Adolescentes, jeunes ou adultes, beaucoup d’Algériennes optent aujourd’hui, librement, pour le port du hidjab. Autrefois, tenue sobre et modeste, «le new voile» ou le «hidjab décapotable» est loin de répondre à ces «normes». Modernisé, suggestif, il est aguichant, plus cher et pervers ! Foulards bariolés, jupes brodées, pulls perlés, bijoux et accessoires. Effet de mode ou excès de religiosité ?
Depuis quelques années, de nombreuses boutiques qui commercialisent exclusivement des «voiles et leurs accessoires» ont ouvert à Alger, sur les grands boulevards de la ville. Un business florissant qui constitue une aubaine pour les commerçants !
Dans la Caverne d’Ali Baba
BB Foulards est l'une de ces échoppes. La petite boutique se trouve à Didouche-Mourad. A l’intérieur, plus de 300 foulards sont exposés pour tous les goûts et tous les âges. Rouge, bleu roi, saumon, mauve, grenat, jaune. Effilé, brodé, panaché, perlé, en tergal, en mousseline, en soie, en crêpe, en cachemire ou encore en lin. Divers tissus et modèles sont présentés, les quatre vendeuses sont incapables de les dénommer tous. Quant aux prix, ils varient entre 300 et 3 000 DA, selon la provenance, la qualité et les motifs. «Mes frères et moi avions remarqué que beaucoup d’Algériennes portaient le voile, nous avons alors décidé de tenter l’expérience et d’ouvrir une boutique dédiée à ces femmes. Nous l’avons fait et ça a marché !», explique Abdelwahab, le jeune gérant. Il ajoute avec une notre de fierté que ses frères ont été les premiers à investir ce créneau en 2003.
Une belle affaire puisque le commerce est florissant et BB Foulard s’est agrandi. Depuis, il a inauguré de nouvelles boutiques à Oran, Sétif, Constantine et Annaba. Sa marchandise provient de Chine, du Pakistan, de la Syrie et de l’Espagne, mai l’Inde reste son principal fournisseur. Voulant être «au top», Abdelwahab précise qu’il sélectionne ses foulards par Internet sur le site du fournisseur. «Nous choisissons en fonction de la tendance. Les couleurs de couleur gaie, les écharpes brodées et perlées sont généralement nos critères de sélection. C’est ce qui est en vogue», dit-il, ajoutant que la clientèle est de plus en plus exigeante et qu’il faut la satisfaire. «Ce n’est pas facile».
B.B Foulard ne se contente pas seulement d’Internet, les chaînes satellitaires arabes, qui poussent comme des champignons, l’inspirent également dans ses achats. Abdelwahab affirme que certaines des vedettes de ces télévisions (animatrices, présentatrices du journal, chanteuses…) sont voilées. «Les Algériennes sont aujourd’hui nombreuses à regarder ces chaînes». Dans la boutique, les vendeuses se bousculent pour satisfaire des acheteuses qui ne cessent d’affluer surtout durant les week-ends. «Nous sommes dépassées durant la semaine ! C’est toujours comme ça !» affirme une vendeuse.
Meriem, technicien supérieur en gestion : «C’est un choix personnel»
Meriem est voilée depuis peu, une décision prise, confie-t-elle, après mûre réflexion. Un foulard de couleur saumon couvre sa tête, une longue liquette beige la moule et dévoile une taille fine. La jeune femme explique pourtant que c’est par «conviction religieuse» qu’elle le porte ! «Mon père n’a pas été d’accord, il s’est moqué de moi en disant que c'est un déguisement. J’ai insisté et il a fini par céder. Ça me protège des regards des hommes». Une contradiction flagrante qu’elle semble assumer ou feint de ne pas remarquer. Maquillée, parfumée et aguichante, Meriem ne peut laisser les hommes indifférents ! «Je sors, je me maquille et je travaille. On croit que le hidjab étouffe la femme et freine son émancipation. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, puisqu’il s’est modernisé grâce à la mondialisation. » La jeune universitaire possède au moins une quarantaine de foulards et dix différentes tuniques (pantalons ou jupes avec leurs liquettes). Elle dépense mensuellement 20 % de son salaire pour sa garde-robes. Soigner son allure semble plus important qu’entretenir son intérieur. Elle sourit à cette allusion. «Ça viendra après ! Petit à petit. Je me fais plaisir. Difficile de résister à la tentation avec tous ces modèles !» lâche-t- elle.
Ryma, vendeuse : «Nos hommes aiment le voile»
Ryma affirme que c’est son fiancé qui lui a exigé de porter le hidjab, une condition pour l’épouser. «Quand il me l’a demandé, j’ai refusé car je n'aime pas du tout, puis, j’ai été forcée de dire oui pour me marier.» Sa famille a approuvé et n’est pas intervenue.
Si elles sont nombreuses à dénoncer le machisme qui gangrène notre société, certaines femmes n’hésitent pas à faire cette concession et à encourager une attitude intolérable.
Ryma porte une longue liquette bleue, un foulard et des chaussures assortis. Sa tenue dévoile toutes ses rondeurs. «J’aime les couleurs, toutes mes tuniques sont de couleurs attrayantes. C’est la mode !»
La vendeuse pense encore que «le new hidjab» ne respecte pas les préceptes du Coran.
«Les Algériennes regardent les télévisions du Moyen-Orient qui montrent en boucle des animatrices avec des foulards bigarrés, parfois noués autour du cou, avec une brochette… Elles les imitent. C’est tout !»
Cette jeune femme, qui, apparemment, s’inspire des mêmes modèles, est la première concernée par ces critiques. Elle n’en a aucune conscience ! Une confusion qui ne la dérange pas.
