Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Qui veut jouer à la politique agricole en 1962- 1965 - 1967 ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Qui veut jouer à la politique agricole en 1962- 1965 - 1967 ?

    Suite aux diverses interventions à propos de Boumediene , je reprends un questionnement que je m'étais fait à moi même quand j'étudiais l'Economie et l'Histoire . Evidemment , ma réponse etait facile " il fallait laisser aussi le paysan, l'exploitant agricole faire le marché agricole " .. Réponse simple mais apres reflexion , je me dis qu'en Algerie en 63 65 la question agricole, paysanne etait peut être pas si simple que cela

    Abstraction des histoires de clans, d'ambitions de leadership entre tous les membres de GPRA et ALN , ,les Boudiaf , les Boumediene ,les Aït Ahmed , les Benkhedda, les Krim , les F Abbas , les Ben Bella.....

    Abstraction des jugements sur l'exercice du pouvoir politique par l'un ou l'autre, ma question porte sur le choix de politique agricole .


    Je plante le décor à peu près , Vous êtes au pouvoir en 1966, 1967 , vous êtes à la place du groupe Boumediene ,avec les Bitat, Merbah , Bouteflika, et Cie ...... , ..vous avez "sur les bras" ..quelques millions de ruraux qui n'avaiennt pas de terre, pas même un lopin familial ( anciens ouvriers agricoles, journaliers) , vous avez beaucoup de déplacés, parmi les familles de paysans propriétaires ( petite exploitation ou exploitation familiale) ..certaines ne sont pas en mesure de reprendre l'activité ....et vous avez un deficit à combler en matiere de competences techniques pour la grande production.


    les 2 /3 de la planete sont travaillés par les idées socialistes et l'ensemble (GPRA et Groupe Boumediene- Ben Bella etc ) avait d'ailleurs validé cette orientation dans une reunion ( voir video postée " document sur la revolution independantiste ) .
    ( de tous , c'est Benkhedda qui etait semble t il selon les historiens le moins marxisant , le moins "socialisme d'Etat" ) ..donc c'est une orientation validée collectivement de redistribution de terres ( à des sans terre ) et de grandes fermes d'Etat qui a la préférence.

    " une liberation du fellah de l'exploitation " et objectif d'autosuffisance nationale "

    Quelques années apres , constat a été fait que le bilan de l'Agriculture algerienne etait pas bon sans être catastrophique.

    Si l'on compare, ça a mieux marché en Yougoslavie que dans d'autres pays de l'Est mais attention aux jugements hâtifs sur les systemes , à l'Ouest ( loin de l'influence socialisante ) des paysans criaient misere en Irlande, au Portugal .( salariés agricoles dans les années fin 50 , 60 en Espagne franquiste conservatrice de droite , monarchiste et d'economie de marché ..c'etait pas jojo ...( des films ont été faits ..ça en sonnerait plus d'un !)

    Bref et Vous ? En 1965, 1966 , en Algerie , dans un tel contexte , comment auriez vous organisé l'agriculture algérienne, l'economie agricole .....et avec qui ????

    La critique est legitime mais a posteriori elle est aussi aisée alors voyons donc la technicité maintenant, les alternatives.

    Sachant qu'il y a un écueil ( d'ailleurs condamné par les vrais tenants de l'economie de marché réelle ) à savoir pas de concentration , pas de monopole privé sur une production , un produit . La logique capitalistique est d'ailleurs parfois, passablement entravée par les lois anti ententes , anti trusts..justement pour assainir le marché .

    Donc vous ne devez pas non plus favoriser l'emergence une grande bourgeoisie terrienne ( grands propriétaires terriens , ni de situation monopolistique même locale sinon il y aurait grande contrariété avec les idéaux de la revolution de 54.

    Alors ? comment auriez vous fait? qu'auriez vous fait ? ..et avec qui parmi la trentaine de personnes des groupes GPRA ET ALN ????
    Dernière modification par Sioux foughali, 03 janvier 2015, 00h44.

