L’Algérie vit une faillite totale et elle se dirige vers l’inconnu », a déclaré l’ex-président du Haut Conseil de l’Etat, Ali Kafi. Dans une rencontre avec des journalistes, tenue avant-hier chez lui, l’ancien colonel de la Wilaya II historique pour « faire des mises au point » au contenu du livre de Saïd Sadi, Amirouche : une vie, deux morts et un testament, Ali Kafi s’est dit « attristé » par ce qui arrive au pays. « Nous avons consacré toute notre vie pour le militantisme depuis le mouvement national, avec des grands espoirs, actuellement tout sombre subitement dans l’obscurité. » Mais à qui la faute ? « Le problème réside dans l’écriture authentique de l’histoire de sorte à permettre aux générations de séparer le bon grain de l’ivraie et pour qu’elles puissent se déterminer. » Plus radical dans sa critique de la situation actuelle et de toute la confusion qui émaille le débat sur l’histoire de la Révolution algérienne, Ali Kafi a estimé que cette confusion « est due à l’absence de l’Etat ».
L’Etat n’existe pas, il a délaissé son rôle et l’histoire de l’Algérie. Il a sacrifié et détruit la génération actuelle et la génération future. Les partis également ont failli », a asséné M. Kafi. Le chef historique de la Wilaya II a remonté l’histoire contemporaine de l’Algérie pour expliquer l’impasse dans laquelle a sombré le pays. Sans détour, il tranche : « Celui qui a rendu l’Algérie malade c’est Boumediène, il nous a laissé un héritage désastreux qui nous gouverne actuellement. » La messe est dite ! Le chef de la Wilaya II historique, qui s’est adonné à un exercice historique, a appelé les nouvelles générations à rester attachées à la Révolution qui « constitue une source de fierté, faisant fi de la naksa (débâcle) dans laquelle nous nous sommes engouffrés ». Malgré ce constat des plus critiques, Ali Kafi, du haut de ses 82 ans, deux des derniers colonels historiques avec Bentobal, ne perd pas espoir de retrouver « cette l’Algérie de nos rêves. L’injustice disparaîtra et il ne restera dans l’oued que ses galets ».
Les mises au point de Kafi
Faisant un aller-retour entre le passé révolutionnaire et l’actualité, l’ancien colonel du Nord-Constantinois, un des fiefs de la guerre de Libération nationale, a tenu à « faire de mises au point » après la polémique suscitée par le livre de Saïd Sadi. Son entrée en scène assure sans doute la relance du débat sur cette période où tout n’a pas été dit jusqu’à présent. Avant de se lancer dans le vif du sujet, tout en disant que sa sortie n’est pas une réponse à Sadi, Ali Kafi s’est interrogé sur le contexte dans lequel le livre a paru. « Je ne réponds pas à Sadi, car il n’est pas historien et il est loin de la marche historique de la Révolution. C’est le timing choisi qui a attiré mon attention. La sortie du livre intervient au cours de cette campagne que mène la France contre les moudjahiddine et ce qu’on appelle communément la famille révolutionnaire. » « Le deuxième point est lié au document criminalisant le colonialisme qui a provoqué une secousse en France. Y a-t-il un rapport ? » « Ou s’agit-il de la faillite de son parti et qu’il veut rebondir en utilisant des figures célèbres et salir la mémoire des honorables hommes ? », a regretté Ali Kafi. Ce sont autant d’interrogations qu’a soulevées Ali Kafi. Avant de juger « irresponsable le fait de douter du patriotisme des révolutionnaires et de jeter l’anathème sur la révolution ». Le colonel de la Wilaya II mis en cause dans le livre de Saïd Sadi a décidé donc de rompre le silence et de livrer sa version des faits. D’emblée, Ali Kafi a rejeté catégoriquement l’idée défendue par Sadi dans son livre qui consiste à dire que « Amirouche a été livré aux Français par Boussouf et Boumediène ».
