La coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC) a organisé ce 12 février 2011 une marche à Alger avec pour objectif de surfer sur les contestations tunisiennes et égyptiennes.
Le premier constat est que la majorité des manifestants étaient Kabyles. On a notamment noté la présence des dirigeants du RCD, d'Ali Yahia Abdenour, de la ligue algérienne des droits de l'homme et de personnalités politiques d'origine kabyle sans attaches politiques, tels que Arezki Ait-Larbi. En effet, les organisations qui composent la CNDC sont surtout implantées en Kabylie et leur message n'a jamais réellement eu d'échos en dehors, sinon auprès des Kabyles vivant hors de leur région d'origine.
Une fois de plus, ces organisations ont choisi de taire leur kabylité afin de tenter de rallier un maximum d'algériens à la marche. Louable intention mais couronnée d'échec... Certains groupes d'algérois, instrumentalisés ou non, ont même clairement signifié aux organisateurs de "retourner en Kabylie", les renvoyant à cette identité qu'eux-mêmes ne veulent pas voir en face. Ce rejet, consubstantielle à l'Algérie officielle, ne se matérialise pas uniquement dans les institutions et dans la politique du pouvoir central, mais également par l'indifférence du peuple algérien au combat identitaire et pour la démocratie, incarné par la Kabylie depuis l'indépendance. La présence de quelques personnalités arabophones dans les rangs des manifestants cache difficilement la non-adhésion de la majorité des arabophones. Quelques hirondelles ne feront jamais le printemps...
Malgré le buzz médiatique constitué par cet évènement, l'échec est donc patent. La précédente marche algéroise à laquelle avait appelé le RCD s'était soldée par une retraite... à Vgayet ! Compte-tenu du caractère "national" de l'appel du RCD, nous sommes tous surpris que cette retraite n'ait pas eu lieu dans d'autres régions du pays que la Kabylie... Il est fort à parier que le prochain appel à la marche du RCD n'aura lieu ni à Tlemcen, ni à Oran, ni à Tamanrasset... mais au bercail kabyle !
Nous observons que seule la Kabylie est mûre pour la démocratie en Algérie, comme la Tunisie est le seul pays "mûr" à l'intérieur du "monde musulman".
La Kabylie, région homogène ou le clivage politique n'est ni religieux, ni ethnique mais a trait au projet de société, est traversée par tous les courants qui fondent la nécessité d'une lutte politique dans un cadre démocratique (conservateurs, progressistes, laïques, communistes, libéraux, islamistes). Les autres régions d'Algérie ne semblent ne se référer qu'à la religion qui fait consensus. Les révoltes ne peuvent donc être liées qu'à la faim ou marquées par l'islamisme.
La Tunisie, qui vient de se débarrasser de Ben Ali, a su profiter de la laïcité mise en place par Bourguiba pour former des élites qui ont su prendre leur distance avec la religion et imposer l'égalité formelle entre les citoyens. Le statut personnel a été arrimé au droit positif et non à la Charia comme dans tout le monde musulman, à l'exception notable de la Turquie. La démocratie y a donc largement sa place.
Pour tous les autres pays (Egypte, Algérie, Yémen...), la démocratie ne parviendra pas à s'installer compte-tenu de la place centrale qu'occupe l'islam dans la société. Le monde dit "musulman" offre donc deux candidats naturels à l'accession vers un mode de gouvernance démocratique : la Tunisie et la Kabylie. Cette dernière a donc tout intérêt à se prendre en charge par l'instauration d'un état qui matérialisera ses aspirations à la démocratie et à la laïcité. Un dernier obstacle se dresse toutefois sur la route des kabyles : le complexe qu'ont beaucoup d'entre eux à affirmer leur identité.
A l'image des dirigeants du RCD, du FFS et les Kabyles qui cultivent la haine de soi (souvent des kabyles arabisés et islamisés, ou encore ceux qui ne privilégie que l'aspect matériel...). Nous ne devons pas quémander aux "démocrates kabyles" de prendre en compte notre spécificité mais nous affirmer nous mêmes et affirmer notre existence à la face de l'Algérie et du monde.
