Les procédures de recrutement dans les administrations publiques vont connaître un profond changement.
Cela concernera principalement l’annonce et l’organisation des concours de sélection, ainsi que le lieu de travail. En effet, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a adressé, le 11 avril dernier, une instruction «relative à la fluidification des procédures de recrutement au titre de la Fonction publique» à tous les membres du gouvernement et au directeur général de la Fonction publique pour son application.
L’instruction apporte une nouvelle orientation dans l’objectif de mettre un terme à «la lourdeur des procédures» du système de recrutement en vigueur actuellement, conformément à l’ordonnance 06-03 du 15 juillet 2006.
La principale nouveauté de l’instruction datée du 11 avril 2011 consiste en la mise à l’écart de la direction générale de la Fonction publique de l’organisation des concours. Désormais, «chaque institution ou administration publique sera responsable de ses recrutements», stipule le premier point de l’instruction.
«Dans la limite des postes budgétaires non pourvus qui sont à sa disposition et sous l’autorité du ministre concerné, chaque institution ou administration publique procède elle-même à la ventilation des contingents de personnels à recruter par voie de concours sur titre, concours sur épreuves et par voie de promotion interne. Une fois qu’elle a elle-même arrêté cette ventilation, l’institution ou l’administration publique concernée le porte à la connaissance de la direction générale de la Fonction publique», est-il noté au quatrième point. Les concours deviennent ainsi purement internes.
Auparavant, c’était la direction générale de la Fonction publique qui organisait les concours au niveau de l’université et envoyait les résultats aux institutions et administrations publiques. La procédure est donc plus souple et plus simple.
Les différents départements ministériels, les services compétents du ministère des Finances et la direction générale de la Fonction publique sont appelés à mettre au point un plan quinquennal pour la gestion des ressources humaines avant le 31 décembre 2012, puis procéder à l’opération de recrutement, selon les postes budgétaires octroyés à chaque institution ou administration, explique le troisième point.
Dans l’instruction de M. Ouyahia, il est également stipulé, au septième point, que «les concours se déroulent dans les limites de la wilaya de localisation de l’emploi à pourvoir».
En d’autres termes, seuls les résidents de la wilaya concernée peuvent postuler aux emplois pourvus dans «leur territoire».
Dans seulement deux cas de figure, le concours est ouvert à tous les Algériens. Dans le premier cas, le recours à un concours de portée nationale qui doit être décidé par le ministre de la tutelle de l’institution ou de l’administration publique concernée.
Et dans le second, le recours à un concours au niveau d’une commune, au regard de la spécificité de l’emploi à pourvoir (éducation et formation, ou personnel des communes par exemple) ou au regard de la contrainte de la distance (cas des communes éloignées dans certaines wilayas du sud), stipule le même point.
Que chacun travaille dans sa wilaya
Les ministères, institutions centrales de la République... ne devront employer, selon l’instruction de M. Ouyahia (septième point), que les citoyens résidant de façon régulière à Alger.
De ce recrutement, les citoyens résidant dans les autres 47 wilayas seront privés.
Même dans les deux exceptions du même point, le recrutement au niveau des ministères n’est pas explicitement évoqué. Or, le plus grand nombre des postes d’emplois sont pourvus dans ces administrations centrales. Une direction de wilaya de n’importe quel ministère ne peut, logiquement, avoir besoin du même nombre de nouveaux employés, car la plupart des services sont centralisés au niveau de la capitale.
N’ayant pas pris en considération cette réalité, pourtant évidente, l’instruction du Premier ministre donne libre cours aux ministres quant à la décision de portée nationale du concours. Cela risque de provoquer une vague de colère et de mécontentement.
«Il fallait faire clairement la différence entre le recrutement au niveau des ministères et autres administrations centrales et au niveau des directions locales. L’accès à des postes d’emploi au niveau des institutions nationales doit être accordé à tous les Algériens, sans aucune exception. Car dans la logique de l’instruction de M. Ouyahia, la wilaya d’Alger est largement privilégiée par rapport aux autres wilayas. Outre les directions locales, l’ensemble des administrations centrales y est implanté», déplorent à l’unanimité des universitaires interrogés.
«Il faut absolument changer cette perception des choses et souligner clairement que ce n’est pas aux ministres de décider, car il s’agit d’institutions centrales de la République», insistent-ils.
M. Ouyahia prévoit, à travers ce point précis, de lutter contre le phénomène de «l’absentéisme et l’absence de logements de fonction». Un argument qui est loin de convaincre. Il ne suffit pas de résider régulièrement à Alger pour être assidu dans son travail. Beaucoup de fonctionnaires venus des autres wilayas, qui louent des appartements ou vivent dans les hôtels à Alger, sont très sérieux dans leur travail.
Outre cela, cette restriction pourrait encourager le trafic de certificats de résidence à Alger. Pour postuler à un emploi dans une administration centrale, il suffit d’avoir un document attestant la résidence du concerné à Alger.
Et comme les chances de trouver un emploi à Alger sont de loin beaucoup plus importantes que dans le reste du pays, le commerce de faux papier risque de prendre des ailes.
De 2006 à 2011, tous les concours étaient de portée nationale. Avant 2006, il était demandé aux employés issus d’autres wilayas de signer un engagement écrit à assumer pleinement leur responsabilité. «J’ai été recruté en 2004, et comme je n’avais pas de résidence à Alger, j’ai signé un engagement écrit stipulant que je devais assurer ma présence quotidienne et ne pas arriver en retard», témoigne S. M., cadre moyen dans un ministère.
