Le cas d'école Hugo Chavez :
1. Ne jamais dire la vérité (bien sûr)
Officiellement, le président du Venezuela, Hugo Chavez, est décédé le 5 mars 2013, avec annonce solennelle de son dauphin, Nicolas Maduro. «Mais nous savions qu’il était mort depuis au moins fin décembre 2012», affirme Eric Ekvall, analyste politique ayant participé comme conseiller en communication aux quatre dernières présidentielles au Venezuela, contacté par El Watan Week-end. Ce dernier ajoute que, selon les sondages au Venezuela, 60% de l’opinion sont persuadés qu’il était mort avant la date officielle de l’annonce. Pire, le vice-président, Elias Jaua, évoquait «un processus complet de guérison» quelques jours avant le décès officiel du «comandante».
2. Brouiller les pistes (pour gagner du temps)
Les sources rassurantes sur son état de santé, officielles ou familiales, parfois via des rumeurs, se sont multipliées pendant les deux mois d’hospitalisation de Chavez à Cuba. «Mais nous savions qu’il était mort dix jours avant l’annonce officielle parce qu’ils avaient commencé à Caracas les préparatifs de la campagne pour Maduro», précise Eric Ekvall.
3. Crédibiliser l’info par des personnalités étrangères (donc crédibles !)
Mais ça ne marche pas à tous les coups. En visite en février à Cuba, la présidente argentine, Cristina Kerchner, a refusé de rendre visite à Chavez dans sa salle de soins. «Elle ne s’est pas prêtée au jeu et n’a pas voulu dire qu’elle l’avait vu en vie ou en forme», soutient notre spécialiste.
4. Accuser la «main de l’étranger» (et «l’ennemi intérieur»)
Grand classique : accuser les Etats-Unis, la «bourgeoisie apatride» et le Nuevo Herald de Miami de comploter contre le pays et Chavez à travers des rumeurs «infondées». Comme le souligne une analyse de Slate.fr, Maduro avait dénoncé la «campagne de haine» d’un journal «fasciste» souhaitant «déstabiliser le Venezuela», en référence à l’attitude du quotidien espagnol ABC pendant la période franquiste. Mais dans le cas vénézuélien, ça va plus loin : on soupçonne même Washington d’être derrière le décès du leader bolivariste.
5. Maintenir le mythe des «réunions» même sur un lit d’hôpital (un vieux truc)
«Maduro avait déclaré avoir tenu une réunion de cinq heures de planification avec Chavez sur son lit d’hôpital, il rapportait en détails les observations du Président sur tel ou tel point du programme du gouvernement», indique Ekvall.
6. Compter sur la discrétion du lieu d’hospitalisation dans un pays «ami» (merci La Havane !)
A tous points de vue, c’était la destination idéale : La Havane, l’allié de toujours très discret, car il n’y existe pas de presse libre (sauf clandestine ou sur le web). Le 1er mars, quatre jours avant l’annonce du décès, le très officiel journal cubain Granma reprend par exemple en titre le dernier tweet d’Hugo Chavez à ses compatriotes : «Je prends mon envol comme le condor.»
7. Criminaliser toute remise en question de la version officielle (autre grand classique)
Rester toujours sur la défensive, toujours prompt à sévir en cas de «grave désinformation». Le gouvernement vénézuélien avait même menacé de poursuites les «Twitteros» qui «incitent à la haine» ! «Dire que Chavez est mort était un crime de lèse-majesté, un attentat contre la souveraineté du pays», se rappelle Eric Ekvall.
Adlène Meddi
elwatan
1. Ne jamais dire la vérité (bien sûr)
Officiellement, le président du Venezuela, Hugo Chavez, est décédé le 5 mars 2013, avec annonce solennelle de son dauphin, Nicolas Maduro. «Mais nous savions qu’il était mort depuis au moins fin décembre 2012», affirme Eric Ekvall, analyste politique ayant participé comme conseiller en communication aux quatre dernières présidentielles au Venezuela, contacté par El Watan Week-end. Ce dernier ajoute que, selon les sondages au Venezuela, 60% de l’opinion sont persuadés qu’il était mort avant la date officielle de l’annonce. Pire, le vice-président, Elias Jaua, évoquait «un processus complet de guérison» quelques jours avant le décès officiel du «comandante».
2. Brouiller les pistes (pour gagner du temps)
Les sources rassurantes sur son état de santé, officielles ou familiales, parfois via des rumeurs, se sont multipliées pendant les deux mois d’hospitalisation de Chavez à Cuba. «Mais nous savions qu’il était mort dix jours avant l’annonce officielle parce qu’ils avaient commencé à Caracas les préparatifs de la campagne pour Maduro», précise Eric Ekvall.
3. Crédibiliser l’info par des personnalités étrangères (donc crédibles !)
Mais ça ne marche pas à tous les coups. En visite en février à Cuba, la présidente argentine, Cristina Kerchner, a refusé de rendre visite à Chavez dans sa salle de soins. «Elle ne s’est pas prêtée au jeu et n’a pas voulu dire qu’elle l’avait vu en vie ou en forme», soutient notre spécialiste.
4. Accuser la «main de l’étranger» (et «l’ennemi intérieur»)
Grand classique : accuser les Etats-Unis, la «bourgeoisie apatride» et le Nuevo Herald de Miami de comploter contre le pays et Chavez à travers des rumeurs «infondées». Comme le souligne une analyse de Slate.fr, Maduro avait dénoncé la «campagne de haine» d’un journal «fasciste» souhaitant «déstabiliser le Venezuela», en référence à l’attitude du quotidien espagnol ABC pendant la période franquiste. Mais dans le cas vénézuélien, ça va plus loin : on soupçonne même Washington d’être derrière le décès du leader bolivariste.
5. Maintenir le mythe des «réunions» même sur un lit d’hôpital (un vieux truc)
«Maduro avait déclaré avoir tenu une réunion de cinq heures de planification avec Chavez sur son lit d’hôpital, il rapportait en détails les observations du Président sur tel ou tel point du programme du gouvernement», indique Ekvall.
6. Compter sur la discrétion du lieu d’hospitalisation dans un pays «ami» (merci La Havane !)
A tous points de vue, c’était la destination idéale : La Havane, l’allié de toujours très discret, car il n’y existe pas de presse libre (sauf clandestine ou sur le web). Le 1er mars, quatre jours avant l’annonce du décès, le très officiel journal cubain Granma reprend par exemple en titre le dernier tweet d’Hugo Chavez à ses compatriotes : «Je prends mon envol comme le condor.»
7. Criminaliser toute remise en question de la version officielle (autre grand classique)
Rester toujours sur la défensive, toujours prompt à sévir en cas de «grave désinformation». Le gouvernement vénézuélien avait même menacé de poursuites les «Twitteros» qui «incitent à la haine» ! «Dire que Chavez est mort était un crime de lèse-majesté, un attentat contre la souveraineté du pays», se rappelle Eric Ekvall.
Adlène Meddi
elwatan
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