Verte déferlante
par Mahrez Ilias
par Mahrez Ilias

Cette fois-ci, ça y est ! Les jeunes Algériens surtout ont enfin un vrai repère social, cette formidable machine à rassembler les plus fatalistes de ces dizaines de milliers de jeunes sans avenir et sans espoir de meilleurs lendemains. Et puis, lorsqu'on chante «One, two, three, viva l'Algérie», on a cette extraordinaire sensation que l'on appartient à une patrie, à un pays, à un idéal. Fût-il aussi éphémère qu'une Coupe du monde.
La réalité est pourtant là : les Algériens ont trouvé dans cette dynamique équipe des repères qu'ils avaient perdus, sinon abandonnés : un idéal, un avenir et un objectif. Et puis, la jeunesse a trouvé également un puissant exutoire de tant de refoulements culturels et sociaux, et la préparation d'un match de la Séleçao obéit dorénavant à tout un cérémonial. Et comme le bizness n'est pas loin dans ce genre d'événements, les jeunes supporters n'hésitent plus à casser leur tirelire pour s'acheter la panoplie du parfait supporter : T-shirt, écharpes, etc. Y a pas à dire, cette équipe de football draine des passions formidables jusque-là refoulées, et l'on se plaît soudain à admirer ces dizaines de milliers de poitrines lorsqu'elles chantent en choeur Kassaman dans ce stade de football de Blida qui est devenu le rendez-vous des Algériens supporteurs de l'équipe nationale !
Ouallah, c'est vraiment dingue de voir ces jeunes autant passionnés de foot et oublier toutes les misères d'un quotidien difficile. Et puis, dans cette fournaise qui tourne autour du onze de Saâdane, on trouve pratiquement toutes les couches de l'Algérie : les riches et les pauvres, les fils de patrons et de simples smicards, les enfants de hauts responsables, de militaires, comme ceux de petits commerçants, et, surtout, les enfants de l'Algérie, même ceux qui vivent ailleurs que dans ce bled. C'est l'osmose autour d'une équipe de football qui a réussi, il faudrait le reconnaître, à concilier les Algériens avec eux-mêmes, avec leur pays, dans une ambiance que seul le football est capable d'enfanter. Et puis, cette équipe nationale donne de la joie, de l'espoir, des sensations formidables aux Algériens, dirions-nous, de tous bords.
Sacré football ! Y a-t-il un lien qui unit un peuple plus fort que le foot ? La passionaria autour des Verts est réelle, naturelle, animale ! Et le match de ce soir contre les Chipolopolo Boys est de ceux qui donnent du frisson, de la démesure pour un événement, la Coupe du monde, dans d'autres circonstances sans intérêt. Sacré football, le seul truc qui fasse bouger les Algériens !
Le Quotidien d'Oran
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