A quelque 300 km au sud-est de la capitale, la wilaya de M’sila, qui relie plusieurs régions du pays connues pour la contrebande, le trafic d’armes et le vol de véhicules, telles que Barika, Bordj Bou Arréridj, Djelfa et Médéa constitue aujourd’hui l’un des noyaux majeurs du crime organisé en tout genre. Le bilan d’activité annuel du groupement de la Gendarmerie nationale de M’sila fait état d’une situation alarmante à tous les niveaux.
Autrefois, une simple zone de passage des contrebandiers et des trafiquants en tout genre, M’sila s’est transformée au fil du temps pour devenir l’épicentre de l’activité illégale. Mis à part le trafic d’armes et de drogue, le vol de véhicules et de cheptel, la falsification de documents a vraiment pris de l’ampleur dans cette région du pays. Pas plus tard que décembre 2009, les éléments de la compagnie territoriale de Magra et agissant sur information ont pu mettre la main sur quatre individus faisant partie d’un large réseau de falsification de documents qui s’étend jusqu’à Tiaret, Sétif, Constantine, Djelfa et Skikda.
Bien que l’enquête soit toujours en cours, et en attendant d’autres révélations qui peuvent êtres scandaleuses, plus de 1000 documents falsifiés ont pu être récupérés, dont de faux permis de conduire, passeports et cartes grises, des cartes de dispense du service national et de faux registres de commerce. Plusieurs faux cachets administratifs dont celui du «chef de daïra de Magra», ont été découverts, ce qui a donné à l’enquête une tout autre orientation. Mais ce qui reste le plus étonnant aux yeux des habitants de la région, c’est l’arrestation d’un enseignant de langue arabe dans un CEM, impliqué dans cette affaire, qui n’a pas encore livré tous ces secrets. Les rumeurs les plus folles courent dans la région de Magra et ses environs depuis l’éclatement au grand jour de ce scandale, et les mauvaises langues disent que bien des cadres de différentes institutions publiques de cette région peuvent être cités dans cette affaire. Actuellement, plus de 17 personnes sont recherchées sur ordre du juge d’instruction du tribunal de Magra.
Durant l’année 2009 les GGN de M’sila ont enregistré plus de 50 affaires liées à la falsification de documents, ce qui a permis la récupération de pas moins de 36 différentes fausses attestations, cartes grises… S’agissant du trafic d’armes, le commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de M’sila, Ben Mehdi Nourri, a indiqué que le bilan est chaque année en hausse. Mardi passé, et agissant également sur information, les éléments de la brigade de Barhoum, une commune située dans la daïra de Magra, ont découvert un atelier clandestin de fabrication d’armes. Un fusil de chasse, des munitions, de la poudre noire et bleue destinée à la confection de cartouches et d’autres matériaux ont été récupérés.
Pour le moment, seul un jeune homme âgé de 24 ans a été arrêté, alors que d’autres probables complices demeurent en fuite. Vers la fin du mois de décembre dernier, les éléments de la compagnie territoriale de Magra ont traité une affaire similaire qui a permis l’arrestation de trois trafiquants d’armes et la récupération de deux fusils de chasse, un pistolet automatique et des munitions. Bien que ce genre d’affaire soit courant dans cette région où les tuniques vertes saisissent régulièrement des fusils de chasse, utilisées le plus souvent par des propriétaires de cheptel, il n’en demeure pas moins qu’au rythme dans lequel évoluent les choses, la situation risque de prendre des proportions on ne peut plus périlleuses.
Durant l’année 2009, pas moins de 25 affaires liées au trafic d’armes ont été enregistrées, ce qui a permis l’arrestation de 48 personnes, dont 25 ont été écrouées. 27 fusils de chasse de 12 et 16 millimètres, 4 pistolets automatiques, 923 cartouches de 12 et 16 millimètres, 3 ceintures de cartouches, 1 chargeur, 5 paires de jumelles de terrain et 791 capsules ont été récupérés. Dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue, les GGN de M’sila ont traité 56 affaires, qui ont permis la récupération de 131 kilos de kif pour une valeur de plus de 2,5 millions de dinars et l’arrestation de 92 personnes dont 80 ont été écrouées. Quant au maquillage de voitures, sur les 22 affaires traitées, 22 véhicules ont été saisies et 27 individus arrêtés, dont 5 écroués.
