Après la Tunisie, l'Algérie a été, en janvier dernier, l'un des premiers foyers de la contestation arabe. Depuis, le vent de révolte semble s'être adouci. Luis Martinez, spécialiste du Maghreb, livre à L'Express les raisons d'une révolution avortée.
On aurait pu être amené à croire, au début du "printemps arabe", que les Algériens tenteraient de mettre à la porte leur président, Abdelaziz Bouteflika, à l'instar des Tunisiens et des Egyptiens. Erreur. Les contestations des premiers jours étaient en fait, selon Luis Martinez, chercheur au CERI (Centre d'Etudes et de Recherche Internationale), les prémisses d'une forme singulière de soulèvement: "Les Algériens ne veulent pas d'une révolution. Le pays s'est déjà reconstruit financièrement après les années 1990, grâce à la manne financière due au pétrole", affirme le spécialiste du Maghreb.
Les Algériens entendent plutôt, aujourd'hui, profiter de la conjoncture pour obtenir des libertés qu'ils n'ont pas encore connues, notamment "la liberté d'expression et d'association qui leur ont toujours fait défaut". Qui plus est, souligne Luis Martinez, "il ne sert à rien de demander à Bouteflika de partir, car personne ne pourrait le remplacer."
Le paradoxe politique
Entre volonté et impossibilité de changement, l'Algérie se trouve en retrait d'autres pays arabes. A la différence de la Tunisie et de l'Egypte, mieux construites politiquement, il existe "un paradoxe en Algérie, qui résulte du manque de capacité des Algériens, à fonder un mouvement suffisamment politisé", précise Luis Martinez. Deux facteurs expliquent cela: "l'individualisme des Algériens et leur désintérêt pour la politique". Très difficile, dans ces conditions, de faire changer l'Etat, acteur très puissant dans ce pays.
En Tunisie et en Egypte, l'armée avait été garante de la transition. Mais les militaires ont trop à perdre, dans l'ancienne colonie française: "En Algérie, il n'est pas sûre que l'armée puisse jouer ce rôle", conclut Luis Martinez.L'Express.fr
On aurait pu être amené à croire, au début du "printemps arabe", que les Algériens tenteraient de mettre à la porte leur président, Abdelaziz Bouteflika, à l'instar des Tunisiens et des Egyptiens. Erreur. Les contestations des premiers jours étaient en fait, selon Luis Martinez, chercheur au CERI (Centre d'Etudes et de Recherche Internationale), les prémisses d'une forme singulière de soulèvement: "Les Algériens ne veulent pas d'une révolution. Le pays s'est déjà reconstruit financièrement après les années 1990, grâce à la manne financière due au pétrole", affirme le spécialiste du Maghreb.
Les Algériens entendent plutôt, aujourd'hui, profiter de la conjoncture pour obtenir des libertés qu'ils n'ont pas encore connues, notamment "la liberté d'expression et d'association qui leur ont toujours fait défaut". Qui plus est, souligne Luis Martinez, "il ne sert à rien de demander à Bouteflika de partir, car personne ne pourrait le remplacer."
Le paradoxe politique
Entre volonté et impossibilité de changement, l'Algérie se trouve en retrait d'autres pays arabes. A la différence de la Tunisie et de l'Egypte, mieux construites politiquement, il existe "un paradoxe en Algérie, qui résulte du manque de capacité des Algériens, à fonder un mouvement suffisamment politisé", précise Luis Martinez. Deux facteurs expliquent cela: "l'individualisme des Algériens et leur désintérêt pour la politique". Très difficile, dans ces conditions, de faire changer l'Etat, acteur très puissant dans ce pays.
En Tunisie et en Egypte, l'armée avait été garante de la transition. Mais les militaires ont trop à perdre, dans l'ancienne colonie française: "En Algérie, il n'est pas sûre que l'armée puisse jouer ce rôle", conclut Luis Martinez.L'Express.fr
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