Vous resterez pour nous un repère dans cette nuit de l'intellect
«Le patriotisme aujourd'hui c'est la démocratie» Hocine Ait Ahmed (l'un des six architectes de la glorieuse Révolution de Novembre)
Voilà un sujet de philosophie au baccalauréat, à proposer aux élèves de terminale qui sont plus âgés que l'âge auquel le jeune lycéen Hocine Ait Ahmed a commencé à militer. Qu'est-ce qu'être patriote au XXIe siècle et pourquoi nous avons besoin de réhabiliter la démocratie qui, comme chacun le sait existait dans nos assemblées du village «Thadjma'ethe» Pour l'histoire on raconte que même Donat fut offusqué par la désignation des évêques autrement que par le vote pour celui qui est le meilleur pour diriger la communauté. Le donatisme et les circoncellions eurent à se battre il y a deux mille ans contre le pouvoir romain aidé en cela par un autre Berbère Augustin. C'est dire si la démocratie est consubstantielle de l'âme berbère. Qui connaît parmi les jeunes Algériens de ce XXIe siècle de tous les dangers, Ait Ahmed qu'ils découvrent suite à son décès loin de la mère patrie que les vicissitudes d'une histoire que l'on peut résumer en un mot, celle d'un homme debout qui a fait de la devise «» «Annaraz oula nakhnou» «Plutôt se briser que de rester à genoux», un sacerdoce d'une vie au service de la liberté et des droits humains? Ce cri de ces Algériens millénaires qui résument la résilience à huit envahisseurs différents depuis trois mille ans.
Qui connaît ce révolutionnaire de trente ans traqué dès son jeune âge de lycéen (16 ans), vivant dans la clandestinité et qui à vingt ans s'affirmait déjà comme un chef? Les jeunes actuels - non instruits dans l'histoire de leur pays, toute l'histoire rien que l'histoire- donnent l'impression d'une fausse indifférence et ce ne sont pas des documentaires, toujours les mêmes, que la Télévision nationale réchauffe et des déclarations tardives par des personnalités politiques qui pour la plupart n'ont pas vécu la glorieuse révolution.
Une leçon de vie
Pour nous rendre compte de ce feu sacré qui a entretenu la flamme de la vie de Ait Ahmed, ce sacerdoce qui animait les jeunes de ce temps et qui peut traduire la réalité du vécu de la foi en la révolution, en l'inéluctabilité de l'indépendance, je veux porter un témoignage discret anonyme de celles et ceux qui les ont portées. Justement, il m'a été donné d'écouter sur la Chaîne 3, le 26 décembre de 13h-14h le témoignage de cinq Algériennes - nos mères, nos soeurs, nos aînées- et de leur part de lutte pour une patrie fantasmée. Avec simplicité, avec des mots justes, avec conviction ces cinq jeunes filles à l'époque (autour de la vingtaine d'années) ont expliqué pourquoi elles ont décidé de se battre contre le pouvoir colonial, comment fut leur formation à la fois militaire et politique au sein du Malg, et ensuite comment elles ont traversé la frontière après leur formation, leurs marches éreintantes pour rejoindre leurs postes au maquis (jusqu'à 50 km), les rencontres avec des femmes rurales qui montaient la garde et qui ensuite faisaient tout ce qui était en leur possible pour atténuer la fatigue des moudjahidate, notamment en les nourrissant du mieux qu'elles pouvaient. Ces lignes sont là pour rendre compte du feu sacré qui habitait ces révolutionnaires en herbe. La plupart de ceux qui ont fait la révolution étaient trentenaires. Ait Ahmed avait 30 ans juste lors du congrès de la Soummam. C'est dire si nous sommes des nains juchés sur les épaules de ces géants. Je ne vais pas redire tout ce que l'on sait et ne pas répéter les mêmes témoignages, je vais essayer de décrire pourquoi ce révolutionnaire au plein sens du terme a sacrifié sa jeunesse, une vie paisible en faisant, comme beaucoup, «le minimum syndical» pour la révolution et revendiquer ensuite sa part de butin déclinée d'une façon multiforme.
On peut peut-être ne pas comprendre- sans avoir la prétention de porter un jugement de valeur- certaines positions de l'un de ces pères de la Nation (le dernier des neuf historiques), mais on doit objectivement constater que ses positions de principe dénotent d'un caractère trempé. L'ancien président Liamine Zeroual a raison d'écrire dans un message à la famille du défunt, mais aussi, nous le revendiquons à toutes les Algériennes et tous les Algériens: «L'ancien combattant de l'indépendance est un «symbole d'abnégation, de rigueur, de ténacité et surtout de morale». «L'Algérie vient de perdre aujourd'hui un symbole et un grand patriote. C'est l'un des derniers pères de la nation qui disparaît. Son pays présent à tous les instants dans son coeur.» On comprend de ce fait que pour Ait Ahmed, le pays n'était pas libre, il était encore à libérer et Dieu sait de combien de jougs.
Qui est Ait Ahmed?
