Le consumérisme a-t-il gagné l’Algérie ?
Les Algériens découvrent les vertus de la consommation, après des années de vaches maigres. Les différentes enquêtes montrent une propension du «tout acheté» chez une classe moyenne dont les revenus sont stables. Une tendance poussée même vers un type de consommation de luxe. Avec le boom des crédits, les ménages placent leurs priorités dans le logement, l’éducation la santé et les loisirs. Mais loin d’être un tableau lumineux, les inégalités dans la consommation reflètent deux pans contrastés d’une même société.
Après une décennie noire et son lot de misères sociales et de désenchantement, nous voici dans la décennie de la consommation. Et pour cause, les habitudes des Algériens ont beaucoup changé ces derniers temps. On parle d’acheter un nouveau logement, de changer la marque du véhicule, de savourer quelques jours en Turquie, en Espagne, en Tunisie. Les ménages issus de la classe moyenne se portent plutôt bien, selon des indices financiers qui révèlent une hausse des crédits bancaires immobiliers. Mais il n’y a pas que ça. Les augmentations de salaires pour les couches moyennes (corps médical, enseignants, fonctionnaires, cadres supérieurs…) ont eu l’effet escompté pour la relance de la consommation. Les patrons des supermarchés récemment installés se frottent les mains. Leurs chiffres d’affaires augmentent au fur et à mesure que les «clients» dépassent le seuil toléré des achats quotidiens. On y achète de tout. Des réfrigérateurs dernier cri, des TV LED, des parfums de luxe et, cerise sur le gâteau, des fruits exotiques ou des vêtements à des prix exorbitants par Internet. Cette mue des habitudes de consommation a focalisé les experts de l’ONS depuis 2010 sur des enquêtes portant sur les dépenses liées à la santé, l’éducation, les loisirs et les vacances. Une première enquête de 2011 révèle un chiffre hallucinant. Les dépenses des Algériens ont progressé de 67 % entre 2009 et 2011 ! Un résultat dû particulièrement à l’augmentation des salaires, de près de 50 %. Un autre chiffre qui donne du tournis est celui de la Banque mondiale, dont une étude en partenariat avec l’université de Sherbrooke du Canada indique que les Algériens ont dépensé plus de 80 milliards de dollars en une année ! A noter que ces dépenses incluent beaucoup de paramètres de dépenses globales. Les Algériens dépassent, selon la même source, les Marocains (52 milliards de dollars) et les Libyens (34 milliards de dollars) pour la même année. L’Algérie qui arrive en tête du classement maghrébin est cependant loin de bousculer les premières places des dépenses des consommateurs des pays du Moyen-Orient, d’Asie (Japon et Corée du Sud) et du bloc de l’Europe de l’Ouest.
En moyenne, selon les statistiques de l’ONS publiées en mars dernier, le ratio de la consommation des ménages algériens pour une période de deux ans dépasse de 43 % celui des années précédentes (15 et 20 %). Dans son analyse, l’ONS tient compte de deux facteurs. Le premier est relatif aux achats de produits durables (voitures, lave-linge, PC) alors que le deuxième aspect est lié aux dépenses sous formes de frais de versement au gouvernement pour les permis et licences ainsi que pour les loyers des logements. Pour ce qui du dernier cas, les résultats d’enquêtes de l’ONS notent un fléchissement de la courbe des dépenses où, depuis 2008, une stagnation des chiffres est constatée. Une situation qui résume les paradoxes de la société algérienne.
Les Algériens et la consommation :
le boom des crédits
Tout le monde s’attendait à une consommation effrénée, où le secteur privé aurait la part belle dans la valeur ajoutée avec des chiffres d’affaires colossaux. Les experts qui mesurent l’incidence des salaires sur le bien-être social révèlent le contraire. «Dans son compartiment national, aussi bien que dans son segment étranger, le secteur privé semblait seul capable de rompre avec l’égalitarisme traditionnel du secteur public algérien et de rémunérer la qualification professionnelle de ses cadres suivant des standards comparables aux pays voisins, souvent cités en exemple dans ce domaine» indique un spécialiste de la question. Illustrant son approche par l’exemple des enseignants, cet expert estime que «des dizaines de milliers d’enseignants accèdent à un niveau de revenu qui est désormais égal ou supérieur, dans beaucoup de cas, aux salaires versés, à qualification égale, dans le secteur privé. Le mouvement amorcé au début de la décennie écoulée en faveur des cadres supérieurs des administrations centrales s’est élargi récemment aux effectifs, beaucoup plus nombreux, des cadres des secteurs publics de l’enseignement supérieur, de la santé, de la justice, voire de certaines entreprises publiques» note-t-il.