  • #2
    Sioux foughali
    Je plante le décor à peu près , Vous êtes au pouvoir en 1966, 1967 , vous êtes à la place du groupe Boumediene ,avec les Bitat, Merbah , Bouteflika, et Cie ...... , ..vous avez "sur les bras" ..quelques millions de ruraux qui n'avaiennt pas de terre, pas même un lopin familial ( anciens ouvriers agricoles, journaliers) , vous avez beaucoup de déplacés, parmi les familles de paysans propriétaires ( petite exploitation ou exploitation familiale) ..certaines ne sont pas en mesure de reprendre l'activité ....et vous avez un deficit à combler en matiere de competences techniques pour la grande production.
    Sioux foughali

    Là, vraiment, tu nous pose une colle !

    Je sais qu'il aurait beaucoup de FAIstes qui vont se lancer comme des connaisseurs en la matière.
    Mais en réalité est que ce n'est pas aussi facile d'y répondre.

    Car si on se met à la place de Boumedienne dans cette situation de 1966, heureux celui qui sera en mesure de dégager tout seul la solution qui marche vraiment.

    En faisant abstraction de son idéologie, les intentions affichées de Boumediene me paraissent bonnes car il tentait non seulement :
    • de redistribuer des grandes terres et propriétés spoliées par les ex-colons et des algériens qui ont profité du départ des colons,
    • de relancer l'agriculture complètement archaique,
    • mais surtout de briser le système féodal des khemmass, et particulièrement l'injustice créée par cette sorte de métayage.

    Malheureusement, même si ses intentions étaient bonnes (à première vue, biensur), toute solution choisie ne peut-être très bonne en soi, que SI et seulement SI, celui qui veut la mettre en place, est suffisamment bien entourés par une vraie équipe compétente, pour l'élaborer, la mettre en place, la suivre, et la rectifier le tir si nécessaire.

    Malheureusement ceux qui formaient l'équipe de Boumedienne n'étaient pas aussi compétents et ni aussi convaincu de sa justesse. Dixit son propre ministre Taibi larbi.

    Et si on rajoute les velléités de chaque clans pour reprendre le pouvoir, les menaces extérieurs, des DAFs ...etc. Ca devient rudement complexe à mettre en place.

    De plus, toute politique hégémonique, et décidée d'en haut créé sans tenir compte des préoccupations légitimes de ceux qui sont à la base (c'est à dire les vrais fellahs), amène à de vrais dégâts. Et c'est ce qui est arrivé avec la révolution agraire. Il a créé une vraie en injustice en retirant certaines terres à ceux qui connaissaient mieux que quiconque le travail de leur terre ancestrale, pour la donner à ceux qui n'y connaissant rien du tout. Un vrai désastre !

    Pour ma part, si j'étais à la place de Boumedienne, j'aurai vraiment beaucoup de difficultés à avancer dans un tel contexte et avec un tel entourage. Donc, pas si évident du tout.

    Et même si moi-même, je n'avais pas de compétences en la matière, je me serai plus appuyé sur une sorte d'intelligence collective. EN gros, la solution à ce problème ne viendra pas de moi, ni de mon équipe, mais de tous ceux qui sont concernés par mon projet. C'est à dire, et en premier lieu, les fellahs, les vrais propriétaires terriens, les algériens qui ont été spoliés de leur terre par les colons, les structures de l'état ...etc

    En effet, je travaillerai collectivement, et main dans la main avec ces premiers concernés, ceux qui ont les compétences, ceux qui croient en mes idéaux, en mes enjeux, et en mes intentions, pour trouver et tester ensemble des solutions qui marchent, puis pour convaincre les autres, et gérer les résistances aux changements en impliquant tout le monde dans les choix à effectuer, et ce, à toutes les étapes du projet.

    C'est le seul gage de réussite de ce programme/projet.

    Cette manière d'impliquer tout le monde, fait que même si la solution initiale ne s'avère pas la bonne au début, elle aura été amendée par tous, rectifiée, ou totalement changée en cours de chemin, pour qu'à la fin du processus, la solution émergente soit obligatoirement full opérationnelle et totalement réussie.

    Ce mode de gouvernance qui fait émerger la solution collectivement, n'est pas de tout repos. Loin de là.
    Car elle amène nécessairement à des grosses frictions, à des grands antagonismes, et à de grandes résistances au changement, qu'il faut à chaque fois savoir dépasser, et solutionner de façon consensuelle.

    Boumedienne avait peut-être l'autorité et le charisme pour mener son projet. Mais ce n'est pas du tout suffisant.
    • En effet, avait-il vraiment la volonté d'impliquer tout le monde et de gérer ce projet de manière collégiale ?
    • Et si volonté il avait, avait-il les compétences pour mettre en pratique ce mode de gouvernance ?

