ALGER DES ANNÉES 70
20 Juillet 2009 -
Pour l’Algérie dont la doctrine officielle proclamait l’étroite interdépendance entre sa politique intérieure et sa politique extérieure, il était important, par la nature et la force de ses options idéologiques et politiques, de venir en aide aux peuples encore sous le joug colonial ou soumis à la dictature.
En ces jours particulièrement festifs pour l’Afrique, il serait utile de rappeler ce que l’Algérie a apporté dans les années 60-70 comme contribution à la communication des mouvements de libération africains et arabes ainsi qu’à celle des mouvements démocratiques européens et latino-américains.
Tout comme il serait nécessaire par rapport à l’histoire, d’évoquer, par extension, l’action que la Radiodiffusion télévision algérienne a développé en direction des pays du tiers-monde pour les aider, en ces années-là, à asseoir les bases d’une communication nationale émancipée et à défendre leurs intérêts dans les institutions spécialisées et les organisations internationales.
Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette contribution et de cette action, il faut se replacer dans le contexte algérien et international de cette époque.
La Révolution du 1er Novembre 1954, qui avait accéléré la décolonisation de l’Afrique avait, une fois l’indépendance acquise, pesé de toute la force de ses valeurs et de ses principes, sur l’orientation générale de la politique intérieure et extérieure du gouvernement algérien.
C’est ainsi que sur le plan interne, la période postindépendance fut celle de la mise en oeuvre de ce qui fut appelé, alors, les tâches d’édification nationale visant le développement économique indépendant et le progrès social des couches populaires.
Trois dates capitales avaient caractérisé ces moments - clés de l’évolution du pays: la nationalisation des mines en 1966, la nationalisation des hydrocarbures en 1971 et la nationalisation des terres en 1972.
Ces décisions socio-économiques à très forte connotation politique eurent des répercussions et des prolongements internationaux immédiats puisque, coup sur coup, Alger abrita, dans la foulée, le Sommet de l’OUA en 1968, le 1er Festival culturel panafricain en 1969, le Sommet de l’Opep en 1971, le Sommet des pays non-alignés en 1973 et à la même époque le Sommet de la résistance et de la fermeté alors que le Président Boumediene appelait du haut de la tribune des Nations unies, dont l’Algérie présidera l’Assemblée générale, à l’établissement d’un Nouvel ordre économique international et à un Nouvel ordre mondial de l’information.
Ceci dans un contexte marqué par la confrontation Est-Ouest et l’essor du Mouvement des pays non alignés dont les membres avaient, pour nombre d’entre eux, choisi la voie de développement dite non capitaliste et une coopération poussée avec l’Union soviétique et le bloc communiste.
Pour l’Algérie dont la doctrine officielle proclamait l’étroite interdépendance entre sa politique intérieure et sa politique extérieure, il était important, par la nature et la force de ses options idéologiques et politiques, de venir en aide aux peuples encore sous le joug colonial ou soumis à la dictature, que ce soit dans le monde arabe, en Afrique, en Asie, en Amérique latine et même en Europe et en Amérique du Nord.
A un point tel qu’Amilcar Cabral, le Secrétaire général du Paigc, le parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert n’avait pas hésité à qualifier Alger de Mecque des Mouvements de libération nationale. Et pour cause, la capitale algérienne avait accueilli, en ces années - charnières, des dizaines de dirigeants indépendantistes et démocratiques, ceux de la Résistance anti-franquiste et anti-salazariste, ceux de l’OLP et de l’ANC, de la Zanu et de la Zapu, du Paigc donc, du MPLA, du Frelimo et de la SWAPO, et plus tard ceux du FNL vietnamien, de la Résistance chilienne et du Polisario, et ceux de l’opposition brésilienne et argentine et même des Blacks Panthers et du Mpaiac, le Mouvement pour l’indépendance des Iles Canaries du Dr Cubillo.
Tous y avaient ouvert des bureaux où on pouvait croiser Oliver Tambo, Agosthino Neto, Samora Machel, Sam Nujoma, Joshua N’Komo, Robert Mugabe, El-Ouali Mustapha Essayed, Mohamed Lamine, Camacho, Dolorès Ibarruri, Felipe Gonzalez, Mario Soares, Eldrige Cleaver et bien d’autres qui pouvaient approcher les grands de ce monde, Nasser, Tito, Brejnev, Castro qu’Alger recevait avec faste en leur faisant remonter, à pied, la rue Didouche-Mourad jusqu’au palais du Peuple.
