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Des Syndicalistes témoignent : Des sociétés étrangères exploitent les algériens!

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    Algérie - Des Syndicalistes témoignent : Des sociétés étrangères exploitent les algériens

    Provocations, humiliations, insultes, licenciements abusifs, répressions antisyndicales, harcèlement moral, conditions d’hébergement, de nourriture et d’hygiène déplorables…, ce sont là les quelques injustices que subissent les employés algériens dans les compagnies étrangères.

    Le cas de Zaïd Yacine, ex-SG de la section syndicale UGTA à Eurest Support Services Algérie (ESS) – filiale de Compass Group, sous- traitant de la restauration et de l’hébergement des salariés des multinationales au sud de l’Algérie – est édifiant. Le tort pour ce superviseur de sécurité d’ESS, pourtant primé à cette époque pour ses efforts et son sérieux, est d’avoir été élu en décembre 2006 à la tête d’une section syndicale, sous l’égide de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

    « Il nous était insupportable de laisser les Algériens exploités comme des animaux, d’où notre initiative de créer cette structure syndicale », dit-il. Dans cette compagnie, qui sous-traite pour une vingtaine de multinationales dont Schlumberger, Halliburton, Repsol, BP, Ciepsa, Burlington, les employés algériens d’Eurest, payés à raison de 18 000 DA le mois, selon lui, vivent sous une tente, subissent les conditions météorologiques implacables du climat saharien, vivent dans des circonstances et d’hygiène difficiles. « Je suis devenu un mauvais employé après avoir été élu à la tête du syndicat », regrette-t-il. Leur syndicat, malgré un soutien de 1300 travailleurs sur les 1800, n’a pas été reconnu par la compagnie. Zaïd Yacine a qualifié, hier lors d’une conférence de presse à la maison des syndicats, de « répression antisyndicale foudroyante » ce que subissent les employés algériens au sein de cette compagnie. « La direction exerce des pressions assimilables à du harcèlement moral visant à réduire au silence toute expression sur le lieu de travail », témoigne-t-il. Et d’ajouter : « Appelés en vue de faire respecter les lois, deux inspecteurs du Travail sont reçus avec des insultes et l’arrogance du directeur des opérations d’Eurest. » Ainsi commencent les ennuis pour Yacine Zaïd. Selon lui, la direction d’Eurest, à travers son juriste et son DRH, fabrique avec des méthodes douteuses, une affaire de toutes pièces « insultes et injures » du secrétaire général à l’encontre d’un responsable.

    Après quoi, selon lui, les cadres de cette entreprise ont gelé la section syndicale de manière douteuse et non conforme à la loi. De là, « j’ai été suspendu pour un délai indéterminé », affirme-t-il. Notre interlocuteur témoigne qu’« à chaque fois que je suis reçu par Sidi Saïd, il me promet de régler mon problème avec Eurest, mais il n’a pas tenu parole », regrette-t il. « La justice m’accable sous l’œil impassible de l’UGTA », se plaint-il. C’est ainsi qu’il a décidé de recourir au Net pour se faire entendre. Dans son propre site Internet et facebook, il mène une guerre sans merci contre la multinationale qui l’a « licencié abusivement ». Il a également publié des photos témoignant des mauvaises conditions dans lesquelles vivent les employés algériens dans cette multinationale. Suite à quoi, la multinationale l’a attaqué en justice pour diffamation par Internet. « A cette époque, la loi sur la cybercriminalité n’existait pas encore en Algérie. Il m’ont pourtant condamné à trois mois de prison avec sursis et 80 000 DA d’amende », regrette-t-il.

    Aujourd’hui, Zaïd témoigne qu’il ne se rappelle même pas du nombre de plaintes pour lesquelles il a été entendu devant le juge depuis le début de ses déboires. Il n’est pas le seul à subir de telles conditions. Ali Nouar a connu les mêmes péripéties chez Mis Waco, une autre compagnie étrangère. « Notre cas n’est pas unique, pourtant nous n’avons pas intégré ces entreprises pour casser leur outil de travail », atteste-t-il. Ce dernier, après avoir tenté de créer un syndicat au sein de leur entreprise, se trouve lui aussi victime d’un licenciement. « Il y a des clans mafieux, il faut nous aider, on nous a foutu notre vie en l’air », dénonce-t-il. Un autre employé de Western Gico, une filiale de Schlumberger, chef cuisinier de son état, dit de son côté être « étonné par le régime des compagnies qui opèrent à Hassi Messaoud ». « Avant de créer notre section syndicale, nous avons contacté l’UGTA qui était d’accord, mais notre compagnie a refusé », rappelle cet employé qui dit avoir fait l’objet de 14 jugements. Licenciés, 20 autres signataires pour la création d’une section syndicale au sein de leur entreprise en connaissent le même sort. Ce ne sont pas les seules compagnies où il y a eu « des injustices », témoignent nos interlocuteurs qui citent aussi Woder Ford et Beaker Huggs où des travailleurs ont tenté de créer des sections syndicales, en vain.

    Cela étant, le Comité d’entreprise européen, lors d’une réunion le 18 juin dernier à Londres, note avec une grave préoccupation, la situation à Eurest Support Services en Algérie au regard du licenciement de M. Zaïd, alors que son seul « crime » a été d’organiser un syndicat de salariés au sein de cette compagnie. « Nous exhortons Compass à abandonner toute procédure légale à l’encontre de M. Zaïd, de le réintégrer immédiatement, de l’indemniser de toute perte de rémunération et de reconnaître à la fois son syndicat et sa position au sein de celui-ci », a-t-il affirmé. L’attitude de Compass Groupe Algérie est dénoncée, entre autres bien sûr, par Labor Note, média américain dédié au syndicalisme.
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