Une continuité paralysante
En accordant à l'ensemble du staff gouvernemental un congé de 15 jours à compter du cinq juillet, le président Bouteflika a de cette manière donné à comprendre que le changement à ce niveau que guettent et sur lequel supputent les cercles politico-médiatiques n'est pas inscrit dans les priorités de son agenda, du moins pour le court terme allant jusqu'à la fin du mois de Ramadhan. C'est le même message qu'a envoyé la note adressée aux ministres par le premier d'entre eux leur enjoignant de remettre avant le 30 juin les dossiers qui vont être au menu des audiences que présidera le chef de l'Etat durant le mois de carême. De ces signaux, les autorités attendent qu'il soit compris que le changement ou le remaniement n'ont pas pour elles le caractère d'urgence pressante que font semblant de lui attribuer les milieux évoqués plus haut. A ceux qui considèrent qu'en laissant en suspens la question du sort de l'exécutif gouvernemental, Bouteflika a plongé le pays et la machine administrative dans une vacance paralysante, ces autorités tentent de leur démontrer qu'il n'y a aucune incidence de ce genre et que les affaires de l'Etat sont normalement gérées. Pour elles par conséquent, l'activité ministérielle est tout ce qu'il y a de ce que l'on peut y attendre dans une période estivale qui s'accompagne du mois de Ramadhan.
Autant dire donc que l'agenda fixé aux ministres exclut logiquement qu'il faille s'attendre à un changement gouvernemental dans le proche avenir. Comme il ne faut pas s'attendre à ce que les audiences auxquelles procédera le chef de l'Etat pendant le mois de Ramadhan vont délivrer des indications permettant d'entrevoir le sort qui sera celui des auditionnés quand il se décidera à statuer sur la situation du staff gouvernemental.
Il faut en effet savoir que ces audiences devenues la marque distinctive de la gouvernance Bouteflika ne sont en rien un « moment de vérité » où les ministres de la République rendent compte de leur gestion et s'attendent à essuyer les foudres présidentielles en cas d'un bilan non satisfaisant.
Quand elles ont été instaurées, il a été affirmé qu'elles serviront à évaluer les performances de l'action gouvernementale. Elles se sont très vite transformées en exercice convenu destiné à créer l'illusion d'un contrôle et d'un suivi de cette action. Constat confirmé du moment que, selon notre source, les dossiers préparés par les secteurs ministériels en prévision de ces audiences s'accompagnent du projet de communiqué devant les sanctionner et être rendu public. Une pratique surréaliste indicatrice du peu de sérieux qui entoure ces audiences. Elles ne servent en fait qu'à donner l'apparence que dans le temps où la léthargie est nationale durant le mois de Ramadhan, le président et les ministres ne s'y complaisent pas mais « planchent » à rendre plus efficiente l'action gouvernementale.
Jamais le pays n'a pas été dirigé et géré de façon aussi hiératique qu'il l'est depuis une douzaine d'années. Le bricolage, l'improvisation, l'effet d'annonce et le fait du prince sont la permanence de cette gouvernance dont le président et son Premier ministre ont tour à tour admis qu'elle a produit l'échec mais qui continue à être poursuivie. Malgré l'impasse aux imprévisibles mais dangereuses conséquences dans laquelle elle a mis le pays.
par Kharroubi Habib
Le
Quotidien d'Oran
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