Envoyé par zek
Nos parents ont construit l'Europe ! Et maintenant vous ne voulez plus de nous ? Pourquoi Sarkozy chasse-t-il les Africains ?" Il crie, furieux et désespéré. Très vite, d'autres Camerounais s'agglutinent autour de lui. Ils ont entre 20 et 30 ans. Certains sont curieux, d'autres excités. "On nous refoule de partout alors qu'on est malades et qu'on n'a pas d'endroit où rester !", lance l'un avec rancoeur. "On ne réclame qu'une chose : les droits de l'homme !", hurle son voisin. Les autres reprennent en choeur : "Oui, les droits de l'homme !"
Leur lieu de rendez-vous, c'est l'oued Tamanrasset, du nom d'un scarabée qui se nichait autrefois dans ce cours d'eau et inspirait l'effroi. Il n'y a plus de scarabées aujourd'hui dans l'oued Tamanrasset — ni d'eau en ce mois de décembre —, mais des centaines et des centaines d'Africains arrivés clandestinement dans l'espoir de trouver du travail, d'amasser un peu d'argent, puis de gagner l'eldorado européen. Un espoir à nouveau assombri après le rapatriement forcé par les autorités algériennes, lundi 19 et mardi 20 décembre, de 550 Africains sans papiers originaires de huit pays, dont le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et le Cameroun.
Ils commencent la journée en s'asseyant sur un muret de la ville, offrant leurs bras aux entrepreneurs en bâtiment. "On nous fait ramasser des pierres sur les chantiers", racontent-ils. Les autres se livrent à de petits trafics ou tuent le temps. Les Maliens et les Nigériens sont les moins mal lotis. Parce qu'ils sont francophones et originaires de pays voisins (600 et 400 kilomètres de là), ils se sentent presque chez eux. Beaucoup travaillent comme "hommes de ménage", à l'inverse des anglophones, qui ne trouvent pas d'emploi. On les dit "violents, voleurs, porteurs du sida...".
Chaque soir, les uns et les autres s'échangent des tuyaux et se remontent le moral. Chaque communauté garde ses distances — ici les Tchadiens, là les Camerounais, là-bas les Ivoiriens — et regarde l'autre avec méfiance. L'été, ils dorment dans le lit asséché du cours d'eau. L'hiver, ils s'entassent à dix ou quinze dans des chambres sous-louées dans le quartier chaud de Guet el-Oued, un ghetto.
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