Pour Kafi, il s’agit là « d’une contrevérité historique ». « Est-il possible que Boussouf pouvait comploter contre deux colonels qui dirigeaient deux Wilayas historiques, pour qu’ils soient éliminés par les Français ? Prétendre cela, voudrait dire que Boussouf collaborait avec les Français et leur donnait des informations... » « Boussouf ne pouvait pas comploter contre Amirouche. C’est une affabulation et un mensonge grotesque », a affirmé A. Kafi. S’agissant de Boumediène, l’ancien colonel de la Wilaya II a affirmé que c’était un personnage complètement effacé. « Pour ce qui est de Boumediène, il était inconnu. Il était complètement à la marge, il évoluait à l’ombre de Boussouf. De ce fait, il ne pouvait pas comploter contre un géant comme Amirouche. Boumediène ne savait pas où a commencé l’histoire », a indiqué Ali Kafi. « En disant cela, je ne défends pas Boumediène d’autant plus que je ne partage rien avec lui. Bien au contraire, nous n’avons jamais été d’accord. Il a réuni autour de lui la clique de la France (les déserteurs de l’armée française, nldr) et le reste tout le monde le connaît », a affirmé A. Kafi. Pour appuyer ses propos, Ali Kafi est revenu sur cet épisode qui a coûté la vie à deux figures de la Révolution. « Ceux qui étaient à Tunis tombaient souvent dans des conflits et des problèmes internes. Et pour pouvoir les régler, ils faisaient appel aux gens de l’intérieur qui n’ont jamais eu de conflit. En 1959, un conflit a éclaté entre le CCE et le GPRA, après la démission de Mohamed Lamine Debaghine de son poste de ministre des Affaires étrangères. Ils convoquent une réunion des colonels à Tunis pour aider à solutionner cette crise. Nos frères de l’extérieur nous ont contactés, le 15 mars 1959, pour se rendre à Tunis et c’est moi qui étais chargé de contacter Amirouche et Si El Haoues étant donné que le contact direct avec eux n’était pas possible. Le télégramme nous ait parvenu du ministère de la Défense par le biais de Mohammedi Saïd. Il est dit dans ce message : ‘’Vous devriez venir en urgence pour débattre des questions concernant la révolution.
Il nous est exigé à ce que chacun de nous doit se munir d’un mandat de sa Wilaya. Quand j’ai envoyé le télégramme à Amirouche, j’ai lui ai proposé de passer par la Wilaya II et on fera le chemin ensemble vers Tunis. Il m’a répondu : ne m’attends pas, je prends un autre chemin. Et c’est comme ça qu’il a choisi de passer par le Sud avec Si El Haoues ». « Ils avaient décidé de passer par le Sud, pensant que c’est le passage le plus sûr et qu’il n’y avait pas une forte concentration de l’armée française », a témoigné Kafi. « En cours de route vers Tunis avec Lamine Khane et Hachemi Hadjres et Medour, la nuit avant la traversée de la ligne Morice, nous avons allumé la radio et appris l’assassinat des deux colonels. C’était un coup dur pour la révolution, nous venions de perdre deux géants », a attesté Kafi. Le colonel de la II a également contesté l’information donnée par Sadi dans son livre, selon laquelle Krim Belkacem avait alerté Amirouche sur la nécessité de changer son itinéraire vers Tunis. « Impossible. Il n’avait aucun contact radio avec Amirouche. Les contacts radio vers la Wilaya III passaient par moi. Krim, maquisard depuis 1947 et connaissant parfaitement les techniques de l’ennemi, ne pouvait pas envoyer un message écrit, de peur de tomber entre les mains des Français. Et comme on était pressé par le temps, il ne pouvait pas aussi transmettre le message par le biais d’une personne », a indiqué Ali Kafi.
L’Etat n’existe pas, il a délaissé son rôle et l’histoire de l’Algérie. Il a sacrifié et détruit la génération actuelle et la génération future. Les partis également ont failli », a asséné M. Kafi. Le chef historique de la Wilaya II a remonté l’histoire contemporaine de l’Algérie pour expliquer l’impasse dans laquelle a sombré le pays. Sans détour, il tranche : « Celui qui a rendu l’Algérie malade c’est Boumediène, il nous a laissé un héritage désastreux qui nous gouverne actuellement. » La messe est dite ! Le chef de la Wilaya II historique, qui s’est adonné à un exercice historique, a appelé les nouvelles générations à rester attachées à la Révolution qui « constitue une source de fierté, faisant fi de la naksa (débâcle) dans laquelle nous nous sommes engouffrés ». Malgré ce constat des plus critiques, Ali Kafi, du haut de ses 82 ans, deux des derniers colonels historiques avec Bentobal, ne perd pas espoir de retrouver « cette l’Algérie de nos rêves. L’injustice disparaîtra et il ne restera dans l’oued que ses galets ».
