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Vieillissement latéral et l'encaillenement du "néo-peuple" .

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  • Vieillissement latéral et l'encaillenement du "néo-peuple" .

    Vieillissement latéral et l'encanaillement du «néo-Peuple»
    par Kamel Daoud
    Une tradition intellectuelle algérienne veut que les journalistes soient de gauche, le Pouvoir de droite et le peuple d'en bas. D'où cette propension à présenter les Algériens comme des victimes même lorsqu'ils cassent et détruisent, le Pouvoir comme un corsaire même lorsqu'il offre des logements gratuits à un peuple qui ne travaille pas pour avoir la paix et les intellectuels comme des opposants de facto, nés avec le «non» dans la bouche et le manifeste dans la main. Ceci pour le discours. Dans les faits, la grille de lecture est une sociologie plus radicale: on a longtemps expliqué que le Pouvoir s'est «encanaillé» pour oublier que le bon peuple de l'hymne s'est encanaillé encore plus. Les rues des villes algériennes offrent aujourd'hui un visage hideux de violences entrées et de luttes pour la survie, trop proche des misères de la surpopulation que l'on voit dans les pays du pire tiers-monde qui soit. La pire solitude est aujourd'hui celle de la dite «vieille génération», celle qui se souvient des bancs publics, du gazon dans les ronds-points et des policiers propres, tout juste corruptibles par un sourire ou un appel au souvenir des parents ou quelques figues. C'est dans le regard de cette génération, entre l'époque du col propre et celle, aujourd'hui, des gardiens à matraque et des permis de conduire récupérables avec 5.000 DA, que l'on mesure la «descente» morale de ce pays vers le vol des camions qui remontent des ports chargés de céréales. Le spectacle de l'incivisme incroyable des Algériens heurte pendant surtout le Ramadan, sous le paradoxe fantastique de tout un peuple qui à la fois va à la mosquée, vole les trottoirs et les passants, fait des ablutions, jette ses ordures au pas de sa porte, tire à l'arme à feu dans les embouteillages et prie Dieu.

    Le visage du «nouvel Algérien» est hideux, rapace, n'offrant rien des aspérités généreuses des aînés trop humains et donc trop idiots, réduit à des quêtes animales de territoires ou de viandes, impénétrable à tout discours autre que celui de la violence ou du tarif. On n'y voit pas son propre reflet comme il se doit pour toute communauté saine. On a peur d'y laisser un bras en y plongeant pour y chercher le coeur. C'est le visage d'une génération «d'irrespect», selon les aînés, mais ce mot n'y suffit pas car il ne s'agit plus des outrances sexuelles du langage. Il faut dire et lire génération de «rien du tout», ex nihilo, sans filiation. Le but de cette démographie sans humanité est de se placer dans le circuit alimentation, de jouer du coude pour arriver au fruit, de prendre un morceau de foncier ou de s'allier au plus fort pour protéger ses flancs. Pas de poésie ni de politesse. Juste les dents et les ongles. Ce n'est plus la nationalité de Bennabi, ni celle des «humbles» missionnaires des écoles algériennes des années 60-70. N'en déplaise aux bonnes moeurs éditoriales, c'est le retour à l'état sauvage qui se dessine en Algérie, avec le volant, la matraque, le galon, le barrage routier, le pas de porte, le sachet d'ordures ou le kamis. Cela semble même irréversible et on se découvre parfois, assis au bout de ses lèvres, à regarder ce pays se faire manger comme un gros ventre par des enfants mal-nés.

    C'est presque le dernier épisode d'un gros phénomène de mimétisme. Pour vivre comme le Pouvoir, le nouveau peuple a compris: il faut s'encanailler comme lui. Ou pire encore. Et c'est là que l'on découvre l'autre évidence: on a vieilli. Mais latéralement, au lieu que cela soit chronologiquement.

    Le Quotidien d'oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    On dirait San Antonio ce Kamel Daoud
    Mais qu'il est vrai son article.

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    • #3
      Pas mal cet article.on sent qu'il est affecter par cette situation....il écrit avec ses tripes.

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      • #4
        Pour une fois son edito sonne vraiment vrai.

        ∑ (1/i²) = π²/6
        i=1

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