Récupération d’un camion d’aide humanitaire détourné !
Bien que ce genre d’affaire soit très courant dans le sud du pays, le fait est qu’on en parle très rarement. Un camion de type Renault d’aide humanitaire chargé de produits alimentaires destinés aux réfugiés sahraouis à Tindouf a été détourné de sa destination initiale. En provenance du Mali, le chauffeur du camion, qui a transité par Tamanrasset à destination de Tindouf, a carrément changé d’itinéraire en prenant la direction de Djelfa avant de mettre le cap sur M’sila, où des complices l’attendaient pour introduire le camion dans un garage-atelier, afin de lui changer de couleur, de matricule et de numéro de châssis. Mais les éléments de la compagnie territoriale de Magra, informés de ce qui se tramait, n’attendaient plus que la sortie du camion du garage qu’ils n’avaient pas encore localisé. Des barrages fixes ont été mis en place dans les points de passage stratégiques qui relient la wilaya de M’sila aux autres wilayas.
Finalement, le camion a été arrêté dans un barrage, mercredi dernier, avant qu’il ne quitte le territoire de la daïra de Magra. Ce n’est pas la première fois qu’un camion d’aide humanitaire est détourné au Sud algérien, nous confient des sources sécuritaires bien informées, mais la vigilance des GGN de M’sila a cette fois-ci fait la différence. En se basant sur le travail d’information et d’infiltration, les tuniques vertes ont pu, durant l’année 2009, réaliser des résultats probants. Mais l’on peut se demander comment ce camion a pu parcourir toute cette distance, se garer dans un garage pendant plusieurs jours, avant de se faire prendre à M’sila, soit à des centaines de kilomètres de l’endroit où il a été détourné. Durant le même jour, et en marge d’une opération coup de poing des GGN de M’sila, qui a mobilisé plus de 400 éléments, un camion qui transportait 40 tonnes de ciment et qui devait rejoindre Skikda, a été arrêté dans les limites territoriales entre M’sila et Batna. Un autre détournement de trop !
Il sème la terreur à l’aide d’un pistolet en plastique !
En décembre 2009, la compagnie territoriale de Boussaâda a été alertée sur la présence d’une femme attachée à l’aide d’une corde dans un endroit isolé de la ville. Aussitôt sur les lieux, ils apprennent de cette même personne qu’elle venait de se faire agresser par un jeune dans la trentaine par un pistolet avant qu’il ne lui vole son véhicule. La femme agressée, qui habite Sétif, connaissait, selon sa version des faits, le jeune agresseur seulement par téléphone, avant qu’ils ne se donnent rendez- vous, à Boussaâda.
Alors qu’ils étaient en train de siroter un thé dans une cafétéria en compagnie des deux gosses de la femme, le jeune agresseur a subitement eu l’idée de lui proposer d’aller faire un tour dehors. Les deux enfants sont restés dans le salon de thé, alors que les deux adultes ont pris le véhicule pour aller se promener dans la nature. Arrivés à un endroit isolé, il l’a carrément attachée à l’aide d’une corde à un arbre, avant de prendre la fuite à l’aide du véhicule, qui n’a jamais été retrouvé. Quelques jours plus tard, c’est une autre victime qui vient signaler qu’elle a été agressée par un jeune homme qui, sous la menace d’un pistolet, l’a dépossédée de son véhicule. L’agresseur qui avait entre-temps pris la route de Batna, trop pressé d’arriver à l’endroit convenu avant de se faire prendre, a dérapé à bord de son véhicule, avant même de quitter le territoire de M’sila.
Alertés sur la présence d’un véhicule renversé sur l’une des routes de la wilaya, les GGN de Boussaâda se sont aussitôt rendus sur les lieux. Mais au moment d’arriver et constatant que le véhicule accidenté n’était autre que celui dont le vol avait été signalé la veille, ils se sont réfugiés pas loin du véhicule, guettant un individu qui rodait pas loin du lieu de dérapage. Finalement il a été attrapé la main dans le sac, alors qu’il cherchait un camion de dépannage pour transporter la voiture. Le pistolet a également été retrouvé dans un terrain vague, pas loin du véhicule. Mais seulement qu’il s’agissait là, d’un jouet en plastique. Le jeune homme a enfin avoué qu’il était l’auteur des deux agressions et qu’il revendait les voitures volées à un trafiquant à Batna, qu’il affirme ne pas connaître !
