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Des enseignants complices : à l'école et à l'université, la triche s'est banalisée

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  • Des enseignants complices : à l'école et à l'université, la triche s'est banalisée

    Des enseignants certifient que la tricherie collective des élèves lors des examens du baccalauréat 2013 révèle les nombreux dépassements qui gangrènent l’école et l’université algériennes depuis quelques années. Des instituteurs, parfois avec la complicité de l’administration, gonflent les notes,

    retouchent les bulletins avant ou après les conseils de classes, autorisent le plagiat et encouragent la fuite des sujets. Tout cela se passe sans même inquiéter l’administration.
    « Depuis trois ans, le phénomène est devenu très normal. Dans les écoles, tout le monde le sait, mais personne n’ose dénoncer. Nous avons peur aussi. On a entendu dire que des enseignants ont été sanctionnés parce qu’ils ont dénoncé cela », affirme Salma, une enseignante de français dans un CEM à Birkhadem. Sur les trois établissements scolaires où elle a travaillé, deux d'entre eux sont concernés par des histoires de tricherie avec la complicité des enseignants, et parfois des agents de l’administration. Le fils d’un directeur de banque a vu sa note d’anglais monter de 4/20 à 14/20, l’enfant a reçu son bulletin à la maison et avant tous les autres élèves. La responsable de classe a modifié la note après s’être entretenue avec ses collègues qui ont approuvé.
    En 2012, Salma, qui assurait la surveillance des examens du baccalauréat, a été choquée par la réaction d'un candidat, mais aussi de ses deux collègues. « On l’a vu sortir de sa veste un document pour plagier. Mes collègues n’ont rien fait quand je l’ai obligé à jeter son document, il m’a dit qu’il était policier ».
    La directrice d’une école à Chevalley avait refusé de tenir les conseils de classes parce que des bulletins avaient été modifiés et rayés avec un effaceur. En mai dernier, les élèves d’une école primaire à Birkhadem avaient dû refaire les examens blancs de la cinquième année, parce qu’il y avait eu fuite de sujets. Saida, professeur de sciences naturelles, explique que durant l’année scolaire, certains de ses collègues demandent à consulter ses sujets d’examens. « C’est un moyen détourné de les divulguer ensuite aux enfants d'untel ou untel. Au début, je ne m’en doutais pas. Ce sont des enseignants ! Actuellement, je refuse de montrer ce que je fais. Je refuse même de préparer mes sujets avec d’autres collègues, parce que certains donnent les questions ».
    La surveillance des examens est devenue une mission pénible pour certains travailleurs de l’éducation parce qu’ils assistent, impuissants, à des tricheries collectives, souvent menées par des pédagogues, eux même chargés d’appliquer la loi. « Vous pouvez tout faire mais ne faites pas de bruit seulement. Des enseignants permettent aux élèves d’échanger les réponses et de travailler avec des documents, certains instituteurs vont même jusqu’à répondre aux questions ! », s’indigne Mohamed, maître d’arabe. Ce dernier, depuis quelques années, refuse d’assurer la surveillance des examens de l’Office national de l’enseignement et de formation à distance (Onefd), en signe de protestation contre les fraudes collectives encouragées par ses collègues. « C’est grave ! », dit-il.
    A l’université, la situation est dramatique. Nadia, professeur de maths, affirme que la tricherie s’est propagée à l’université et que les professeurs qui se rebellent éprouvent beaucoup de difficultés vis-à-vis des collègues complices. « Les étudiants ont de bonnes notes en français et en anglais et ne savent même pas conjuguer un verbe. En première année, ils ont de bonnes notes en français et, en 2ème année, ils ne comprennent pas le cours donné en français. Ils trichent, c’est clair ». Récemment, son département a remarqué que les étudiants de la spécialité mathématiques et informatique ont obtenu de bonnes notes en physique, mais de très mauvaises notes en maths. « L’enquête menée a démontré que l’enseignant de physique facilitait trop les choses à ses étudiants ».
    Selon le ministère de l’Éducation nationale, aucun enseignant n’a été impliqué dans l’affaire de tricherie collective des examens du bac 2013. « L’enquête suit son cours et pour l’heure on ne peut rien dire ».
    TSA
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون
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