La ville de Hassi-Messaoud est dans un état déplorable. Le petit bourg créé dans les années 50 par les compagnies pétrolières françaises a subi de nombreuses transformations. Elle s’est transformée en un immense bidonville depuis que le gouvernement a décidé de créer une ville nouvelle.
En creusant un petit puits à proximité de l’oued Irara, Rouabeh Messaoud était loin de se douter qu’il avait fait une découverte qui allait changer totalement le cours de l’histoire de l’Algérie. Le vieux berger de la tribu des Chaâmba a sûrement dû pester en remontant un liquide noir et nauséabond au lieu de l’eau, essentielle pour ses animaux. Source de toutes les richesses — et de maux multiples —, le pétrole de Hassi- Messaoud continue de faire vivre l’Algérie. Le puits creusé par Rouabeh Messaoud existe toujours. Recouvert de tags et jonché de détritus, le hassi est surveillé par un gardien de la commune. Rouabeh Messaoud a même eu droit à une «stèle» en sa mémoire. Une sorte de plaque en métal soudée grossièrement sur laquelle figure le parcours du pâtre. En fait, toute la ville de Hassi- Messaoud est à l’image de ce «monument » : dans un état de délabrement avancé.
Chaos
Routes, trottoirs, assainissement, ramassage d’ordures… La notion de service public a été bannie depuis près d’une dizaine d’années. Hassi-Messaoud s’est transformée en un gigantesque dépotoir. Jadis parfaitement entretenue, sa grande place de marbre est devenue un urinoir. «C’est le chaos, nous n’arrivons plus à vivre décemment. Les conditions d’existence élémentaires n’existent plus. Les étrangers qui viennent ici ont du mal à croire qu’ils sont dans une ville qui fournit la richesse de toute l’Algérie. C’est tout simplement honteux», souligne Nourredine, un cadre de la Sonatrach qui a fait l’ensemble de sa carrière à Hassi-Messaoud. Selon lui, c’est le projet de ville nouvelle qui est à l’origine de toute cette situation. «Tout est bloqué depuis 2004, date à laquelle le gouvernement a décidé de lancer son projet de délocalisation de Hassi- Messaoud. La ville actuelle, considérée comme zone à risque, n’a plus connu de développement. Tout y a été interdit.» Les mesures prises dans le cadre du décret exécutif du 24 avril 2005 sont en effet très restrictives. «Sont interdits à l’intérieur du périmètre d’exploitation du gisement de Hassi-Messaoud toute construction, réalisation ou investissement à caractère industriel, commercial, touristique ou agricole et, de façon générale, toute autre opération qui n’est pas directement liée à l’industrie des hydrocarbures ; tout octroi de permis de construire et/ou de concession qui n’est pas lié directement à l’industrie des hydrocarbures», stipule l’article 4 de ce texte. Mais voilà, la ville nouvelle n’a toujours pas vu le jour et l’ancienne a fini par se clochardiser.
Pactole
La ville aurait pourtant pu être maintenue en bon état au vu des moyens financiers dont dispose la commune. Le budget annuel dépasserait les 2 000 milliards de centimes ! Un argent qui provient directement des activités pétrolières et industrielles. Sauf qu’il n’y a plus personne à la barre de l’APC depuis l’élection de 2007. L’assemblée élue s’est spécialisée dans l’adoption de motions de retrait de confiance. Une situation qui a poussé le wali de Ouargla à geler l’APC et à confier la gestion de la ville au chef de daïra de Hassi-Messaoud. La gestion «administrative » n’a fait qu’empirer une situation déjà problématique.
Contrastes
Sans verser dans la caricature, on peut affirmer sans se tromper qu’il existe deux Hassi-Messaoud. Il y a celles des multinationales du pétrole, des 4x4 rutilants et des barbecues autour des piscines. L’autre n’est que servitude, chômage, bidonvilles et avenir incertain. Chaque jour, des cohortes entières de jeunes Algériens viennent de toutes les régions du pays pour espérer trouver un travail. Ceux qui pensent trouver un eldorado sont vite déçus. Les emplois décents et bien rémunérés sont peu nombreux.
Mais au fait, Hassi-Messaoud est-elle fermée aux Algériens ?
Le commandant du groupement de gendarmerie de Ouargla est catégorique à ce propos : «Nul n’a le droit d’empêcher un Algérien d’entrer dans la ville de Hassi- Messaoud.» «L’accès est soumis à une autorisation préalable délivrée par la Gendarmerie nationale ou la Sûreté nationale. Lors du passage dans les barrages de contrôle, il suffit juste de fournir une pièce d’identité et de présenter le motif de la présence. Mais une personne qui souhaite rendre visite à un membre de sa famille ou qui envisage de postuler à un emploi a parfaitement le droit de le faire. Il y a, toutefois, des mesures très strictes à respecter pour protéger cette zone hautement sensible», note l’officier.
