C’est un projet de loi qui vient d’être déposé : la mendicité sera bientôt interdite. Ceux qui n’ont pas d’argent ne pourront plus demander de l’argent à ceux qui en ont et devront passer par les circuits officiels, comme le ministère de la Solidarité, ou faire la queue dans les bureaux d’aide sociale.
Cette nationalisation d’une interaction privée entre la société et elle-même n’est pas nouvelle. Après les harraga poursuivis par la justice, l’interdiction des blagues sur Bouteflika, passibles de prison, que reste-t-il à cacher ? Les bars ferment pour faire croire que les Algériens ne boivent pas ; les agents de change sont traqués afin d’accréditer l’idée que personne n’a besoin d’euros et les prostituées sont chassées pour faire croire que les Algériens n’ont pas de besoins sexuels. Le tout, un pays propre, moralement surveillé, où l’Etat est là pour tout arranger.
Pourtant, au départ, l’homme ne fonctionne pas ainsi ; un besoin s’exprime, puis des circuits sont naturellement mis en place par la société pour les satisfaire. Sauf qu’en Algérie, l’Etat arrive juste après cette étape et met hors la loi le circuit. Le besoin reste, qu’en faire ? Nier qu’il existe. Si le gouvernement veut supprimer les mendiants, c’est qu’ils n’existent pas, ce sont pour lui des professionnels de la mendicité. La boucle est bouclée, l’Algérien n’a finalement pas besoin de grand-chose. D’un Président choisi pour lui, d’une Assemblée choisie pour lui, d’un général unique pour gérer toute la famille et d’une télévision unique pour le convaincre qu’il est heureux, même s’il en doute. La main tendue sera coupée, sauf celle du député qui avalisera cette loi en levant bien haut le bras pour la montrer. Pour le reste, on n’aura plus le droit de mendier. L’Etat aura par contre toujours celui de jeter quelques pièces. Normal, c’est lui qui les fabrique. Avec votre argent, bien sûr.
Cette nationalisation d’une interaction privée entre la société et elle-même n’est pas nouvelle. Après les harraga poursuivis par la justice, l’interdiction des blagues sur Bouteflika, passibles de prison, que reste-t-il à cacher ? Les bars ferment pour faire croire que les Algériens ne boivent pas ; les agents de change sont traqués afin d’accréditer l’idée que personne n’a besoin d’euros et les prostituées sont chassées pour faire croire que les Algériens n’ont pas de besoins sexuels. Le tout, un pays propre, moralement surveillé, où l’Etat est là pour tout arranger.
Pourtant, au départ, l’homme ne fonctionne pas ainsi ; un besoin s’exprime, puis des circuits sont naturellement mis en place par la société pour les satisfaire. Sauf qu’en Algérie, l’Etat arrive juste après cette étape et met hors la loi le circuit. Le besoin reste, qu’en faire ? Nier qu’il existe. Si le gouvernement veut supprimer les mendiants, c’est qu’ils n’existent pas, ce sont pour lui des professionnels de la mendicité. La boucle est bouclée, l’Algérien n’a finalement pas besoin de grand-chose. D’un Président choisi pour lui, d’une Assemblée choisie pour lui, d’un général unique pour gérer toute la famille et d’une télévision unique pour le convaincre qu’il est heureux, même s’il en doute. La main tendue sera coupée, sauf celle du député qui avalisera cette loi en levant bien haut le bras pour la montrer. Pour le reste, on n’aura plus le droit de mendier. L’Etat aura par contre toujours celui de jeter quelques pièces. Normal, c’est lui qui les fabrique. Avec votre argent, bien sûr.
Chawki Amari, El Watan
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