Eric Denécé
L'Algérie s'est attachée, depuis la fin des années 1980, à mobiliser tous les moyens nécessaires pour lutter contre le terrorisme. Dans ce contexte, l'Armée nationale populaire algérienne (ANP), mais les aussi la gendarmerie, la Sûreté nationale et les services de renseignement et de sécurité, ont mis sur pied des unités commandos ou antiterroristes afin de faire face efficacement à la guerre barbare que leur ont déclaré l'Armée islamique du salut (AIS), les Groupes islamiques armés et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007.
HISTORIQUE
Le Centre de conduite et de coordination des actions de lutte anti-subversive
En juillet 1992, le général-major Khaled Nezzar, ministre de la Défense, charge le général Mohamed Lamari[1] de mettre en place une nouvelle structure de lutte contre le terrorisme : le Centre de conduite et de coordination des actions de lutte anti-subversive (CCC/ALAS, ou, en abrégé, CLAS), qui deviendra opérationnel en septembre 1992. Son état-major s'installera au siège du commandement des forces terrestres, à Aïn-Naâdja.
Cette structure réunira les unités spéciales de l'ANP et des éléments du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), les services spéciaux algériens. Lors de sa création, le CLAS regroupait trois régiments parachutistes (les 4e, 12e et 18e RPC), un bataillon de police militaire (le 90e BPM) et un régiment de reconnaissance (le 25e RR). Au total, guère plus de 5 000 hommes. Mais ses effectifs vont progressivement augmenter, notamment par l'intégration, partir de 1995, de quatre nouvelles unités spéciales : les 1er et 5e RPC et les 85e et 93e BPM. Parallèlement, des éléments du Groupement d'intervention rapide (GIR) de la gendarmerie et de la Direction centrale de la sûreté aux Armées (DCSA) participeront également aux opérations du CLAS. Aujourd'hui, ce commandement compterait près de 12 000 hommes, disposant d'un excellent armement et d'un équipement moderne.
En mars 1993, l'organisation territoriale du CLAS est restructurée, avec la création de « Secteurs opérationnels » couvrant plusieurs wilayas[2]. Chacun d'entre eux chapeautait localement : la police (Sûreté), la gendarmerie, des unités de l'armée de terre et parfois des milices. Tous les organes de sécurité devaient se plier aux ordres du CLAS, lequel travaillait étroitement avec ceux de la DRS. Certaines unités dépendaient d'ailleurs conjointement de ces deux commandements.
LES FORCES SPECIALES DE L'ARMEE DE TERRE
L'Ecole d'application des troupes spéciales
L'Ecole d'application des troupes spéciales (EATS) a été créée à partir du Centre d'instruction des commandos (CIC), mis sur pied en 1963 dans la ville de Skikda. En 1971, ce centre fut transféré à Biskra (4e région militaire) pour devenir successivement Centre de Formation des Troupes Aéroportées, puis Ecole des Troupes Aéroportée (1975). En 1991 et dans le cadre de la restructuration de l'Armée, cette école a pris son appellation actuelle.
L'EATS est notamment chargée :
de dispenser une formation spécialisée « commando » aux officiers et sous-officiers d''active et aux officiers du contingent ;
d'assurer des stages au profit des unités élémentaires ;
de procéder aux études d'évaluation et de modernisation des forces spéciales ;
de former les instructeurs parachutistes et les instructeurs commandos.
En parallèle, un autre site de formation existe à Boughar : le Centre d'Instruction des commandos. La formation y est consacrée essentiellement à des exercices de terrain, à la lutte antiguérilla, au tir et la survie en zones hostiles.
Les régiments para-commandos
Les premiers régiments parachutistes algériens furent créés dans les années 80[3]. En 1991, l'Armée nationale populaire (ANP) créée une division spécialisée dans le combat commando et l'assaut par air. Cette 17e division parachutiste (17e DP) est forte d'environ 9 000 hommes et regroupe les unités suivantes :
état-major divisionnaire (Biskra),
1er régiment para-commando (RPC) (Tébessa),
4e RPC (Laghouat),
5e RPC (Jijel),
12e RPC (Biskra),
18e RPC (Hassi Messaoud).
A ces cinq unités d'infanterie s'ajoutent :
un régiment d'artillerie parachutiste doté d'obusiers de 152 mm ;
un bataillon du génie ;
et un bataillon antichar.
