
I/ Algérie 2014 : état des lieux - Un pays traversé de fragilités persistantes
L’Algérie reste traversée de fragilités récurrentes, qu’elles soient territoriales, identitaires, économiques, sociales ou stratégiques. Qu’avons-nous fait de ces cinquante ans ? Telle est la question que se posent les Algériens maintenant que s’éloignent les célébrations de l’indépendance. «Rien, sauf voler !», répondent la plupart d’entre eux, surtout les jeunes qui n’ont en général pour perspective d’avenir que le chômage ou des petits trafics, faute d’obtenir un visa pour l’eldorado européen et américain. Le pays s’est enfoncé dans le marasme, l’indiscipline, l’incivilité, l’immoralité et l’anarchie... Où est l’Etat ?
Une caste politico-affairiste met l’économie en coupe réglée et se maintient au pouvoir, recourant à des manipulations qui ont culminé pendant la terrible décennie noire des années quatre-vingt-dix, aux cicatrices encore à vif. Nourris d’un amour profond pour ce pays nous donne des raisons d’espérer un nouveau départ. Nous n’avons pas attendu 2014 pour nous préoccuper de la situation qui prévaut dans ce pays. Conscients de l’importance des enjeux géopolitiques et géostratégiques, nous pensons que c’est le pouvoir qu’il faut isoler et non pas le peuple et son institution militaire et sécuritaire.
Nous sommes préoccupés par l’évolution de la situation politique, géopolitique, géostratégique et sociale de l’Algérie. Depuis 2004, les quelques espoirs que l’élection du président Bouteflika avaient pu susciter se sont révélés mirages et illusions. Même portés par un verbe généreux, ils n’ont pu ouvrir de perspectives de sortie à la grave crise dans laquelle l’Algérie s’enfonçait, pilotée par un pouvoir dont la gestion de la société repose sur le mépris des populations, le déni de toute expression citoyenne, l’arbitraire généralisé et l’aggravation des injustices sociales, et ce qui couronne le tout les insultes proférees des ministres en fonction.
Aujourd’hui, la société civile et les partis politiques peinent à offrir aux citoyens une perspective de rupture alternative qui échapperait au choix entre le fatalisme et le sacrifice. Ils assistent même avec inquiétude à un passage politique en force pour imposer le Président sortant. Cette option serait la pire pour eux-mêmes, pour l’Algérie et pour l’ouverture sur l’ensemble du monde. L’hypothétique compromis entre le groupe des «07» assis sur l’économie rentière et rêvant de soumettre la société à leur diktat ? Ils sont dans la logique de la terre brûlée.
Cette logique a pour segment une économie rentière, qui ne produit plus, se contente de commercer, et dont le pactole est détourné au profit d’une bourgeoisie parasitaire et arrogante et sans autre perspective que l’enrichissement rapide. Il y aurait 20 milliards de dollars circulant dans l’informel. Pour cette bourgeoisie estimée à 500 000 personnes, dont la majorité issue de l’informel, représenterait un danger réel et une force hégémonique. Là est le danger réel ! Pas étonnant que ce groupe des «07» est convaincu que l’élection est gagnée d’avance. Le taux de +60% avancé par «le Sieur Saadani» marque la fin des élections.
En dépit de tout cela, beaucoup résistent et s’entêtent à ne pas gâcher définitivement l’avenir d’un pays doté de tant d’atouts et de ressources et autant chargé d’histoire. Des forces de plus en plus nombreuses se rendent compte qu’aucune démocratie n’est possible dans le cadre du système actuel, qu’il faut rompre avec lui, avec ses institutions, ses hommes — des rentiers corrompus — et refonder un Etat moderne et redonnant la dignité à ses citoyens. Ce combat ne s’arrêtera pas le 17 avril 2014. Il concerne toutes les Algériennes et tous les Algériens. Ensemble rêvons ! Ensemble osons !
II/ Scrutin du 17 Avril 2014 : Projet Machiavélique
Pour nombre d’observateurs, jamais une élection en Algérie n’a été autant porteuse de dangers. Doit-on renoncer à considérer ce pays comme un Etat respectable et le réduire à une caste à groupes d’intérêts maffieux ? Une question qui ronge aujourd’hui de nombreux Algériens de toutes conditions. A la veille des grands changements vers lesquels le pays tout entier s’achemine, changements auxquels aspire la majorité des Algériens et Algériennes, à savoir une gouvernance plus démocratique, une gouvernance plus soucieuse des intérêts supérieurs de la nation qu’aux intérêts de clans et de chapelles. Ce qui serait anormal, c’est que devant cette immense attente de changement l’on continue à fonctionner avec les mêmes réflexes qui ont prévalu jusque-là.