L’impact sur la vie socioéconomique qui se traduit par «une des caractéristiques remarquables de cette résurrection récente des classes moyennes nationales est sa rapidité». Un autre facteur mis en relief est celui des salaires des couches aisées et des tendances à la consommation où les dépenses de fonctionnement de l’Etat ont presque doublé depuis 2008. Elles sont passées de 2 500 milliards de dinars en 2008 à près de 5 000 milliards de dinars en 2012, soit l’équivalent de 65 milliards de dollars. Mais si on reprend les indices de la Banque mondiale, la consommation a subi une chute avec une difficile stabilité. L’économiste Abdelatif Rebah reprend ces indices en considérant que «la consommation par tête d’habitant a subi une dégringolade depuis 1985, qui était de 1 114 dollars, en passant à 726 dollars en 1997 pour s’établir à 968 dollars en 2007». En 2012, cet indice se situe à environ 2 000 dollars. Le paradoxe est que les dépôts bancaires des ménages ont explosé ces dernières années. Le dernier chiffre de la Banque d’Algérie précise qu’»au cours de l’année 2011, ils ont représenté près de 40 % des dépôts bancaires, dépassant pour la première fois les dépôts effectués par Sonatrach, et la valeur totale de leurs avoirs auprès du secteur bancaire dépasse désormais le montant de 1 800 milliards de dinars, soit près de 25 milliards de dollars». La Banque d’Algérie fait savoir, dans un de ses derniers rapports, que «l’importance accrue des dépôts en dinars des ménages, alimentée par l’augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires, contraste avec le niveau des crédits bancaires qui leur sont accordés».
Ces derniers étaient évalués à 260 milliards de dinars à fin juin 2011, représentant seulement 14 % des dépôts en dinars des ménages. A signaler que les crédits immobiliers observent une demande très prononcée, selon les derniers bilans arrêtés par la Banque d’Algérie. Le montant de ces crédits accordés est de 70 milliards de dinars, dont la première position est occupée par la CNEP avec 36 milliards de dinars, soit 55 % des parts du marché. En 2011, ces crédits alloués représentaient 74 % du total des crédits sur l’ensemble du paysage bancaire. Ces chiffres montrent que les ménages moyens peuvent se passer du crédit à la consommation et inscrivent le logement comme une priorité de la consommation. Le souhait du FMI est de voir réhabiliter le crédit à la consommation, alors que les autorités monétaires promettent de le relancer une fois la centrale de risques sur les crédits impayés opérationnelle.
Les inégalités de la consommation :
le paradoxe local
On retient, selon les enquêtes de la FAO en Algérie, l’importance des dépenses alimentaires dans la consommation des ménages, estimées à plus de 52 % des dépenses globales. L’économiste Ahmed Benyakoub analyse avec force détails les chiffres fournis par l’organisme onusien. Il constate que «la consommation par tête d’habitant de ce qui est considéré comme un indicateur de développement, à savoir le groupe «des viandes rouges, blanches et du poisson», est de l’ordre de 29,67 kg/an.
En 15 ans, cette consommation fondamentale a très peu évolué, pour ne pas dire stagné (est-ce la conséquence de la libéralisation des prix ?) à un niveau largement inférieur à celui des pays comparables comme le Maroc (38,45 kg), la Tunisie (45,20kg) et l’Egypte (42,57kg). «Il y a lieu de signaler que l’Algérie ne se distingue que par la consommation du lait et dérivés avec 112 litres/an, niveau plus élevé que celui des autres pays comme le Maroc (47,20), la Tunisie (100), l’Egypte (56), mais deux fois plus faible qu’en Europe (223)».