Sans aller jusqu'à rapporter l'historiographie officielle, rappelons quelques jalons de soixante-dix ans de combat pour l'indépendance de l'Algérie puis pour une Algérie démocratique.: «Lycéen à Ben Aknoun à l'âge de seize ans, il s'engage dans le Mouvement national, en adhérant au Parti du peuple algérien (PPA). Accusé de connivence avec le groupe des Berbéristes, il quitte la tête de l'OS et gagne l'Egypte où il va constituer avec Ben Bella et Mohamed Khider le premier noyau de la diplomatie de l'Algérie combattante. Son parcours est aussi jalonné d'exploits diplomatiques (conférence de Bandung en 1955), avant son arrestation avec quatre autres dirigeants du FLN dans le célèbre détournement d'avion, en octobre 1956.»(1) Puis ce fut le rapt de la France des six révolutionnaires dont Hocine Ait Ahmed et la prison jusqu'en 1962.
Les velléités autoritaires nées dès l'indépendance acquise ont poussé Hocine Ait Ahmed à choisir la voie de l'opposition politique pour perpétuer l'idéal de Novembre. «L'adoption du projet de Constitution dans une salle de cinéma, Le Majestic (actuelle salle Atlas de Bab El Oued), était une volonté délibérée d'humilier l'Assemblée nationale constituante.» Le président de l'Assemblée nationale, Ferhat Abbas démissionne de son poste pour protester contre la fascisation du pouvoir. «Ou c'est la fascisation morale, la mort pour notre peuple, ou bien la résurrection de notre Révolution.» En juillet 1963 il annonce sa démission de toutes ses activités officielles, alors qu'il était élu à l'Assemblée constituante. Le 29 septembre, il crée le maquis du Front des forces socialistes. Arrêté il fut mis en prison, il s'en évadera au bout de quelques mois pour reprendre définitivement le chemin de l'exil.» (1)
«L'Algérie, perd l'un des derniers pionniers du Mouvement national, mais aussi l'un des opposants les plus farouches et les plus coriaces au pouvoir. Depuis son retour d'exil en 1989, Ait Ahmed a réussi, grâce à son aura d'homme historique, à s'imposer rapidement sur la scène politique et à faire de son parti une force politique incontournable. Connu pour son slogan «Ni Etat policier ni Etat intégriste», son parti, le FFS, s'est toutefois peu à peu aligné sur la thèse favorable au retour du FIS. Son opposition à tous crins va l'amener en 1995 à pactiser avec le FIS et le FLN d'Abdelhamid Mehri autour du contrat de Rome, qui réclamait la réhabilitation du parti dissous, après l'interruption des législatives de 1992.» (1)
«Le patriotisme aujourd'hui c'est la démocratie» Hocine Ait Ahmed (l'un des six architectes de la glorieuse Révolution de Novembre)
Voilà un sujet de philosophie au baccalauréat, à proposer aux élèves de terminale qui sont plus âgés que l'âge auquel le jeune lycéen Hocine Ait Ahmed a commencé à militer. Qu'est-ce qu'être patriote au XXIe siècle et pourquoi nous avons besoin de réhabiliter la démocratie qui, comme chacun le sait existait dans nos assemblées du village «Thadjma'ethe» Pour l'histoire on raconte que même Donat fut offusqué par la désignation des évêques autrement que par le vote pour celui qui est le meilleur pour diriger la communauté. Le donatisme et les circoncellions eurent à se battre il y a deux mille ans contre le pouvoir romain aidé en cela par un autre Berbère Augustin. C'est dire si la démocratie est consubstantielle de l'âme berbère. Qui connaît parmi les jeunes Algériens de ce XXIe siècle de tous les dangers, Ait Ahmed qu'ils découvrent suite à son décès loin de la mère patrie que les vicissitudes d'une histoire que l'on peut résumer en un mot, celle d'un homme debout qui a fait de la devise «» «Annaraz oula nakhnou» «Plutôt se briser que de rester à genoux», un sacerdoce d'une vie au service de la liberté et des droits humains? Ce cri de ces Algériens millénaires qui résument la résilience à huit envahisseurs différents depuis trois mille ans.
Qui connaît ce révolutionnaire de trente ans traqué dès son jeune âge de lycéen (16 ans), vivant dans la clandestinité et qui à vingt ans s'affirmait déjà comme un chef? Les jeunes actuels - non instruits dans l'histoire de leur pays, toute l'histoire rien que l'histoire- donnent l'impression d'une fausse indifférence et ce ne sont pas des documentaires, toujours les mêmes, que la Télévision nationale réchauffe et des déclarations tardives par des personnalités politiques qui pour la plupart n'ont pas vécu la glorieuse révolution.
