Chers amis, Azul fellawen
Je suis présent avec vous, aujourd’hui, en espérant que cette rencontre n’est qu’un prélude d’un large mouvement d’ouverture des militants du MAK vers la société Kabyle et de ses défenseurs. L’invitation qui m’a été faite pour y participer, et ce après avoir signée, le 27 février dernier sur El Watan, avec quelques amis, une contribution sous le titre évocateur : « Le mouvement autonomiste kabyle à l’heure de la refondation » augure de mon point de vue une pratique qui va dans le sens des attentes de ceux qui s’inscrivent dans le renouveau politique.
Avant de vous faire part de mes réflexions, je dois aussi témoigner de mon appréciation du contenu de la lettre d’invitation. Je me l’approprie volontiers et je crois c’est dans sa matrice qu’il faut construire le projet d’autonomie pour notre peuple. Revenir sur les aspects historiques est toujours nécessaire, non pas qu’il faille se laisser enfermer dans une vision passéiste, mais tout simplement parce qu’on ne construit pas son avenir ou l’avenir d’un peuple sur l’amnésie. Mieux que tous les autres, pour avoir évalué les conséquences de la négation de la berbérité et de l’acharnement des pouvoirs successifs pour sa disparition, nous savons que la perte des repères historiques est à l’origine du phénomène de déculturation ayant entrainé des milliers de mort avec l’avènement du terrorisme.
Pour revenir à notre sujet, il me parait des questions fondamentales auxquelles il va falloir répondre dans la sérénité et la clairvoyance. Le projet politique que nous défendons est, en effet, trop lourd pour laisser l’improvisation prendre le pas sur la réflexion. Ces questions sont de deux ordres : la première est liée au contenu du projet de l’autonomie, la deuxième a trait à la nature du mouvement politique qui va porter ce projet.
Sortir de l’ambivalence pour clarifier le projet
D’aucuns diront que pour la première c’est ce qui ressort du discours du MAK et du GPK depuis leur création, et pour la deuxième c’est naturellement ces deux organisations. Il reste que, en analysant l’évolution du discours, on a l’impression que les autonomistes sont balancés entre une option indépendantiste non assumée et une autonomie mal définie. Cette ambivalence a pour effet de désemparer l’opinion publique kabyle et expose les militants à des risques politiques certains. J’ai lu dans une déclaration récente, un ministre du GPK dire qu’il était en possession d’informations prouvant l’appui militaire du pouvoir algérien au régime de Kadhafi. Cette déclaration mérite que l’on s’y arrête car elle renseigne à elle seule la confusion politique dans lequel se débat le projet d’autonomie. Détenir des informations militaires de son pays et les exposer à la face du monde n’a qu’un nom : intelligence avec l’extérieur. Acte réprimé, faut-il le signaler, avec la plus grande rigueur par la législation de tous les pays du monde. La politique, ce n’est pas faire feu de tout bois, et encore moins vouloir « enquiquiner » le pouvoir en place. Nous avons suffisamment d’angle d’attaque pour interpeller le pouvoir algérien sur des questions qui préoccupent la société kabyle et de manière générale toute la société algérienne. Je m’étonne par contre comment le débat sur la révision du code communale n’a pas fait réagir le MAK. Et pourtant l’enjeu central de cette révision reste le rapport du pouvoir politique au pouvoir administratif, et par extension de la problématique de la souveraineté populaire dans les institutions élues de l’Etat Algérien.