Hormis les dépenses alimentaires, le professeur Bouyakoub constate «une forte inégalité de la consommation résultant de l’inégalité entre zones urbaines et zones rurales, tout comme une forte inégalité entre strates et revenus». Selon lui, «10 % des ménages les plus riches consomment 30 % de la consommation urbaine globale alors que 10 % des ménages les plus pauvres n’en consomment que 3 %». Autre point qui intervient comme facteur d’inégalité, celui de la consommation. Pour ce spécialiste, «il y a lieu de remarquer que du point de vue de la répartition du revenu, l’Algérie n’affiche pas le coefficient de Gini le plus inégalitaire. Les pays arabes, d’une manière générale, se distinguent par un coefficient de Gini bien inférieur à celui des pays d’Amérique latine, par exemple, où l’inégalité de la répartition du revenu est plus importante». Ainsi, l’Algérie avait un coefficient de 36,30 % en 1995 et l’enquête ONS de 2000 affiche un coefficient légèrement supérieur, avec 36,90 %. Dans cet axe, l’Etat algérien préfère subventionner certains prix à la consommation et opter pour le crédit logement comme palliatif aux inégalités qui peuvent aggraver le fossé entre ménages riches et pauvres. L’expert Ahmed Bouyakoub relève, dans son analyse, les contradictions du modèle de consommation tel qu’il est institué, où «il est aberrant que l’Algérie opte pour le modèle du tout automobile». Il relève que «10 % des Algériens consomment plus du tiers du parc de véhicules de tourisme. C’est l’exemple frappant de la concentration géographique et de l’inégalité territoriale». Il s’avère que 50 % des ménages pauvres et moyens ne consomment que 12 % des transports. «C’est une dépense qui se place juste derrière les budgets santé et éducation pour les ménages moyens», confirme un économiste du Cread. En tout état de cause, les indices confirment que «la consommation reste, en valeurs, bien au-dessous de celle des pays du pourtour méditerranéen».
Le jeune indépendant
Les Algériens découvrent les vertus de la consommation, après des années de vaches maigres. Les différentes enquêtes montrent une propension du «tout acheté» chez une classe moyenne dont les revenus sont stables. Une tendance poussée même vers un type de consommation de luxe. Avec le boom des crédits, les ménages placent leurs priorités dans le logement, l’éducation la santé et les loisirs. Mais loin d’être un tableau lumineux, les inégalités dans la consommation reflètent deux pans contrastés d’une même société.
Après une décennie noire et son lot de misères sociales et de désenchantement, nous voici dans la décennie de la consommation. Et pour cause, les habitudes des Algériens ont beaucoup changé ces derniers temps. On parle d’acheter un nouveau logement, de changer la marque du véhicule, de savourer quelques jours en Turquie, en Espagne, en Tunisie. Les ménages issus de la classe moyenne se portent plutôt bien, selon des indices financiers qui révèlent une hausse des crédits bancaires immobiliers. Mais il n’y a pas que ça. Les augmentations de salaires pour les couches moyennes (corps médical, enseignants, fonctionnaires, cadres supérieurs…) ont eu l’effet escompté pour la relance de la consommation. Les patrons des supermarchés récemment installés se frottent les mains. Leurs chiffres d’affaires augmentent au fur et à mesure que les «clients» dépassent le seuil toléré des achats quotidiens. On y achète de tout. Des réfrigérateurs dernier cri, des TV LED, des parfums de luxe et, cerise sur le gâteau, des fruits exotiques ou des vêtements à des prix exorbitants par Internet. Cette mue des habitudes de consommation a focalisé les experts de l’ONS depuis 2010 sur des enquêtes portant sur les dépenses liées à la santé, l’éducation, les loisirs et les vacances. Une première enquête de 2011 révèle un chiffre hallucinant. Les dépenses des Algériens ont progressé de 67 % entre 2009 et 2011 ! Un résultat dû particulièrement à l’augmentation des salaires, de près de 50 %. Un autre chiffre qui donne du tournis est celui de la Banque mondiale, dont une étude en partenariat avec l’université de Sherbrooke du Canada indique que les Algériens ont dépensé plus de 80 milliards de dollars en une année ! A noter que ces dépenses incluent beaucoup de paramètres de dépenses globales. Les Algériens dépassent, selon la même source, les Marocains (52 milliards de dollars) et les Libyens (34 milliards de dollars) pour la même année. L’Algérie qui arrive en tête du classement maghrébin est cependant loin de bousculer les premières places des dépenses des consommateurs des pays du Moyen-Orient, d’Asie (Japon et Corée du Sud) et du bloc de l’Europe de l’Ouest.