Les principales missions confiées aux para-commandos sont :
la reconnaissance stratégique et spéciale
l'action commando dans la profondeur ;
le contre-terrorisme terrestre ;
l'appui et le soutien aéromobile des opérations spéciales.
la protection rapprochée d'autorités civiles ou militaire.
Les unités para-commandos ont été initialement organisées sur le modèle des Spetsnaz soviétiques, mais beaucoup d'officiers et de sous-officiers algériens ont suivi des formations complémentaires en Corée du Sud[4], en Chine, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne et en France. De plus, depuis la fin des années 2000, une unité américaine d'environ 400 hommes est installée près de Tamanrasset où elle s'entraîne avec ces régiments d'élite, échangeant tactiques et procédures de combat avec les Algériens[5].
Le niveau de formation y est très poussé dans tous les domaines du combat individuel et collectif (close-combat, tir, sabotage, camouflage, reconnaissance, parachutisme, interrogatoire de prisonniers, etc.).
Pendant les « années noires » de lutte contre le terrorisme, la 17e DP a été largement engagée. Elle a détaché, en 1991, le 12e RPC en 5e région militaire pour garder les édifices et les points vitaux de l'Etat. Puis elle a été déployée en totalité en 1992-1993, dans la 1ere région militaire pour traquer les groupes islamistes armés. Ses unités ont été la colonne vertébrale du CLAS sous le commandement direct du général Lamari, le patron des unités spéciales de l'ANP.
Le 25e régiment de reconnaissance
Ce régiment, qui a également activement participé à la lutte anti-terroriste, reste entouré de beaucoup de mystère. Très peu d'informations sont disponibles à son sujet. Créée à la fin des années 80 et basé à Beni-Messous, le 25e RR a pour missions la reconnaissance opérationnelle et le renseignement au profit de l'état-major des forces terrestres, à l'image du 13e régiment de Dragons parachutistes et du 2e régiment de Hussards français. Ses hommes reçoivent tous une formation para-commando ainsi qu'un entraînement spécifique à la recherche du renseignement.
LES AUTRES UNITES SPECIALES DU MINISTERE DE LA DEFENSE
L'Algérie s'est attachée, depuis la fin des années 1980, à mobiliser tous les moyens nécessaires pour lutter contre le terrorisme. Dans ce contexte, l'Armée nationale populaire algérienne (ANP), mais les aussi la gendarmerie, la Sûreté nationale et les services de renseignement et de sécurité, ont mis sur pied des unités commandos ou antiterroristes afin de faire face efficacement à la guerre barbare que leur ont déclaré l'Armée islamique du salut (AIS), les Groupes islamiques armés et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007.
HISTORIQUE
Le Centre de conduite et de coordination des actions de lutte anti-subversive
En juillet 1992, le général-major Khaled Nezzar, ministre de la Défense, charge le général Mohamed Lamari[1] de mettre en place une nouvelle structure de lutte contre le terrorisme : le Centre de conduite et de coordination des actions de lutte anti-subversive (CCC/ALAS, ou, en abrégé, CLAS), qui deviendra opérationnel en septembre 1992. Son état-major s'installera au siège du commandement des forces terrestres, à Aïn-Naâdja.
Cette structure réunira les unités spéciales de l'ANP et des éléments du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), les services spéciaux algériens. Lors de sa création, le CLAS regroupait trois régiments parachutistes (les 4e, 12e et 18e RPC), un bataillon de police militaire (le 90e BPM) et un régiment de reconnaissance (le 25e RR). Au total, guère plus de 5 000 hommes. Mais ses effectifs vont progressivement augmenter, notamment par l'intégration, partir de 1995, de quatre nouvelles unités spéciales : les 1er et 5e RPC et les 85e et 93e BPM. Parallèlement, des éléments du Groupement d'intervention rapide (GIR) de la gendarmerie et de la Direction centrale de la sûreté aux Armées (DCSA) participeront également aux opérations du CLAS. Aujourd'hui, ce commandement compterait près de 12 000 hommes, disposant d'un excellent armement et d'un équipement moderne.