Nafa KIRECHE, conseiller à l'Anavad (Gouvernement Provisoire Kabyle).
Le premier constat est que la majorité des manifestants étaient Kabyles. On a notamment noté la présence des dirigeants du RCD, d'Ali Yahia Abdenour, de la ligue algérienne des droits de l'homme et de personnalités politiques d'origine kabyle sans attaches politiques, tels que Arezki Ait-Larbi. En effet, les organisations qui composent la CNDC sont surtout implantées en Kabylie et leur message n'a jamais réellement eu d'échos en dehors, sinon auprès des Kabyles vivant hors de leur région d'origine.
Une fois de plus, ces organisations ont choisi de taire leur kabylité afin de tenter de rallier un maximum d'algériens à la marche. Louable intention mais couronnée d'échec... Certains groupes d'algérois, instrumentalisés ou non, ont même clairement signifié aux organisateurs de "retourner en Kabylie", les renvoyant à cette identité qu'eux-mêmes ne veulent pas voir en face. Ce rejet, consubstantielle à l'Algérie officielle, ne se matérialise pas uniquement dans les institutions et dans la politique du pouvoir central, mais également par l'indifférence du peuple algérien au combat identitaire et pour la démocratie, incarné par la Kabylie depuis l'indépendance. La présence de quelques personnalités arabophones dans les rangs des manifestants cache difficilement la non-adhésion de la majorité des arabophones. Quelques hirondelles ne feront jamais le printemps...
Malgré le buzz médiatique constitué par cet évènement, l'échec est donc patent. La précédente marche algéroise à laquelle avait appelé le RCD s'était soldée par une retraite... à Vgayet ! Compte-tenu du caractère "national" de l'appel du RCD, nous sommes tous surpris que cette retraite n'ait pas eu lieu dans d'autres régions du pays que la Kabylie... Il est fort à parier que le prochain appel à la marche du RCD n'aura lieu ni à Tlemcen, ni à Oran, ni à Tamanrasset... mais au bercail kabyle !
Nous observons que seule la Kabylie est mûre pour la démocratie en Algérie, comme la Tunisie est le seul pays "mûr" à l'intérieur du "monde musulman".
La Kabylie, région homogène ou le clivage politique n'est ni religieux, ni ethnique mais a trait au projet de société, est traversée par tous les courants qui fondent la nécessité d'une lutte politique dans un cadre démocratique (conservateurs, progressistes, laïques, communistes, libéraux, islamistes). Les autres régions d'Algérie ne semblent ne se référer qu'à la religion qui fait consensus. Les révoltes ne peuvent donc être liées qu'à la faim ou marquées par l'islamisme.
La Tunisie, qui vient de se débarrasser de Ben Ali, a su profiter de la laïcité mise en place par Bourguiba pour former des élites qui ont su prendre leur distance avec la religion et imposer l'égalité formelle entre les citoyens. Le statut personnel a été arrimé au droit positif et non à la Charia comme dans tout le monde musulman, à l'exception notable de la Turquie. La démocratie y a donc largement sa place.
Pour tous les autres pays (Egypte, Algérie, Yémen...), la démocratie ne parviendra pas à s'installer compte-tenu de la place centrale qu'occupe l'islam dans la société. Le monde dit "musulman" offre donc deux candidats naturels à l'accession vers un mode de gouvernance démocratique : la Tunisie et la Kabylie. Cette dernière a donc tout intérêt à se prendre en charge par l'instauration d'un état qui matérialisera ses aspirations à la démocratie et à la laïcité. Un dernier obstacle se dresse toutefois sur la route des kabyles : le complexe qu'ont beaucoup d'entre eux à affirmer leur identité.
A l'image des dirigeants du RCD, du FFS et les Kabyles qui cultivent la haine de soi (souvent des kabyles arabisés et islamisés, ou encore ceux qui ne privilégie que l'aspect matériel...). Nous ne devons pas quémander aux "démocrates kabyles" de prendre en compte notre spécificité mais nous affirmer nous mêmes et affirmer notre existence à la face de l'Algérie et du monde.
Nafa KIRECHE, conseiller à l'Anavad (Gouvernement Provisoire Kabyle).
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