L’autonomie de la Kabylie pour refonder l’Etat algérien
On ne peut pas faire l’économie d’un débat sur les questions fondamentales. Croire qu’une fois l’autonomie acquise, toutes les questions se régleront d’elles-mêmes relève de l’infantilisme politique. Le débat sur l’autonomie ne doit pas faire écran aux débats de la société, aux attentes quotidiennes, aux angoisses de la jeunesse. Les préoccupations socio-économiques seront d’autant mieux abordées et intégrées dans le projet si on formulait une alternative à l’économie basée sur la distribution de la rente. Mais penser que la Kabylie peut, rien que par un changement institutionnel, passer à court terme à une économie productive, c’est se leurrer et leurrer les autres. L’Etat restera pour longtemps le premier employeur, et peut être en Kabylie plus qu’ailleurs en raison de la faiblesse des surfaces cultivables, étant entendu que le passage vers une économie de service exigera une mise à niveau des infrastructures et des structures de formation adaptées à l’environnement induit par les effets de la mondialisation. Pour de simples travaux d’aménagements urbains, à Tizi-Ouzou, on a fait appel à la main d’œuvre chinoise !
Qu’on le veuille ou non, nous sommes inscris historiquement à bouleverser radicalement la nature de l’Etat Algérien. Et en ce sens, nous sommes plus des « réformateurs » que de simples opposants au système. Notre projet est une construction d’édifices institutionnels et constitutionnels nouveaux, il a pour fondement la réappropriation de la société de son pouvoir de construire un modèle d’Etat qui tiendra certes de l’héritage coloniale français, mais aussi et surtout de nos valeurs et des réalités socioculturelles locales.
Les diverses propositions politiques de sortie de crise que nous avons entendues ces derniers jours, aussi généreuses les unes que les autres, sont malheureusement prisonnières d’une conception univoque de l’Etat jacobin hérité de la période coloniale. On continue à penser que l’Etat (central) est l’instrument privilégié avec lequel vont s’opérer les changements nécessaires pour l’émancipation de la société algérienne, mais réellement ces changements ne sont rien d’autres que des projections idéologiques vouées à l’échec. Rares en effet sont ceux qui se sont hasardés à poser la problématique de l’Etat. Tous les regards sont focalisés sur la nécessité d’aller vers un changement : changement de système pour les uns et changement dans le système pour d’autres. Le vent du printemps arabe, qui a soufflé sur les esprits endoloris, a produit une mosaïque de propositions dont le but non avoué des promoteurs n’est rien d’autre qu’une tentative désespérée de se replacer sur l’échiquier politique.
Je suis présent avec vous, aujourd’hui, en espérant que cette rencontre n’est qu’un prélude d’un large mouvement d’ouverture des militants du MAK vers la société Kabyle et de ses défenseurs. L’invitation qui m’a été faite pour y participer, et ce après avoir signée, le 27 février dernier sur El Watan, avec quelques amis, une contribution sous le titre évocateur : « Le mouvement autonomiste kabyle à l’heure de la refondation » augure de mon point de vue une pratique qui va dans le sens des attentes de ceux qui s’inscrivent dans le renouveau politique.
Avant de vous faire part de mes réflexions, je dois aussi témoigner de mon appréciation du contenu de la lettre d’invitation. Je me l’approprie volontiers et je crois c’est dans sa matrice qu’il faut construire le projet d’autonomie pour notre peuple. Revenir sur les aspects historiques est toujours nécessaire, non pas qu’il faille se laisser enfermer dans une vision passéiste, mais tout simplement parce qu’on ne construit pas son avenir ou l’avenir d’un peuple sur l’amnésie. Mieux que tous les autres, pour avoir évalué les conséquences de la négation de la berbérité et de l’acharnement des pouvoirs successifs pour sa disparition, nous savons que la perte des repères historiques est à l’origine du phénomène de déculturation ayant entrainé des milliers de mort avec l’avènement du terrorisme.
Pour revenir à notre sujet, il me parait des questions fondamentales auxquelles il va falloir répondre dans la sérénité et la clairvoyance. Le projet politique que nous défendons est, en effet, trop lourd pour laisser l’improvisation prendre le pas sur la réflexion. Ces questions sont de deux ordres : la première est liée au contenu du projet de l’autonomie, la deuxième a trait à la nature du mouvement politique qui va porter ce projet.