    Je ne crois pas du tout.

    En résumé, face à une situation très conflictuelle, de manque d'informations et/ou de connaissances, et de grandes incertitudes, la seule solution qui reste est d'impliquer tous les premiers concernés dans le projet, pour espérer le réussir.

    Voilà mes quelques éléments de réponse à ta question.
    Dernière modification par absent, 03 janvier 2015, 14h31.

    Commentaire


    • #3
      Envoyé par Sioux foughali
      ...
      Alors ? comment auriez vous fait? qu'auriez vous fait ? ..et avec qui parmi la trentaine de personnes des groupes GPRA ET ALN ????
      Ce n'est pas sorcier Sioux!!!

      Il fallait être juste. Pour cela, il fallait plancher sur notre histoire ( je pense qu'il fallait remonter au moins à 1515 pour englober les deux périodes turque et française ). Suite aux spoliations turques et françaises, une recherche sur l'origine de la propriété était nécessaire. Après ce travail de recherche, il fallait rendre la propriété à ses véritables propriétaires.

      Malheureusement le pouvoir qui s'était installé n'était ni juste ni légitime. Sa nature était despotique. C'était donc à une politique despotique qu'il fallait s'attendre. toutes les lois ont été faites dans cet esprit.

      P.

      Commentaire


      • #4
        La révolution agraire fut programmée bien auparavant que l'Algérie accède à l'indépendance. Et, il faut reconnaître que le coup fut ingénieux dès lors qu'il résultait le départ de tous colons terriens. De plus, puisque pour Belkacem la réforme agraire était inégociable, elle détournait ainsi l'interdiction d'expropriation stipulée dans les Accords d'Evian.

        Commentaire


        • #5
          rago
          La révolution agraire fut programmée bien auparavant que l'Algérie accède à l'indépendance. Et, il faut reconnaître que le coup fut ingénieux dès lors qu'il résultait le départ de tous colons terriens. De plus, puisque pour Belkacem la réforme agraire était inégociable, elle détournait ainsi l'interdiction d'expropriation stipulée dans les Accords d'Evian.
          Effectivement, les intentions étaient bonnes. Très bonnes même !

          Mais c'est le mode de gouvernance choisit qui ne permettait pas de mener un projet d'une telle envergure.

          Ce qui a mené non seulement à un échec cuisant de la révolution agraire, mais surtout à détruire toute une agriculture résiduelle, artisanale, et ancestrale qui subsistait jusqu'alors.

          Commentaire


          • #6
            @Jazïr: votre conclusion est pertinente. Collectiviser l'agriculture fut une grave erreur car l'esprit algérien n'est pas celui des Russes, Chinois ou Yougoslaves, nations qui ont aussi échoué mais d'ampleur moins grave.

            Et que dire de l'hôtellerie, secteur où le "je m'en foutisme" est criard?

            Commentaire


            • #7
              Il fallait être juste. Pour cela, il fallait plancher sur notre histoire ( je pense qu'il fallait remonter au moins à 1515 pour englober les deux périodes turque et française ). Suite aux spoliations turques et françaises, une recherche sur l'origine de la propriété était nécessaire. Après ce travail de recherche, il fallait rendre la propriété à ses véritables propriétaires.
              tu penses vraiment que ceci etait possible ?

              Commentaire


              • #8
                la révolution agraire de boumedienne est le grand échec après l’indépendance , pourquoi? le pays avait une agriculture , maintenant rien wallou zero , meme l'oignon et l'ail est importé.
                il nya que les nostalgique de la propagande "he mamia tawra ziraya"qui défendent encore ce massacre.
                "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

                Commentaire


                • #9
                  le bon sens voudrait que la terre appartienne à celui qui la travaille le mieux et qui nourrit la communauté..bref, elle devrait appartenir au plus méritant.
                  cela dit, je conviens du fait que les questions tribales sont difficile à régler (des fois au sein d'une même famille).

                  Commentaire


                  • #10
                    En effet, je travaillerai collectivement, et main dans la main avec ces premiers concernés, ceux qui ont les compétences, ceux qui croient en mes idéaux, en mes enjeux, et en mes intentions, pour trouver et tester ensemble des solutions qui marchent, puis pour convaincre les autres, et gérer les résistances aux changements en impliquant tout le monde dans les choix à effectuer, et ce, à toutes les étapes du projet.

