Est-ce dû au fait que Jeune Afrique soit pro-marocain de manière systématique?
- Notre hebdomadaire n'est plus distribué en Algérie depuis cinq mois à la suite d'une décision unilatérale du gouvernement. Simple mesure temporaire destinée à faire des économies en devises ou réelle censure de notre ligne éditoriale ?
(…).
Officiellement, il s’agit de faire des économies en devises en supprimant la diffusion de la presse internationale. Une mesure d’austérité imposée, paraît-il, par la crise économique. Cette mesure sera temporaire, nous a-t-on précisé. Hélas ! il est à craindre que ce temporaire soit, comme souvent, appelé à durer. Comment croire que quelques milliers d’exemplaires d’un hebdomadaire, quel qu’il soit, puissent grever à ce point les finances publiques d’une nation ?
En creusant un peu, et même beaucoup tant il est difficile dans ce pays d’obtenir la moindre information, nous nous sommes aperçus qu’il existe un motif officieux. En gros : JA serait trop négatif vis-à-vis de l’Algérie. Et, bien sûr, trop indulgent avec le voisin marocain. Une goutte d’eau a fait déborder le vase : l’interview de Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, publiée à la mi-mai (JA n° 2992).
Il faut admettre que ce dernier n’y était pas allé de main morte avec les Algériens. Mais comment s’en étonner dans le climat de grande tension qui prévaut actuellement entre les frères ennemis maghrébins ? Ce que le gouvernement algérien oublie de dire, c’est que, outre le fait que nous exerçons notre métier de la manière la plus objective possible, nous nous escrimons depuis de longues années à tenter d’ouvrir nos colonnes à leurs dirigeants, pour leur permettre d’exprimer leur point de vue. Nous ne comptons plus les demandes d’interview adressées aux différents Premiers ministres, ministres des Affaires étrangères, responsables du Front de libération nationale (FLN) ou patrons d’entreprises publiques. Toutes sont restées lettre morte. Pas de son, pas d’image.
(..).
Depuis notre retour en Algérie, en 1998, après vingt-deux longues années d’interdiction – quand on vous dit que notre relation n’a jamais été un long fleuve tranquille ! –, près d’une dizaine de numéros de JA ont été interdits. Pour des motifs très variés. Les sujets des articles incriminés allaient, entre autres, du vote des généraux (2004) aux relations algéro-marocaines (2005), en passant par les caricatures du Prophète (2006), la chute du tycoon Rafik Abdelmoumen Khalifa (2007) ou le malaise kabyle (2008).
Plus récemment, une enquête intitulée « Bouteflika et les femmes » (2015), qui n’avait naturellement rien à voir avec la manière nauséeuse dont les tabloïds britanniques ou la presse people traitent ce genre de sujet mais qui se penchait sur la vie de l’un des rares chefs d’État d’Afrique et du monde arabe resté célibataire – dont la réputation de séducteur était jadis bien établie –, n’a pas échappé aux foudres de la « censure ».
- Notre hebdomadaire n'est plus distribué en Algérie depuis cinq mois à la suite d'une décision unilatérale du gouvernement. Simple mesure temporaire destinée à faire des économies en devises ou réelle censure de notre ligne éditoriale ?
(…).
Officiellement, il s’agit de faire des économies en devises en supprimant la diffusion de la presse internationale. Une mesure d’austérité imposée, paraît-il, par la crise économique. Cette mesure sera temporaire, nous a-t-on précisé. Hélas ! il est à craindre que ce temporaire soit, comme souvent, appelé à durer. Comment croire que quelques milliers d’exemplaires d’un hebdomadaire, quel qu’il soit, puissent grever à ce point les finances publiques d’une nation ?
En creusant un peu, et même beaucoup tant il est difficile dans ce pays d’obtenir la moindre information, nous nous sommes aperçus qu’il existe un motif officieux. En gros : JA serait trop négatif vis-à-vis de l’Algérie. Et, bien sûr, trop indulgent avec le voisin marocain. Une goutte d’eau a fait déborder le vase : l’interview de Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, publiée à la mi-mai (JA n° 2992).
Il faut admettre que ce dernier n’y était pas allé de main morte avec les Algériens. Mais comment s’en étonner dans le climat de grande tension qui prévaut actuellement entre les frères ennemis maghrébins ? Ce que le gouvernement algérien oublie de dire, c’est que, outre le fait que nous exerçons notre métier de la manière la plus objective possible, nous nous escrimons depuis de longues années à tenter d’ouvrir nos colonnes à leurs dirigeants, pour leur permettre d’exprimer leur point de vue. Nous ne comptons plus les demandes d’interview adressées aux différents Premiers ministres, ministres des Affaires étrangères, responsables du Front de libération nationale (FLN) ou patrons d’entreprises publiques. Toutes sont restées lettre morte. Pas de son, pas d’image.
(..).
Depuis notre retour en Algérie, en 1998, après vingt-deux longues années d’interdiction – quand on vous dit que notre relation n’a jamais été un long fleuve tranquille ! –, près d’une dizaine de numéros de JA ont été interdits. Pour des motifs très variés. Les sujets des articles incriminés allaient, entre autres, du vote des généraux (2004) aux relations algéro-marocaines (2005), en passant par les caricatures du Prophète (2006), la chute du tycoon Rafik Abdelmoumen Khalifa (2007) ou le malaise kabyle (2008).
Plus récemment, une enquête intitulée « Bouteflika et les femmes » (2015), qui n’avait naturellement rien à voir avec la manière nauséeuse dont les tabloïds britanniques ou la presse people traitent ce genre de sujet mais qui se penchait sur la vie de l’un des rares chefs d’État d’Afrique et du monde arabe resté célibataire – dont la réputation de séducteur était jadis bien établie –, n’a pas échappé aux foudres de la « censure ».
Commentaire