Sortir de l’ambivalence pour clarifier le projet
D’aucuns diront que pour la première c’est ce qui ressort du discours du MAK et du GPK depuis leur création, et pour la deuxième c’est naturellement ces deux organisations. Il reste que, en analysant l’évolution du discours, on a l’impression que les autonomistes sont balancés entre une option indépendantiste non assumée et une autonomie mal définie. Cette ambivalence a pour effet de désemparer l’opinion publique kabyle et expose les militants à des risques politiques certains. J’ai lu dans une déclaration récente, un ministre du GPK dire qu’il était en possession d’informations prouvant l’appui militaire du pouvoir algérien au régime de Kadhafi. Cette déclaration mérite que l’on s’y arrête car elle renseigne à elle seule la confusion politique dans lequel se débat le projet d’autonomie. Détenir des informations militaires de son pays et les exposer à la face du monde n’a qu’un nom : intelligence avec l’extérieur. Acte réprimé, faut-il le signaler, avec la plus grande rigueur par la législation de tous les pays du monde. La politique, ce n’est pas faire feu de tout bois, et encore moins vouloir « enquiquiner » le pouvoir en place. Nous avons suffisamment d’angle d’attaque pour interpeller le pouvoir algérien sur des questions qui préoccupent la société kabyle et de manière générale toute la société algérienne. Je m’étonne par contre comment le débat sur la révision du code communale n’a pas fait réagir le MAK. Et pourtant l’enjeu central de cette révision reste le rapport du pouvoir politique au pouvoir administratif, et par extension de la problématique de la souveraineté populaire dans les institutions élues de l’Etat Algérien.
L’autonomie de la Kabylie pour refonder l’Etat algérien
On ne peut pas faire l’économie d’un débat sur les questions fondamentales. Croire qu’une fois l’autonomie acquise, toutes les questions se régleront d’elles-mêmes relève de l’infantilisme politique. Le débat sur l’autonomie ne doit pas faire écran aux débats de la société, aux attentes quotidiennes, aux angoisses de la jeunesse. Les préoccupations socio-économiques seront d’autant mieux abordées et intégrées dans le projet si on formulait une alternative à l’économie basée sur la distribution de la rente. Mais penser que la Kabylie peut, rien que par un changement institutionnel, passer à court terme à une économie productive, c’est se leurrer et leurrer les autres. L’Etat restera pour longtemps le premier employeur, et peut être en Kabylie plus qu’ailleurs en raison de la faiblesse des surfaces cultivables, étant entendu que le passage vers une économie de service exigera une mise à niveau des infrastructures et des structures de formation adaptées à l’environnement induit par les effets de la mondialisation. Pour de simples travaux d’aménagements urbains, à Tizi-Ouzou, on a fait appel à la main d’œuvre chinoise !
Qu’on le veuille ou non, nous sommes inscris historiquement à bouleverser radicalement la nature de l’Etat Algérien. Et en ce sens, nous sommes plus des « réformateurs » que de simples opposants au système. Notre projet est une construction d’édifices institutionnels et constitutionnels nouveaux, il a pour fondement la réappropriation de la société de son pouvoir de construire un modèle d’Etat qui tiendra certes de l’héritage coloniale français, mais aussi et surtout de nos valeurs et des réalités socioculturelles locales.
Les diverses propositions politiques de sortie de crise que nous avons entendues ces derniers jours, aussi généreuses les unes que les autres, sont malheureusement prisonnières d’une conception univoque de l’Etat jacobin hérité de la période coloniale. On continue à penser que l’Etat (central) est l’instrument privilégié avec lequel vont s’opérer les changements nécessaires pour l’émancipation de la société algérienne, mais réellement ces changements ne sont rien d’autres que des projections idéologiques vouées à l’échec. Rares en effet sont ceux qui se sont hasardés à poser la problématique de l’Etat. Tous les regards sont focalisés sur la nécessité d’aller vers un changement : changement de système pour les uns et changement dans le système pour d’autres. Le vent du printemps arabe, qui a soufflé sur les esprits endoloris, a produit une mosaïque de propositions dont le but non avoué des promoteurs n’est rien d’autre qu’une tentative désespérée de se replacer sur l’échiquier politique.
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