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“Dire que Camus est un écrivain colonial, c’est simplement un mensonge”

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  • “Dire que Camus est un écrivain colonial, c’est simplement un mensonge”

    “Dire que Camus est un écrivain colonial, c’est simplement un mensonge”
    Par : Sara Kharfi
    Lu : (13 fois)

    Dans cet entretien, Sofiane Hadjadj revient sur la polémique de la caravane et insiste sur la complexité de l’œuvre d’Albert Camus, qui demeure à ce jour inconnue.
    Liberté : Que pensez-vous de cette pétition qui vise à interdire la venue de la Caravane Albert Camus en Algérie ? Et cette caravane, estimez-vous que c’est une bonne ou une mauvaise chose ?
    Sofiane Hadjadj : Je trouve que c’est un combat d’arrière-garde. Que signifie “lobby néocolonial” en 2010 ? Les initiateurs de cette pétition pensent-ils vraiment qu’il y a un grand complot derrière cette caravane ? C’en est presque risible… Cette caravane n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. Et puis, on oublie que les gens, les lecteurs sont adultes et qu’ils savent faire la part des choses. C’est comme si on se substituait à eux ! S’ils veulent admirer Camus ou le rejeter, libre à chacun…

    Dire que “sur le plan esthétique, Albert Camus est un écrivain colonial” n’est pas en quelque sorte céder à la facilité ? N’y a-t-il pas par là une stigmatisation de l’écrivain ?
    C’est surtout nier la complexité des faits. Dire que Camus est un écrivain colonial c’est simplement un mensonge. Il n’a ni soutenu l’indépendance algérienne ni été du côté des ultras de l’Algérie française, qui d’ailleurs n’ont jamais pu le récupérer. Son œuvre, sa vie témoignent de l’ambiguïté et du paradoxe de sa situation. Elle devrait tout au moins nous intéresser pour ça à défaut d’y adhérer.

    Camus et l’Algérie. Parlons-en !
    Je persiste, c’est un auteur et un personnage complexe. Il avait conscience que les choses n’allaient pas bien, mais il restait par bien des aspects otage de ses origines dont on oublie qu’il en était terriblement complexé, notamment par rapport à l’intelligentsia parisienne.

    Albert Camus ne serait-ce pas un débat franco-français ?
    En effet, ça l’est dans la médiatisation, mais c’est propre au fonctionnement de l’actualité culturelle française. Il y a des années Sartre, puis Camus, et on passe à autre chose… Mais ça devrait nous intéresser aussi. À nous d’interroger Camus sur ce qui nous concerne, à notre manière. La question n’est, au fond, pas de savoir si Camus est Algérien, mais de voir comment il s’inscrit par rapport à notre patrimoine littéraire. Soit on dit que tout ça c’est l’histoire de l’Algérie, y compris des auteurs qui écrivent en latin comme saint Augustin ou Apulée de Madaure, soit on en revient au fait qu’il y a les bons et les méchants ! L’histoire littéraire, ce n’est pas un western ! J’ai toujours été du côté de Kundera qui pense que “la littérature suspend le jugement moral” et qu’elle est du côté de la connaissance. On peut juger l’homme Camus, mais l’écrivain demeure riche de complexités. Du reste, comment comprendre sinon l’intérêt manifesté par tant de grands auteurs de Faulkner à Orhan Pamuk ? Simplement rappeler aussi que lors du dernier festival panafricain, André Brink, grand auteur sud-africain et militant anti-apartheid par ses œuvres et ses positions, lors de sa conférence à la Bibliothèque nationale, a exprimé son admiration profonde pour Camus qui est pour lui son auteur de chevet. Il inscrivait sa venue tout autant dans le sillage de la Révolution algérienne que dans celui de Camus. Dans un article écrit à la suite de ce voyage (publié dans le hors série de Télérama consacré à Camus), il dit son malaise devant la réaction algérienne à Camus. C’est assez troublant comme témoignage car, lui, voit en Camus un apôtre de la réconciliation conflictuelle, y compris en Afrique du Sud. Il finit en parlant de “Mandela le camusien” ! Alors je me pose la question : André Brink serait-il, lui aussi, un chantre du néo-colonialisme ?

