Il est 18h. Dans les locaux de la police judiciaire d’Alger, située au centre-ville, le chef de la division donne les dernières instructions à ses éléments avant le début de la mission : sillonner les quartiers sensibles de la capitale, réputés être des hauts-lieux du trafic de stupéfiants et de délinquance.
Au total, 14 groupes de police (chaque groupe contient 3 éléments) sont mobilisés pour la mission de ce soir. À leur tête, le lieutenant Mourad, 27 ans d’expérience à son actif. Son adjoint, le lieutenant Mohamed, est un jeune officier qui a intégré la police après des études universitaires.
Les policiers sont décontractés. Ils sont familiers avec ce genre de missions. « C’est notre quotidien », explique le chef de la division de police judiciaire. « Notre but, c’est d’empêcher d’une part les dealers de faire leur trafic, d’autre part, nous traquons les porteurs d’armes blanches pour éviter qu’ils ne s’en servent. Notre action consiste tout simplement à éviter que des infractions, voire des crimes ne soient commis », enchaîne-t-il.
Traquer les dealers et les porteurs d’armes
Aussitôt sortis du commissariat, les policiers accélèrent le pas. Un premier signal est donné : trois individus en possession de résine de cannabis ont été arrêtés par des policiers en civil à Climat de France, une cité située sur les hauteurs du quartier populaire de Bab El Oued.
Il est 18h45. La circulation est danse dans la capitale. Les policiers mettent les gyrophares pour arriver rapidement sur les lieux. Sur place, l’opération était toujours en cours. Les personnes interpellées étaient en possession de cannabis. Pour le lieutenant Mourad, il s’agit sans doute de dealers, vu la quantité saisie.
« Dans ce genre de situations, nous préférons d’abord envoyer nos éléments en civil pour procéder aux arrestations. Puis, nous intervenons en appui pour exfiltrer les personnes arrêtées et empêcher des attroupements », explique le lieutenant Mourad.
Un autre officier explique la suite de la procédure. « Les trois individus passeront la nuit en garde à vue. Ils seront déférés le lendemain devant le parquet qui se saisira de l’affaire », précise-t-il.
Après cette opération, les policiers marquent une halte devant la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) d’Oued Koreiche, le temps que toute l’équipe se regroupe. Une quinzaine de véhicules de police s’alignent l’un derrière l’autre. À peine le convoi démarre qu’une deuxième alerte est donnée : quatre individus en possession de psychotropes, stupéfiants et armes blanches sont appréhendés, toujours par des policiers en civil, à Rais Hamidou, au nord-ouest d’Alger.
Les quatre individus sont conduits au commissariat territorialement compétent. Il s’agit de trois dealers présumés et un consommateur pris « en flagrant délit », selon le policier qui a procédé à leur arrestation. Plusieurs comprimés hallucinogènes, un petit morceau de résine de cannabis, un couteau à cran d’arrêt ainsi qu’un sabre caché dans les buissons ont été récupérés. « Nous les avons arrêtés en flagrant délit. Ils ont essayé de jeter les produits en leur possession mais nous avons pu les récupérer. Le sabre que vous voyez était caché dans l’herbe. Certainement pour l’utiliser en cas de bagarre », affirme le même policier.
Les quatre détenus devraient connaître la même procédure que les trois premiers arrêtés à Climat de France, à savoir une nuit en garde à vue et une comparution le lendemain devant le procureur de la République.
Sillonner la capitale
Le convoi repart en direction d’Alger-Centre. À Bologhine, des jeunes au comportement jugé suspect sont en train de fumer sur la corniche. À la vue des voitures de police, ils semblaient avoir jeté quelque chose. L’officier Mourad décide d’effectuer un contrôle. Le convoi s’arrête et une palpation est vite pratiquée sur le groupe. Les policiers fouillent l’endroit minutieusement. Rien à signaler.
« Vous voyez, quand les dealers ou consommateurs voient des voitures de police, ils se débarrassent des stupéfiants en leur possession. Certes, la présence de véhicules de police les dissuade, mais il est difficile dans ces circonstances de les arrêter en flagrant délit. C’est pour ça qu’on préfère envoyer d’abord des policiers en civil », confie-t-il.
Les policiers s’apprêtaient à regagner leurs véhicules quand soudain un citoyen les interpelle. « C’est rassurant quand je vous vois en grand nombre. Personnellement, ça me fait plaisir et ça me rassure. Il faut que vous veniez le weekend ici. Il y a le tapage, des jeunes viennent fumer des joints et boire de l’alcool. Parfois, il y a même des filles mineures avec eux », dit-t-il aux policiers.
