YVES BONNET À PROPOS DE LA LUTTE ANTITERRORISTE AU SAHEL
Incontournable Algérie
Par Mohamed BOUFATAH - L'expert salue le rôle de l'Algérie dans la lutte antiterroriste
«L'Algérie, un pays qui a la meilleure expérience en matière de lutte antiterroriste.»
La coopération dans la lutte antiterroriste dans la région subsaharienne «ne peut se faire si on ignore l'Algérie», qui a une longue expérience et l'expertise en la matière, a affirmé hier à Alger le président du Centre international de recherche et études sur le terrorisme (Ciret),Yves Bonnet. «L'Algérie, un pays qui a la meilleure expérience en matière de lutte antiterroriste, a surmonté seule ce genre d'agression et gagné en maturité», a indiqué M. Bonnet lors de la rencontre internationale sur le thème «Le danger de la menace terroriste à la lumière de la situation en Libye».
Observant que l'Algérie avait subi «un assaut frontal terroriste d'une extrême violence», il a appelé à reconnaître à ce pays «cette grande victoire sur le terrorisme, remportée par ses propres moyens dans l'indifférence internationale». «Il faut que nous ayons, aujourd'hui, l'humilité et l'honnêteté de reconnaître à l'Algérie cette grande victoire remportée par ses propres moyens dans l'indifférence internationale, singulièrement celle de la France», a-t-il dit. L'intervention militaire de l'Otan en Libye a eu pour conséquences l'effondrement sécuritaire de la région. «Certes, la Libye et c'est légitime, est débarrassée de la dictature imposée, depuis 1969, par Muamar Kadhafi à ses habitants.
Cependant, l'euphorie de la victoire ne doit pas masquer la réalité de la situation: la guerre civile qui dure depuis six mois a profondément marqué le pays, accentuant les clivages internes; et la perte de contrôle de Tripoli sur son territoire, aussi bien que le pillage de ses arsenaux, ont favorisé le développement de menaces (séparatisme, terrorisme, criminalité) qui vont accroître durablement la déstabilisation du pays, mais aussi de la région», a affirmé hier pour sa part, à Alger, Eric Denéc, directeur du centre français de recherche sur le renseignement.
Tout en sachant que «Benghazi est une plaque tournante du trafic de drogue dont les réseaux libyens sont étroitement liés à la mafia italienne», a-t-il indiqué en présence de quelques diplomates, quelques associations triées sur le volet et même de Rezzag-Bara conseiller à la présidence de la République. Néanmoins, les missiles air-sol tant redoutés, provenant de l'arsenal sorti de la Libye que personne n'a pu estimer ou évaluer, sont pratiquement inopérables sans entretien spécial», note-t-il encore.
«Le rôle du Qatar, de l'Arabie Saoudite et de la chaîne Al Jazeera est fondamental dans le conflit libyen. Dès qu'on va sur le terrain la réalité est totalement différente», a-t-il soutenu. En rappelant quelques réalités, selon lui, «omises par les politiques et médias à la pointe de l'intervention militaire». Il s'agit, poursuit-il, «du basculement du rapport de force, se produisant d'extrême justesse pendant l'été. Ce n'est pas une victoire du peuple libyen mais celle des puissances belligérantes dirigées par l'Otan. Et le Conseil national de transition (CNT) est une structure hétérogène et fragile, qui semble incapable de gérer, seule, l'avenir du pays».
En tout cas, selon l'orateur, «les deux principaux risques qui guettent le pays sont: la partition entre l'est et l'ouest; et l'installation durable d'un foyer terroriste djihadiste en Cyrénaïque, sous l'impulsion d'un Gicl qui ressort renforcé des événements récents et dont les liens avec Al Qaîda ne se sont jamais distendus». Et d'ajouter: «Le CNT n'est qu'une coalition d'éléments disparates aux intérêts divergents». «Ce que les islamistes n'ont pu faire en Algérie, ils pourraient le réussir en Libye.