«Nos hommes aiment les femmes voilées, ils croient qu’elles sont plus vertueuses. Ainsi, beaucoup de femmes portent le voile pour les satisfaire tout en ne se privant pas des plaisirs féminins. Elles se voilent et s’habillent d’une manière aguichante !» Elle en est sûre, c’est son cas.
Depuis quelques années, de nombreuses boutiques qui commercialisent exclusivement des «voiles et leurs accessoires» ont ouvert à Alger, sur les grands boulevards de la ville. Un business florissant qui constitue une aubaine pour les commerçants !
Dans la Caverne d’Ali Baba
BB Foulards est l'une de ces échoppes. La petite boutique se trouve à Didouche-Mourad. A l’intérieur, plus de 300 foulards sont exposés pour tous les goûts et tous les âges. Rouge, bleu roi, saumon, mauve, grenat, jaune. Effilé, brodé, panaché, perlé, en tergal, en mousseline, en soie, en crêpe, en cachemire ou encore en lin. Divers tissus et modèles sont présentés, les quatre vendeuses sont incapables de les dénommer tous. Quant aux prix, ils varient entre 300 et 3 000 DA, selon la provenance, la qualité et les motifs. «Mes frères et moi avions remarqué que beaucoup d’Algériennes portaient le voile, nous avons alors décidé de tenter l’expérience et d’ouvrir une boutique dédiée à ces femmes. Nous l’avons fait et ça a marché !», explique Abdelwahab, le jeune gérant. Il ajoute avec une notre de fierté que ses frères ont été les premiers à investir ce créneau en 2003.
Une belle affaire puisque le commerce est florissant et BB Foulard s’est agrandi. Depuis, il a inauguré de nouvelles boutiques à Oran, Sétif, Constantine et Annaba. Sa marchandise provient de Chine, du Pakistan, de la Syrie et de l’Espagne, mai l’Inde reste son principal fournisseur. Voulant être «au top», Abdelwahab précise qu’il sélectionne ses foulards par Internet sur le site du fournisseur. «Nous choisissons en fonction de la tendance. Les couleurs de couleur gaie, les écharpes brodées et perlées sont généralement nos critères de sélection. C’est ce qui est en vogue», dit-il, ajoutant que la clientèle est de plus en plus exigeante et qu’il faut la satisfaire. «Ce n’est pas facile».
B.B Foulard ne se contente pas seulement d’Internet, les chaînes satellitaires arabes, qui poussent comme des champignons, l’inspirent également dans ses achats. Abdelwahab affirme que certaines des vedettes de ces télévisions (animatrices, présentatrices du journal, chanteuses…) sont voilées. «Les Algériennes sont aujourd’hui nombreuses à regarder ces chaînes». Dans la boutique, les vendeuses se bousculent pour satisfaire des acheteuses qui ne cessent d’affluer surtout durant les week-ends. «Nous sommes dépassées durant la semaine ! C’est toujours comme ça !» affirme une vendeuse.
Meriem, technicien supérieur en gestion : «C’est un choix personnel»
Meriem est voilée depuis peu, une décision prise, confie-t-elle, après mûre réflexion. Un foulard de couleur saumon couvre sa tête, une longue liquette beige la moule et dévoile une taille fine. La jeune femme explique pourtant que c’est par «conviction religieuse» qu’elle le porte ! «Mon père n’a pas été d’accord, il s’est moqué de moi en disant que c'est un déguisement. J’ai insisté et il a fini par céder. Ça me protège des regards des hommes». Une contradiction flagrante qu’elle semble assumer ou feint de ne pas remarquer. Maquillée, parfumée et aguichante, Meriem ne peut laisser les hommes indifférents ! «Je sors, je me maquille et je travaille. On croit que le hidjab étouffe la femme et freine son émancipation. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, puisqu’il s’est modernisé grâce à la mondialisation. » La jeune universitaire possède au moins une quarantaine de foulards et dix différentes tuniques (pantalons ou jupes avec leurs liquettes). Elle dépense mensuellement 20 % de son salaire pour sa garde-robes. Soigner son allure semble plus important qu’entretenir son intérieur. Elle sourit à cette allusion. «Ça viendra après ! Petit à petit. Je me fais plaisir. Difficile de résister à la tentation avec tous ces modèles !» lâche-t- elle.
Ryma, vendeuse : «Nos hommes aiment le voile»
Ryma affirme que c’est son fiancé qui lui a exigé de porter le hidjab, une condition pour l’épouser. «Quand il me l’a demandé, j’ai refusé car je n'aime pas du tout, puis, j’ai été forcée de dire oui pour me marier.» Sa famille a approuvé et n’est pas intervenue.
Si elles sont nombreuses à dénoncer le machisme qui gangrène notre société, certaines femmes n’hésitent pas à faire cette concession et à encourager une attitude intolérable.
Ryma porte une longue liquette bleue, un foulard et des chaussures assortis. Sa tenue dévoile toutes ses rondeurs. «J’aime les couleurs, toutes mes tuniques sont de couleurs attrayantes. C’est la mode !»
La vendeuse pense encore que «le new hidjab» ne respecte pas les préceptes du Coran.
«Les Algériennes regardent les télévisions du Moyen-Orient qui montrent en boucle des animatrices avec des foulards bigarrés, parfois noués autour du cou, avec une brochette… Elles les imitent. C’est tout !»
Cette jeune femme, qui, apparemment, s’inspire des mêmes modèles, est la première concernée par ces critiques. Elle n’en a aucune conscience ! Une confusion qui ne la dérange pas.
«Nos hommes aiment les femmes voilées, ils croient qu’elles sont plus vertueuses. Ainsi, beaucoup de femmes portent le voile pour les satisfaire tout en ne se privant pas des plaisirs féminins. Elles se voilent et s’habillent d’une manière aguichante !» Elle en est sûre, c’est son cas.
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