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En Algérie, les milliardaires contrôlent l’information

Jamais les médias algériens n’ont été aussi monopolisés par le pouvoir de l’argent. De riches oligarques font et défont désormais les opinions à travers leurs télévisions privées
Mahieddine Tahkout, Isaad Rebrab, Ali Haddad, Reda Mehegueni, Ayoub Ould Zmirli… Ces hommes d’affaires contrôlent aujourd’hui la plupart des chaînes de télévision algériennes financées à coup de milliards de dinars pour servir leurs intérêts ou s’attirer les faveurs du régime.
Tout commence à l’été 2015 lorsque la vente de la chaîne de la télévision El-Djazaïria, l’une des trois premières télévisions privées lancées en Algérie, à l’homme d’affaires discret Ayoub Ould Zmrili impose le règne des oligarques sur le petit écran algérien. Inconnu du grand public, ce richissime businessman qui a fait fortune dans l’immobilier à Alger où il a vendu pendant des années des appartements à prix d’or dans quartier chic d’Alger, Hydra, a fait une entrée fracassante dans le monde des médias algériens.
El-Djazaïria, le zèle politique
Il s’empare d’El-Djazaïria à la suite d’une longue et harassante négociation avec Karim Kardache et les deux autres anciens actionnaires de cette télévision qui a révolutionné le paysage médiatique algérien à travers des émissions satiriques très critiques comme Journane El Gosto ou El-Djazaïria Week-end. Au départ, les premiers propriétaires demandent pas moins de 8 millions d’euros. Mais l’homme d’affaires fait appel à des lobbyistes pour faire baisser le prix. A 4 millions d’euros, le marché est conclu. El-Djazaïria change diamétralement de ligne éditoriale et le nouveau propriétaire fait appel à Hamraoui Habib Chawki, l’ancien patron de l’ENTV, et l’un des communicants d’Abdelaziz Bouteflika lors de ces quatre dernières campagnes électorales. Divertissement et zèle politique, El Djazaïria change de look et d’identité. Le pouvoir de l’argent a pris le dessus sur l’indépendance éditoriale.
KBC, la vitrine d’Issad Rebrab
Une indépendance que risque de perdre prochainement la chaîne KBC, la télévision du groupe de presse El-Khabar, le premier quotidien arabophone en Algérie. Fortement endetté et après de nombreux échecs commerciaux, KBC a fini par céder à l’appel d’un bailleur de fonds, le célèbre milliardaire Isaad Rebrab qui veut lancer sa télé depuis des mois. Mais ses récents conflits avec le clan présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika ont amené le patron de Cevital à revoir ses calculs :
il est plus judicieux d’acquérir des parts dans une télé d’ores et déjà existante que de se lancer seule dans une aventure incertaine. KBC pourrait encaisser prochainement un chèque de l’équivalent de 5 millions d’euros de la part de Rebrab. Mais la télévision d’El-Khabar risque de perdre énormément de son Indépendance. Et pour cause, les intérêts économiques de l’empire Rebrab en Algérie sont immenses et ses accointances avec les anciens leaders du DRS risquent de peser sur les choix éditoriaux de KBC.
Au sein du groupe El-Khabar, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette vente partielle à l’homme le plus riche d’Algérie. Mais la majorité des actionnaires préfèrent récupérer le cash du patron de Cevital afin de surmonter la profonde crise financière qui les secoue.
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En Algérie, les milliardaires contrôlent l’information

Jamais les médias algériens n’ont été aussi monopolisés par le pouvoir de l’argent. De riches oligarques font et défont désormais les opinions à travers leurs télévisions privées
Mahieddine Tahkout, Isaad Rebrab, Ali Haddad, Reda Mehegueni, Ayoub Ould Zmirli… Ces hommes d’affaires contrôlent aujourd’hui la plupart des chaînes de télévision algériennes financées à coup de milliards de dinars pour servir leurs intérêts ou s’attirer les faveurs du régime.
Tout commence à l’été 2015 lorsque la vente de la chaîne de la télévision El-Djazaïria, l’une des trois premières télévisions privées lancées en Algérie, à l’homme d’affaires discret Ayoub Ould Zmrili impose le règne des oligarques sur le petit écran algérien. Inconnu du grand public, ce richissime businessman qui a fait fortune dans l’immobilier à Alger où il a vendu pendant des années des appartements à prix d’or dans quartier chic d’Alger, Hydra, a fait une entrée fracassante dans le monde des médias algériens.
El-Djazaïria, le zèle politique
Il s’empare d’El-Djazaïria à la suite d’une longue et harassante négociation avec Karim Kardache et les deux autres anciens actionnaires de cette télévision qui a révolutionné le paysage médiatique algérien à travers des émissions satiriques très critiques comme Journane El Gosto ou El-Djazaïria Week-end. Au départ, les premiers propriétaires demandent pas moins de 8 millions d’euros. Mais l’homme d’affaires fait appel à des lobbyistes pour faire baisser le prix. A 4 millions d’euros, le marché est conclu. El-Djazaïria change diamétralement de ligne éditoriale et le nouveau propriétaire fait appel à Hamraoui Habib Chawki, l’ancien patron de l’ENTV, et l’un des communicants d’Abdelaziz Bouteflika lors de ces quatre dernières campagnes électorales. Divertissement et zèle politique, El Djazaïria change de look et d’identité. Le pouvoir de l’argent a pris le dessus sur l’indépendance éditoriale.
KBC, la vitrine d’Issad Rebrab
Une indépendance que risque de perdre prochainement la chaîne KBC, la télévision du groupe de presse El-Khabar, le premier quotidien arabophone en Algérie. Fortement endetté et après de nombreux échecs commerciaux, KBC a fini par céder à l’appel d’un bailleur de fonds, le célèbre milliardaire Isaad Rebrab qui veut lancer sa télé depuis des mois. Mais ses récents conflits avec le clan présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika ont amené le patron de Cevital à revoir ses calculs :
il est plus judicieux d’acquérir des parts dans une télé d’ores et déjà existante que de se lancer seule dans une aventure incertaine. KBC pourrait encaisser prochainement un chèque de l’équivalent de 5 millions d’euros de la part de Rebrab. Mais la télévision d’El-Khabar risque de perdre énormément de son Indépendance. Et pour cause, les intérêts économiques de l’empire Rebrab en Algérie sont immenses et ses accointances avec les anciens leaders du DRS risquent de peser sur les choix éditoriaux de KBC.
Au sein du groupe El-Khabar, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette vente partielle à l’homme le plus riche d’Algérie. Mais la majorité des actionnaires préfèrent récupérer le cash du patron de Cevital afin de surmonter la profonde crise financière qui les secoue.
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