La lutte contre la corruption : Une ligne de démarcation en Algérie
Par Houria ait Kaci
Algerie 1 - 12 Aout 2017
La démarche du nouveau Premier ministre Abdelmadjid Tebboune visant à la « séparation entre le pouvoir politique et les forces de l’argent » illustrée par un tour de vis contre des patrons qui ont bénéficié de marchés publics de complaisance, dont Ali Haddad, propriétaire d’un groupe de Construction et néanmoins président du Forum des chefs d’entreprises (Patronat), a défrayé la chronique cet été 2017. L’opinion publique a bien accueilli cette démarche en espérant qu’il ne s’arrêtera pas en si bon chemin. La lutte contre la corruption est une ligne de démarcation pour tous les Algériens.
Cette campagne « mains propres » menée en relation avec la nouvelle politique de croissance économique adoptée par la Présidence a été et mise en route par le Gouvernement, pour faire face à la crise pétrolière qui a entrainé la chute des revenus du pays. Elle vise à substituer à une économie distributive de rente, une économie productrice de richesses, provoquant une réaction hostile des forces de l’argent qui ont largement bénéficié des largesses du Gouvernement. L’Etat qui a besoin, aujourd’hui de renflouer ses caisses, a mis en demeure, ces patrons « choyés », pour rembourser leurs dettes et achever les projets pour lesquels ils ont été payés.
TOUR DE VIS CONTRE LES COMPRADORES ET LES PARASITES
Cependant, cette question de séparation du pouvoir politique des affaires, est également liée, selon les observateurs, à des luttes au sommet en vue de l’échéance présidentielle 2019 dans laquelle, les forces de l’argent veulent à travers le choix du prochain candidat du système.
L’intrusion des « oligarques » (caste de milliardaires enrichis par l’argent public) pour tenter de s’accaparer du Pouvoir politique, après avoir été assez proches des cercles décisionnels, aurait été rejetée par Bouteflika, qui voudrait être seul à contrôler le processus de succession, qu’il soit candidat pour un 5ème mandat ou qu’il soutienne une autre candidature pour lui succéder.
La campagne « mains propres » serait également dictée par la nécessité de crédibiliser la politique d’austérité et de rigueur budgétaire suite à la baisse des revenus pétroliers qui n’est pas sans risque pour la stabilité du régime. Cette opération de moralisation de la vie publique, permettra de baliser le terrain pour regagner la confiance des citoyens, qui ont désavoué l’équipe politique en place par l’abstention massive aux législatives du 4 mai dernier, une élection à laquelle l’argent sale a été de nouveau mêlée.
Il faut en effet rappeler que cette lutte contre l’intrusion de « l’argent sale » (« Chkara ») devait être menée au sein du parti dirigeant, le FLN, mis sous la coupe des Compradores et des parasites ramenés par Saidani, au détriment des nationalistes et des patriotes qui en ont été chassés. (Note * in article Emeutes, bourgeoisie compradore, post-mondialisation in Algérie). Mais Ould Abbès a échoué dans cette entreprise et les Tliba et compagnie ont été réélus, mais le parti a laissé des plumes. Cette fois avec les élections présidentielles, les choses semblent être prises plus au sérieux.
« Le bras de fer » entre Ali Haddad et le Premier ministre, ne relève pas d’une attaque contre des hommes d’affaires par Tebboune et encore moins contre le secteur privé dans son ensemble, mais de luttes liées aux contradictions entre la Bourgeoisie bureaucratique-qui détient les appareils de l’Etat- et la Bourgeoisie compradore et parasitaire qui veut s’accaparer du Pouvoir politique. Les deux ayant largement profité de la rente.
La confrontation se fait autour de choix politiques, économiques et sociaux dans un nouveau contexte de crise financière qui nécessite un nouveau pacte social, une gestion plus « rationnelle » des deniers publics, impliquant un tour de vis dans les largesses accordées à ces patrons et affairistes, sans contrepartie probante pour l’économie nationale.