Par Tarek Hafid, Le soir
En creusant un petit puits à proximité de l’oued Irara, Rouabeh Messaoud était loin de se douter qu’il avait fait une découverte qui allait changer totalement le cours de l’histoire de l’Algérie. Le vieux berger de la tribu des Chaâmba a sûrement dû pester en remontant un liquide noir et nauséabond au lieu de l’eau, essentielle pour ses animaux. Source de toutes les richesses — et de maux multiples —, le pétrole de Hassi- Messaoud continue de faire vivre l’Algérie. Le puits creusé par Rouabeh Messaoud existe toujours. Recouvert de tags et jonché de détritus, le hassi est surveillé par un gardien de la commune. Rouabeh Messaoud a même eu droit à une «stèle» en sa mémoire. Une sorte de plaque en métal soudée grossièrement sur laquelle figure le parcours du pâtre. En fait, toute la ville de Hassi- Messaoud est à l’image de ce «monument » : dans un état de délabrement avancé.
Chaos
Routes, trottoirs, assainissement, ramassage d’ordures… La notion de service public a été bannie depuis près d’une dizaine d’années. Hassi-Messaoud s’est transformée en un gigantesque dépotoir. Jadis parfaitement entretenue, sa grande place de marbre est devenue un urinoir. «C’est le chaos, nous n’arrivons plus à vivre décemment. Les conditions d’existence élémentaires n’existent plus. Les étrangers qui viennent ici ont du mal à croire qu’ils sont dans une ville qui fournit la richesse de toute l’Algérie. C’est tout simplement honteux», souligne Nourredine, un cadre de la Sonatrach qui a fait l’ensemble de sa carrière à Hassi-Messaoud. Selon lui, c’est le projet de ville nouvelle qui est à l’origine de toute cette situation. «Tout est bloqué depuis 2004, date à laquelle le gouvernement a décidé de lancer son projet de délocalisation de Hassi- Messaoud. La ville actuelle, considérée comme zone à risque, n’a plus connu de développement. Tout y a été interdit.» Les mesures prises dans le cadre du décret exécutif du 24 avril 2005 sont en effet très restrictives. «Sont interdits à l’intérieur du périmètre d’exploitation du gisement de Hassi-Messaoud toute construction, réalisation ou investissement à caractère industriel, commercial, touristique ou agricole et, de façon générale, toute autre opération qui n’est pas directement liée à l’industrie des hydrocarbures ; tout octroi de permis de construire et/ou de concession qui n’est pas lié directement à l’industrie des hydrocarbures», stipule l’article 4 de ce texte. Mais voilà, la ville nouvelle n’a toujours pas vu le jour et l’ancienne a fini par se clochardiser.
Pactole
La ville aurait pourtant pu être maintenue en bon état au vu des moyens financiers dont dispose la commune. Le budget annuel dépasserait les 2 000 milliards de centimes ! Un argent qui provient directement des activités pétrolières et industrielles. Sauf qu’il n’y a plus personne à la barre de l’APC depuis l’élection de 2007. L’assemblée élue s’est spécialisée dans l’adoption de motions de retrait de confiance. Une situation qui a poussé le wali de Ouargla à geler l’APC et à confier la gestion de la ville au chef de daïra de Hassi-Messaoud. La gestion «administrative » n’a fait qu’empirer une situation déjà problématique.
Contrastes
Sans verser dans la caricature, on peut affirmer sans se tromper qu’il existe deux Hassi-Messaoud. Il y a celles des multinationales du pétrole, des 4x4 rutilants et des barbecues autour des piscines. L’autre n’est que servitude, chômage, bidonvilles et avenir incertain. Chaque jour, des cohortes entières de jeunes Algériens viennent de toutes les régions du pays pour espérer trouver un travail. Ceux qui pensent trouver un eldorado sont vite déçus. Les emplois décents et bien rémunérés sont peu nombreux.
Mais au fait, Hassi-Messaoud est-elle fermée aux Algériens ?
Le commandant du groupement de gendarmerie de Ouargla est catégorique à ce propos : «Nul n’a le droit d’empêcher un Algérien d’entrer dans la ville de Hassi- Messaoud.» «L’accès est soumis à une autorisation préalable délivrée par la Gendarmerie nationale ou la Sûreté nationale. Lors du passage dans les barrages de contrôle, il suffit juste de fournir une pièce d’identité et de présenter le motif de la présence. Mais une personne qui souhaite rendre visite à un membre de sa famille ou qui envisage de postuler à un emploi a parfaitement le droit de le faire. Il y a, toutefois, des mesures très strictes à respecter pour protéger cette zone hautement sensible», note l’officier.
Par Tarek Hafid, Le soir
Commentaire