Six ans après les évènements odieux d'Hassi Messaoud, quel peut être l'avenir des femmes de haouch El-Haïcha, franchement je n'en sais rien car leurs sorts n'intéressent personnes et salies comme elles l'ont été , elle doivent survivre malgré tout, seules abandonnées et exclues.
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«Les quartiers de Bouâmama et des 136 logements ont vécu les 13 et 14 juillet courant des émeutes durant lesquelles des centaines d'individus ont pris d'assaut de nombreux domiciles occupés par des femmes travaillant dans la zone. Ces individus s'en sont pris aux occupantes les agressant physiquement, les violant, saccageant et spoliant leurs biens (...)»
Voilà en substance ce qu'on pouvait lire dans le communiqué du parquet général de Ouargla, le 16 juillet 2001.
Un peu moins de 6 ans après le drame de haouch El-Haïcha, un bidonville à l'ombre des torchères de Hassi Messaoud, Rahmouna, l'une des 39 victimes, officiellement recensées, continue encore de se battre, non contre ses fossoyeurs d'un soir mais face à l'implacabilité de la vie et des promesses non tenues.
A presque 41 ans, cette habituée des coups durs, 3 enfants sur les bras et un divorce avec perte et fracas, n'arrive toujours pas à digérer les lendemains inhospitaliers d'un soir d'été meurtrier. Les souvenirs sont vivaces, prêts à refluer à la surface au plus bref instant d'inattention, mais ils sont sciemment remisés à plus tard, tenus en bride, jusqu'à des jours plus cléments. Par contre, la volonté de s'en sortir une bonne fois pour toutes, guide cette femme dans son combat quotidien. Rahmouna, victime de la folie des hommes et des préjugés, n'arrive pas encore à s'expliquer sa situation, 6 ans après les événements d'El-Haïcha. Elle s'estime doublement victime mais davantage lésée par ceux qui lui ont promis à elle et à ses soeurs d'infortune, une vie meilleure.
Le visage encadré par un châle marron, les joues creuses, Rahmouna garde pourtant espoir malgré l'amertume qu'elle cultive à l'adresse de certaines associations féminines «qui ont voulu nous instrumentaliser», expliquera cette femme, des documents à la main, pour preuves de ses accusations. «Si j'avais prédit ce que l'avenir me réservait, j'aurais disparu au sortir de l'hôpital, pour qu'on n'entende plus parler de moi et je ne suis pas la seule à penser de cette manière», lâchera-t-elle, le regard dans le vide. Des propos qui trahissent la profondeur de l'abîme où elle pense être tombée.
Des circonstances de cette nuit estivale, Rahmouna préfère plutôt s'étaler sur sa situation sociale actuelle caractérisée par une précarité qui la pousse à se ravitailler auprès de Dar Errahma de Misserghine. Elle dit ne pas pardonner que son nom soit constamment cité dans la presse ou à la radio sans son consentement et que l'on utilise son nom et son image, à travers le drame d'El-Haïcha, à des fins mercantiles ou politiques.
«Certaines de ces associations parlent en notre nom pour leurs propres intérêts et je refuse qu'on m'instrumentalise», expliquera Rahmouna qui se considère trahie par des gens auxquels elle avait fait confiance. «Est-ce que ces associations sont-elles venues frapper à nos portes pour s'inquiéter de notre situation?» Amère, elle veut qu'on lui explique où sont passés les fruits de ces livres et films sortis pour la circonstance. «Tout le monde nous connaît maintenant mais qu'on me dise où est le résultat de tout cela après 6 ans», s'interroge t-elle. Rahmouna va plus loin encore en accusant des associations féminines de leur avoir fait courir un danger en «commercialisant» l'affaire d'El-Haïcha. Elle avoue avoir pensé retourner à Hassi Messaoud pour travailler de nouveau, à l'image de la majorité des victimes, mais les menaces planent toujours. «Mon amie Fatiha, celle qui a été enterrée vivante la première fois, est retournée là-bas mais elle a été reconnue et agressée une deuxième fois. J'ai peur qu'il ne m'arrive la même chose», admet-elle, des regrets dans la voix.
Rahmouna risque de se retrouver à la rue, dans trois mois, ne sait plus vers qui se tourner. «Toutes les promesses des responsables sont restées vaines et je suis livrée à moi-même avec trois enfants à charge». Ses pensées voguent vers leurs bourreaux d'un soir. «Je suis libre de pardonner si je le veux, mayssalounich et je n'ai aucun intérêt à ce que quelqu'un écope de 20 ans. Je n'ai pas peur d'eux mais personne ne peut nous protéger d'eux», dira t-elle, fataliste. Rahmouna croise et décroise ses doigts dans un long et pénible ballet nerveux. Ses pensées voyagent au-delà du temps et des événements pour venir se reposer sur le sol sablonneux de ses lieux de travail à Hassi Messaoud, l'unique endroit où elle s'est sentie pleinement vivre.
