KSENTINI À PROPOS DES PERSONNES IMPLIQUÉES DANS DES AFFAIRES DE CORRUPTION :
«On a amnistié des terroristes pourquoi pas eux ?»
Embarrassé par la série de scandales impliquant de hauts responsables algériens dans des affaires de corruption, le pouvoir est aujourd’hui à la recherche d’une voie de sortie passible d’apaiser la situation. L’une des options qui pourrait voir le jour passerait tout bonnement par… l’amnistie de toutes les personnes impliquées dans des affaires de corruption.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L’idée a commencé à être distillée de manière presque banale lors d’une émission télévisée diffusée il y a deux jours par la chaîne de télévision privée El-Bilad.
L’invité est Me Farouk Ksentini, célèbre avocat et président du Conseil national des droits de l’Homme, un organisme créé sur décision présidentielle.
Interrogé au sujet des révélations dévoilées par les Panama Papers, il informe l’opinion de sa décision de soumettre au président de la République un projet portant sur la nécessité de procéder à l’amnistie générale de tous les Algériens impliqués dans des affaires de corruption. Lesquels ? A qui fait-il allusion ? De quelle manière cela pourra-t-il se faire ? Pour tenter d’en savoir plus, nous nous sommes rapprochés hier de Me Farouk Ksentini. Sans hésitation, il répond à toutes nos questions, avouant de lui-même qu’il s’agissait là d’un sujet bien délicat et pouvant provoquer des sentiments bien compréhensibles au sein de l’opinion.
Voici ce qu’il nous apprend : la commission qu’il préside se réunira dans les tout prochains jours afin de rédiger un «rapport spécial» à destination du Président Bouteflika afin de lui suggérer d’absoudre toutes les personnes concernées par les affaires de corruption. Il s’explique : «Le constat est le suivant, dit-il. La boîte de Pandore a été ouverte. Périodiquement, nous assistons à la publication de noms de personnes dans les Panama Papers.
Il y a Mme Chakib Khelil, le fils de l’ancien Président Chadli… il y en a eu d’autres, et il y en aura encore. Cela ne se terminera pas. Périodiquement, nous irons vers de nouvelles affaires.
Cette situation détruit la réputation de notre pays, elle est contre-productive. Elle va faire fuir tous les investisseurs et porter un coup fatal à l’économie de l’Algérie.
C’est un grand danger, cela ne peut pas continuer ainsi.»
Me Ksentini fait ensuite référence à une expérience récente vécue dans notre pays : «la réconciliation nationale». Selon lui, cette option a permis aux Algériens de régler une situation beaucoup plus difficile que celle que nous traversons aujourd’hui et qu’il est nécessaire de la rééditer dans le contexte que nous traversons aujourd’hui.
Question crue au président du Conseil national des droits de l’Homme : «Voulez-vous dire que puisque des terroristes ont été absous il est donc tout à fait possible d’amnistier les personnes impliquées dans des affaires de corruption ?» La réponse ne se fait pas attendre : «absolument, répond notre interlocuteur. Si des personnes ayant commis des crimes comme le terrorisme ont pu être amnistiées, pourquoi ne pas le faire avec celles qui se sont rendues responsables de faits moins lourds ?» Il précise : «Je ne prône pas l’impunité, mais ce que je veux dire est que cette situation peut nous coûter très cher, nous ne devons pas devenir la risée du monde, d’autres expériences de ce genre ont eu lieu à travers le monde. Ceci dit, je peux parfaitement comprendre les réactions des citoyens hostiles à ce mode d’actions. Mais il faut progressivement se débarrasser de cette obsession.» De quelle manière ? Selon Me Ksentini, le projet ne pourra se faire que dans le cadre d’une concertation générale.
Le rapport spécial, indépendant du rapport annuellement remis à la présidence de la République, sur la base d’un texte et de suggestions prochainement élaborés. Ce rapport sera ensuite transmis au président de la République qui devra légiférer au cas où le projet est accepté.