En mars 1993, l'organisation territoriale du CLAS est restructurée, avec la création de « Secteurs opérationnels » couvrant plusieurs wilayas[2]. Chacun d'entre eux chapeautait localement : la police (Sûreté), la gendarmerie, des unités de l'armée de terre et parfois des milices. Tous les organes de sécurité devaient se plier aux ordres du CLAS, lequel travaillait étroitement avec ceux de la DRS. Certaines unités dépendaient d'ailleurs conjointement de ces deux commandements.
LES FORCES SPECIALES DE L'ARMEE DE TERRE
L'Ecole d'application des troupes spéciales
L'Ecole d'application des troupes spéciales (EATS) a été créée à partir du Centre d'instruction des commandos (CIC), mis sur pied en 1963 dans la ville de Skikda. En 1971, ce centre fut transféré à Biskra (4e région militaire) pour devenir successivement Centre de Formation des Troupes Aéroportées, puis Ecole des Troupes Aéroportée (1975). En 1991 et dans le cadre de la restructuration de l'Armée, cette école a pris son appellation actuelle.
L'EATS est notamment chargée :
de dispenser une formation spécialisée « commando » aux officiers et sous-officiers d''active et aux officiers du contingent ;
d'assurer des stages au profit des unités élémentaires ;
de procéder aux études d'évaluation et de modernisation des forces spéciales ;
de former les instructeurs parachutistes et les instructeurs commandos.
En parallèle, un autre site de formation existe à Boughar : le Centre d'Instruction des commandos. La formation y est consacrée essentiellement à des exercices de terrain, à la lutte antiguérilla, au tir et la survie en zones hostiles.
Les régiments para-commandos
Les premiers régiments parachutistes algériens furent créés dans les années 80[3]. En 1991, l'Armée nationale populaire (ANP) créée une division spécialisée dans le combat commando et l'assaut par air. Cette 17e division parachutiste (17e DP) est forte d'environ 9 000 hommes et regroupe les unités suivantes :
état-major divisionnaire (Biskra),
1er régiment para-commando (RPC) (Tébessa),
4e RPC (Laghouat),
5e RPC (Jijel),
12e RPC (Biskra),
18e RPC (Hassi Messaoud).
A ces cinq unités d'infanterie s'ajoutent :
un régiment d'artillerie parachutiste doté d'obusiers de 152 mm ;
un bataillon du génie ;
et un bataillon antichar.
Les principales missions confiées aux para-commandos sont :
la reconnaissance stratégique et spéciale
l'action commando dans la profondeur ;
le contre-terrorisme terrestre ;
l'appui et le soutien aéromobile des opérations spéciales.
la protection rapprochée d'autorités civiles ou militaire.
Les unités para-commandos ont été initialement organisées sur le modèle des Spetsnaz soviétiques, mais beaucoup d'officiers et de sous-officiers algériens ont suivi des formations complémentaires en Corée du Sud[4], en Chine, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne et en France. De plus, depuis la fin des années 2000, une unité américaine d'environ 400 hommes est installée près de Tamanrasset où elle s'entraîne avec ces régiments d'élite, échangeant tactiques et procédures de combat avec les Algériens[5].
Le niveau de formation y est très poussé dans tous les domaines du combat individuel et collectif (close-combat, tir, sabotage, camouflage, reconnaissance, parachutisme, interrogatoire de prisonniers, etc.).
Pendant les « années noires » de lutte contre le terrorisme, la 17e DP a été largement engagée. Elle a détaché, en 1991, le 12e RPC en 5e région militaire pour garder les édifices et les points vitaux de l'Etat. Puis elle a été déployée en totalité en 1992-1993, dans la 1ere région militaire pour traquer les groupes islamistes armés. Ses unités ont été la colonne vertébrale du CLAS sous le commandement direct du général Lamari, le patron des unités spéciales de l'ANP.
Le 25e régiment de reconnaissance
Ce régiment, qui a également activement participé à la lutte anti-terroriste, reste entouré de beaucoup de mystère. Très peu d'informations sont disponibles à son sujet. Créée à la fin des années 80 et basé à Beni-Messous, le 25e RR a pour missions la reconnaissance opérationnelle et le renseignement au profit de l'état-major des forces terrestres, à l'image du 13e régiment de Dragons parachutistes et du 2e régiment de Hussards français. Ses hommes reçoivent tous une formation para-commando ainsi qu'un entraînement spécifique à la recherche du renseignement.
LES AUTRES UNITES SPECIALES DU MINISTERE DE LA DEFENSE
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