Conférence du MAK aux At Yellilten
« Nos lendemains seront kabyles ou nous disparaitrons »
C’est au village Taourirt n Wedles (Iheddaden) de la commune d’Illilten, à environ 70 km au sud-est de Tizi-Ouzou, que les responsables du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) ont tenu une conférence-débat, le 31 juillet écoulé, au lendemain de l’Assensi de Sidi Hend ou Hmed et Aâjnaq, une fête traditionnelle du village.
06/08/2011 - 13:23 mis a jour le 06/08/2011 - 15:47 par Amnay Ait Ifilkou
Les responsables du MAK, dont M. Said Laïmechi, ont présenté un historique sur le passé militant de la Kabylie. De la décolonisation de l’Algérie à la reconnaissance de la langue et culture amazighes en passant par le combat pour la démocratie et les droits de l’Homme, Dda Said a présenté, devant une assistance compacte et qui suivait avec une attention particulière chaque épisode, ce long « périple » militant de la Kabylie.
De son coté, Ahcène Chérifi, condamné dans l’affaire des poseurs de bombes en 1976, a relaté cet évènement qui n’a pas manqué d’attirer la curiosité notamment des jeunes désireux de connaitre davantage ces annales du combat de la Kabylie pour son existence. Ahcène Chérifi a tenu à expliquer à la fin de son intervention qu’à l’époque « on n’avait pas d’autre choix que la violence, mais aujourd’hui les moyens de lutte ont changé et on doit tout essayer pour faire aboutir notre projet de façon pacifique. »
Avant la prise de parole de Bouaziz Ait Chebib, secrétaire national à l’organique au sein du MAK, un message de Ferhat Mehenni, adressé à la population d’Illilten en général et de Taourirt n Wedles en particulier, a été lu. Le président de l’Anavad, dans un kabyle limpide, a rappelé ses souvenirs de cette région qu’il a beaucoup côtoyée durant son enfance de fils de martyr.
Bouaziz Ait Chebib a souligné durant son intervention que « le pouvoir qui réprime la Kabylie depuis l’indépendance n’a laissé aucune autre alternative salutaire à la région que de revendiquer son autonomie ». Cette idée a mûri, a-t-il ajouté, « après l’assassinat de jeunes Kabyles par les forces du pouvoir en 2001 et 2002 dans l’indifférence totale des autres Algériens ». Il a expliqué que le MAK et le GPK « luttent pour mettre en place un État kabyle autonome pour prémunir la région d’une nouvelle attaque sanglante ».
Dans le même sillage, les conférenciers ont dénoncé le silence des hommes politiques non kabyles, des intellectuels algériens, des artistes et autres citoyens « qui ont préféré le silence devant le massacre de jeunes kabyles que de prendre position contre les tueries ».
Répondant à la question d’un intervenant, M. Ait Chebib a tenu à expliquer que l’Autonomie n’est pas une solution de circonstances uniquement. En effet, à travers un aperçu sur l’Histoire de la région, le secrétaire national à l’organique au sein du MAK a prouvé la « profondeur historique de cette idée qui s’étend à l’avant-occupation française et turque » ; « Cette idée est née de la résistance de la Kabylie à travers les siècles », a-t-il souligné.
« Notre avenir sera kabyle ou nous disparaitrons », a clamé le secrétaire national à l’organique au sein du MAK. Une phrase qui a interpellé l’assistance et qui résume à elle seule le danger qui guette la Kabylie. Ce danger, que représentent le pouvoir et ses alliés islamistes et qui vise à « arabiser la région avec les moyens de l’État et la dépersonnaliser à travers l’instrumentalisation de la religion ».
M. Ait Chebib, lui aussi dans un kabyle limpide, a mis en évidence l’action de l’Anavad à l’échelle internationale en saluant la naissance de l’UNAP (Union Nord-Africaine des Peuples) tout en félicitant son président, M. Ferhat Mehenni, élu à l’unanimité à la tête de cette organisation. « Cette organisation dénote à quel point le MAK et le GPK sont attachés à l’avenir et au devenir du monde Amazigh qui est indissociable du combat pour l’autonomie de la Kabylie ». Une nouvelle accueillie avec un tonnerre d’applaudissements.
L’orateur a rassuré l’assistance en ce qui concerne la question économique en déclarant avec preuve à l’appui : « la Kabylie peut assurer son développement économique même sans la rente pétrolière qui ne profite, depuis toujours, qu’à une poignée d’oligarques qui la pillent et la gaspillent à leur gré ». Un gouvernement kabyle est le meilleur garant pour la région afin de protéger ses droits moraux et matériels en Algérie et à l’international, selon Ait Chebib.
