ne pourra pas s’empêcher de tirer cette conclusion : «Pour un compte ouvert avec 20 000 DA, des milliards ont été retirés trois jours après. Voilà la raison pour laquelle, il fallait une intervention pour ouvrir le compte». Le représentant du ministère public se contentera pour sa part de rappeler à l’accusé ses déclarations devant le juge instructeur où il avait expliqué le procédé de la dilapidation. «L’agence de Cherchell paye l’agence de Bouzaréah et le retrait s’effectue de l’agence de Koléa». Quand Kherroubi Lakous, le directeur intérimaire de l’agence de Cherchell se présente à la barre, il confirmera que les opérations effectuées au niveau de cette agence étaient suspectes, «mais je n’ai rien à voir».
«Il y avait des chèques sans provision et j’ai attiré l’attention de mon directeur, M. Belmiloud Mustpaha, mais ce dernier m’a expliqué qu’il s’agissait d’un gros client qui présente des garanties et qui peut alimenter son compte dans les délais». Le juge demande à l’accusé : «Nous savons que vous avez attiré l’attention de votre directeur et qu’après votre nomination pour l’intérim vous avez fermé les comptes. Mais ce que nous voudrions savoir, c’est la raison pour laquelle vous n’avez pas alerté l’agence de Bouzaréah de cette fermeture en continuant à renvoyer les avis de sort sans mention. Ce qui a permis la poursuite des encaissements de chèques.». L’accusé tergiversera un moment avant que le juge ne lise son PV d’audition. «Je reconnais ma faute, celle de ne pas avoir avisé l’agence de Bouzaréah de la fermeture des comptes. La raison est que j’avais peur des conséquences face aux menaces de gens influents». Il lui dira ensuite : «Tu as voulu être honnête mais il y a eu une déviation par la suite en décidant de te taire».
C’est lors de l’intervention du PJ qu’une allusion sera faite aux raisons de cette «déviation».
M. Belhadj demandera à l’accusé : «Tu as bien acheté à cette époque un logement LSP ? Et tu as reçu d’Achour la somme de 40 millions de centimes ?» Kherroubi lâche alors : «Je n’ai jamais volé.» Le procureur lui demandera des explications sur le procédé réglementaire en cas de décèlement de chèques sans provision à plusieurs reprises pour un même client. Kherroubi explique alors que le directeur d’agence est tenu d’informer la banque centrale. Pour quelle raison ne l’a-t-il pas fait ? «J’ai fermé les comptes et j’ai avisé l’agence de Bouzaréah. J’ai envoyé des PF4 (documents bancaires) avec les chèques en retour. Le PF4 est un document destiné au client l’avisant que son compte n’est pas crédité», explique Kharroubi qui ne convainc pas le PJ : «Pourquoi ne pas avoir tout simplement mentionné cela sur les avis de sort ou téléphoné à l’agence de Bouzaréah ?»
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