Myassa Ayache
Dès son retour de congé, une seule interrogation revenait avec insistance : comment Abdelmadjid Tebboune allait reprendre son travail et de quelle crédibilité jouirait-il pour gérer son Exécutif, lui qui a été sévèrement recadré par le président de la République. Jusqu’à hier matin, les analystes les plus avérés juraient que le Premier ministre en poste ne pouvait pas être renvoyé, du moins pas avant l’organisation des élections locales. Mais, dans l’après-midi, le chef de l’Etat surprend, prend tout le monde de court et décide de mettre fin aux fonctions de Tebboune.
C’est la méthode Bouteflika. Les erreurs se payent immédiatement. Le président de la République, usant des pouvoirs et prérogatives que lui confère l’article 91 de la Constitution, son alinéa 5 notamment « a mis fin aux fonctions de Premier ministre, exercées par M. Abdelmadjid Tebboune », indiquait un communiqué de la présidence, diffusé via l’agence officielle APS. Et c’est en application des mêmes dispositions, « après consultation de la majorité parlementaire », précise-t-on de mêmes sources, qu’il a nommé Ahmed Ouyahia.
Mais, qu’est-ce qui a donc précipité le renvoi de l’ancien ministre de l’Habitat, présenté pourtant en mai dernier, lorsqu’il fut nommé en remplacement d’Abdelmalek Sellal, comme l’homme de la situation capable de redresser la situation, notamment économique ? Depuis quelques jours déjà, Abdelmadjid Tebboune, qui était en congé, se trouvait au centre d’une polémique liée à rien d’autre qu’à son lâchage en haut lieu. Et pour cause, le séjour du désormais ex-Premier ministre en France, puis en Turquie et enfin en Moldavie n’est pas passé sans faire de bruit. D’abord, il y a cette rencontre polémique que Tebboune a eue avec son homologue français à Matignon, bien qu’elle soit programmée avant son départ en congé. « Durant son escale à Paris, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a été convié par son homologue français, Édouard Philippe, à une rencontre informelle à l’hôtel Matignon », avaient indiqué les services du premier ministère dans un communiqué laconique, le 7 août dernier. La précision quant au caractère informel du tête-à-tête laisse bien croire que la présidence n’avait pas apprécié la méthode. Les relations entre l’Algérie et la France obéissent à des règles définies par trois mécanismes : « celui des secrétaires généraux, un autre qui réunit les ministres des Affaires étrangères et la grande commission mixte qui doit se réunir avant la fin de l’année ». C’est ce que résume Abdelkader Messahel, chef de la diplomatie algérienne, au cours d’une rencontre tenue dimanche avec la presse.
Ligne rouge
C’est dire que par sa rencontre, Abdelmadjid Tebboune venait de commettre une erreur impardonnable. Et c’est dans ce contexte qu’intervient, rappelle-t-on, le recadrage du président Bouteflika quant à la façon avec laquelle son Premier ministre assurait la gestion des affaires courantes. Le 8 août, dans des instructions adressées au gouvernement, le chef de l’Etat a appelé à « mettre fin à l’anarchie née des dernières initiatives », exprimant son opposition claire aux mesures prises sur le registre des importations. Bouteflika a aussi montré son « agacement » quant à ce qu’il a qualifié de « harcèlement contres les opérateurs économiques ». Là, c’est plutôt la relation avec les partenaires du Pacte national économique et social que Tebboune venait presque de briser, après l’incident de l’Ecole supérieure de la sécurité sociale, le 15 juillet, lorsque le président du Forum des chefs d’entreprise, Ali Haddad, était prié de quitter les lieux avant l’arrivée du Premier ministre, que le président voulait sauver, dans une conjoncture économique qui suggère la mobilisation de l’ensemble des forces productives.
Ouyahia : un choix dicté par la crise !
Ainsi donc, Abdelmadjid Tebboune aura, en l’espace de trois mois, tout fait pour déplaire à son chef hiérarchique. De là, son maintien en poste devenait trop encombrant à tel point qu’il fallait agir vite avant que des dossiers chauds qui pointent à l’horizon n’arrivent et aggravent la situation. L’on parle surtout de la prochaine tripartite dont la date est fixée au 23 septembre, de la rentrée sociale qui s’approche à grands pas, de l’organisation des élections locales et surtout de l’élaboration de la loi de finances 2018. Une telle situation dans une conjoncture économique des plus difficiles fera peur à n’importe quel homme. Mais pas à Ouyahia. Le secrétaire général du RND qui s’est toujours défini comme un commis de l’Etat qui ne rejette jamais l’appel de la patrie, lui, est « l’homme des missions impossibles ». C’est en effet, pour la quatrième fois qu’il est rappelé aux commandes du gouvernement, après les périodes (1995-1998), (2003-2006) et (2008-2012). Ahmed Ouyahia devra donc vite réparer les « dégâts » causés par son prédécesseur et accélérer la machine pour rattraper trois mois de temps perdu sans rien faire. Dans les coulisses du gouvernement, l’on parle déjà de quelques retouches dans la composante, avec le débarquement de certains noms qui avaient accompagné Tebboune dans ses décisions comme celui de l’Industrie, Mahdjoub Bedda. Les jours, voire les heures à venir nous en diront plus. A suivre donc.
reporters.dz
Dès son retour de congé, une seule interrogation revenait avec insistance : comment Abdelmadjid Tebboune allait reprendre son travail et de quelle crédibilité jouirait-il pour gérer son Exécutif, lui qui a été sévèrement recadré par le président de la République. Jusqu’à hier matin, les analystes les plus avérés juraient que le Premier ministre en poste ne pouvait pas être renvoyé, du moins pas avant l’organisation des élections locales. Mais, dans l’après-midi, le chef de l’Etat surprend, prend tout le monde de court et décide de mettre fin aux fonctions de Tebboune.