Par Mehdi Mehenni, Le Soir
Autrefois, une simple zone de passage des contrebandiers et des trafiquants en tout genre, M’sila s’est transformée au fil du temps pour devenir l’épicentre de l’activité illégale. Mis à part le trafic d’armes et de drogue, le vol de véhicules et de cheptel, la falsification de documents a vraiment pris de l’ampleur dans cette région du pays. Pas plus tard que décembre 2009, les éléments de la compagnie territoriale de Magra et agissant sur information ont pu mettre la main sur quatre individus faisant partie d’un large réseau de falsification de documents qui s’étend jusqu’à Tiaret, Sétif, Constantine, Djelfa et Skikda.
Bien que l’enquête soit toujours en cours, et en attendant d’autres révélations qui peuvent êtres scandaleuses, plus de 1000 documents falsifiés ont pu être récupérés, dont de faux permis de conduire, passeports et cartes grises, des cartes de dispense du service national et de faux registres de commerce. Plusieurs faux cachets administratifs dont celui du «chef de daïra de Magra», ont été découverts, ce qui a donné à l’enquête une tout autre orientation. Mais ce qui reste le plus étonnant aux yeux des habitants de la région, c’est l’arrestation d’un enseignant de langue arabe dans un CEM, impliqué dans cette affaire, qui n’a pas encore livré tous ces secrets. Les rumeurs les plus folles courent dans la région de Magra et ses environs depuis l’éclatement au grand jour de ce scandale, et les mauvaises langues disent que bien des cadres de différentes institutions publiques de cette région peuvent être cités dans cette affaire. Actuellement, plus de 17 personnes sont recherchées sur ordre du juge d’instruction du tribunal de Magra.
Durant l’année 2009 les GGN de M’sila ont enregistré plus de 50 affaires liées à la falsification de documents, ce qui a permis la récupération de pas moins de 36 différentes fausses attestations, cartes grises… S’agissant du trafic d’armes, le commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de M’sila, Ben Mehdi Nourri, a indiqué que le bilan est chaque année en hausse. Mardi passé, et agissant également sur information, les éléments de la brigade de Barhoum, une commune située dans la daïra de Magra, ont découvert un atelier clandestin de fabrication d’armes. Un fusil de chasse, des munitions, de la poudre noire et bleue destinée à la confection de cartouches et d’autres matériaux ont été récupérés.
Pour le moment, seul un jeune homme âgé de 24 ans a été arrêté, alors que d’autres probables complices demeurent en fuite. Vers la fin du mois de décembre dernier, les éléments de la compagnie territoriale de Magra ont traité une affaire similaire qui a permis l’arrestation de trois trafiquants d’armes et la récupération de deux fusils de chasse, un pistolet automatique et des munitions. Bien que ce genre d’affaire soit courant dans cette région où les tuniques vertes saisissent régulièrement des fusils de chasse, utilisées le plus souvent par des propriétaires de cheptel, il n’en demeure pas moins qu’au rythme dans lequel évoluent les choses, la situation risque de prendre des proportions on ne peut plus périlleuses.
Durant l’année 2009, pas moins de 25 affaires liées au trafic d’armes ont été enregistrées, ce qui a permis l’arrestation de 48 personnes, dont 25 ont été écrouées. 27 fusils de chasse de 12 et 16 millimètres, 4 pistolets automatiques, 923 cartouches de 12 et 16 millimètres, 3 ceintures de cartouches, 1 chargeur, 5 paires de jumelles de terrain et 791 capsules ont été récupérés. Dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue, les GGN de M’sila ont traité 56 affaires, qui ont permis la récupération de 131 kilos de kif pour une valeur de plus de 2,5 millions de dinars et l’arrestation de 92 personnes dont 80 ont été écrouées. Quant au maquillage de voitures, sur les 22 affaires traitées, 22 véhicules ont été saisies et 27 individus arrêtés, dont 5 écroués.
Récupération d’un camion d’aide humanitaire détourné !