Les conséquences en seraient alors catastrophiques pour la région sahélo-saharienne. D'ores et déjà, grâce au pillage des arsenaux libyens, Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) est en train de renforcer ses moyens (notamment avec des missiles antiaériens dont elle ne disposait pas jusqu'à présent) et d'accroître la menace qu'elle représente pour les États de la région», a fait savoir Eric Denéc, et «dont l'unique point commun est leur opposition déterminée au régime de Tripoli. Les véritables démocrates n'y sont qu'une minorité, et doivent cohabiter avec d'anciens proches du colonel Kadhafi, des partisans d'un retour de la monarchie sénoussie et des djihadistes liés à Al Qaîda (Gicl)».
Pour preuve, dit-il «depuis le début de l'insurrection, les insurgés libyens ont fait preuve d'une totale inefficacité militaire, alors même que l'armée libyenne est réputée pour sa faiblesse. Leurs forces, en grande partie constituées de milices civiles, de volontaires inexpérimentés et d'anciens militaires libyens, n'ont montré ni sens tactique ni cohésion. Les éléments les plus combatifs ont été les membres du Groupe islamiste combattant libyen (Gicl), (la branche locale d'Al Qaîda) passés par l'Irak et les camps d'Afghanistan». Aussi, indique-t-il «il est illusoire de croire qu'ils aient pu, seuls, parvenir à renverser le régime de Tripoli en moins de trois semaines, après l'assassinat de leur commandant en chef.
Ce succès n'a pu être obtenu que grâce à une intensification des opérations de renseignement, de ciblage et de bombardement de l'Otan et grâce à l'appui logistique, l'encadrement et aux actions directes des unités spéciales occidentales et des pays du Golfe». «Le CNT n'est qu'une coalition d'éléments disparates aux intérêts divergents, dont l'unique point commun est leur opposition déterminée au régime de Tripoli. De plus, le CNT n'est pas représentatif du peuple libyen - les tribus de l'ouest et du centre en sont quasiment absentes - et reste dominé par les hommes de Cyrénaïque. Par ailleurs, il est opaque puisque seuls les noms de 13 de ses 31 membres ont été rendus publics».
Incontournable Algérie
Par Mohamed BOUFATAH - L'expert salue le rôle de l'Algérie dans la lutte antiterroriste
«L'Algérie, un pays qui a la meilleure expérience en matière de lutte antiterroriste.»
La coopération dans la lutte antiterroriste dans la région subsaharienne «ne peut se faire si on ignore l'Algérie», qui a une longue expérience et l'expertise en la matière, a affirmé hier à Alger le président du Centre international de recherche et études sur le terrorisme (Ciret),Yves Bonnet. «L'Algérie, un pays qui a la meilleure expérience en matière de lutte antiterroriste, a surmonté seule ce genre d'agression et gagné en maturité», a indiqué M. Bonnet lors de la rencontre internationale sur le thème «Le danger de la menace terroriste à la lumière de la situation en Libye».
Observant que l'Algérie avait subi «un assaut frontal terroriste d'une extrême violence», il a appelé à reconnaître à ce pays «cette grande victoire sur le terrorisme, remportée par ses propres moyens dans l'indifférence internationale». «Il faut que nous ayons, aujourd'hui, l'humilité et l'honnêteté de reconnaître à l'Algérie cette grande victoire remportée par ses propres moyens dans l'indifférence internationale, singulièrement celle de la France», a-t-il dit. L'intervention militaire de l'Otan en Libye a eu pour conséquences l'effondrement sécuritaire de la région. «Certes, la Libye et c'est légitime, est débarrassée de la dictature imposée, depuis 1969, par Muamar Kadhafi à ses habitants.
Cependant, l'euphorie de la victoire ne doit pas masquer la réalité de la situation: la guerre civile qui dure depuis six mois a profondément marqué le pays, accentuant les clivages internes; et la perte de contrôle de Tripoli sur son territoire, aussi bien que le pillage de ses arsenaux, ont favorisé le développement de menaces (séparatisme, terrorisme, criminalité) qui vont accroître durablement la déstabilisation du pays, mais aussi de la région», a affirmé hier pour sa part, à Alger, Eric Denéc, directeur du centre français de recherche sur le renseignement.