  • #2
    Camus et l’Algérie. Parlons-en !
    Je persiste, c’est un auteur et un personnage complexe. Il avait conscience que les choses n’allaient pas bien, mais il restait par bien des aspects otage de ses origines dont on oublie qu’il en était terriblement complexé, notamment par rapport à l’intelligentsia parisienne.
    Voilà, Mr Hadjaj, sur le point central, élude la question par une ineptie...

    Si c'est un mensonge que dire que Camus était militant de l'Algérie française, Mr hadjaj aurait dût le prouver par autre chose que " l'auteur est complexe..."

    Otage ou pas, complexe ou pas, il traitait comme terroristes, en toutes lettres, les combattants du FLN. Mr Hadjaj n'a qu'à prendre n'importe quel article de cet auteur sur Alger républicain, pour le constater.

    C'est vrai qu'il avait le droit d'être du côté de la France, apres tout c'est sa mère patrie...Mais il ne faut pas nous charier: Camus n'était pas dans le camp de ceux qui combattaient le colonialisme.
    C'est pour cela précisemment que Mouloud Feraoun, son ami pourtant, lui disait qu'il ignorait l'Algérie, qu'il ne la connaissait pas.
    ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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    • #3
      @bachi
      voici un de ces articles :
      "Dans la commune d'El-K.seur, sur 2 500 habitants kabyles, on compte 2000 indigents. Les ouvriers agricoles emportent avec eux, pour la nourriture de toute la journée : un quart de galette d'orge et un petit flacon d'huile. Les familles, aux racines et aux herbes, ajoutent les orties.
      Par un petit matin, j'ai vu à Tizi-Ouzou des enfants en loques disputer à des chiens le contenu des poubelles. A mes questions, un Kabyle a répondu : C'est tous les matins comme ça. Cette famine n'est pas une épidémie de peste ou de choléra. Derrière tout cela, il y a l'injustice et l'âpreté du colonat et de l'Administration.
      Autour de Michelet, le salaire agricole moyen est de 5 francs, plus la nourriture, pour dix heures de travail. Le salaire communal est de 11 à 12 francs. Mais on retient directement sur cet argent, et sans prévenir les intéressés, l'arriéré des impôts. Ces retenues atteignent parfois la totalité du salaire. Il n'y a pas de mot assez dur pour qualifier pareille cruauté. Je suis forcé de dire ici que le régime du travail en Kabylie est un régime d'esclavage."
      l'amitié est une chose rare,l'ami veritable est celui qui te demande d'etre toi meme.il t'aidera a survivre par l'amour qu'ilte porte

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      • #4
        encore pour toi bachi

        "Quant à l'idée si répandue de l'infériorité de la main-d'œuvre indigène, c'est sur elle que je voudrais terminer. Car elle trouve sa raison dans le mépris général où le colon tient le malheureux peuple de ce pays. Et ce mépris, à mes yeux, juge ceux qui le professent. J'affirme qu'il est faux de dire que le rendement d'un ouvrier kabyle est insuffisant. Car s'il l'était, les contremaîtres qui le talonnent .se chargeraient de l'améliorer.
        Il est vrai, en revanche, que l'on peut voir sur des chantiers vicinaux des ouvriers chancelants et incapables de lever une pioche. Mais c'est qu'ils n'ont pas mangé. Et l'on nous met en présence d'une logique abjecte qui veut qu'un homme soit sans forces parce qu'il n'a pas de quoi manger et qu'on le paie moins parce qu'il est sans forces."

        Caùus tu le vois ici, est tres mal connu
        l'amitié est une chose rare,l'ami veritable est celui qui te demande d'etre toi meme.il t'aidera a survivre par l'amour qu'ilte porte

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        • #5
          Si c'est un mensonge que dire que Camus était militant de l'Algérie française
          être militant d'une Algérie française, est ce être pour le crime, la discrimination, la destruction et l'humiliation ?

          On peut lutter dans le cadre d'une Algérie française pour plus de justice, plus de considération, et pour le respect de la culture algérienne, non ???
          Rebbi yerrahmek ya djamel.
          "Tu es, donc je suis"
          Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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          • #6
            être militant d'une Algérie française, est ce être pour le crime, la discrimination, la destruction et l'humiliation ?
            En quelque sorte oui.
            Car colonialisme est synonyme de crime, de discrimination, de destruction et d'humiliation.

