mercredi 22 juin 2016 | Par Samira Hadj Ama- TSA.
Sous le voile d’Alger autrefois blanche : la misère s’allonge. Tous les matins, on les retrouve sur les mêmes trottoirs, parfois recroquevillés sur eux-mêmes, le regard hagard, englouti dans le vide et la main toujours tendue vers les passants. La capitale ne cache plus ses mendiants. Les autorités semblent complètement dépassées par l’ampleur du phénomène pris par la mendicité dans la capitale.
Ils sont des centaines, voire peut-être des milliers à investir les rues et les ruelles, les abords des mosquées et des cimetières, les trottoirs, les routes et les autoroutes…
Partout, des mendiants traînant baluchons, cartons et autres amas d’objets parfois difficiles à définir. Ils sont Algériens, Syriens, de l’Afrique subsaharienne. Leur discours est rodé en particulier pendant le ramadan.
La main toujours tendue… vers l’argent !
Farida a 70 ans. Tous les matins, elle se poste pas loin de la mosquée Errahma à Alger-Centre. La vielle dame, originaire de Jijel, aurait pu être une grand-mère choyée et gâtée par ses enfants et petits-enfants. Mais il en est rien. Après avoir divorcé à l’âge de 28 ans, elle ne s’est jamais remariée. Elle dit préférer passer la majeure partie de son temps dans la rue. « Je préfère sortir que de rester à la maison. Mes frères, mes belles-sœurs et la famille en général n’arrêtent pas de me mettre la pression ». Farida perçoit une aide mensuelle de 3000 DA de la mairie. « J’ai travaillé longtemps comme femme de ménage, mais comme je n’étais pas déclarée à la sécurité sociale, je n’ai droit à rien du tout aujourd’hui ».
Un peu plus loin et plus près de l’entrée principale de cette mosquée, une jeune fille de la façon la plus stricte fait du crochet par terre. Le visage fermé, les traits tirés, elle semble fatiguée et énervée. « Je n’ai rien à vous dire. Rien à raconter. Laissez-moi en paix », nous lance-t-elle. La jeune fille gagne sa vie en crochetant des « chéchias » (calotte) qu’elle tente de vendre aux fidèles, plus nombreux notamment pendant le mois sacré du ramadan.
Toujours dans le centre d’Alger, sur la rue menant vers le marché de fruits et légumes Meissonnier, tout proche des dizaines de mendiants subsahariens accompagnés d’enfants très jeunes sont déjà installés depuis le début de matinée. Ils ne parlent ni l’arabe, ni le français et refusent de s’exprimer de toutes les façons.
« Plus personne ne fait attention à moi »
Sur l’avenue Victor Hugo, nous rencontrons Fatiha. Elle a du mal à articuler mais tente de raconter le calvaire qui a fait de la rue sa maison. Petite et maigre, âgée, enveloppée dans un voile sombre, Fatiha mendie dans son propre quartier. «J’ai toujours habité dans le quartier de Victor Hugo. Mes frères m’ont jetée dehors pour fonder des foyers. Depuis, je fais l’aumône près de la maison ou j’ai vécu. Plus personne ne fait attention à moi ».
Aida vendeuse de mouchoirs en papier
Aida a six ans. De Birkhadem, elle descend tous les jours à la Place Audin, accompagnée de sa maman. Toutes les deux, elles vendent des mouchoirs en papier sur les trottoirs. Chacune dans son coin. « Toute ma famille fait la même chose. Mon père travaille mais je ne sais plus ce qu’il fait. Avec ma mère, ma sœur et mon frère plus grand que moi, on essaye de liquider le stock de mouchoirs que mon père ramène à la maison », confie la petite.
Malgré son très jeune âge, Aida sait comment elle doit faire pour amadouer les clients qui, bien souvent, lui donnent de l’argent sans prendre les mouchoirs. Une autre façon de mendier qui ne fonctionne toujours pas. « Ça dépend, parfois fois je gagne beaucoup d’argent. Parfois, des hommes sont agressifs avec moi en me disant : vas-t-en d’ici », raconte-t-elle. Sympathique et pétillante, Aida est poussée par ses parents dans la rue pour apprendre à mendier. Comme des milliers d’autres enfants utilisés dans la mendicité.