Bien que ce genre d’affaire soit très courant dans le sud du pays, le fait est qu’on en parle très rarement. Un camion de type Renault d’aide humanitaire chargé de produits alimentaires destinés aux réfugiés sahraouis à Tindouf a été détourné de sa destination initiale. En provenance du Mali, le chauffeur du camion, qui a transité par Tamanrasset à destination de Tindouf, a carrément changé d’itinéraire en prenant la direction de Djelfa avant de mettre le cap sur M’sila, où des complices l’attendaient pour introduire le camion dans un garage-atelier, afin de lui changer de couleur, de matricule et de numéro de châssis. Mais les éléments de la compagnie territoriale de Magra, informés de ce qui se tramait, n’attendaient plus que la sortie du camion du garage qu’ils n’avaient pas encore localisé. Des barrages fixes ont été mis en place dans les points de passage stratégiques qui relient la wilaya de M’sila aux autres wilayas.
Finalement, le camion a été arrêté dans un barrage, mercredi dernier, avant qu’il ne quitte le territoire de la daïra de Magra. Ce n’est pas la première fois qu’un camion d’aide humanitaire est détourné au Sud algérien, nous confient des sources sécuritaires bien informées, mais la vigilance des GGN de M’sila a cette fois-ci fait la différence. En se basant sur le travail d’information et d’infiltration, les tuniques vertes ont pu, durant l’année 2009, réaliser des résultats probants. Mais l’on peut se demander comment ce camion a pu parcourir toute cette distance, se garer dans un garage pendant plusieurs jours, avant de se faire prendre à M’sila, soit à des centaines de kilomètres de l’endroit où il a été détourné. Durant le même jour, et en marge d’une opération coup de poing des GGN de M’sila, qui a mobilisé plus de 400 éléments, un camion qui transportait 40 tonnes de ciment et qui devait rejoindre Skikda, a été arrêté dans les limites territoriales entre M’sila et Batna. Un autre détournement de trop !
Il sème la terreur à l’aide d’un pistolet en plastique !
En décembre 2009, la compagnie territoriale de Boussaâda a été alertée sur la présence d’une femme attachée à l’aide d’une corde dans un endroit isolé de la ville. Aussitôt sur les lieux, ils apprennent de cette même personne qu’elle venait de se faire agresser par un jeune dans la trentaine par un pistolet avant qu’il ne lui vole son véhicule. La femme agressée, qui habite Sétif, connaissait, selon sa version des faits, le jeune agresseur seulement par téléphone, avant qu’ils ne se donnent rendez- vous, à Boussaâda.
Alors qu’ils étaient en train de siroter un thé dans une cafétéria en compagnie des deux gosses de la femme, le jeune agresseur a subitement eu l’idée de lui proposer d’aller faire un tour dehors. Les deux enfants sont restés dans le salon de thé, alors que les deux adultes ont pris le véhicule pour aller se promener dans la nature. Arrivés à un endroit isolé, il l’a carrément attachée à l’aide d’une corde à un arbre, avant de prendre la fuite à l’aide du véhicule, qui n’a jamais été retrouvé. Quelques jours plus tard, c’est une autre victime qui vient signaler qu’elle a été agressée par un jeune homme qui, sous la menace d’un pistolet, l’a dépossédée de son véhicule. L’agresseur qui avait entre-temps pris la route de Batna, trop pressé d’arriver à l’endroit convenu avant de se faire prendre, a dérapé à bord de son véhicule, avant même de quitter le territoire de M’sila.
Alertés sur la présence d’un véhicule renversé sur l’une des routes de la wilaya, les GGN de Boussaâda se sont aussitôt rendus sur les lieux. Mais au moment d’arriver et constatant que le véhicule accidenté n’était autre que celui dont le vol avait été signalé la veille, ils se sont réfugiés pas loin du véhicule, guettant un individu qui rodait pas loin du lieu de dérapage. Finalement il a été attrapé la main dans le sac, alors qu’il cherchait un camion de dépannage pour transporter la voiture. Le pistolet a également été retrouvé dans un terrain vague, pas loin du véhicule. Mais seulement qu’il s’agissait là, d’un jouet en plastique. Le jeune homme a enfin avoué qu’il était l’auteur des deux agressions et qu’il revendait les voitures volées à un trafiquant à Batna, qu’il affirme ne pas connaître !
Par Mehdi Mehenni, Le Soir