En moyenne, selon les statistiques de l’ONS publiées en mars dernier, le ratio de la consommation des ménages algériens pour une période de deux ans dépasse de 43 % celui des années précédentes (15 et 20 %). Dans son analyse, l’ONS tient compte de deux facteurs. Le premier est relatif aux achats de produits durables (voitures, lave-linge, PC) alors que le deuxième aspect est lié aux dépenses sous formes de frais de versement au gouvernement pour les permis et licences ainsi que pour les loyers des logements. Pour ce qui du dernier cas, les résultats d’enquêtes de l’ONS notent un fléchissement de la courbe des dépenses où, depuis 2008, une stagnation des chiffres est constatée. Une situation qui résume les paradoxes de la société algérienne.
Les Algériens et la consommation :
le boom des crédits
Tout le monde s’attendait à une consommation effrénée, où le secteur privé aurait la part belle dans la valeur ajoutée avec des chiffres d’affaires colossaux. Les experts qui mesurent l’incidence des salaires sur le bien-être social révèlent le contraire. «Dans son compartiment national, aussi bien que dans son segment étranger, le secteur privé semblait seul capable de rompre avec l’égalitarisme traditionnel du secteur public algérien et de rémunérer la qualification professionnelle de ses cadres suivant des standards comparables aux pays voisins, souvent cités en exemple dans ce domaine» indique un spécialiste de la question. Illustrant son approche par l’exemple des enseignants, cet expert estime que «des dizaines de milliers d’enseignants accèdent à un niveau de revenu qui est désormais égal ou supérieur, dans beaucoup de cas, aux salaires versés, à qualification égale, dans le secteur privé. Le mouvement amorcé au début de la décennie écoulée en faveur des cadres supérieurs des administrations centrales s’est élargi récemment aux effectifs, beaucoup plus nombreux, des cadres des secteurs publics de l’enseignement supérieur, de la santé, de la justice, voire de certaines entreprises publiques» note-t-il.
L’impact sur la vie socioéconomique qui se traduit par «une des caractéristiques remarquables de cette résurrection récente des classes moyennes nationales est sa rapidité». Un autre facteur mis en relief est celui des salaires des couches aisées et des tendances à la consommation où les dépenses de fonctionnement de l’Etat ont presque doublé depuis 2008. Elles sont passées de 2 500 milliards de dinars en 2008 à près de 5 000 milliards de dinars en 2012, soit l’équivalent de 65 milliards de dollars. Mais si on reprend les indices de la Banque mondiale, la consommation a subi une chute avec une difficile stabilité. L’économiste Abdelatif Rebah reprend ces indices en considérant que «la consommation par tête d’habitant a subi une dégringolade depuis 1985, qui était de 1 114 dollars, en passant à 726 dollars en 1997 pour s’établir à 968 dollars en 2007». En 2012, cet indice se situe à environ 2 000 dollars. Le paradoxe est que les dépôts bancaires des ménages ont explosé ces dernières années. Le dernier chiffre de la Banque d’Algérie précise qu’»au cours de l’année 2011, ils ont représenté près de 40 % des dépôts bancaires, dépassant pour la première fois les dépôts effectués par Sonatrach, et la valeur totale de leurs avoirs auprès du secteur bancaire dépasse désormais le montant de 1 800 milliards de dinars, soit près de 25 milliards de dollars». La Banque d’Algérie fait savoir, dans un de ses derniers rapports, que «l’importance accrue des dépôts en dinars des ménages, alimentée par l’augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires, contraste avec le niveau des crédits bancaires qui leur sont accordés».