Sous le voile d’Alger autrefois blanche : la misère s’allonge. Tous les matins, on les retrouve sur les mêmes trottoirs, parfois recroquevillés sur eux-mêmes, le regard hagard, englouti dans le vide et la main toujours tendue vers les passants. La capitale ne cache plus ses mendiants. Les autorités semblent complètement dépassées par l’ampleur du phénomène pris par la mendicité dans la capitale.
Ils sont des centaines, voire peut-être des milliers à investir les rues et les ruelles, les abords des mosquées et des cimetières, les trottoirs, les routes et les autoroutes…
Partout, des mendiants traînant baluchons, cartons et autres amas d’objets parfois difficiles à définir. Ils sont Algériens, Syriens, de l’Afrique subsaharienne. Leur discours est rodé en particulier pendant le ramadan.
La main toujours tendue… vers l’argent !
Farida a 70 ans. Tous les matins, elle se poste pas loin de la mosquée Errahma à Alger-Centre. La vielle dame, originaire de Jijel, aurait pu être une grand-mère choyée et gâtée par ses enfants et petits-enfants. Mais il en est rien. Après avoir divorcé à l’âge de 28 ans, elle ne s’est jamais remariée. Elle dit préférer passer la majeure partie de son temps dans la rue. « Je préfère sortir que de rester à la maison. Mes frères, mes belles-sœurs et la famille en général n’arrêtent pas de me mettre la pression ». Farida perçoit une aide mensuelle de 3000 DA de la mairie. « J’ai travaillé longtemps comme femme de ménage, mais comme je n’étais pas déclarée à la sécurité sociale, je n’ai droit à rien du tout aujourd’hui ».
Un peu plus loin et plus près de l’entrée principale de cette mosquée, une jeune fille de la façon la plus stricte fait du crochet par terre. Le visage fermé, les traits tirés, elle semble fatiguée et énervée. « Je n’ai rien à vous dire. Rien à raconter. Laissez-moi en paix », nous lance-t-elle. La jeune fille gagne sa vie en crochetant des « chéchias » (calotte) qu’elle tente de vendre aux fidèles, plus nombreux notamment pendant le mois sacré du ramadan.
Toujours dans le centre d’Alger, sur la rue menant vers le marché de fruits et légumes Meissonnier, tout proche des dizaines de mendiants subsahariens accompagnés d’enfants très jeunes sont déjà installés depuis le début de matinée. Ils ne parlent ni l’arabe, ni le français et refusent de s’exprimer de toutes les façons.
« Plus personne ne fait attention à moi »
Sur l’avenue Victor Hugo, nous rencontrons Fatiha. Elle a du mal à articuler mais tente de raconter le calvaire qui a fait de la rue sa maison. Petite et maigre, âgée, enveloppée dans un voile sombre, Fatiha mendie dans son propre quartier. «J’ai toujours habité dans le quartier de Victor Hugo. Mes frères m’ont jetée dehors pour fonder des foyers. Depuis, je fais l’aumône près de la maison ou j’ai vécu. Plus personne ne fait attention à moi ».
Aida vendeuse de mouchoirs en papier
Aida a six ans. De Birkhadem, elle descend tous les jours à la Place Audin, accompagnée de sa maman. Toutes les deux, elles vendent des mouchoirs en papier sur les trottoirs. Chacune dans son coin. « Toute ma famille fait la même chose. Mon père travaille mais je ne sais plus ce qu’il fait. Avec ma mère, ma sœur et mon frère plus grand que moi, on essaye de liquider le stock de mouchoirs que mon père ramène à la maison », confie la petite.
Malgré son très jeune âge, Aida sait comment elle doit faire pour amadouer les clients qui, bien souvent, lui donnent de l’argent sans prendre les mouchoirs. Une autre façon de mendier qui ne fonctionne toujours pas. « Ça dépend, parfois fois je gagne beaucoup d’argent. Parfois, des hommes sont agressifs avec moi en me disant : vas-t-en d’ici », raconte-t-elle. Sympathique et pétillante, Aida est poussée par ses parents dans la rue pour apprendre à mendier. Comme des milliers d’autres enfants utilisés dans la mendicité.
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