« Nous sommes ici pour la sécurité du citoyen. Il faut les dénoncer. N’hésitez pas à appeler le 15 48 ou le 17. Ce sont des numéros verts et gratuits. Il y aura toujours quelqu’un pour vous répondre. Il faut dénoncer ces agissements et si on ne vient pas, ça sera de notre faute », lui répond l’officier Mourad.
Après ce bref échange, les policiers reprennent leur route. Le convoi roule doucement et les policiers scrutent le moindre mouvement. Le lieutenant Mourad revient sur l’interpellation du citoyen. Pour lui, les citoyens doivent dénoncer les délits. « Les citoyens doivent s’impliquer. Leur dénonciation nous est utile. Cela nous aide beaucoup ».
À la rue d’Isly, un autre citoyen interpelle le convoi. Sa voiture est immobilisée sur la voie publique parce que des policiers lui ont mis un sabot et ne sont pas revenus l’enlever. « Est-ce que vous avez payé votre amende ? », lui demande l’officier Mourad. « Oui, je l’ai payée. J’ajoute que je ne suis pas d’Alger. Je suis bloqué ici depuis cet après-midi. Je suis même parti au commissariat. Un de vos collègue a appelé au téléphone le service concerné, mais ils ne sont pas venus », répond le citoyen.
L’officier Mourad prend la plaque minéralogique de la voiture et signale à nouveau l’incident. Le convoi repart. À la place Maurice Audin, au cœur de la capitale, le lieutenant Mourad remarque trois jeunes au bord d’un véhicule stationné. Ils paraissent suspects. Il décide de les contrôler. L’un des occupants est impressionné par le dispositif. « Vous êtes nombreux », lâche-t-il. « Nous sommes venus de Birtouta pour faire une balade », ajoute-t-il.
Marquer la présence
Il est presque 21h. Les rues de la capitale commencent à se vider. Presque tous les commerces sont fermés à l’exception des fast-food et des vendeurs de thé. Le convoi « ratisse » les grandes artères : le boulevard Hassiba Ben Bouali, Belouizdad, Ruisseau…
Non loin du du Jardin d’essai, dans le quartier d’El Hamma, des policiers effectuent un contrôle sur un groupe de jeunes dont deux filles. Le lieutenant Mourad demande à ses éléments de les appuyer. Motif du contrôle : l’un des jeunes consommait de l’alcool sur la voie public. Les policiers fouillent les garçons et posent des questions aux filles. L’une des deux filles indique qu’elle habite le quartier. L’autre fille reste silencieuse.
« Je n’ai rien fait de mal, je ne fume pas de drogue. Je suis dans mon quartier », insiste-elle. « Emmenez-les au poste », ordonne le lieutenant Mourad. En effet, consommer de l’alcool sur la voie publique est interdit par la loi. Une des filles revient à la charge pour tenter de protester. Mais l’officier Mourad se montre intransigeant.
Soudain, un appel au talkie-walkie signale un attroupement de jeunes à la cour de la Bibliothèque nationale. Le convoi repart à toute allure. La veille, une rixe avait opposé deux bandes rivales. Une fois sur les lieux, le policier de permanence affecté à la garde de la Bibliothèque indique que le groupe était parti quelques instants avant notre arrivée. Aucune arrestation n’a été effectuée.
La tournée se poursuit. Les policiers se dirigent vers la gare routière de Caroubier, ou « l’usine » comme l’appelle le lieutenant Mourad et ses coéquipiers. Il s’agit d’un endroit prisé par les délinquants et les voleurs. En effet, la gare est toujours grouillante de monde. Elle desserte les autres wilayas du pays par voie routière.
À l’intérieur de la gare, un poste de police a été installé pour lutter contre cette forme de criminalité. Les contrôles sont systématiques et les personnes suspectées sont conduites au poste pour faire l’objet d’une fouille corporelle. D’ailleurs, l’une d’elles était munie d’un couteau à cran d’arrêt. Elle est vite arrêtée et embarquée vers le commissariat territorialement compétent.
Il est 22h30, il reste encore des voyageurs qui attendent leur car. Les policiers investissent le hall et les quais de la gare. « Il y a toujours des voyageurs à la gare et surtout des familles qui prennent le car. Nous marquons notre présence », explique le lieutenant Mohamed.
Après cette descente à la gare, les voitures de police se dispersent. Chaque groupe rejoint un secteur précis de la capitale pour effectuer sa mission quotidienne. « Chaque groupe a son planning et sa mission. Nous veillons à être présents partout à Alger. Chaque groupe va rejoindre une zone précise. Entre 1h et 5h du matin, nous procédons à une surveillance accrue aux issues de sortie de la capitale pour éviter que des voitures volées quittent Alger », précise-t-il.