La question linguistique a été abordée en long et en large. Le secrétaire national à l’organique a mis l’accent sur le fait que la langue kabyle est en voie de disparition. « L’officialisation de tamazight ne peut être une solution dès lors qu’une langue a besoin de son propre Etat pour se développer. L’Etat algérien est celui de la langue arabe. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous doter d’un Etat kabyle afin de pérenniser notre identité, notre langue et assurer notre existence en tant que peuple et nation », a martelé le conférencier concernant la prochaine révision constitutionnelle qui est selon lui un autre crime prémédité contre la Kabylie.
Sur un registre conceptuel, M. Ait Chebib a démontré à l’assistance l’hypocrisie politique du régime algérien et des partis politiques qui assimilent sciemment l’autonomie à l’indépendance : « si l’autonomie est synonyme d’indépendance comme ils le prétendent, alors il faudrait qu’ils arrêtent de revendiquer une indépendance pour le Sahara occidental vu que le roi du Maroc propose un statut de large autonomie pour cette région ! »
Concernant le changement en Algérie, le conférencier a rappelé les causes de l’échec de la CNCD qui, selon lui, est victime de l’origine kabyle de ses initiateurs : « il faut en tirer les leçons pour ne pas répéter les erreurs du passé. Tout changement effectif en Algérie passe impérativement par une refondation de l’état algérien et par l’avènement d’une Kabylie autonome en premier lieu. Le MAK et le GPK œuvrent pour l’union des forces politiques kabyles qui va se concrétiser à travers le congrès national kabyle ».
La conférence a connu l’un de ses moments forts quand Bouaziz Ait Chebib, en répondant à une question d’un intervenant, a brandi le drapeau amazigh, créé par Agraw Imazighen, pour expliquer le sens de chaque couleur et signe qui le composent. Une grande émotion s’est emparée de l’assistance. La fierté d’être kabyle et amazigh se lisait sur les visages des présents.
Pour conclure, M. Ait Chebib a rendu un vibrant hommage à Samira Azemmour, une militante kabyle décédée le 21 juillet passé suite à un cancer de sang. Il a saisi l’opportunité pour saluer le combat de deux militants d’Illilten, à savoir Djilali Said El Hadj et Karima Nait Sid et de tous les militants qui sont partis dans l’anonymat alors que c’est grâce à leur sacrifice que la cause kabyle se porte mieux aujourd’hui.
Durant les discussions qui ont suivis la conférence, les militants du MAK au sein du village Taourirt n Wedles ont décidé de confectionner un drapeau amazigh, qu’ils comptent faire hisser au village. Des rendez-vous ont été pris pour d’autres conférences dans la région et pour la création de sections locales du MAK.
« Nos lendemains seront kabyles ou nous disparaitrons »
C’est au village Taourirt n Wedles (Iheddaden) de la commune d’Illilten, à environ 70 km au sud-est de Tizi-Ouzou, que les responsables du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) ont tenu une conférence-débat, le 31 juillet écoulé, au lendemain de l’Assensi de Sidi Hend ou Hmed et Aâjnaq, une fête traditionnelle du village.
06/08/2011 - 13:23 mis a jour le 06/08/2011 - 15:47 par Amnay Ait Ifilkou
Les responsables du MAK, dont M. Said Laïmechi, ont présenté un historique sur le passé militant de la Kabylie. De la décolonisation de l’Algérie à la reconnaissance de la langue et culture amazighes en passant par le combat pour la démocratie et les droits de l’Homme, Dda Said a présenté, devant une assistance compacte et qui suivait avec une attention particulière chaque épisode, ce long « périple » militant de la Kabylie.
De son coté, Ahcène Chérifi, condamné dans l’affaire des poseurs de bombes en 1976, a relaté cet évènement qui n’a pas manqué d’attirer la curiosité notamment des jeunes désireux de connaitre davantage ces annales du combat de la Kabylie pour son existence. Ahcène Chérifi a tenu à expliquer à la fin de son intervention qu’à l’époque « on n’avait pas d’autre choix que la violence, mais aujourd’hui les moyens de lutte ont changé et on doit tout essayer pour faire aboutir notre projet de façon pacifique. »
Avant la prise de parole de Bouaziz Ait Chebib, secrétaire national à l’organique au sein du MAK, un message de Ferhat Mehenni, adressé à la population d’Illilten en général et de Taourirt n Wedles en particulier, a été lu. Le président de l’Anavad, dans un kabyle limpide, a rappelé ses souvenirs de cette région qu’il a beaucoup côtoyée durant son enfance de fils de martyr.
Bouaziz Ait Chebib a souligné durant son intervention que « le pouvoir qui réprime la Kabylie depuis l’indépendance n’a laissé aucune autre alternative salutaire à la région que de revendiquer son autonomie ». Cette idée a mûri, a-t-il ajouté, « après l’assassinat de jeunes Kabyles par les forces du pouvoir en 2001 et 2002 dans l’indifférence totale des autres Algériens ». Il a expliqué que le MAK et le GPK « luttent pour mettre en place un État kabyle autonome pour prémunir la région d’une nouvelle attaque sanglante ».