            Rassures moi! Tu n'es pas pro colonialiste? toi qui porte le pseudo Ghandi!!

            On peut lutter dans le cadre d'une Algérie française pour plus de justice, plus de considération, et pour le respect de la culture algérienne, non ???
            Camus était un pied noir qui a bénéficié comme tout ses semblables des avantages des colons et du colonialisme!

            Voici la lettre de Kateb yacine à Camus :

            [Mon cher compatriote, Exilés du même royaume nous voici comme deux frères ennemis, drapés dans l’orgueil de la possession renonçante, ayant superbement rejeté l’héritage pour n’avoir pas à le partager. Mais voici que ce bel héritage devient le lieu hanté où sont assassinées jusqu’aux ombres de la Famille ou de la Tribu, selon les deux tranchants de notre Verbe pourtant unique. On crie dans les ruines de Tipasa et du Nadhor. Irons-nous ensemble apaiser le spectre de la discorde, ou bien est-il trop tard ? Verrons-nous à Tipasa et au Nadhor les fossoyeurs de l’ONU déguisés en Juges, puis en Commissaires-priseurs ? Je n’attends pas de réponse précise et ne désire surtout pas que la publicité fasse de notre hypothétique co-existence des échos attendus dans les quotidiens. S’il devait un jour se réunir en Conseil de Famille, ce serait certainement sans nous. Mais il est (peut-être) urgent de remettre en mouvement les ondes de la Communication, avec l’air de ne pas y toucher qui caractérise les orphelins devant la mère jamais tout à fait morte. Fraternellement. Kateb Yacine]
            "If you can't say anything nice, don't say anything at all."

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            • #7
              En quelque sorte oui.
              Car colonialisme est synonyme de crime, de discrimination, de destruction et d'humiliation.
              Camus était un pied noir qui a bénéficié comme tout ses semblables des avantages des colons et du colonialisme!
              Donnes moi un discours, un texte, un article où il fait l'éloge de l'humiliation, de la guerre, de la terreur, de l'injustice et de la barbarie.

              Rassures moi! Tu n'es pas pro colonialiste? toi qui porte le pseudo Ghandi!!
              Inutile et stérile. :22: No comment
              Rebbi yerrahmek ya djamel.
              "Tu es, donc je suis"
              Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

              Commentaire


              • #8
                Donnes moi un discours, un texte, un article où il fait l'éloge de l'humiliation, de la guerre, de la terreur, de l'injustice et de la barbarie.
                Camus était contre l'injustice sociale en Algérie mais il était tout de même pour l'Algérie Française. Pour moi, ça veut tout dire.
                être pour l'Algérie Française est synonyme d'appui du colonialisme et ses méthodes!!!

                Alors qu'il reçoit le prix Nobel de littérature en 1957 à Stockholm, Albert Camus, interrogé par un étudiant algérien, sur le caractère juste de la lutte pour l'indépendance, il répond : "Si j'avais à choisir entre cette justice et ma mère, je choisirais encore ma mère."

                Camus a fait son choix, à savoir la mère patrie au détriment de la justice sociale et la révolution algérienne juste!
                Dernière modification par Nomad7, 11 mars 2010, 10h36.
                "If you can't say anything nice, don't say anything at all."

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                • #9

                  Il n'est jamais, tout à fait, inutile de se demander dès lors qu'il y a un débat public, "d'où écrivent" les différents intervenants. Sofiane Hadjadj est éditeur à la maison Barzakh; maison d'édition qui collabore très souvent avec le C.C.A. dans le cadre de manifestations littéraires en France. Le bon sens voudrait du reste que lorsque l'on édite, entre autres, de la littérature francophone de ne pas trop froisser sa figure la plus médiatique...ça, c'est pour la petite histoire....
                  Attachons-nous maintenant aux propos de Hadjadj...

                  Dire que Camus est un écrivain colonial c’est simplement un mensonge. Il n’a ni soutenu l’indépendance algérienne ni été du côté des ultras de l’Algérie française, qui d’ailleurs n’ont jamais pu le récupérer.
                  Monsieur Hadjadj adopte un raisonnement par l'absurde. Etre un écrivain colonial ne se restreint pas à prendre position pour "les ultras de l'Algérie Française"...Il est intellectuellement malhonnête d'inventer des catégories factices pour les récuser ensuite...

