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A El Menéa, sous 52°.
Ils bloquent véhicules et engins appartenant aux compagnies pétrolières et expliquent : «Nous ne remettons pas en cause le recrutement hors wilaya pour des postes nécessitant des bagages ou de hautes qualifications. Non. Nous ne pouvons admettre qu’on ramène d’ailleurs des serveurs, des hommes de peine, des gardiens, des agents de sécurité, des employés de cuisine, des chauffeurs, etc.»
Ils dénoncent des recrutements hors wilaya même pour la main-d’œuvre non qualifiée : Des dizaines de chômeurs d’El Menéa ferment la RN1 aux camions et véhicules des compagnies pétrolières
Par O. Yazid, 10 juillet 2018. Reporters
Le tableau de bord de notre véhicule affichait 52° Celsius et ils étaient là. Le gros de la troupe, une soixantaine d’individus, des jeunes pour la plupart, qui s’abritaient sous de vieux arbres rabougris tandis qu’un petit groupe était «de faction» en plein milieu de la route tenant un barrage, édifié sommairement avec des grosses pierres et des troncs d’arbre.
Nous sommes exactement sur la Route nationale n° 1, à 270 km au sud de Ghardaïa, à l’entrée nord de la ville d’El Ménea. À notre gauche, une imposante centrale électrique de Sonelgaz, et, à notre droite, à quelques dizaines de mètres derrière, la prison d’El Menéa. Trois banderoles en tissu blanc, sur lesquelles étaient écrits en gros caractères rouges des messages en arabe, «Nous voulons du travail», «contestation pacifique» et «où est notre droit au travail ?», visibles de loin, sont déployées face à la route de façon à leur donner une grande visibilité.
«Nous sommes là depuis dimanche matin après avoir épuisé toutes les autres voies pour nous faire entendre. Oui, nous avons déjà organisé des sit-in devant le siège de la wilaya déléguée d’El Menéa et devant le bureau de main-d’œuvre pour dénoncer le recours systématique au recrutement par les compagnies étrangères, installées sur le sol de notre wilaya déléguée, de personnels hors wilaya, mais en vain», se désole un de ceux paraîssant faire partie des meneurs de cette contestation.
Un moment après, il revient vers nous pour préciser : «Nous ne remettons pas en cause le recrutement hors wilaya pour des postes nécessitant des bagages ou de hautes qualifications. Non. Mais nous ne pouvons admettre qu’on ramène d’ailleurs des serveurs, des hommes de peine, des gardiens, des agents de sécurité, des employés de cuisine, des chauffeurs, etc.» Reprenant son souffle, il poursuit : «Nous avons des centaines de diplômés et d’universitaires au chômage, qu’on leur donne leur chance. Ce sont bien des Algériens. Et pour les postes sans qualification, est-ce que nos concitoyens sont manchots pour faire ce travail ? Non, ce n’est pas normal et c’est pour cela que nous organisons ce sit-in.»
Un autre arrive et ajoute : «Nous sommes des gens pacifiques, nous ne cherchons pas à créer des problèmes. Nous voulons juste qu’on nous donne du travail. Mais que voulez-vous, personne ne veut entendre notre cri de détresse. Alors, nous n’avons d’autre alternative que de rester là jusqu’à ce que nos doléances aboutissent.»
A la question de savoir si des responsables sont venus les voir, un autre, en colère, nous lance : «Alors que nous nous attendions à ce que le wali délégué, ou à la limite le P/APC de Hassi El Gara, vient nous écouter, on nous envoie un capitaine de gendarmerie et un commissaire de police. Il font erreur. Ce n’est pas à la force publique de régler ce problème, c’est au wali de Ghardaïa et celui d’El Menéa de s’impliquer et de trouver des solutions à cette jeunesse qui souffre.»
«Pourquoi coupez-vous la route, elle est très importante pour les camions, les véhicules et les engins des compagnies pétrolières seulement ?» avons-nous demandé à un jeune.
«Ce sont aux qui ne respectent pas la règlementation en matière de recrutement et ce sont les plus gros recruteurs chez nous. Nous, notre problème à la source est créé par ces compagnies pétrolières qui sont installées sur le périmètre de Khreichba, à 250 km au sud, aux confins de notre wilaya et à limite de la wilaya déléguée d’In Salah. Ils font fi de toute réglementation et refusent, sans le dire ouvertement, de recruter localement. Ce n’est pas normal, ce n’est pas à eux mais aux pouvoirs publics d’imposer les lois de la République. Nous ne demandons pas plus.»
Tous les responsables locaux que nous avons tenté de joindre, wali délégué, responsable de l’agence de l’emploi, P/APC, se sont inscrits aux abonnés absents. Ils ont tous éteints leurs téléphones. Il est vrai qu’il fait très chaud, mais ce n’est certainement pas encore les vacances. Il y a du travail, il faut l’assurer, l’assumer. Avant de quitter les protestataires et de rentrer sur Ghardaïa, sur 270 km de bitume bouillonnant, nous avons pu constater de visu que tous les camions, véhicules, bus et engins, qui n’appartiennent pas aux compagnies pétrolières passent sans encombre et dans les deux sens. «Nous resterons là le temps qu’il faudra pour faire aboutir nos légitimes revendications», nous lance, à travers la vitre légèrement baissée de notre véhicule, un des «gardiens du barrage». Le tableau de bord affiche 54° Celsius. Il n’est que 13h30.