Tout en sachant que «Benghazi est une plaque tournante du trafic de drogue dont les réseaux libyens sont étroitement liés à la mafia italienne», a-t-il indiqué en présence de quelques diplomates, quelques associations triées sur le volet et même de Rezzag-Bara conseiller à la présidence de la République. Néanmoins, les missiles air-sol tant redoutés, provenant de l'arsenal sorti de la Libye que personne n'a pu estimer ou évaluer, sont pratiquement inopérables sans entretien spécial», note-t-il encore.
«Le rôle du Qatar, de l'Arabie Saoudite et de la chaîne Al Jazeera est fondamental dans le conflit libyen. Dès qu'on va sur le terrain la réalité est totalement différente», a-t-il soutenu. En rappelant quelques réalités, selon lui, «omises par les politiques et médias à la pointe de l'intervention militaire». Il s'agit, poursuit-il, «du basculement du rapport de force, se produisant d'extrême justesse pendant l'été. Ce n'est pas une victoire du peuple libyen mais celle des puissances belligérantes dirigées par l'Otan. Et le Conseil national de transition (CNT) est une structure hétérogène et fragile, qui semble incapable de gérer, seule, l'avenir du pays».
En tout cas, selon l'orateur, «les deux principaux risques qui guettent le pays sont: la partition entre l'est et l'ouest; et l'installation durable d'un foyer terroriste djihadiste en Cyrénaïque, sous l'impulsion d'un Gicl qui ressort renforcé des événements récents et dont les liens avec Al Qaîda ne se sont jamais distendus». Et d'ajouter: «Le CNT n'est qu'une coalition d'éléments disparates aux intérêts divergents». «Ce que les islamistes n'ont pu faire en Algérie, ils pourraient le réussir en Libye.
Les conséquences en seraient alors catastrophiques pour la région sahélo-saharienne. D'ores et déjà, grâce au pillage des arsenaux libyens, Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) est en train de renforcer ses moyens (notamment avec des missiles antiaériens dont elle ne disposait pas jusqu'à présent) et d'accroître la menace qu'elle représente pour les États de la région», a fait savoir Eric Denéc, et «dont l'unique point commun est leur opposition déterminée au régime de Tripoli. Les véritables démocrates n'y sont qu'une minorité, et doivent cohabiter avec d'anciens proches du colonel Kadhafi, des partisans d'un retour de la monarchie sénoussie et des djihadistes liés à Al Qaîda (Gicl)».
Pour preuve, dit-il «depuis le début de l'insurrection, les insurgés libyens ont fait preuve d'une totale inefficacité militaire, alors même que l'armée libyenne est réputée pour sa faiblesse. Leurs forces, en grande partie constituées de milices civiles, de volontaires inexpérimentés et d'anciens militaires libyens, n'ont montré ni sens tactique ni cohésion. Les éléments les plus combatifs ont été les membres du Groupe islamiste combattant libyen (Gicl), (la branche locale d'Al Qaîda) passés par l'Irak et les camps d'Afghanistan». Aussi, indique-t-il «il est illusoire de croire qu'ils aient pu, seuls, parvenir à renverser le régime de Tripoli en moins de trois semaines, après l'assassinat de leur commandant en chef.
Ce succès n'a pu être obtenu que grâce à une intensification des opérations de renseignement, de ciblage et de bombardement de l'Otan et grâce à l'appui logistique, l'encadrement et aux actions directes des unités spéciales occidentales et des pays du Golfe». «Le CNT n'est qu'une coalition d'éléments disparates aux intérêts divergents, dont l'unique point commun est leur opposition déterminée au régime de Tripoli. De plus, le CNT n'est pas représentatif du peuple libyen - les tribus de l'ouest et du centre en sont quasiment absentes - et reste dominé par les hommes de Cyrénaïque. Par ailleurs, il est opaque puisque seuls les noms de 13 de ses 31 membres ont été rendus publics».
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