                  Son œuvre, sa vie témoignent de l’ambiguïté et du paradoxe de sa situation. Elle devrait tout au moins nous intéresser pour ça à défaut d’y adhérer.
                  Camus et l’Algérie. Parlons-en !
                  Il n'y a jamais eu de tabou sur cela. Les ouvrages de Camus ont toujours été vendu librement en Algérie et de nombreux colloques lui sont consacrés chaque année. Prétendre qu'aborder l'oeuvre de Camus doivent nécessairement passer par l'organisation d'une manifestation de type "Caravane Camus" est une seconde malhonnêteté intellectuelle; car, si on adopte les lignes de partage, arbitrairement dressées par Hadjadj, il y aurait d'un côté les indécis sur le cas Camus et ceux qui considérèrent son oeuvre comme étant non-coloniale et de l'autre, des promoteurs de l'ignorance et de la censure....Très limite comme argumentaire !

                  Je persiste, c’est un auteur et un personnage complexe.
                  Même une plante verte est complexe; mais à la différence de cette dernière, un écrivain laisse des "traces" dans son oeuvre; des traces qui permettent de situer ses présences, des désertions et ses fractures...

                  Il avait conscience que les choses n’allaient pas bien, mais il restait par bien des aspects otage de ses origines dont on oublie qu’il en était terriblement complexé, notamment par rapport à l’intelligentsia parisienne.
                  Extraordinaire phrase-bateau en guise d'argument principal : Camus n'était pas un auteur colonial car il était complexe et complexé par l'intelligentsia parisienne (Oh, la vilaine !). Des renvois ? Des analyses textuelles ? Non, Monsieur; ici on vend des livres, on a pas pour vocation de les discuter...

                  En effet, ça l’est dans la médiatisation, mais c’est propre au fonctionnement de l’actualité culturelle française. Il y a des années Sartre, puis Camus, et on passe à autre chose… Mais ça devrait nous intéresser aussi.
                  L'une des rares phrases à laquelle, je souscris. Les pourfendeurs du projet "Caravane Camus" y ont vu une conjonction astrologique où les impératifs politiques hexagonaux et les médias se seraient ligués pour promouvoir Camus, avec pour dessein occulte de promouvoir les aspects positifs de la colonisation: ceci trahit une méconnaissance des cycles éditoriaux dans l'Hexagone. L'actualité culturelle en France est généralement commandées par un éphéméride favorable qui charrie dans son sillage de nombreuses entreprises éditoriales...Ni plus, ni moins.
                  Ceci étant dit, on pourrait aussi rétorquer que l'on est pas obligé, côté algérien, de coller au calendrier médiatique français...

                  À nous d’interroger Camus sur ce qui nous concerne, à notre manière. La question n’est, au fond, pas de savoir si Camus est Algérien, mais de voir comment il s’inscrit par rapport à notre patrimoine littéraire.
                  Le patrimoine suggère un lègue; et je ne suis pas certain que "l'arabe" figurait parmi les destinataires de son oeuvre. Plus important encore, la notion du "lègue" qui sous-tend le concept de patrimoine implique son acceptation, sa promotion : il faudrait pour cela qu'il puisse s'inscrire, pacifiquement, dans le sillage des "lieux de mémoires" d'une communauté ou du moins qu'il ne les contredisent pas.
                  On peut lire Camus en étant indien, perse ou nord-Africain; mais je ne suis pas certain qu'une lecture algérienne de Camus soit vraiment envisageable autrement qu'en négatif...

                  On peut juger l’homme Camus, mais l’écrivain demeure riche de complexités. Du reste, comment comprendre sinon l’intérêt manifesté par tant de grands auteurs de Faulkner à Orhan Pamuk ?
                  Encore une fois, il s'agit d'une entourloupette: personne n'a jamais prétendu une illisibilité de Camus qui se manifesterait chez les Algériens du fait de leur histoire ! On peut s'intéresser au non-style de Camus, à sa technique de narration, à sa pensée (aussi fragmentaire soi-elle)...etc. On peut multiplier les entrées vers son oeuvre, ceci n'est pas le problème.
                  La question qui pose problème est celle de sa consécration par les institutions nationales sachant que ces dernières sont garantes de certaines valeurs fondatrices du pays qu'elle représente. On peut être Israélien et travailler sur Céline mais il serait incompréhensible que les autorités israéliennes fassent la promotion de l'auteur de les Beaux draps au sein de manifestations culturelles....