Source : Reporters
A El Menéa, sous 52°.
Ils bloquent véhicules et engins appartenant aux compagnies pétrolières et expliquent : «Nous ne remettons pas en cause le recrutement hors wilaya pour des postes nécessitant des bagages ou de hautes qualifications. Non. Nous ne pouvons admettre qu’on ramène d’ailleurs des serveurs, des hommes de peine, des gardiens, des agents de sécurité, des employés de cuisine, des chauffeurs, etc.»
Ils dénoncent des recrutements hors wilaya même pour la main-d’œuvre non qualifiée : Des dizaines de chômeurs d’El Menéa ferment la RN1 aux camions et véhicules des compagnies pétrolières
Par O. Yazid, 10 juillet 2018. Reporters
Le tableau de bord de notre véhicule affichait 52° Celsius et ils étaient là. Le gros de la troupe, une soixantaine d’individus, des jeunes pour la plupart, qui s’abritaient sous de vieux arbres rabougris tandis qu’un petit groupe était «de faction» en plein milieu de la route tenant un barrage, édifié sommairement avec des grosses pierres et des troncs d’arbre.
Nous sommes exactement sur la Route nationale n° 1, à 270 km au sud de Ghardaïa, à l’entrée nord de la ville d’El Ménea. À notre gauche, une imposante centrale électrique de Sonelgaz, et, à notre droite, à quelques dizaines de mètres derrière, la prison d’El Menéa. Trois banderoles en tissu blanc, sur lesquelles étaient écrits en gros caractères rouges des messages en arabe, «Nous voulons du travail», «contestation pacifique» et «où est notre droit au travail ?», visibles de loin, sont déployées face à la route de façon à leur donner une grande visibilité.
«Nous sommes là depuis dimanche matin après avoir épuisé toutes les autres voies pour nous faire entendre. Oui, nous avons déjà organisé des sit-in devant le siège de la wilaya déléguée d’El Menéa et devant le bureau de main-d’œuvre pour dénoncer le recours systématique au recrutement par les compagnies étrangères, installées sur le sol de notre wilaya déléguée, de personnels hors wilaya, mais en vain», se désole un de ceux paraîssant faire partie des meneurs de cette contestation.
Un moment après, il revient vers nous pour préciser : «Nous ne remettons pas en cause le recrutement hors wilaya pour des postes nécessitant des bagages ou de hautes qualifications. Non. Mais nous ne pouvons admettre qu’on ramène d’ailleurs des serveurs, des hommes de peine, des gardiens, des agents de sécurité, des employés de cuisine, des chauffeurs, etc.» Reprenant son souffle, il poursuit : «Nous avons des centaines de diplômés et d’universitaires au chômage, qu’on leur donne leur chance. Ce sont bien des Algériens. Et pour les postes sans qualification, est-ce que nos concitoyens sont manchots pour faire ce travail ? Non, ce n’est pas normal et c’est pour cela que nous organisons ce sit-in.»
Un autre arrive et ajoute : «Nous sommes des gens pacifiques, nous ne cherchons pas à créer des problèmes. Nous voulons juste qu’on nous donne du travail. Mais que voulez-vous, personne ne veut entendre notre cri de détresse. Alors, nous n’avons d’autre alternative que de rester là jusqu’à ce que nos doléances aboutissent.»
A la question de savoir si des responsables sont venus les voir, un autre, en colère, nous lance : «Alors que nous nous attendions à ce que le wali délégué, ou à la limite le P/APC de Hassi El Gara, vient nous écouter, on nous envoie un capitaine de gendarmerie et un commissaire de police. Il font erreur. Ce n’est pas à la force publique de régler ce problème, c’est au wali de Ghardaïa et celui d’El Menéa de s’impliquer et de trouver des solutions à cette jeunesse qui souffre.»
«Pourquoi coupez-vous la route, elle est très importante pour les camions, les véhicules et les engins des compagnies pétrolières seulement ?» avons-nous demandé à un jeune.
«Ce sont aux qui ne respectent pas la règlementation en matière de recrutement et ce sont les plus gros recruteurs chez nous. Nous, notre problème à la source est créé par ces compagnies pétrolières qui sont installées sur le périmètre de Khreichba, à 250 km au sud, aux confins de notre wilaya et à limite de la wilaya déléguée d’In Salah. Ils font fi de toute réglementation et refusent, sans le dire ouvertement, de recruter localement. Ce n’est pas normal, ce n’est pas à eux mais aux pouvoirs publics d’imposer les lois de la République. Nous ne demandons pas plus.»
Tous les responsables locaux que nous avons tenté de joindre, wali délégué, responsable de l’agence de l’emploi, P/APC, se sont inscrits aux abonnés absents. Ils ont tous éteints leurs téléphones. Il est vrai qu’il fait très chaud, mais ce n’est certainement pas encore les vacances. Il y a du travail, il faut l’assurer, l’assumer. Avant de quitter les protestataires et de rentrer sur Ghardaïa, sur 270 km de bitume bouillonnant, nous avons pu constater de visu que tous les camions, véhicules, bus et engins, qui n’appartiennent pas aux compagnies pétrolières passent sans encombre et dans les deux sens. «Nous resterons là le temps qu’il faudra pour faire aboutir nos légitimes revendications», nous lance, à travers la vitre légèrement baissée de notre véhicule, un des «gardiens du barrage». Le tableau de bord affiche 54° Celsius. Il n’est que 13h30.
Source : Reporters
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