Dans le même sillage, les conférenciers ont dénoncé le silence des hommes politiques non kabyles, des intellectuels algériens, des artistes et autres citoyens « qui ont préféré le silence devant le massacre de jeunes kabyles que de prendre position contre les tueries ».
Répondant à la question d’un intervenant, M. Ait Chebib a tenu à expliquer que l’Autonomie n’est pas une solution de circonstances uniquement. En effet, à travers un aperçu sur l’Histoire de la région, le secrétaire national à l’organique au sein du MAK a prouvé la « profondeur historique de cette idée qui s’étend à l’avant-occupation française et turque » ; « Cette idée est née de la résistance de la Kabylie à travers les siècles », a-t-il souligné.
« Notre avenir sera kabyle ou nous disparaitrons », a clamé le secrétaire national à l’organique au sein du MAK. Une phrase qui a interpellé l’assistance et qui résume à elle seule le danger qui guette la Kabylie. Ce danger, que représentent le pouvoir et ses alliés islamistes et qui vise à « arabiser la région avec les moyens de l’État et la dépersonnaliser à travers l’instrumentalisation de la religion ».
M. Ait Chebib, lui aussi dans un kabyle limpide, a mis en évidence l’action de l’Anavad à l’échelle internationale en saluant la naissance de l’UNAP (Union Nord-Africaine des Peuples) tout en félicitant son président, M. Ferhat Mehenni, élu à l’unanimité à la tête de cette organisation. « Cette organisation dénote à quel point le MAK et le GPK sont attachés à l’avenir et au devenir du monde Amazigh qui est indissociable du combat pour l’autonomie de la Kabylie ». Une nouvelle accueillie avec un tonnerre d’applaudissements.
L’orateur a rassuré l’assistance en ce qui concerne la question économique en déclarant avec preuve à l’appui : « la Kabylie peut assurer son développement économique même sans la rente pétrolière qui ne profite, depuis toujours, qu’à une poignée d’oligarques qui la pillent et la gaspillent à leur gré ». Un gouvernement kabyle est le meilleur garant pour la région afin de protéger ses droits moraux et matériels en Algérie et à l’international, selon Ait Chebib.
La question linguistique a été abordée en long et en large. Le secrétaire national à l’organique a mis l’accent sur le fait que la langue kabyle est en voie de disparition. « L’officialisation de tamazight ne peut être une solution dès lors qu’une langue a besoin de son propre Etat pour se développer. L’Etat algérien est celui de la langue arabe. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous doter d’un Etat kabyle afin de pérenniser notre identité, notre langue et assurer notre existence en tant que peuple et nation », a martelé le conférencier concernant la prochaine révision constitutionnelle qui est selon lui un autre crime prémédité contre la Kabylie.
Sur un registre conceptuel, M. Ait Chebib a démontré à l’assistance l’hypocrisie politique du régime algérien et des partis politiques qui assimilent sciemment l’autonomie à l’indépendance : « si l’autonomie est synonyme d’indépendance comme ils le prétendent, alors il faudrait qu’ils arrêtent de revendiquer une indépendance pour le Sahara occidental vu que le roi du Maroc propose un statut de large autonomie pour cette région ! »
Concernant le changement en Algérie, le conférencier a rappelé les causes de l’échec de la CNCD qui, selon lui, est victime de l’origine kabyle de ses initiateurs : « il faut en tirer les leçons pour ne pas répéter les erreurs du passé. Tout changement effectif en Algérie passe impérativement par une refondation de l’état algérien et par l’avènement d’une Kabylie autonome en premier lieu. Le MAK et le GPK œuvrent pour l’union des forces politiques kabyles qui va se concrétiser à travers le congrès national kabyle ».
La conférence a connu l’un de ses moments forts quand Bouaziz Ait Chebib, en répondant à une question d’un intervenant, a brandi le drapeau amazigh, créé par Agraw Imazighen, pour expliquer le sens de chaque couleur et signe qui le composent. Une grande émotion s’est emparée de l’assistance. La fierté d’être kabyle et amazigh se lisait sur les visages des présents.
Pour conclure, M. Ait Chebib a rendu un vibrant hommage à Samira Azemmour, une militante kabyle décédée le 21 juillet passé suite à un cancer de sang. Il a saisi l’opportunité pour saluer le combat de deux militants d’Illilten, à savoir Djilali Said El Hadj et Karima Nait Sid et de tous les militants qui sont partis dans l’anonymat alors que c’est grâce à leur sacrifice que la cause kabyle se porte mieux aujourd’hui.
Durant les discussions qui ont suivis la conférence, les militants du MAK au sein du village Taourirt n Wedles ont décidé de confectionner un drapeau amazigh, qu’ils comptent faire hisser au village. Des rendez-vous ont été pris pour d’autres conférences dans la région et pour la création de sections locales du MAK.
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