                  Simplement rappeler aussi que lors du dernier festival panafricain, André Brink, grand auteur sud-africain et militant anti-apartheid par ses œuvres et ses positions, lors de sa conférence à la Bibliothèque nationale, a exprimé son admiration profonde pour Camus qui est pour lui son auteur de chevet. Il inscrivait sa venue tout autant dans le sillage de la Révolution algérienne que dans celui de Camus. Dans un article écrit à la suite de ce voyage (publié dans le hors série de Télérama consacré à Camus), il dit son malaise devant la réaction algérienne à Camus.
                  Alors là tout y est: convocation d'une figure "respectable" faisant office de garantie morale pour l'oeuvre de Camus et renvoyant ainsi les détracteurs de cette dernière à la périphérie de l'humanité humanisante...Par-delà le procédé, la lecture que fait Hadjadj de la petite intervention d'André Brink sur le sujet et consignée sous le titre Albert l'Africain, est pour le moins discutable.

                  L'intervention de Brink n'est en rien une analyse de l'oeuvre de Camus à l'orée de la Révolution algérienne; elle est placée sous le sceau de la "critique d'écrivain" soit un exercice très commun dans lequel un écrivain parle de lui-même par la médiation d'un écrivain. L'intervention de Brink commence d'ailleurs par : "Depuis ma toute première crise existentielle, à l'adolescence, je suis fasciné par les "empreintes" de Camus. Plus que quiconque, il fut le phare qui, alors que j'étais étudiant, m'attira à Paris".
                  Quand il parle de l'Alger de Camus, et du "malaise" qu'il aurait ressenti, il n'évoque pas à proprement parler de la réception de l'oeuvre de ce dernier dans la pensée algérienne contemporaine mais de son ressenti lors de son premier "pèlerinage" dans cette ville à la recherche des traces de son idole : "Mais Paris ne représentait qu'une étape, puisque ce n'est pas l'endroit où il est associé en premier lieu (...) Dès mon arrivée à Alger, il fut évident que je ne pourrais aisément "marcher sur les pas" de Camus."
                  On pourrait objecter dès lors, que c'est le propre des pèlerinages littéraires que d'être décevant et rappeler que Brink ne connaît pas la politique culturelle Algérienne au sein de laquelle la sauvegarde des "lieux de vie" d'un écrivain n'a jamais figuré parmi les patrimoines à promouvoir. Et puis soyons sérieux, Camus s'en sort déjà pas mal: qui d'entre-vous a déjà visité une maison-musée consacrée à Mouloud Feraoun ou Kateb Yacine ? Sait-on au moyen où ils ont résidé ?

                  Par contre quand Brink s'intéresse à la réception de Camus en Algérie et non exclusivement sur son ressenti de pèlerin, le propos est beaucoup plus nuancé: "Cela m'a été confirmé par de multiples conversations avec des Algériens, dont certains l'avaient connu personnellement, et beaucoup ne le connaissaient qu'à travers ses livres. On a assisté, en effet, à un regain d'intérêt pour son oeuvre lors de la publication du Premier Homme , intérêt qui s'est encore accru ces toutes dernières années.
                  On retrouve dans son emprunte dans le petit monument dressé en son honneur qu'est la libraire d'Edmond Charlot, le premier éditeur de Camus, les Vraies Richesses. Dans ce lieu, rescapé des années 1930, il avait cherché souvent à échapper aux exigences de la vie publique; assis sur l'escalier étroit, il y corrigeait les épreuves de ses livres. Dans la bibliothèque, une grande photo de lui partage l'espace exigu avec des portraits d'autres écrivains et du peintre algérien Mohammed Khadda. On y est entouré par de vieux exemplaires de ses livres, manifestement passés entre de nombreuses mains"
                  ou encore: " En quête de signes du statut de Camus dans le monde et notamment en Algérie, je citerai l'émouvante stèle érigée à l'extrémité de l'ancien cimetière ou les ruines de l'antique cité de Tipaza surplombent la mer couleur de vin. C'est là, sont heureux de vous informer les gens du coin, que Camus méditer devant les éléments...etc.