                    C'est le seul gage de réussite de ce programme/projet.

                    Cette manière d'impliquer tout le monde, fait que même si la solution initiale ne s'avère pas la bonne au début, elle aura été amendée par tous, rectifiée, ou totalement changée en cours de chemin, pour qu'à la fin du processus, la solution émergente soit obligatoirement full opérationnelle et totalement réussie.

                    Ce mode de gouvernance qui fait émerger la solution collectivement, n'est pas de tout repos. Loin de là.
                    Car elle amène nécessairement à des grosses frictions, à des grands antagonismes, et à de grandes résistances au changement, qu'il faut à chaque fois savoir dépasser, et solutionner de façon consensuelle.
                    @ Jazaïr
                    Je suis d'accord avec toi, l'idée de l'intelligence collective est d'une manière genérale pas assez retenue . C'est dommage ..

                    Toujours cette obsession du chef , ( et de plus la notion de leader est pas celle de chef )

                    Commentaire


                    • #11
                      Envoyé par amicalement
                      ...
                      tu penses vraiment que ceci etait possible ?
                      Oui. C'était possible mais il fallait de la volonté et c'était là le hic. Le pouvoir despotique n'était pas animé d'une volonté de justice.

                      P.

                      Commentaire


                      • #12
                        Envoyé par zemfir
                        la révolution agraire de boumedienne est le grand échec après l’indépendance , pourquoi? le pays avait une agriculture , maintenant rien wallou zero , meme l'oignon et l'ail est importé.
                        il nya que les nostalgique de la propagande "he mamia tawra ziraya"qui défendent encore ce massacre.
                        Je pourrais écrire un livre sur ça mais ça ne sert à rien. Le ver était déjà dans le fruit.

                        C'était l'époque du volontariat. J'étais jeune lycéen de condition modeste. Chaque été, je voulais travailler pour avoir un peu d'argent pour mes études. Walou, partout où je demandai du travail d'été, on me fermait les portes en me disant : " il faut aller faire du volontariat ". J'ai fini par aller faire ce volontariat où j'ai failli perdre ma vie écrasé par un tracteur de la CAPRA ( Coopérative de Production de la Révolution Agraire ). Je garde en moi doublement les cicatrices de cette aventure. Durant ce volontariat, j'ai eu à me pencher sur les circuits de production et de distribution. Les magouilles commençaient à la CAPCS ( première structure de commercialisation de la production ) ensuite à la COFEL au niveau de la wilaya pour finir à l'OFLA à l'échelle nationale.

                        Après l'échec, l’abandon puis l'accaparement et la spoliation des terres.

                        Tout ce qu'il y a de normal dans un schéma despotique.

                        P.

                        Commentaire


                        • #13
                          Bonjour tout le monde !

                          Cette politique agricole a été catastrophique !
                          Ils ont complétement dénaturé le fellah portant le seroual traditionnel en le réduisant à un camarade fonctionnaire agricole portant costume et cravate à la mode communiste.

                          De ce fait le fellah a perdu ces repères et pire son feeling !
                          Le tracteur a remplacé trop vite l'araire et les mulets !
                          L'industrie industrialisante est née à partir de là..
                          Les traditions ont fondues comme neige sous le soleil...

                          Nous sommes la résultante du génie socialo-communisto-zaiimique !!!

                          A+.
                          La pire chose pour l'Homme, serait qu'il meurt idiot.
                          De grâce épargnez-moi la prolixe, la syntaxe et la chiffrerie à tout va
                          .
                          Merci.
                          " TOUCHE PAS A MA NAPPE ALBIENNE "

                          Commentaire


                          • #14
                            Merci Pangeen pour ton récit.

                            C'est toujours intéressant de lire des expériences , du vécu comme de voir des documentaires avec des témoins qui racontent


                            Dans ton cas, il s'agissait à la base d'une coopérative de petits paysans chapeautée par l'administration ??


                            Y a eu aussi entre autres, la formule algérienne du sovkoz sovietique ( hameau/village de paysans salariés d'une très grande ferme/ exploitation agricole d'Etat ) ( je les appelle les "grandes fermes d'Etat")
                            Dernière modification par Sioux foughali, 06 janvier 2015, 21h02.

                            Commentaire

                            Chargement...
                            X