Paradoxalement, des investisseurs et des entrepreneurs nationaux, privés, honnêtes –mais qui n’ont pas leur entrée au Palais- et même des entreprises nationales, ont vu leurs projets bloqués et sabotés, sans raison apparente, ou carrément bradés à des sociétés étrangères, parfois à de simples sociétés écran, faisant perdre beaucoup d’argent et d’emplois à la collectivité.
Des enquêtes de presse ont fait des révélations sur ces pratiques de « dépeçage » touchant des entreprises nationales dans le secteur des phosphates, de la sidérurgie (complexe El Hadjar), de l’industrie (complexe de véhicules industriels de Rouiba, du machinisme agricoles de Sidi Bel Abbès et de Constantine).
Dans tous les cas de figure, quelque soit les dessous et les non-dits de cette campagne de séparation du pouvoir politique des forces de l’argent, la lutte contre la corruption, le trafic d’influence, les passe-droits, le népotisme, font œuvre de salubrité publique et ne peuvent qu’avoir le soutien des Forces politiques démocratiques et progressistes qui ont toujours appelé à les combattre, tout en rejetant les fausses solutions.
Les citoyens, surtout de modeste condition qui sont les premiers à souffrir de ces pratiques, ont applaudi à ces mesures que les « Compradores » de l’import-import, les « oligarques » tentent de présenter comme un crime de lèse majesté.
« L’ALGERIE N’EST PAS UNE POUBELLE ! »
Il convient de rappeler que Tebboune a commencé à appliquer la nouvelle feuille de route tracée par le Président, lorsqu’il était ministre par intérim au Commerce où il avait pris des mesures pour limiter la facture des importations et dénoncer les importateurs véreux qui importent n’importe quoi. « L’Algérie n’est pas une poubelle ! » s’est t-il écrié, réclamant la mise en place « de normes algériennes qui préserveraient nos enfants des maladies et de l’obésité », ajoutant que « Le pays qui ne respecte pas ces normes, on aura le droit de refuser sa marchandise»!
Ce changement de cap a été confirmé par la suite dans les secteurs du commerce, de l’industrie, des finances, du foncier agricole, de gestion des ressources publiques et par le rejet de l’emprunt extérieur. "Il est hors de question de recourir à l'endettement extérieur et nous ne voulons même pas y penser. Nous refusons d’hypothéquer notre souveraineté quelle que soit la situation, et ce sont là les instructions du Président de la République"; a souligné Tebboune le 30 juillet devant les membres de la Tripartite (Gouvernement-Patronat-UGTA), qui tiendra sa prochaine réunion le 23 Septembre à Ghardaïa.
"Face aux déséquilibres macroéconomiques dans le contexte du recul des recettes pétrolières, nous allons compter sur nos capacités, petites ou grandes soient elles". En dépit de la "situation tendue", l'Etat dispose de moyens matériels lui permettant de continuer à financer les projets de développement prioritaires notamment en matière de logement, de santé, d'enseignement, à payer les salaires et à importer à hauteur de 35 milliards de dollars par an, a soutenu le Premier ministre.
Le choix de cette région qui a été secouée par des violences ces dernières années et où le calme n’est revenu que grâce à l’armée, n’est peut être pas anodin. Si ces troubles que certaines lectures ont présentés, sous un faux angle de conflits identitaires et ethniques opposant les mozabites (berbères) et les Chambras (arabes), n’ont pas dérapé c’est aussi grâce à la sagesse des mozabites et de leur esprit patriotique.
Les litiges entre Mozabites et Châamba, ont toujours été gérés de façon pacifique grâce aux « sages » des deux communautés, avant que « la mafia » « la drogue » « le trafic d’armes », l’appât du gain facile, les compradores, les « barons de l’import », les réseaux islamistes salafistes ne s’installent et ne polluent cette magnifique oasis construite des mains des mozabites. Ceux-ci sont des gens besogneux, travailleurs, mais aussi sages, modérés, respectant le travail autant que la religion, la science autant que la tradition. Est-ce en hommage à cet esprit que s’est fait le choix de Ghardaïa qui dispose, selon Tebboune, d'investisseurs "nombreux" et "très honnêtes" et qui constitue une zone stratégique (porte d’entrée du Sud algérien) pour recentrer le développement économique de la région ?