Aucun développement durable n’est possible sans la prise en compte des demandes sociales et sociétales de manière générale. Si jamais la volonté populaire ne sera pas respectée, l’Algérie serait la risée du monde entier et entrera dans les annales de l’histoire de l’humanité pour avoir élu un Président qui aura fait une campagne politique par procuration et qui dirigera le pays par procuration — on va vers l’élection d’un Président Virtuel et un Etat Virtuel—. Tous ceux qui s’acharnent aujourd’hui à vouloir coûte que coûte nous vendre cette image d’un Président très affecté, à utiliser un homme visiblement malade à des fins inavouables sont passibles de poursuites judiciaires pour «non-assistance à personne en danger» et nous tous qui assistons à ce spectacle désolant qui est en train de transformer l’Algérie en une république bananière, nous tous serons tenus pour complices de cette mascarade.
S’il est vrai que l’Algérie ne va sans doute pas connaître de printemps arabe, par contre si ce système se perpétue, ce sera plutôt un hiver, non pas arabe que va vivre l’Algérie, mais un hiver typiquement algérien, c’est-à-dire un hiver polaire qui va statufier définitivement le pays, l’empêchant d’aller de l’avant. Si ce système se perpétue et en l’absence de société civile, en l’absence d’une élite universitaire avérée, en l’absence de l’implication de la jeunesse performante et novatrice, nous allons vers une momification qui fera de l’Algérie une terre propice aux fouilles archéologiques parce que ce système mènera inéluctablement ce pays à sa perte, à sa disparition, comme les dinosaures.
L’Algérie est un grand et immense pays par sa richesse démographique et ses ressources naturelles. Elle sera un géant si elle sait les mettre en valeur. Le pouvoir actuel ne l’a pas su. Au vu de la situation actuelle, ce pouvoir hégémonique après 15 années de règne veut entraîner le pays vers le chaos. Mais d’où tire sa force son entêtement ? Est-il si fort au point de mettre l’institution militaire et 40 millions d’Algériens au pas, au garde à vous ? Telle est la question que tout Algérien doit se poser. Faut-il agir ou laisser ce pays aux mains de ce groupe des «07» ? Ces derniers tirent leur force des connexions et des interconnexions tissées en haut lieu par les multinationales juives-sionistes et les pieds-noirs d’outre-mer sous l’œil attentif du Makhzen marocain.
Les voix jeunes et moins jeunes s’élèvent et se multiplient contre la tenue de ces élections sans que cela émeuve qui que ce soit et sans que cela ait le moindre effet sur les décideurs qui continuent à ignorer avec un silence galactique cet appel de fond d’une société qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme. Les mouvements de protestation se propagent telle une traînée de poudre. D’un quartier à l’autre, d’une cité à l’autre, d’une ville à l’autre, la colère des habitants s’exprime de la manière la plus violente ; à l’image de la région des Aurès victime d’une grande désinvolture et d’une rare provocation envers les Chaouia. Il faut rappeler à se «monsieur» que toutes les régions d’Algérie sont les bastions du nationalisme. Hier, on a jeté la Kabylie à la vindicte. Aujourd’hui, ce sont les Chaouia qu’on provoque. Ghardaïa au bord de la division pleure ses morts. C’est le pouvoir, à travers ses relais, qui est à la tête de ces divisions. A qui le tour ? Où est l’Etat ? Que faire ?
III / Une phase de transition démocratique : Pour Une Assemblée Constituante ?
Face à cette situation de blocage, l’idéal serait de passer par une phase de transition au cours de laquelle sera mise en place une Assemblée constituante qui serait représentative de l’ensemble de la société algérienne, toutes tendances confondues. Dans notre cas, la Constitution devrait être nouvelle. C’est-à-dire construire une 2e République.
Il ne faut pas non plus omettre de faire appel aux hommes et aux femmes historiques encore de ce monde, tels que Monsieur Hocine Aït Ahmed (membre suppléant du Congrès de la Soummam), Monsieur Rédha Malek (membre du GPRA), Monsieur Méchati (membre du groupe des «22»), Monsieur Lakhdar El Ibrahimi, Monsieur Taleb El Ibrahimi, Monsieur Ali Yahia Abdennour, et enfin la Grande Dame Djamila Bouhired (représentante exclusive de la femme algérienne). Auxquels il faut également associer le président Liamine Zeroual, qui aura à charge d’assurer l’intérim à la tête de l’Etat, sous l’appellation : le Haut Comité pour la Transition. Le temps d’élaborer une véritable Constitution républicaine qui sera soumise à la base pour discussion et enrichissement avant son adoption par un référendum populaire.
La durée de la transition ne doit pas dépasser, en aucun cas, les 24 mois. Le président Liamine Zeroual aura à charge de convoquer et d’organiser une Conférence nationale, où toutes les couches sociales politiques et apolitiques intérieures et extérieures seront présentes. Aucune exclusion n’est permise. Le mot d’ordre pour réussir cette conférence serait : «Aucun tabou n’est à exclure. Aucune constante imposée ne doit être prise. Tout doit être discuté en toute transparence».
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