C’est la méthode Bouteflika. Les erreurs se payent immédiatement. Le président de la République, usant des pouvoirs et prérogatives que lui confère l’article 91 de la Constitution, son alinéa 5 notamment « a mis fin aux fonctions de Premier ministre, exercées par M. Abdelmadjid Tebboune », indiquait un communiqué de la présidence, diffusé via l’agence officielle APS. Et c’est en application des mêmes dispositions, « après consultation de la majorité parlementaire », précise-t-on de mêmes sources, qu’il a nommé Ahmed Ouyahia.
Mais, qu’est-ce qui a donc précipité le renvoi de l’ancien ministre de l’Habitat, présenté pourtant en mai dernier, lorsqu’il fut nommé en remplacement d’Abdelmalek Sellal, comme l’homme de la situation capable de redresser la situation, notamment économique ? Depuis quelques jours déjà, Abdelmadjid Tebboune, qui était en congé, se trouvait au centre d’une polémique liée à rien d’autre qu’à son lâchage en haut lieu. Et pour cause, le séjour du désormais ex-Premier ministre en France, puis en Turquie et enfin en Moldavie n’est pas passé sans faire de bruit. D’abord, il y a cette rencontre polémique que Tebboune a eue avec son homologue français à Matignon, bien qu’elle soit programmée avant son départ en congé. « Durant son escale à Paris, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a été convié par son homologue français, Édouard Philippe, à une rencontre informelle à l’hôtel Matignon », avaient indiqué les services du premier ministère dans un communiqué laconique, le 7 août dernier. La précision quant au caractère informel du tête-à-tête laisse bien croire que la présidence n’avait pas apprécié la méthode. Les relations entre l’Algérie et la France obéissent à des règles définies par trois mécanismes : « celui des secrétaires généraux, un autre qui réunit les ministres des Affaires étrangères et la grande commission mixte qui doit se réunir avant la fin de l’année ». C’est ce que résume Abdelkader Messahel, chef de la diplomatie algérienne, au cours d’une rencontre tenue dimanche avec la presse.
Ligne rouge
C’est dire que par sa rencontre, Abdelmadjid Tebboune venait de commettre une erreur impardonnable. Et c’est dans ce contexte qu’intervient, rappelle-t-on, le recadrage du président Bouteflika quant à la façon avec laquelle son Premier ministre assurait la gestion des affaires courantes. Le 8 août, dans des instructions adressées au gouvernement, le chef de l’Etat a appelé à « mettre fin à l’anarchie née des dernières initiatives », exprimant son opposition claire aux mesures prises sur le registre des importations. Bouteflika a aussi montré son « agacement » quant à ce qu’il a qualifié de « harcèlement contres les opérateurs économiques ». Là, c’est plutôt la relation avec les partenaires du Pacte national économique et social que Tebboune venait presque de briser, après l’incident de l’Ecole supérieure de la sécurité sociale, le 15 juillet, lorsque le président du Forum des chefs d’entreprise, Ali Haddad, était prié de quitter les lieux avant l’arrivée du Premier ministre, que le président voulait sauver, dans une conjoncture économique qui suggère la mobilisation de l’ensemble des forces productives.
Ouyahia : un choix dicté par la crise !
Ainsi donc, Abdelmadjid Tebboune aura, en l’espace de trois mois, tout fait pour déplaire à son chef hiérarchique. De là, son maintien en poste devenait trop encombrant à tel point qu’il fallait agir vite avant que des dossiers chauds qui pointent à l’horizon n’arrivent et aggravent la situation. L’on parle surtout de la prochaine tripartite dont la date est fixée au 23 septembre, de la rentrée sociale qui s’approche à grands pas, de l’organisation des élections locales et surtout de l’élaboration de la loi de finances 2018. Une telle situation dans une conjoncture économique des plus difficiles fera peur à n’importe quel homme. Mais pas à Ouyahia. Le secrétaire général du RND qui s’est toujours défini comme un commis de l’Etat qui ne rejette jamais l’appel de la patrie, lui, est « l’homme des missions impossibles ». C’est en effet, pour la quatrième fois qu’il est rappelé aux commandes du gouvernement, après les périodes (1995-1998), (2003-2006) et (2008-2012). Ahmed Ouyahia devra donc vite réparer les « dégâts » causés par son prédécesseur et accélérer la machine pour rattraper trois mois de temps perdu sans rien faire. Dans les coulisses du gouvernement, l’on parle déjà de quelques retouches dans la composante, avec le débarquement de certains noms qui avaient accompagné Tebboune dans ses décisions comme celui de l’Industrie, Mahdjoub Bedda. Les jours, voire les heures à venir nous en diront plus. A suivre donc.
reporters.dz