Une réception parasitée
par Kharroubi Habib
par Kharroubi Habib

Il n’en reste pas moins que Saïdani coule des jours paisibles et certainement fastueux grâce aux «à-côtés» mirifiques qu’ils a amassés au cours de sa brève et fulgurante présence dans les hautes sphères du régime.
Il nous sera certainement reproché de piétiner la présomption d’innocence de présenter ainsi l’ex-président de l’Assemblée nationale. Peut-on ne pas le faire quand l’impunité et l’intouchabilité s’affichent avec une arrogante indécence ? Et qui plus est à l’occasion d’une cérémonie consacrée au souvenir du 1er Novembre 54 ?
Amar Saïdani n’était pas le seul à cette cérémonie à traîner des casseroles qui auraient dû dissuader le Président à l’inviter. D’autres, dont certains encore en exercice dans les rouages de l’Etat, en traînent d’aussi scabreuses. Il était de ce fait inévitable que les citoyens lambda ne voient pas dans la réception offerte par le Président à l’occasion de l’anniversaire du 1er Novembre la symbolique d’une rencontre apaisée entre lui et les survivants de l’épopée novembriste. Mais la mise en scène d’un spectacle dont le message est que les tenants du système se tiennent les coudes dans les difficultés et les moments pénibles. Il est dommage que certaines figures historiques et nationales, dont l’aura et le prestige ne se discutent pas, aient fait tapisserie dans cette réception à laquelle ont été conviés les Saïdani et consorts du même acabit douteux. Le mélange des genres leur est préjudiciable dans l’opinion publique, choquée à bon droit de les voir côtoyer des personnages dont les agissements défrayent l’actualité.
Le président de la République aurait dû nous éviter le spectacle de l’embrassade avec l’ex-président de l’APN. Car ce faisant, il a dissipé la naïveté que l’on a eu de croire qu’à défaut de faire rendre compte aux responsables qui confondent argent public et biens personnels, il ne leur offre pas l’occasion de s’exhiber ostentatoirement dans les cérémonies officielles.
L’on sait très bien la lecture que ces personnages voudraient que les citoyens aient d’un tel spectacle. Celle que «la caravane passe et les chiens aboient», et que eux sont toujours là, intouchables et sachant rebondir vers les hauteurs quand on les croit discrédités et enterrés.
Comment ne pas nourrir de l’amertume et de la colère en ce 55e anniversaire du 1er Novembre 1954 dont la proclamation stipulait, entre autres objectifs, «l’anéantissement de toutes les formes de corruption».
Le Quotidien d'Oran .
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