Dans une telle conjoncture, il était tout à fait naturel que l’Algérie, se souvenant que la voix de son combat fut hébergée, au plus fort de sa guerre, au Caire puis à Tunis et à Nador, décide d’offrir aux mouvements qui en avaient besoin, les ondes de sa radio pour faire porter leur message au monde. Cette opération fut placée sous l’égide du département des relations extérieures du FLN.
Les premiers programmes à être diffusés dès la fin des années 60 furent «La Voix de la Révolution palestinienne», «La Voix de la Résistance anti-franquiste» et «La Voix de la Résistance anti-salazariste».
«La Voix de la Révolution palestinienne» s’inscrivit, après la création de l’OLP, dans la grille des programmes de Radio-Alger comme l’expression d’une solidarité sans failles, prenant la succession de «Kalimat Falestine» que la Chaîne I consacrait quotidiennement à la question palestinienne.
Le premier animateur de cette radio libre dont l’indicatif était connu de tous les Algériens fut Abou Ibrahim qui présenta l’émission pendant de longues années assisté puis remplacé, après sa maladie, par Abou Yakoub.
Abou Amar, Abou Iyad, Farouk El-Kaddoumi, Georges Habbache, Nayef Hawatmeh y passaient régulièrement commentant Septembre noir, Karameh, Sabra et Chatila, Beyrouth et la fondation à Alger de l’Etat Palestinien.
Le programme était diffusé pendant une heure, en ondes moyennes, après décrochage des émissions de la Chaîne1.
Il cessa d’émettre en 1994 après la création de Radio Palestine, saluée au cours d’une émouvante cérémonie par Aïssa Messaoudi le doyen et le symbole de la presse de combat de notre pays. A la même époque, les voix des antifascistes espagnols et portugais émettaient, sur les ondes courtes, en espagnol et en lusithanien pendant une demi-heure.
On pouvait y suivre les interventions des S/G du Psoe, du PCE, des Coordinations ouvrières espagnoles et du Parti socialiste portugais.
20 Juillet 2009 -
Pour l’Algérie dont la doctrine officielle proclamait l’étroite interdépendance entre sa politique intérieure et sa politique extérieure, il était important, par la nature et la force de ses options idéologiques et politiques, de venir en aide aux peuples encore sous le joug colonial ou soumis à la dictature.
En ces jours particulièrement festifs pour l’Afrique, il serait utile de rappeler ce que l’Algérie a apporté dans les années 60-70 comme contribution à la communication des mouvements de libération africains et arabes ainsi qu’à celle des mouvements démocratiques européens et latino-américains.
Tout comme il serait nécessaire par rapport à l’histoire, d’évoquer, par extension, l’action que la Radiodiffusion télévision algérienne a développé en direction des pays du tiers-monde pour les aider, en ces années-là, à asseoir les bases d’une communication nationale émancipée et à défendre leurs intérêts dans les institutions spécialisées et les organisations internationales.
Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette contribution et de cette action, il faut se replacer dans le contexte algérien et international de cette époque.
La Révolution du 1er Novembre 1954, qui avait accéléré la décolonisation de l’Afrique avait, une fois l’indépendance acquise, pesé de toute la force de ses valeurs et de ses principes, sur l’orientation générale de la politique intérieure et extérieure du gouvernement algérien.
C’est ainsi que sur le plan interne, la période postindépendance fut celle de la mise en oeuvre de ce qui fut appelé, alors, les tâches d’édification nationale visant le développement économique indépendant et le progrès social des couches populaires.
Trois dates capitales avaient caractérisé ces moments - clés de l’évolution du pays: la nationalisation des mines en 1966, la nationalisation des hydrocarbures en 1971 et la nationalisation des terres en 1972.
Ces décisions socio-économiques à très forte connotation politique eurent des répercussions et des prolongements internationaux immédiats puisque, coup sur coup, Alger abrita, dans la foulée, le Sommet de l’OUA en 1968, le 1er Festival culturel panafricain en 1969, le Sommet de l’Opep en 1971, le Sommet des pays non-alignés en 1973 et à la même époque le Sommet de la résistance et de la fermeté alors que le Président Boumediene appelait du haut de la tribune des Nations unies, dont l’Algérie présidera l’Assemblée générale, à l’établissement d’un Nouvel ordre économique international et à un Nouvel ordre mondial de l’information.