                  Vous remarquerez enfin que par réception, on n'entend même pas ici, sa trace dans les oeuvres contemporaines....

                  Ceci m'amène donc à conclure que l'argument avancé par Hadjadj dessert sa thèse; puisque de l'aveu même de Brink qu'il cite lui-même; Camus bénéficie en Algérie de certains "privilèges" dont ne jouissent pas, loin s'en faut, les autres écrivains et intellectuels ayant parfois tout sacrifié pour la Révolution (et qui répondent donc au principe de validitation-idéologique ); aussi, le projet de la "Caravane Camus" ne saurait plus paraître comme une tentative désespérée de faire connaître Camus aux Algériens et encore moins de sauver les Algériens de leur inculture...
                  Dernière modification par Dandy, 11 mars 2010, 11h41.

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                  • #10
                    Je signale en passant que dans ce numéro spécial, on peut retrouver les réactions que suscitent l'oeuvre de Camus chez certains intellectuels Algériens:

                    Kateb Yacine: " Dans un entretien accordé au journal El Moujahid en 1975, jugeait ainsi que les livres de Camus: "Rendent un son faux et creux" car biffant du paysage l'homme algérien. "Dans l'Etranger se rappelait-il, le seul livre où Camus met en scène un personnage algérien, celui-ci n'arrive pas à vivre: il est tué (...) à cause d'un coup de soleil gratuitement, le personnage disparaît et c'est toujours Camus qui est sur la scène".

                    Anouar Benmalek : "Je reconnais sans peine que c'est un grand écrivain, mais sa lecture fait naître une sensation bizarre (...) Il avait un grand problème. Il n'a pas vu les neuf dixièmes de la population du pays dans lequel il vivait ! En tan que journaliste, il a certes été sensible aux malheurs des Algériens mais pas en tant qu'écrivain. C'est un drame pour lui-même: il a défendu la liberté mais il n'a pas accepté la réalité. Pour résumer, je pense qu'Albert Camus n'a pas été André Bink. Et si d'aventure je venais à le rencontrer dans un espace-temps quelconque, je lui dirais: "Ah, vieux frère, qui n'a pas voulu être mon frère, comment as-tu fait pour ne pas me voir ?"

                    Selim Kheyammi "retient lui aussi le sentiment « d’étrangeté» que lui inspire Camus. « Quand je le lis, et bien que je sache qu’il est natif du même pays lue le mien, il me reste tout de même étranger. Sa lecture ne me touche pas de la même manière qu’un écrit de Kateb Yacine. Il me semble que Camus l’écrivain, pas le journaliste, s’inscrivait totalement – irrémédiablement même dans un horizon européen avec des questionnements d’Européen, même s’il est né et a vécu dans ce territoire de fracture qu’est l’Algérie. »

                    Autre réaction de...Yasmina Khadra, en 2008 dans le Parisien à l'occasion de la parution de Ce que le jour doit à la nuit: "Mon roman est une réplique aux travaux de mon idole, Albert Camus. Il n’a traité que de son Algérie à lui, son jouet d’enfant, de petit pied-noir. Il n’est jamais allé de l’autre côté ».

                    Naturellement, d'autres lectures "réhabilitant" Camus en homo-algerianus sont présentes; j'ai pris le soin de sélectionner celles-ci pour rappeler que les tenants de la thèse inverse n'étaient pas forcément des "incultes" opposés à la culture....
                    Dernière modification par Dandy, 11 mars 2010, 11h35.

                    Commentaire


                    • #11
                      l'algérien d'aujourd'hui n'a plus de culture littéraire, meme les professeur de lycées lisent très peu, preuve en ait le rejet de certains écrivain par une partie de la classe politique (yasmina khadra, kateb yacine..);
                      la faute à qui? au pouvoir politique, qui depuis 25 maintenant veut aculturer le peuple, je remonterais même jusqu'à l'arabisation, où ce n'étaient pas des profs qui ont enseigner aux futurs professeurs mais des incultes égyptiens envoyer par ce pays.
                      Bref comment ne pas s'étonner pas la suite que la majorité des algériens ne lisent pas et se font une opinion sur l'écrivain juste en lisant le journal!!!!
                      l'amitié est une chose rare,l'ami veritable est celui qui te demande d'etre toi meme.il t'aidera a survivre par l'amour qu'ilte porte

                      Commentaire


                      • #12
                        Y-a-t-il des caravanes culturelles nationales pour des écrivains moins controverses? Non!