Les affaires liées à la criminalité sont passées de 206.000 en 2014 à 216.000 en 2015, d’après les chiffres officiels de la police. Pour les services de sécurité, cette augmentation s’explique par les interventions policières opérées sur le terrain pour traquer les criminels. TSA algerie
Au total, 14 groupes de police (chaque groupe contient 3 éléments) sont mobilisés pour la mission de ce soir. À leur tête, le lieutenant Mourad, 27 ans d’expérience à son actif. Son adjoint, le lieutenant Mohamed, est un jeune officier qui a intégré la police après des études universitaires.
Les policiers sont décontractés. Ils sont familiers avec ce genre de missions. « C’est notre quotidien », explique le chef de la division de police judiciaire. « Notre but, c’est d’empêcher d’une part les dealers de faire leur trafic, d’autre part, nous traquons les porteurs d’armes blanches pour éviter qu’ils ne s’en servent. Notre action consiste tout simplement à éviter que des infractions, voire des crimes ne soient commis », enchaîne-t-il.
Traquer les dealers et les porteurs d’armes
Aussitôt sortis du commissariat, les policiers accélèrent le pas. Un premier signal est donné : trois individus en possession de résine de cannabis ont été arrêtés par des policiers en civil à Climat de France, une cité située sur les hauteurs du quartier populaire de Bab El Oued.
Il est 18h45. La circulation est danse dans la capitale. Les policiers mettent les gyrophares pour arriver rapidement sur les lieux. Sur place, l’opération était toujours en cours. Les personnes interpellées étaient en possession de cannabis. Pour le lieutenant Mourad, il s’agit sans doute de dealers, vu la quantité saisie.
« Dans ce genre de situations, nous préférons d’abord envoyer nos éléments en civil pour procéder aux arrestations. Puis, nous intervenons en appui pour exfiltrer les personnes arrêtées et empêcher des attroupements », explique le lieutenant Mourad.
Un autre officier explique la suite de la procédure. « Les trois individus passeront la nuit en garde à vue. Ils seront déférés le lendemain devant le parquet qui se saisira de l’affaire », précise-t-il.
Après cette opération, les policiers marquent une halte devant la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) d’Oued Koreiche, le temps que toute l’équipe se regroupe. Une quinzaine de véhicules de police s’alignent l’un derrière l’autre. À peine le convoi démarre qu’une deuxième alerte est donnée : quatre individus en possession de psychotropes, stupéfiants et armes blanches sont appréhendés, toujours par des policiers en civil, à Rais Hamidou, au nord-ouest d’Alger.
Les quatre individus sont conduits au commissariat territorialement compétent. Il s’agit de trois dealers présumés et un consommateur pris « en flagrant délit », selon le policier qui a procédé à leur arrestation. Plusieurs comprimés hallucinogènes, un petit morceau de résine de cannabis, un couteau à cran d’arrêt ainsi qu’un sabre caché dans les buissons ont été récupérés. « Nous les avons arrêtés en flagrant délit. Ils ont essayé de jeter les produits en leur possession mais nous avons pu les récupérer. Le sabre que vous voyez était caché dans l’herbe. Certainement pour l’utiliser en cas de bagarre », affirme le même policier.
Les quatre détenus devraient connaître la même procédure que les trois premiers arrêtés à Climat de France, à savoir une nuit en garde à vue et une comparution le lendemain devant le procureur de la République.
Sillonner la capitale
Le convoi repart en direction d’Alger-Centre. À Bologhine, des jeunes au comportement jugé suspect sont en train de fumer sur la corniche. À la vue des voitures de police, ils semblaient avoir jeté quelque chose. L’officier Mourad décide d’effectuer un contrôle. Le convoi s’arrête et une palpation est vite pratiquée sur le groupe. Les policiers fouillent l’endroit minutieusement. Rien à signaler.
« Vous voyez, quand les dealers ou consommateurs voient des voitures de police, ils se débarrassent des stupéfiants en leur possession. Certes, la présence de véhicules de police les dissuade, mais il est difficile dans ces circonstances de les arrêter en flagrant délit. C’est pour ça qu’on préfère envoyer d’abord des policiers en civil », confie-t-il.
Les policiers s’apprêtaient à regagner leurs véhicules quand soudain un citoyen les interpelle. « C’est rassurant quand je vous vois en grand nombre. Personnellement, ça me fait plaisir et ça me rassure. Il faut que vous veniez le weekend ici. Il y a le tapage, des jeunes viennent fumer des joints et boire de l’alcool. Parfois, il y a même des filles mineures avec eux », dit-t-il aux policiers.
« Nous sommes ici pour la sécurité du citoyen. Il faut les dénoncer. N’hésitez pas à appeler le 15 48 ou le 17. Ce sont des numéros verts et gratuits. Il y aura toujours quelqu’un pour vous répondre. Il faut dénoncer ces agissements et si on ne vient pas, ça sera de notre faute », lui répond l’officier Mourad.