Les mises au point de Kafi
Faisant un aller-retour entre le passé révolutionnaire et l’actualité, l’ancien colonel du Nord-Constantinois, un des fiefs de la guerre de Libération nationale, a tenu à « faire de mises au point » après la polémique suscitée par le livre de Saïd Sadi. Son entrée en scène assure sans doute la relance du débat sur cette période où tout n’a pas été dit jusqu’à présent. Avant de se lancer dans le vif du sujet, tout en disant que sa sortie n’est pas une réponse à Sadi, Ali Kafi s’est interrogé sur le contexte dans lequel le livre a paru. « Je ne réponds pas à Sadi, car il n’est pas historien et il est loin de la marche historique de la Révolution. C’est le timing choisi qui a attiré mon attention. La sortie du livre intervient au cours de cette campagne que mène la France contre les moudjahiddine et ce qu’on appelle communément la famille révolutionnaire. » « Le deuxième point est lié au document criminalisant le colonialisme qui a provoqué une secousse en France. Y a-t-il un rapport ? » « Ou s’agit-il de la faillite de son parti et qu’il veut rebondir en utilisant des figures célèbres et salir la mémoire des honorables hommes ? », a regretté Ali Kafi. Ce sont autant d’interrogations qu’a soulevées Ali Kafi. Avant de juger « irresponsable le fait de douter du patriotisme des révolutionnaires et de jeter l’anathème sur la révolution ». Le colonel de la Wilaya II mis en cause dans le livre de Saïd Sadi a décidé donc de rompre le silence et de livrer sa version des faits. D’emblée, Ali Kafi a rejeté catégoriquement l’idée défendue par Sadi dans son livre qui consiste à dire que « Amirouche a été livré aux Français par Boussouf et Boumediène ».
Pour Kafi, il s’agit là « d’une contrevérité historique ». « Est-il possible que Boussouf pouvait comploter contre deux colonels qui dirigeaient deux Wilayas historiques, pour qu’ils soient éliminés par les Français ? Prétendre cela, voudrait dire que Boussouf collaborait avec les Français et leur donnait des informations... » « Boussouf ne pouvait pas comploter contre Amirouche. C’est une affabulation et un mensonge grotesque », a affirmé A. Kafi. S’agissant de Boumediène, l’ancien colonel de la Wilaya II a affirmé que c’était un personnage complètement effacé. « Pour ce qui est de Boumediène, il était inconnu. Il était complètement à la marge, il évoluait à l’ombre de Boussouf. De ce fait, il ne pouvait pas comploter contre un géant comme Amirouche. Boumediène ne savait pas où a commencé l’histoire », a indiqué Ali Kafi. « En disant cela, je ne défends pas Boumediène d’autant plus que je ne partage rien avec lui. Bien au contraire, nous n’avons jamais été d’accord. Il a réuni autour de lui la clique de la France (les déserteurs de l’armée française, nldr) et le reste tout le monde le connaît », a affirmé A. Kafi. Pour appuyer ses propos, Ali Kafi est revenu sur cet épisode qui a coûté la vie à deux figures de la Révolution. « Ceux qui étaient à Tunis tombaient souvent dans des conflits et des problèmes internes. Et pour pouvoir les régler, ils faisaient appel aux gens de l’intérieur qui n’ont jamais eu de conflit. En 1959, un conflit a éclaté entre le CCE et le GPRA, après la démission de Mohamed Lamine Debaghine de son poste de ministre des Affaires étrangères. Ils convoquent une réunion des colonels à Tunis pour aider à solutionner cette crise. Nos frères de l’extérieur nous ont contactés, le 15 mars 1959, pour se rendre à Tunis et c’est moi qui étais chargé de contacter Amirouche et Si El Haoues étant donné que le contact direct avec eux n’était pas possible. Le télégramme nous ait parvenu du ministère de la Défense par le biais de Mohammedi Saïd. Il est dit dans ce message : ‘’Vous devriez venir en urgence pour débattre des questions concernant la révolution.
Il nous est exigé à ce que chacun de nous doit se munir d’un mandat de sa Wilaya. Quand j’ai envoyé le télégramme à Amirouche, j’ai lui ai proposé de passer par la Wilaya II et on fera le chemin ensemble vers Tunis. Il m’a répondu : ne m’attends pas, je prends un autre chemin. Et c’est comme ça qu’il a choisi de passer par le Sud avec Si El Haoues ». « Ils avaient décidé de passer par le Sud, pensant que c’est le passage le plus sûr et qu’il n’y avait pas une forte concentration de l’armée française », a témoigné Kafi. « En cours de route vers Tunis avec Lamine Khane et Hachemi Hadjres et Medour, la nuit avant la traversée de la ligne Morice, nous avons allumé la radio et appris l’assassinat des deux colonels. C’était un coup dur pour la révolution, nous venions de perdre deux géants », a attesté Kafi. Le colonel de la II a également contesté l’information donnée par Sadi dans son livre, selon laquelle Krim Belkacem avait alerté Amirouche sur la nécessité de changer son itinéraire vers Tunis. « Impossible. Il n’avait aucun contact radio avec Amirouche. Les contacts radio vers la Wilaya III passaient par moi. Krim, maquisard depuis 1947 et connaissant parfaitement les techniques de l’ennemi, ne pouvait pas envoyer un message écrit, de peur de tomber entre les mains des Français. Et comme on était pressé par le temps, il ne pouvait pas aussi transmettre le message par le biais d’une personne », a indiqué Ali Kafi.
Commentaire