                        Commentaire


                        • #13
                          @ taghiti
                          il n'y a malheureusement pratiquement aucune animation culturelle, le théâtre est en train de rendre l'âme, le cinéma ca fait déjà depuis longtemps. il ne rest que les discours politique et les prêches.
                          l'amitié est une chose rare,l'ami veritable est celui qui te demande d'etre toi meme.il t'aidera a survivre par l'amour qu'ilte porte

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                          • #14
                            Je pense qu'on se perd dans certains méandres non explorés ou difficiles à discerner.

                            Pour ma part, si je dois répondre à la question : Albert Camus, qui est ce ?

                            J'éviterai de dire algérien, c'est hors contexte, puisque avant la France il y avait un territoire sous autorité ottomane, ensuite juste après, ce territoire est passé sous l'autorité française.

                            L'Algérie c'est après 62. Jusqu'ici l'Algérie était un vaste territoire géographique affilié à la France. Donc l'algérien c'est après 62. Camus n'étais pas là pour choisir l'Algérie ou la France après 62, càd devenir comme le reste des indigènes un algérien.

                            Un indigène se repérait en faisant référence à sa propre culture, ou en évaluant de manière instinctive les différences avec l'autre et non pas en se référant à un quelconque état, république ou nation qui n'existait pas encore. Ce qui sure c'est que les indigènes ne se reconnaissaient pas dans la patrie française.

                            Camus était pied noir, la patrie de Camus était la France, le territoire Algérie était français et il y tenait. La culture de Camus n'était certainement pas celle des indigènes, il ne pouvait pas être indigène.

                            Est ce que les pieds noirs ont apporté leur touche culturelle dans la vie de tous les jour pour nous algériens ?

                            La culture pieds noirs, qui est quoiqu'on dise d'abord française , n'a plus trace en Algérie.

                            y a t-il un patrimoine à revendiquer chez Camus ?

                            En fait on voit la chose sous deux prismes du côté algérien aujourd'hui : Histoire coloniale ou histoire algérienne.

                            Fait t-il partie de l'histoire coloniale ou de l'histoire algérienne ?

                            L'histoire algérienne, c'est d'abord celle des indigènes. Le ENSUITE , le devoir de mémoire nous le recommande; attention à ne pas omettre cette partie de l'histoire qui fût celle des pieds noirs.

                            Oui Camus est né en Algérie, il peut se revendiquer et on peut le revendiquer comme fils de cette terre. Sa patrie était la France, donc son esprit français. Mais il fait partie de la mémoire algérienne. Reste à savoir à quel point même si c'est superficiel.

                            Pour celà, j'en conviens, que les témoignages de Mouloud Féraoun, Mouloud Mammeri et de Kateb Yacine sont édifiants.
                            Rebbi yerrahmek ya djamel.
                            "Tu es, donc je suis"
                            Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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                            • #15
                              J'éviterai de dire algérien, c'est hors contexte, puisque avant la France il y avait un territoire sous autorité ottomane, ensuite juste après, ce territoire est passé sous l'autorité française.
                              Et avant les ottomans?
                              Le fait d'être sous autorité ottomane ne veut pas dire que les algériens étaient des ottomans à mon sens.

                              L'Algérie c'est après 62. Jusqu'ici l'Algérie était un vaste territoire géographique affilié à la France. Donc l'algérien c'est après 62. Camus n'étais pas là pour choisir l'Algérie ou la France après 62, càd devenir comme le reste des indigènes un algérien.
                              Plusieurs états se sont succédés sur ce territoire à commencer par Numidia, maurétania sans parler des états moderne : les zianides, les hammadides.... etc. Donc pour moi l'Algérie n'est pas seulement après 62.
                              Dernière modification par Nomad7, 11 mars 2010, 14h08.
                              "If you can't say anything nice, don't say anything at all."

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