Après ce bref échange, les policiers reprennent leur route. Le convoi roule doucement et les policiers scrutent le moindre mouvement. Le lieutenant Mourad revient sur l’interpellation du citoyen. Pour lui, les citoyens doivent dénoncer les délits. « Les citoyens doivent s’impliquer. Leur dénonciation nous est utile. Cela nous aide beaucoup ».
À la rue d’Isly, un autre citoyen interpelle le convoi. Sa voiture est immobilisée sur la voie publique parce que des policiers lui ont mis un sabot et ne sont pas revenus l’enlever. « Est-ce que vous avez payé votre amende ? », lui demande l’officier Mourad. « Oui, je l’ai payée. J’ajoute que je ne suis pas d’Alger. Je suis bloqué ici depuis cet après-midi. Je suis même parti au commissariat. Un de vos collègue a appelé au téléphone le service concerné, mais ils ne sont pas venus », répond le citoyen.
L’officier Mourad prend la plaque minéralogique de la voiture et signale à nouveau l’incident. Le convoi repart. À la place Maurice Audin, au cœur de la capitale, le lieutenant Mourad remarque trois jeunes au bord d’un véhicule stationné. Ils paraissent suspects. Il décide de les contrôler. L’un des occupants est impressionné par le dispositif. « Vous êtes nombreux », lâche-t-il. « Nous sommes venus de Birtouta pour faire une balade », ajoute-t-il.
Marquer la présence
Il est presque 21h. Les rues de la capitale commencent à se vider. Presque tous les commerces sont fermés à l’exception des fast-food et des vendeurs de thé. Le convoi « ratisse » les grandes artères : le boulevard Hassiba Ben Bouali, Belouizdad, Ruisseau…
Non loin du du Jardin d’essai, dans le quartier d’El Hamma, des policiers effectuent un contrôle sur un groupe de jeunes dont deux filles. Le lieutenant Mourad demande à ses éléments de les appuyer. Motif du contrôle : l’un des jeunes consommait de l’alcool sur la voie public. Les policiers fouillent les garçons et posent des questions aux filles. L’une des deux filles indique qu’elle habite le quartier. L’autre fille reste silencieuse.
« Je n’ai rien fait de mal, je ne fume pas de drogue. Je suis dans mon quartier », insiste-elle. « Emmenez-les au poste », ordonne le lieutenant Mourad. En effet, consommer de l’alcool sur la voie publique est interdit par la loi. Une des filles revient à la charge pour tenter de protester. Mais l’officier Mourad se montre intransigeant.
Soudain, un appel au talkie-walkie signale un attroupement de jeunes à la cour de la Bibliothèque nationale. Le convoi repart à toute allure. La veille, une rixe avait opposé deux bandes rivales. Une fois sur les lieux, le policier de permanence affecté à la garde de la Bibliothèque indique que le groupe était parti quelques instants avant notre arrivée. Aucune arrestation n’a été effectuée.
La tournée se poursuit. Les policiers se dirigent vers la gare routière de Caroubier, ou « l’usine » comme l’appelle le lieutenant Mourad et ses coéquipiers. Il s’agit d’un endroit prisé par les délinquants et les voleurs. En effet, la gare est toujours grouillante de monde. Elle desserte les autres wilayas du pays par voie routière.
À l’intérieur de la gare, un poste de police a été installé pour lutter contre cette forme de criminalité. Les contrôles sont systématiques et les personnes suspectées sont conduites au poste pour faire l’objet d’une fouille corporelle. D’ailleurs, l’une d’elles était munie d’un couteau à cran d’arrêt. Elle est vite arrêtée et embarquée vers le commissariat territorialement compétent.
Il est 22h30, il reste encore des voyageurs qui attendent leur car. Les policiers investissent le hall et les quais de la gare. « Il y a toujours des voyageurs à la gare et surtout des familles qui prennent le car. Nous marquons notre présence », explique le lieutenant Mohamed.
Après cette descente à la gare, les voitures de police se dispersent. Chaque groupe rejoint un secteur précis de la capitale pour effectuer sa mission quotidienne. « Chaque groupe a son planning et sa mission. Nous veillons à être présents partout à Alger. Chaque groupe va rejoindre une zone précise. Entre 1h et 5h du matin, nous procédons à une surveillance accrue aux issues de sortie de la capitale pour éviter que des voitures volées quittent Alger », précise-t-il.
Les affaires liées à la criminalité sont passées de 206.000 en 2014 à 216.000 en 2015, d’après les chiffres officiels de la police. Pour les services de sécurité, cette augmentation s’explique par les interventions policières opérées sur le terrain pour traquer les criminels. TSA algerie
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