A. C.
«On a amnistié des terroristes pourquoi pas eux ?»
Embarrassé par la série de scandales impliquant de hauts responsables algériens dans des affaires de corruption, le pouvoir est aujourd’hui à la recherche d’une voie de sortie passible d’apaiser la situation. L’une des options qui pourrait voir le jour passerait tout bonnement par… l’amnistie de toutes les personnes impliquées dans des affaires de corruption.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L’idée a commencé à être distillée de manière presque banale lors d’une émission télévisée diffusée il y a deux jours par la chaîne de télévision privée El-Bilad.
L’invité est Me Farouk Ksentini, célèbre avocat et président du Conseil national des droits de l’Homme, un organisme créé sur décision présidentielle.
Interrogé au sujet des révélations dévoilées par les Panama Papers, il informe l’opinion de sa décision de soumettre au président de la République un projet portant sur la nécessité de procéder à l’amnistie générale de tous les Algériens impliqués dans des affaires de corruption. Lesquels ? A qui fait-il allusion ? De quelle manière cela pourra-t-il se faire ? Pour tenter d’en savoir plus, nous nous sommes rapprochés hier de Me Farouk Ksentini. Sans hésitation, il répond à toutes nos questions, avouant de lui-même qu’il s’agissait là d’un sujet bien délicat et pouvant provoquer des sentiments bien compréhensibles au sein de l’opinion.
Voici ce qu’il nous apprend : la commission qu’il préside se réunira dans les tout prochains jours afin de rédiger un «rapport spécial» à destination du Président Bouteflika afin de lui suggérer d’absoudre toutes les personnes concernées par les affaires de corruption. Il s’explique : «Le constat est le suivant, dit-il. La boîte de Pandore a été ouverte. Périodiquement, nous assistons à la publication de noms de personnes dans les Panama Papers.
Il y a Mme Chakib Khelil, le fils de l’ancien Président Chadli… il y en a eu d’autres, et il y en aura encore. Cela ne se terminera pas. Périodiquement, nous irons vers de nouvelles affaires.
Cette situation détruit la réputation de notre pays, elle est contre-productive. Elle va faire fuir tous les investisseurs et porter un coup fatal à l’économie de l’Algérie.
C’est un grand danger, cela ne peut pas continuer ainsi.»
Me Ksentini fait ensuite référence à une expérience récente vécue dans notre pays : «la réconciliation nationale». Selon lui, cette option a permis aux Algériens de régler une situation beaucoup plus difficile que celle que nous traversons aujourd’hui et qu’il est nécessaire de la rééditer dans le contexte que nous traversons aujourd’hui.
Question crue au président du Conseil national des droits de l’Homme : «Voulez-vous dire que puisque des terroristes ont été absous il est donc tout à fait possible d’amnistier les personnes impliquées dans des affaires de corruption ?» La réponse ne se fait pas attendre : «absolument, répond notre interlocuteur. Si des personnes ayant commis des crimes comme le terrorisme ont pu être amnistiées, pourquoi ne pas le faire avec celles qui se sont rendues responsables de faits moins lourds ?» Il précise : «Je ne prône pas l’impunité, mais ce que je veux dire est que cette situation peut nous coûter très cher, nous ne devons pas devenir la risée du monde, d’autres expériences de ce genre ont eu lieu à travers le monde. Ceci dit, je peux parfaitement comprendre les réactions des citoyens hostiles à ce mode d’actions. Mais il faut progressivement se débarrasser de cette obsession.» De quelle manière ? Selon Me Ksentini, le projet ne pourra se faire que dans le cadre d’une concertation générale.
Le rapport spécial, indépendant du rapport annuellement remis à la présidence de la République, sur la base d’un texte et de suggestions prochainement élaborés. Ce rapport sera ensuite transmis au président de la République qui devra légiférer au cas où le projet est accepté.
A. C.
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