Par Houria ait Kaci
Algerie 1 - 12 Aout 2017
La démarche du nouveau Premier ministre Abdelmadjid Tebboune visant à la « séparation entre le pouvoir politique et les forces de l’argent » illustrée par un tour de vis contre des patrons qui ont bénéficié de marchés publics de complaisance, dont Ali Haddad, propriétaire d’un groupe de Construction et néanmoins président du Forum des chefs d’entreprises (Patronat), a défrayé la chronique cet été 2017. L’opinion publique a bien accueilli cette démarche en espérant qu’il ne s’arrêtera pas en si bon chemin. La lutte contre la corruption est une ligne de démarcation pour tous les Algériens.
Cette campagne « mains propres » menée en relation avec la nouvelle politique de croissance économique adoptée par la Présidence a été et mise en route par le Gouvernement, pour faire face à la crise pétrolière qui a entrainé la chute des revenus du pays. Elle vise à substituer à une économie distributive de rente, une économie productrice de richesses, provoquant une réaction hostile des forces de l’argent qui ont largement bénéficié des largesses du Gouvernement. L’Etat qui a besoin, aujourd’hui de renflouer ses caisses, a mis en demeure, ces patrons « choyés », pour rembourser leurs dettes et achever les projets pour lesquels ils ont été payés.
TOUR DE VIS CONTRE LES COMPRADORES ET LES PARASITES
Cependant, cette question de séparation du pouvoir politique des affaires, est également liée, selon les observateurs, à des luttes au sommet en vue de l’échéance présidentielle 2019 dans laquelle, les forces de l’argent veulent à travers le choix du prochain candidat du système.
L’intrusion des « oligarques » (caste de milliardaires enrichis par l’argent public) pour tenter de s’accaparer du Pouvoir politique, après avoir été assez proches des cercles décisionnels, aurait été rejetée par Bouteflika, qui voudrait être seul à contrôler le processus de succession, qu’il soit candidat pour un 5ème mandat ou qu’il soutienne une autre candidature pour lui succéder.
La campagne « mains propres » serait également dictée par la nécessité de crédibiliser la politique d’austérité et de rigueur budgétaire suite à la baisse des revenus pétroliers qui n’est pas sans risque pour la stabilité du régime. Cette opération de moralisation de la vie publique, permettra de baliser le terrain pour regagner la confiance des citoyens, qui ont désavoué l’équipe politique en place par l’abstention massive aux législatives du 4 mai dernier, une élection à laquelle l’argent sale a été de nouveau mêlée.
Il faut en effet rappeler que cette lutte contre l’intrusion de « l’argent sale » (« Chkara ») devait être menée au sein du parti dirigeant, le FLN, mis sous la coupe des Compradores et des parasites ramenés par Saidani, au détriment des nationalistes et des patriotes qui en ont été chassés. (Note * in article Emeutes, bourgeoisie compradore, post-mondialisation in Algérie). Mais Ould Abbès a échoué dans cette entreprise et les Tliba et compagnie ont été réélus, mais le parti a laissé des plumes. Cette fois avec les élections présidentielles, les choses semblent être prises plus au sérieux.
« Le bras de fer » entre Ali Haddad et le Premier ministre, ne relève pas d’une attaque contre des hommes d’affaires par Tebboune et encore moins contre le secteur privé dans son ensemble, mais de luttes liées aux contradictions entre la Bourgeoisie bureaucratique-qui détient les appareils de l’Etat- et la Bourgeoisie compradore et parasitaire qui veut s’accaparer du Pouvoir politique. Les deux ayant largement profité de la rente.
La confrontation se fait autour de choix politiques, économiques et sociaux dans un nouveau contexte de crise financière qui nécessite un nouveau pacte social, une gestion plus « rationnelle » des deniers publics, impliquant un tour de vis dans les largesses accordées à ces patrons et affairistes, sans contrepartie probante pour l’économie nationale.
