La scène est un classique. Un couple marche dans la rue, bras dessus bras dessous, dans les limites imparties par la morale.
Un homme arrive en sens inverse, sans le faire exprès, il tamponne la femme. Celle-ci opère un mouvement de recul et le fautif se rend compte de son erreur. Il s’aperçoit alors que c’est un couple et demande pardon à l’homme. Celui-ci fronce les sourcils pour marquer le coup, mais d’un signe de tête, indique que l’incident est clos. Le couple reprend sa marche vers l’intimité impossible. Pourtant, l’homme a bousculé la femme et c’est à son homme qu’il a dit pardon. La scène n’a étonné personne, chacun étant d’accord sur les modalités de tamponnement et les façons de s’en sortir poliment. Dans cette scène, la femme n’a pas existé en tant que personne mais en tant que femme d’une personne. Depuis les nombreuses remontrances sur la place de la femme dans la société algérienne, rien de fondamental n’a changé pour elle. Si. Elle conduit, travaille, voyage et on la voit même à la télé. Mais aujourd’hui encore, elle reste l’équivalent d’une machine à laver ou d’une friteuse, c’est-à-dire en gros, un objet ménager qui parle. Il y a pourtant une autre explication à la scène décrite plus haut. Si le tamponneur a demandé pardon à l’homme qu’il n’a pas touché et non à la femme qu’il a bousculée, c’est parce qu’il s’estime ne pas avoir le droit de parler à la femme puisqu’elle est avec un homme. Entre les deux explications, il y a quand même ce combat entre la pudeur, valeur centrale dans le monde musulman étriqué, et l’incontournable individualisation de la femme, unique devenir pour cette moitié de l’humanité. Combat non terminé, tout comme ne l’est pas celui entre le Nord et le Sud musulman, l’Occident voulant déshabiller la femme, l’Orient l’habiller le plus possible. Sauf que confondre pudeur et raideur est bien sûr une grossière erreur.
Chawki Amari
source : tahia bladi
Un homme arrive en sens inverse, sans le faire exprès, il tamponne la femme. Celle-ci opère un mouvement de recul et le fautif se rend compte de son erreur. Il s’aperçoit alors que c’est un couple et demande pardon à l’homme. Celui-ci fronce les sourcils pour marquer le coup, mais d’un signe de tête, indique que l’incident est clos. Le couple reprend sa marche vers l’intimité impossible. Pourtant, l’homme a bousculé la femme et c’est à son homme qu’il a dit pardon. La scène n’a étonné personne, chacun étant d’accord sur les modalités de tamponnement et les façons de s’en sortir poliment. Dans cette scène, la femme n’a pas existé en tant que personne mais en tant que femme d’une personne. Depuis les nombreuses remontrances sur la place de la femme dans la société algérienne, rien de fondamental n’a changé pour elle. Si. Elle conduit, travaille, voyage et on la voit même à la télé. Mais aujourd’hui encore, elle reste l’équivalent d’une machine à laver ou d’une friteuse, c’est-à-dire en gros, un objet ménager qui parle. Il y a pourtant une autre explication à la scène décrite plus haut. Si le tamponneur a demandé pardon à l’homme qu’il n’a pas touché et non à la femme qu’il a bousculée, c’est parce qu’il s’estime ne pas avoir le droit de parler à la femme puisqu’elle est avec un homme. Entre les deux explications, il y a quand même ce combat entre la pudeur, valeur centrale dans le monde musulman étriqué, et l’incontournable individualisation de la femme, unique devenir pour cette moitié de l’humanité. Combat non terminé, tout comme ne l’est pas celui entre le Nord et le Sud musulman, l’Occident voulant déshabiller la femme, l’Orient l’habiller le plus possible. Sauf que confondre pudeur et raideur est bien sûr une grossière erreur.
Chawki Amari
source : tahia bladi
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