Une leçon de vie
Pour nous rendre compte de ce feu sacré qui a entretenu la flamme de la vie de Ait Ahmed, ce sacerdoce qui animait les jeunes de ce temps et qui peut traduire la réalité du vécu de la foi en la révolution, en l'inéluctabilité de l'indépendance, je veux porter un témoignage discret anonyme de celles et ceux qui les ont portées. Justement, il m'a été donné d'écouter sur la Chaîne 3, le 26 décembre de 13h-14h le témoignage de cinq Algériennes - nos mères, nos soeurs, nos aînées- et de leur part de lutte pour une patrie fantasmée. Avec simplicité, avec des mots justes, avec conviction ces cinq jeunes filles à l'époque (autour de la vingtaine d'années) ont expliqué pourquoi elles ont décidé de se battre contre le pouvoir colonial, comment fut leur formation à la fois militaire et politique au sein du Malg, et ensuite comment elles ont traversé la frontière après leur formation, leurs marches éreintantes pour rejoindre leurs postes au maquis (jusqu'à 50 km), les rencontres avec des femmes rurales qui montaient la garde et qui ensuite faisaient tout ce qui était en leur possible pour atténuer la fatigue des moudjahidate, notamment en les nourrissant du mieux qu'elles pouvaient. Ces lignes sont là pour rendre compte du feu sacré qui habitait ces révolutionnaires en herbe. La plupart de ceux qui ont fait la révolution étaient trentenaires. Ait Ahmed avait 30 ans juste lors du congrès de la Soummam. C'est dire si nous sommes des nains juchés sur les épaules de ces géants. Je ne vais pas redire tout ce que l'on sait et ne pas répéter les mêmes témoignages, je vais essayer de décrire pourquoi ce révolutionnaire au plein sens du terme a sacrifié sa jeunesse, une vie paisible en faisant, comme beaucoup, «le minimum syndical» pour la révolution et revendiquer ensuite sa part de butin déclinée d'une façon multiforme.
On peut peut-être ne pas comprendre- sans avoir la prétention de porter un jugement de valeur- certaines positions de l'un de ces pères de la Nation (le dernier des neuf historiques), mais on doit objectivement constater que ses positions de principe dénotent d'un caractère trempé. L'ancien président Liamine Zeroual a raison d'écrire dans un message à la famille du défunt, mais aussi, nous le revendiquons à toutes les Algériennes et tous les Algériens: «L'ancien combattant de l'indépendance est un «symbole d'abnégation, de rigueur, de ténacité et surtout de morale». «L'Algérie vient de perdre aujourd'hui un symbole et un grand patriote. C'est l'un des derniers pères de la nation qui disparaît. Son pays présent à tous les instants dans son coeur.» On comprend de ce fait que pour Ait Ahmed, le pays n'était pas libre, il était encore à libérer et Dieu sait de combien de jougs.
Qui est Ait Ahmed?
Sans aller jusqu'à rapporter l'historiographie officielle, rappelons quelques jalons de soixante-dix ans de combat pour l'indépendance de l'Algérie puis pour une Algérie démocratique.: «Lycéen à Ben Aknoun à l'âge de seize ans, il s'engage dans le Mouvement national, en adhérant au Parti du peuple algérien (PPA). Accusé de connivence avec le groupe des Berbéristes, il quitte la tête de l'OS et gagne l'Egypte où il va constituer avec Ben Bella et Mohamed Khider le premier noyau de la diplomatie de l'Algérie combattante. Son parcours est aussi jalonné d'exploits diplomatiques (conférence de Bandung en 1955), avant son arrestation avec quatre autres dirigeants du FLN dans le célèbre détournement d'avion, en octobre 1956.»(1) Puis ce fut le rapt de la France des six révolutionnaires dont Hocine Ait Ahmed et la prison jusqu'en 1962.
Les velléités autoritaires nées dès l'indépendance acquise ont poussé Hocine Ait Ahmed à choisir la voie de l'opposition politique pour perpétuer l'idéal de Novembre. «L'adoption du projet de Constitution dans une salle de cinéma, Le Majestic (actuelle salle Atlas de Bab El Oued), était une volonté délibérée d'humilier l'Assemblée nationale constituante.» Le président de l'Assemblée nationale, Ferhat Abbas démissionne de son poste pour protester contre la fascisation du pouvoir. «Ou c'est la fascisation morale, la mort pour notre peuple, ou bien la résurrection de notre Révolution.» En juillet 1963 il annonce sa démission de toutes ses activités officielles, alors qu'il était élu à l'Assemblée constituante. Le 29 septembre, il crée le maquis du Front des forces socialistes. Arrêté il fut mis en prison, il s'en évadera au bout de quelques mois pour reprendre définitivement le chemin de l'exil.» (1)
«L'Algérie, perd l'un des derniers pionniers du Mouvement national, mais aussi l'un des opposants les plus farouches et les plus coriaces au pouvoir. Depuis son retour d'exil en 1989, Ait Ahmed a réussi, grâce à son aura d'homme historique, à s'imposer rapidement sur la scène politique et à faire de son parti une force politique incontournable. Connu pour son slogan «Ni Etat policier ni Etat intégriste», son parti, le FFS, s'est toutefois peu à peu aligné sur la thèse favorable au retour du FIS. Son opposition à tous crins va l'amener en 1995 à pactiser avec le FIS et le FLN d'Abdelhamid Mehri autour du contrat de Rome, qui réclamait la réhabilitation du parti dissous, après l'interruption des législatives de 1992.» (1)
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