Paradoxalement, des investisseurs et des entrepreneurs nationaux, privés, honnêtes –mais qui n’ont pas leur entrée au Palais- et même des entreprises nationales, ont vu leurs projets bloqués et sabotés, sans raison apparente, ou carrément bradés à des sociétés étrangères, parfois à de simples sociétés écran, faisant perdre beaucoup d’argent et d’emplois à la collectivité.
Des enquêtes de presse ont fait des révélations sur ces pratiques de « dépeçage » touchant des entreprises nationales dans le secteur des phosphates, de la sidérurgie (complexe El Hadjar), de l’industrie (complexe de véhicules industriels de Rouiba, du machinisme agricoles de Sidi Bel Abbès et de Constantine).
Dans tous les cas de figure, quelque soit les dessous et les non-dits de cette campagne de séparation du pouvoir politique des forces de l’argent, la lutte contre la corruption, le trafic d’influence, les passe-droits, le népotisme, font œuvre de salubrité publique et ne peuvent qu’avoir le soutien des Forces politiques démocratiques et progressistes qui ont toujours appelé à les combattre, tout en rejetant les fausses solutions.
Les citoyens, surtout de modeste condition qui sont les premiers à souffrir de ces pratiques, ont applaudi à ces mesures que les « Compradores » de l’import-import, les « oligarques » tentent de présenter comme un crime de lèse majesté.
« L’ALGERIE N’EST PAS UNE POUBELLE ! »
Il convient de rappeler que Tebboune a commencé à appliquer la nouvelle feuille de route tracée par le Président, lorsqu’il était ministre par intérim au Commerce où il avait pris des mesures pour limiter la facture des importations et dénoncer les importateurs véreux qui importent n’importe quoi. « L’Algérie n’est pas une poubelle ! » s’est t-il écrié, réclamant la mise en place « de normes algériennes qui préserveraient nos enfants des maladies et de l’obésité », ajoutant que « Le pays qui ne respecte pas ces normes, on aura le droit de refuser sa marchandise»!
Ce changement de cap a été confirmé par la suite dans les secteurs du commerce, de l’industrie, des finances, du foncier agricole, de gestion des ressources publiques et par le rejet de l’emprunt extérieur. "Il est hors de question de recourir à l'endettement extérieur et nous ne voulons même pas y penser. Nous refusons d’hypothéquer notre souveraineté quelle que soit la situation, et ce sont là les instructions du Président de la République"; a souligné Tebboune le 30 juillet devant les membres de la Tripartite (Gouvernement-Patronat-UGTA), qui tiendra sa prochaine réunion le 23 Septembre à Ghardaïa.
"Face aux déséquilibres macroéconomiques dans le contexte du recul des recettes pétrolières, nous allons compter sur nos capacités, petites ou grandes soient elles". En dépit de la "situation tendue", l'Etat dispose de moyens matériels lui permettant de continuer à financer les projets de développement prioritaires notamment en matière de logement, de santé, d'enseignement, à payer les salaires et à importer à hauteur de 35 milliards de dollars par an, a soutenu le Premier ministre.
Le choix de cette région qui a été secouée par des violences ces dernières années et où le calme n’est revenu que grâce à l’armée, n’est peut être pas anodin. Si ces troubles que certaines lectures ont présentés, sous un faux angle de conflits identitaires et ethniques opposant les mozabites (berbères) et les Chambras (arabes), n’ont pas dérapé c’est aussi grâce à la sagesse des mozabites et de leur esprit patriotique.
Les litiges entre Mozabites et Châamba, ont toujours été gérés de façon pacifique grâce aux « sages » des deux communautés, avant que « la mafia » « la drogue » « le trafic d’armes », l’appât du gain facile, les compradores, les « barons de l’import », les réseaux islamistes salafistes ne s’installent et ne polluent cette magnifique oasis construite des mains des mozabites. Ceux-ci sont des gens besogneux, travailleurs, mais aussi sages, modérés, respectant le travail autant que la religion, la science autant que la tradition. Est-ce en hommage à cet esprit que s’est fait le choix de Ghardaïa qui dispose, selon Tebboune, d'investisseurs "nombreux" et "très honnêtes" et qui constitue une zone stratégique (porte d’entrée du Sud algérien) pour recentrer le développement économique de la région ?
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