Ceci dans un contexte marqué par la confrontation Est-Ouest et l’essor du Mouvement des pays non alignés dont les membres avaient, pour nombre d’entre eux, choisi la voie de développement dite non capitaliste et une coopération poussée avec l’Union soviétique et le bloc communiste.
Pour l’Algérie dont la doctrine officielle proclamait l’étroite interdépendance entre sa politique intérieure et sa politique extérieure, il était important, par la nature et la force de ses options idéologiques et politiques, de venir en aide aux peuples encore sous le joug colonial ou soumis à la dictature, que ce soit dans le monde arabe, en Afrique, en Asie, en Amérique latine et même en Europe et en Amérique du Nord.
A un point tel qu’Amilcar Cabral, le Secrétaire général du Paigc, le parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert n’avait pas hésité à qualifier Alger de Mecque des Mouvements de libération nationale. Et pour cause, la capitale algérienne avait accueilli, en ces années - charnières, des dizaines de dirigeants indépendantistes et démocratiques, ceux de la Résistance anti-franquiste et anti-salazariste, ceux de l’OLP et de l’ANC, de la Zanu et de la Zapu, du Paigc donc, du MPLA, du Frelimo et de la SWAPO, et plus tard ceux du FNL vietnamien, de la Résistance chilienne et du Polisario, et ceux de l’opposition brésilienne et argentine et même des Blacks Panthers et du Mpaiac, le Mouvement pour l’indépendance des Iles Canaries du Dr Cubillo.
Tous y avaient ouvert des bureaux où on pouvait croiser Oliver Tambo, Agosthino Neto, Samora Machel, Sam Nujoma, Joshua N’Komo, Robert Mugabe, El-Ouali Mustapha Essayed, Mohamed Lamine, Camacho, Dolorès Ibarruri, Felipe Gonzalez, Mario Soares, Eldrige Cleaver et bien d’autres qui pouvaient approcher les grands de ce monde, Nasser, Tito, Brejnev, Castro qu’Alger recevait avec faste en leur faisant remonter, à pied, la rue Didouche-Mourad jusqu’au palais du Peuple.
Dans une telle conjoncture, il était tout à fait naturel que l’Algérie, se souvenant que la voix de son combat fut hébergée, au plus fort de sa guerre, au Caire puis à Tunis et à Nador, décide d’offrir aux mouvements qui en avaient besoin, les ondes de sa radio pour faire porter leur message au monde. Cette opération fut placée sous l’égide du département des relations extérieures du FLN.
Les premiers programmes à être diffusés dès la fin des années 60 furent «La Voix de la Révolution palestinienne», «La Voix de la Résistance anti-franquiste» et «La Voix de la Résistance anti-salazariste».
«La Voix de la Révolution palestinienne» s’inscrivit, après la création de l’OLP, dans la grille des programmes de Radio-Alger comme l’expression d’une solidarité sans failles, prenant la succession de «Kalimat Falestine» que la Chaîne I consacrait quotidiennement à la question palestinienne.
Le premier animateur de cette radio libre dont l’indicatif était connu de tous les Algériens fut Abou Ibrahim qui présenta l’émission pendant de longues années assisté puis remplacé, après sa maladie, par Abou Yakoub.
Abou Amar, Abou Iyad, Farouk El-Kaddoumi, Georges Habbache, Nayef Hawatmeh y passaient régulièrement commentant Septembre noir, Karameh, Sabra et Chatila, Beyrouth et la fondation à Alger de l’Etat Palestinien.
Le programme était diffusé pendant une heure, en ondes moyennes, après décrochage des émissions de la Chaîne1.
Il cessa d’émettre en 1994 après la création de Radio Palestine, saluée au cours d’une émouvante cérémonie par Aïssa Messaoudi le doyen et le symbole de la presse de combat de notre pays. A la même époque, les voix des antifascistes espagnols et portugais émettaient, sur les ondes courtes, en espagnol et en lusithanien pendant une demi-heure.
On pouvait y suivre les interventions des S/G du Psoe, du PCE, des Coordinations ouvrières espagnoles et du Parti socialiste portugais.
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