Par Ahmed Haniche
InfoSoir
Cela concernera principalement l’annonce et l’organisation des concours de sélection, ainsi que le lieu de travail. En effet, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a adressé, le 11 avril dernier, une instruction «relative à la fluidification des procédures de recrutement au titre de la Fonction publique» à tous les membres du gouvernement et au directeur général de la Fonction publique pour son application.
L’instruction apporte une nouvelle orientation dans l’objectif de mettre un terme à «la lourdeur des procédures» du système de recrutement en vigueur actuellement, conformément à l’ordonnance 06-03 du 15 juillet 2006.
La principale nouveauté de l’instruction datée du 11 avril 2011 consiste en la mise à l’écart de la direction générale de la Fonction publique de l’organisation des concours. Désormais, «chaque institution ou administration publique sera responsable de ses recrutements», stipule le premier point de l’instruction.
«Dans la limite des postes budgétaires non pourvus qui sont à sa disposition et sous l’autorité du ministre concerné, chaque institution ou administration publique procède elle-même à la ventilation des contingents de personnels à recruter par voie de concours sur titre, concours sur épreuves et par voie de promotion interne. Une fois qu’elle a elle-même arrêté cette ventilation, l’institution ou l’administration publique concernée le porte à la connaissance de la direction générale de la Fonction publique», est-il noté au quatrième point. Les concours deviennent ainsi purement internes.
Auparavant, c’était la direction générale de la Fonction publique qui organisait les concours au niveau de l’université et envoyait les résultats aux institutions et administrations publiques. La procédure est donc plus souple et plus simple.
Les différents départements ministériels, les services compétents du ministère des Finances et la direction générale de la Fonction publique sont appelés à mettre au point un plan quinquennal pour la gestion des ressources humaines avant le 31 décembre 2012, puis procéder à l’opération de recrutement, selon les postes budgétaires octroyés à chaque institution ou administration, explique le troisième point.
Dans l’instruction de M. Ouyahia, il est également stipulé, au septième point, que «les concours se déroulent dans les limites de la wilaya de localisation de l’emploi à pourvoir».
En d’autres termes, seuls les résidents de la wilaya concernée peuvent postuler aux emplois pourvus dans «leur territoire».
Dans seulement deux cas de figure, le concours est ouvert à tous les Algériens. Dans le premier cas, le recours à un concours de portée nationale qui doit être décidé par le ministre de la tutelle de l’institution ou de l’administration publique concernée.
Et dans le second, le recours à un concours au niveau d’une commune, au regard de la spécificité de l’emploi à pourvoir (éducation et formation, ou personnel des communes par exemple) ou au regard de la contrainte de la distance (cas des communes éloignées dans certaines wilayas du sud), stipule le même point.
Que chacun travaille dans sa wilaya
Les ministères, institutions centrales de la République... ne devront employer, selon l’instruction de M. Ouyahia (septième point), que les citoyens résidant de façon régulière à Alger.
De ce recrutement, les citoyens résidant dans les autres 47 wilayas seront privés.
Même dans les deux exceptions du même point, le recrutement au niveau des ministères n’est pas explicitement évoqué. Or, le plus grand nombre des postes d’emplois sont pourvus dans ces administrations centrales. Une direction de wilaya de n’importe quel ministère ne peut, logiquement, avoir besoin du même nombre de nouveaux employés, car la plupart des services sont centralisés au niveau de la capitale.
N’ayant pas pris en considération cette réalité, pourtant évidente, l’instruction du Premier ministre donne libre cours aux ministres quant à la décision de portée nationale du concours. Cela risque de provoquer une vague de colère et de mécontentement.
«Il fallait faire clairement la différence entre le recrutement au niveau des ministères et autres administrations centrales et au niveau des directions locales. L’accès à des postes d’emploi au niveau des institutions nationales doit être accordé à tous les Algériens, sans aucune exception. Car dans la logique de l’instruction de M. Ouyahia, la wilaya d’Alger est largement privilégiée par rapport aux autres wilayas. Outre les directions locales, l’ensemble des administrations centrales y est implanté», déplorent à l’unanimité des universitaires interrogés.
«Il faut absolument changer cette perception des choses et souligner clairement que ce n’est pas aux ministres de décider, car il s’agit d’institutions centrales de la République», insistent-ils.
M. Ouyahia prévoit, à travers ce point précis, de lutter contre le phénomène de «l’absentéisme et l’absence de logements de fonction». Un argument qui est loin de convaincre. Il ne suffit pas de résider régulièrement à Alger pour être assidu dans son travail. Beaucoup de fonctionnaires venus des autres wilayas, qui louent des appartements ou vivent dans les hôtels à Alger, sont très sérieux dans leur travail.
Outre cela, cette restriction pourrait encourager le trafic de certificats de résidence à Alger. Pour postuler à un emploi dans une administration centrale, il suffit d’avoir un document attestant la résidence du concerné à Alger.
Et comme les chances de trouver un emploi à Alger sont de loin beaucoup plus importantes que dans le reste du pays, le commerce de faux papier risque de prendre des ailes.
De 2006 à 2011, tous les concours étaient de portée nationale. Avant 2006, il était demandé aux employés issus d’autres wilayas de signer un engagement écrit à assumer pleinement leur responsabilité. «J’ai été recruté en 2004, et comme je n’avais pas de résidence à Alger, j’ai signé un engagement écrit stipulant que je devais assurer ma présence quotidienne et ne pas arriver en retard», témoigne S. M., cadre moyen dans un ministère.
Par Ahmed Haniche
InfoSoir
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