Yassin Temlali Journaliste
Peut-on trouver ailleurs que dans la littérature une situation comparable à la situation extravagante que nous vivons depuis deux semaines ? Le régime aura réussi à jouer une pièce digne de l’éternité, improvisée de surcroît, avec tous ces Messieurs Jourdain qui font du théâtre « sans qu’ils en sussent rien » et amusent de nous la planète entière.
Un candidat à la Présidence qui semble évoluer dans un univers parallèle, où le peuple est encore inactif, déprimé, dépressif, presque mort, et qui agit comme si les élections du 18 avril 2019 allaient réellement se tenir. Un autre candidat, qu’on croyait être un millionnaire venu du froid et qu’on découvre, en des circonstances pourtant solennelles, sous les traits d’un cousin homonyme, mécanicien de son état, résidant à Chlef. Un autre encore qui, en des circonstances aussi sérieuses, sentant quelque vibration divine, se retire de la course, suscitant un éblouissement unanime devant tant de naturelle rétractabilité. Et une ombre de président-candidat, agitée derrière le rideau par une main non identifiée, qui nous dit par la voix d’un autre, de plusieurs autres : « Je ne partirai pas avant d’avoir été de nouveau élu ! » ; un homme à la troublante ubiquité, dont on ne sait pas s’il se trouve à Genève ou à Zéralda, pas plus qu’on n’arrive à comprendre s’il est souffrant au point d’être hospitalisé ou bien-portant au point de rempiler pour un cinquième mandat.
Quel nom donner à ce spectacle qui, n’était le danger qu’encourt le pays, déclencherait un énorme rire national, de Tébessa à Maghnia et d’Alger à Tamanrasset ? C’est un vaudeville, suggère une amie, un vaudeville sans grivoiseries, certes, mais où, indéniable originalité, la figure canonique du cocu se confond avec celle de 40 millions d’Algériens.
En effet, peut-on trouver ailleurs que dans la littérature une situation comparable à la situation extravagante que nous vivons depuis deux semaines ? Le régime aura réussi à jouer une pièce digne de l’éternité, improvisée de surcroît, avec tous ces Messieurs Jourdain qui font du théâtre « sans qu’ils en sussent rien » et amusent de nous la planète entière.
Un vaudeville ou peut-être plus drôlement noble, une pièce d’Alfred Jarry. « Père Ubu : ‘’N’ai-je pas un *** comme les autres ?’’ / Mère Ubu : ‘’A ta place, ce ***, je voudrais l’installer sur un trône.’’ ». Cette scène ne rappelle-t-elle pas ce président très malade, mais dont l’égo reste sensible aux flagorneries, et la camarilla qui lui sert de cour et qui, au moindre doute de soi par lui exprimé, lui susurre que sa majesté est absolument majestueuse ? Alfred Jarry se serait-il jamais douté qu’Ubu serait le héros inconscient d’un sosie tardif, qui, à défaut de conquérir la Pologne, s’accroche à son koursi quitte à régner sur des décombres ?
A moins que ce que nous vivons ne soit un roman de gangsters. Ubu ne serait alors pas Ubu : il serait digne de notre compassion plutôt que de notre indignation. Ce serait un homme malade, mis au secret dans une chambre médicalisée et qui, sentant sur sa tempe un canon de revolver, signe tout ce qu’on lui demande de signer, et déclare même qu’il est prêt à démissionner aussitôt réélu ! C’est une hypothèse qu’il ne faut pas écarter : en Algérie, comme l’écrirait Salah Badis, le « champ du possible », de tous les possibles, s’est infiniment étendu.
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Peut-on trouver ailleurs que dans la littérature une situation comparable à la situation extravagante que nous vivons depuis deux semaines ? Le régime aura réussi à jouer une pièce digne de l’éternité, improvisée de surcroît, avec tous ces Messieurs Jourdain qui font du théâtre « sans qu’ils en sussent rien » et amusent de nous la planète entière.
Un candidat à la Présidence qui semble évoluer dans un univers parallèle, où le peuple est encore inactif, déprimé, dépressif, presque mort, et qui agit comme si les élections du 18 avril 2019 allaient réellement se tenir. Un autre candidat, qu’on croyait être un millionnaire venu du froid et qu’on découvre, en des circonstances pourtant solennelles, sous les traits d’un cousin homonyme, mécanicien de son état, résidant à Chlef. Un autre encore qui, en des circonstances aussi sérieuses, sentant quelque vibration divine, se retire de la course, suscitant un éblouissement unanime devant tant de naturelle rétractabilité. Et une ombre de président-candidat, agitée derrière le rideau par une main non identifiée, qui nous dit par la voix d’un autre, de plusieurs autres : « Je ne partirai pas avant d’avoir été de nouveau élu ! » ; un homme à la troublante ubiquité, dont on ne sait pas s’il se trouve à Genève ou à Zéralda, pas plus qu’on n’arrive à comprendre s’il est souffrant au point d’être hospitalisé ou bien-portant au point de rempiler pour un cinquième mandat.
Quel nom donner à ce spectacle qui, n’était le danger qu’encourt le pays, déclencherait un énorme rire national, de Tébessa à Maghnia et d’Alger à Tamanrasset ? C’est un vaudeville, suggère une amie, un vaudeville sans grivoiseries, certes, mais où, indéniable originalité, la figure canonique du cocu se confond avec celle de 40 millions d’Algériens.
En effet, peut-on trouver ailleurs que dans la littérature une situation comparable à la situation extravagante que nous vivons depuis deux semaines ? Le régime aura réussi à jouer une pièce digne de l’éternité, improvisée de surcroît, avec tous ces Messieurs Jourdain qui font du théâtre « sans qu’ils en sussent rien » et amusent de nous la planète entière.
Un vaudeville ou peut-être plus drôlement noble, une pièce d’Alfred Jarry. « Père Ubu : ‘’N’ai-je pas un *** comme les autres ?’’ / Mère Ubu : ‘’A ta place, ce ***, je voudrais l’installer sur un trône.’’ ». Cette scène ne rappelle-t-elle pas ce président très malade, mais dont l’égo reste sensible aux flagorneries, et la camarilla qui lui sert de cour et qui, au moindre doute de soi par lui exprimé, lui susurre que sa majesté est absolument majestueuse ? Alfred Jarry se serait-il jamais douté qu’Ubu serait le héros inconscient d’un sosie tardif, qui, à défaut de conquérir la Pologne, s’accroche à son koursi quitte à régner sur des décombres ?
A moins que ce que nous vivons ne soit un roman de gangsters. Ubu ne serait alors pas Ubu : il serait digne de notre compassion plutôt que de notre indignation. Ce serait un homme malade, mis au secret dans une chambre médicalisée et qui, sentant sur sa tempe un canon de revolver, signe tout ce qu’on lui demande de signer, et déclare même qu’il est prêt à démissionner aussitôt réélu ! C’est une hypothèse qu’il ne faut pas écarter : en Algérie, comme l’écrirait Salah Badis, le « champ du possible », de tous les possibles, s’est infiniment étendu.
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