Par le quotidien d'oran
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«Les quartiers de Bouâmama et des 136 logements ont vécu les 13 et 14 juillet courant des émeutes durant lesquelles des centaines d'individus ont pris d'assaut de nombreux domiciles occupés par des femmes travaillant dans la zone. Ces individus s'en sont pris aux occupantes les agressant physiquement, les violant, saccageant et spoliant leurs biens (...)»
Voilà en substance ce qu'on pouvait lire dans le communiqué du parquet général de Ouargla, le 16 juillet 2001.
Un peu moins de 6 ans après le drame de haouch El-Haïcha, un bidonville à l'ombre des torchères de Hassi Messaoud, Rahmouna, l'une des 39 victimes, officiellement recensées, continue encore de se battre, non contre ses fossoyeurs d'un soir mais face à l'implacabilité de la vie et des promesses non tenues.
A presque 41 ans, cette habituée des coups durs, 3 enfants sur les bras et un divorce avec perte et fracas, n'arrive toujours pas à digérer les lendemains inhospitaliers d'un soir d'été meurtrier. Les souvenirs sont vivaces, prêts à refluer à la surface au plus bref instant d'inattention, mais ils sont sciemment remisés à plus tard, tenus en bride, jusqu'à des jours plus cléments. Par contre, la volonté de s'en sortir une bonne fois pour toutes, guide cette femme dans son combat quotidien. Rahmouna, victime de la folie des hommes et des préjugés, n'arrive pas encore à s'expliquer sa situation, 6 ans après les événements d'El-Haïcha. Elle s'estime doublement victime mais davantage lésée par ceux qui lui ont promis à elle et à ses soeurs d'infortune, une vie meilleure.
Le visage encadré par un châle marron, les joues creuses, Rahmouna garde pourtant espoir malgré l'amertume qu'elle cultive à l'adresse de certaines associations féminines «qui ont voulu nous instrumentaliser», expliquera cette femme, des documents à la main, pour preuves de ses accusations. «Si j'avais prédit ce que l'avenir me réservait, j'aurais disparu au sortir de l'hôpital, pour qu'on n'entende plus parler de moi et je ne suis pas la seule à penser de cette manière», lâchera-t-elle, le regard dans le vide. Des propos qui trahissent la profondeur de l'abîme où elle pense être tombée.
Des circonstances de cette nuit estivale, Rahmouna préfère plutôt s'étaler sur sa situation sociale actuelle caractérisée par une précarité qui la pousse à se ravitailler auprès de Dar Errahma de Misserghine. Elle dit ne pas pardonner que son nom soit constamment cité dans la presse ou à la radio sans son consentement et que l'on utilise son nom et son image, à travers le drame d'El-Haïcha, à des fins mercantiles ou politiques.
«Certaines de ces associations parlent en notre nom pour leurs propres intérêts et je refuse qu'on m'instrumentalise», expliquera Rahmouna qui se considère trahie par des gens auxquels elle avait fait confiance. «Est-ce que ces associations sont-elles venues frapper à nos portes pour s'inquiéter de notre situation?» Amère, elle veut qu'on lui explique où sont passés les fruits de ces livres et films sortis pour la circonstance. «Tout le monde nous connaît maintenant mais qu'on me dise où est le résultat de tout cela après 6 ans», s'interroge t-elle. Rahmouna va plus loin encore en accusant des associations féminines de leur avoir fait courir un danger en «commercialisant» l'affaire d'El-Haïcha. Elle avoue avoir pensé retourner à Hassi Messaoud pour travailler de nouveau, à l'image de la majorité des victimes, mais les menaces planent toujours. «Mon amie Fatiha, celle qui a été enterrée vivante la première fois, est retournée là-bas mais elle a été reconnue et agressée une deuxième fois. J'ai peur qu'il ne m'arrive la même chose», admet-elle, des regrets dans la voix.
Rahmouna risque de se retrouver à la rue, dans trois mois, ne sait plus vers qui se tourner. «Toutes les promesses des responsables sont restées vaines et je suis livrée à moi-même avec trois enfants à charge». Ses pensées voguent vers leurs bourreaux d'un soir. «Je suis libre de pardonner si je le veux, mayssalounich et je n'ai aucun intérêt à ce que quelqu'un écope de 20 ans. Je n'ai pas peur d'eux mais personne ne peut nous protéger d'eux», dira t-elle, fataliste. Rahmouna croise et décroise ses doigts dans un long et pénible ballet nerveux. Ses pensées voyagent au-delà du temps et des événements pour venir se reposer sur le sol sablonneux de ses lieux de travail à Hassi Messaoud, l'unique endroit où elle s'est sentie pleinement vivre.
Par le quotidien d'oran
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