Quelques milliers d’Algériens ont manifesté contre la “Une” de Charlie Hebdo. Programmées pour débuter à l’issue de la prière, ces manifestations, emmenées par des fidèles et des imams, sont donc l’expression de la colère de musulmans d’Algérie.
Mais, à Alger, les marcheurs ne se sont pas limités à crier leur colère envers l’acte blasphématoire de la publication. Les organisateurs ont pris soin d’accompagner leur message de colère de slogans promouvant l’État islamique (“alayha nahya, alayha namout…”) et d’autres exprimant de leur soutien aux auteurs du massacre de Charlie Hebdo (Kouachi chouhada !).
Tout le monde aura été surpris de voir se rééditer un vendredi des années 1990 ou 1991 à Alger. Et beaucoup de commentaires ont exprimé ce sentiment de déjà vu. Les autorités en premier ont été prises au dépourvu : elles furent contraintes de renforcer les troupes à mesure qu’elles réévaluaient, d’heure en heure, le nombre et l’agressivité des manifestants. C’est peut-être, depuis de longues années, le premier évènement qui bat en brèche l’illusion que le FIS c’est du passé.
Le pouvoir semble avoir eu la naïve conviction que les initiateurs de la marche allaient se suffire de faire parvenir en France le message désapprouvant la publication récidiviste d’une caricature du prophète. Et qu’Ali Benhadj et ses adeptes auraient renoncé à leur projet. Non, surtout pas maintenant qu’ils ont un régime qui leur facilite la tâche en leur disputant leurs références rigoristes ! Un régime plus prompt à consulter les riverains quand il s’agit d’autoriser l’ouverture d’un bar que lorsqu’il s’agit d’inaugurer un champ d’exploitation de gaz de schiste !
Dans le cadre de sa politique “réconciliation nationale”, le pouvoir a abandonné la société, l’école et les médias aux islamistes contre l’espoir de le voir lui concéder le monopole de la scène politique. Croyant à l’habileté de sa stratégie, le régime a cultivé la chimère de pouvoir sous-traiter le contrôle de la société à l’intégrisme, se réservant la commode tâche d’étouffer et de réprimer la cause démocratique résiduelle.
En fermant les yeux sur le harcèlement obscurantiste des citoyens et leur “désalphabétisation” et médiatique, le pouvoir croit s’assurer le soutien des islamistes. Il tolère ainsi qu’un Hamadache appelle au meurtre d’un écrivain démocrate, que des marches s’organisent à partir de la mosquée et embarque les animateurs de Barakat à leur première apparition. Il faut faire mine d’ignorer l’essence opportuniste de tout projet totalitaire pour croire à ce pacte qui voue la société à l’islamisme et les institutions aux clans.
Un autre mirage s’est dissipé vendredi : celui de croire que la “stabilité” du régime est indéfiniment assurée par la tolérance du commerce parallèle et par la prodigalité de l’Ansej. D’une part, les ressources nécessaires à la stratégie de bazar ne sont pas intarissables et, d’autre part, la prébende n’a jamais constitué un antidote à l’ambition politique.
L’islamisme belliqueux n’agite jamais d’emblée son appétit de pouvoir. On le sait depuis le 5 Octobre 1988 : il préfère se soulever d’abord en victime. En attendant de tester la résistance.
Charlie Hebdo lui a offert l’opportunité de ce coup d’essai. Il est peut-être déjà en phase de concevoir la manière de le transformer.
Source: Liberté
Mais, à Alger, les marcheurs ne se sont pas limités à crier leur colère envers l’acte blasphématoire de la publication. Les organisateurs ont pris soin d’accompagner leur message de colère de slogans promouvant l’État islamique (“alayha nahya, alayha namout…”) et d’autres exprimant de leur soutien aux auteurs du massacre de Charlie Hebdo (Kouachi chouhada !).
Tout le monde aura été surpris de voir se rééditer un vendredi des années 1990 ou 1991 à Alger. Et beaucoup de commentaires ont exprimé ce sentiment de déjà vu. Les autorités en premier ont été prises au dépourvu : elles furent contraintes de renforcer les troupes à mesure qu’elles réévaluaient, d’heure en heure, le nombre et l’agressivité des manifestants. C’est peut-être, depuis de longues années, le premier évènement qui bat en brèche l’illusion que le FIS c’est du passé.
Le pouvoir semble avoir eu la naïve conviction que les initiateurs de la marche allaient se suffire de faire parvenir en France le message désapprouvant la publication récidiviste d’une caricature du prophète. Et qu’Ali Benhadj et ses adeptes auraient renoncé à leur projet. Non, surtout pas maintenant qu’ils ont un régime qui leur facilite la tâche en leur disputant leurs références rigoristes ! Un régime plus prompt à consulter les riverains quand il s’agit d’autoriser l’ouverture d’un bar que lorsqu’il s’agit d’inaugurer un champ d’exploitation de gaz de schiste !
Dans le cadre de sa politique “réconciliation nationale”, le pouvoir a abandonné la société, l’école et les médias aux islamistes contre l’espoir de le voir lui concéder le monopole de la scène politique. Croyant à l’habileté de sa stratégie, le régime a cultivé la chimère de pouvoir sous-traiter le contrôle de la société à l’intégrisme, se réservant la commode tâche d’étouffer et de réprimer la cause démocratique résiduelle.
En fermant les yeux sur le harcèlement obscurantiste des citoyens et leur “désalphabétisation” et médiatique, le pouvoir croit s’assurer le soutien des islamistes. Il tolère ainsi qu’un Hamadache appelle au meurtre d’un écrivain démocrate, que des marches s’organisent à partir de la mosquée et embarque les animateurs de Barakat à leur première apparition. Il faut faire mine d’ignorer l’essence opportuniste de tout projet totalitaire pour croire à ce pacte qui voue la société à l’islamisme et les institutions aux clans.
Un autre mirage s’est dissipé vendredi : celui de croire que la “stabilité” du régime est indéfiniment assurée par la tolérance du commerce parallèle et par la prodigalité de l’Ansej. D’une part, les ressources nécessaires à la stratégie de bazar ne sont pas intarissables et, d’autre part, la prébende n’a jamais constitué un antidote à l’ambition politique.
L’islamisme belliqueux n’agite jamais d’emblée son appétit de pouvoir. On le sait depuis le 5 Octobre 1988 : il préfère se soulever d’abord en victime. En attendant de tester la résistance.
Charlie Hebdo lui a offert l’opportunité de ce coup d’essai. Il est peut-être déjà en phase de concevoir la manière de le transformer.
Source: Liberté
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