Ces derniers étaient évalués à 260 milliards de dinars à fin juin 2011, représentant seulement 14 % des dépôts en dinars des ménages. A signaler que les crédits immobiliers observent une demande très prononcée, selon les derniers bilans arrêtés par la Banque d’Algérie. Le montant de ces crédits accordés est de 70 milliards de dinars, dont la première position est occupée par la CNEP avec 36 milliards de dinars, soit 55 % des parts du marché. En 2011, ces crédits alloués représentaient 74 % du total des crédits sur l’ensemble du paysage bancaire. Ces chiffres montrent que les ménages moyens peuvent se passer du crédit à la consommation et inscrivent le logement comme une priorité de la consommation. Le souhait du FMI est de voir réhabiliter le crédit à la consommation, alors que les autorités monétaires promettent de le relancer une fois la centrale de risques sur les crédits impayés opérationnelle.
Les inégalités de la consommation :
le paradoxe local
On retient, selon les enquêtes de la FAO en Algérie, l’importance des dépenses alimentaires dans la consommation des ménages, estimées à plus de 52 % des dépenses globales. L’économiste Ahmed Benyakoub analyse avec force détails les chiffres fournis par l’organisme onusien. Il constate que «la consommation par tête d’habitant de ce qui est considéré comme un indicateur de développement, à savoir le groupe «des viandes rouges, blanches et du poisson», est de l’ordre de 29,67 kg/an.
En 15 ans, cette consommation fondamentale a très peu évolué, pour ne pas dire stagné (est-ce la conséquence de la libéralisation des prix ?) à un niveau largement inférieur à celui des pays comparables comme le Maroc (38,45 kg), la Tunisie (45,20kg) et l’Egypte (42,57kg). «Il y a lieu de signaler que l’Algérie ne se distingue que par la consommation du lait et dérivés avec 112 litres/an, niveau plus élevé que celui des autres pays comme le Maroc (47,20), la Tunisie (100), l’Egypte (56), mais deux fois plus faible qu’en Europe (223)».
Hormis les dépenses alimentaires, le professeur Bouyakoub constate «une forte inégalité de la consommation résultant de l’inégalité entre zones urbaines et zones rurales, tout comme une forte inégalité entre strates et revenus». Selon lui, «10 % des ménages les plus riches consomment 30 % de la consommation urbaine globale alors que 10 % des ménages les plus pauvres n’en consomment que 3 %». Autre point qui intervient comme facteur d’inégalité, celui de la consommation. Pour ce spécialiste, «il y a lieu de remarquer que du point de vue de la répartition du revenu, l’Algérie n’affiche pas le coefficient de Gini le plus inégalitaire. Les pays arabes, d’une manière générale, se distinguent par un coefficient de Gini bien inférieur à celui des pays d’Amérique latine, par exemple, où l’inégalité de la répartition du revenu est plus importante». Ainsi, l’Algérie avait un coefficient de 36,30 % en 1995 et l’enquête ONS de 2000 affiche un coefficient légèrement supérieur, avec 36,90 %. Dans cet axe, l’Etat algérien préfère subventionner certains prix à la consommation et opter pour le crédit logement comme palliatif aux inégalités qui peuvent aggraver le fossé entre ménages riches et pauvres. L’expert Ahmed Bouyakoub relève, dans son analyse, les contradictions du modèle de consommation tel qu’il est institué, où «il est aberrant que l’Algérie opte pour le modèle du tout automobile». Il relève que «10 % des Algériens consomment plus du tiers du parc de véhicules de tourisme. C’est l’exemple frappant de la concentration géographique et de l’inégalité territoriale». Il s’avère que 50 % des ménages pauvres et moyens ne consomment que 12 % des transports. «C’est une dépense qui se place juste derrière les budgets santé et éducation pour les ménages moyens», confirme un économiste du Cread. En tout état de cause, les indices confirment que «la consommation reste, en valeurs, bien au-dessous de celle des pays du pourtour méditerranéen».
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