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ATTENTAT CONTRE UNE JOURNALISTE DE TÉLÉVISION
Mardi, 21 Mars, 1995
Une voiture de la télévision algérienne qui amenait à leur travail Rachida Hammadi, journaliste, et sa soeur Houria, secrétaire, mitraillée par les intégristes. Houria a été tuée sur le coup et Rachida grièvement blessée.
LUNDI matin, à Chevaley, sur les hauteurs d'El Biar, Rachida Hammadi, reporter à la télévision algérienne, s'apprêtait à se rendre à son travail. Elle était accompagnée de sa soeur, Houria, elle-même secrétaire à l'ENTV. Au moment où la voiture de service de l'entreprise nationale de télévision allait démarrer, plusieurs hommes ont ouvert un feu nourri sur les occupants du véhicule. Bien que le chauffeur ait réussi à dégager sa voiture de ce traquenard, les deux soeurs ont été touchées de plusieurs balles. Rachida a reçu deux balles dans la tête et une dans la poitrine. Sa soeur est morte sur le coup. Transportée à l'hôpital militaire d'Aïn Nadja, Rachida Hammadi se trouvait hier soir dans un état stationnaire. Le chauffeur, qui a réussi à s'en sortir, et a tout fait pour sauver les deux femmes, a, sous le choc, perdu la voix.
Rachida Hammadi, âgée de trente-deux ans, est surnommée par ses collègues «kamikaze» en raison de son courage lorsqu'elle couvre des opérations antiterroristes, n'hésitant pas à prendre elle-même la caméra pour filmer. Elle était en train de préparer un reportage sur la solidarité en Europe avec le combat des femmes algériennes. Les téléspectateurs algériens ne verront certainement jamais ce témoignage.
Au siège de la télévision, c'est le choc. Plusieurs journalistes de la maison ont déjà été assassinés. Une assemblée générale a eu lieu lundi matin pour dénoncer ce crime odieux. Il faut rappeler que le GIA (Groupe islamique armé) avait demandé aux journalistes de la radio et de la télé de démissionner, faute de quoi ils s'exposeraient à des représailles. Rachida est la 32e journaliste victime des tueurs intégristes.
L'AJA, Association des journalistes algériens, a rapidement réagi. Dans son communiqué, elle «condamne avec toute son énergie» ce crime, tout en se demandant: «A qui profite ces attaques contre la corporation des journalistes?», et ce, «au moment où les entraves à la liberté d'expression de la presse menacent sournoisement la profession». Le communiqué ajoute que, «prise entre plusieurs feux dont le plus dangereux reste le terrorisme intégriste, la corporation est livrée à elle-même, tandis qu'on cherche par tous les moyens à réhabiliter les commanditaires des assassinats de journalistes dans une perspective purement électoraliste». L'AJA en appelle au président Zéroual, en rappelant les promesses non tenues par l'ancien ministre de l'Information concernant la sécurité des journalistes. Ce nouvel assassinat n'est pas de nature à rassurer une corporation qui, malgré tout, continue son travail d'information.
HASSANE ZERROUKY
Mardi, 21 Mars, 1995
Une voiture de la télévision algérienne qui amenait à leur travail Rachida Hammadi, journaliste, et sa soeur Houria, secrétaire, mitraillée par les intégristes. Houria a été tuée sur le coup et Rachida grièvement blessée.
LUNDI matin, à Chevaley, sur les hauteurs d'El Biar, Rachida Hammadi, reporter à la télévision algérienne, s'apprêtait à se rendre à son travail. Elle était accompagnée de sa soeur, Houria, elle-même secrétaire à l'ENTV. Au moment où la voiture de service de l'entreprise nationale de télévision allait démarrer, plusieurs hommes ont ouvert un feu nourri sur les occupants du véhicule. Bien que le chauffeur ait réussi à dégager sa voiture de ce traquenard, les deux soeurs ont été touchées de plusieurs balles. Rachida a reçu deux balles dans la tête et une dans la poitrine. Sa soeur est morte sur le coup. Transportée à l'hôpital militaire d'Aïn Nadja, Rachida Hammadi se trouvait hier soir dans un état stationnaire. Le chauffeur, qui a réussi à s'en sortir, et a tout fait pour sauver les deux femmes, a, sous le choc, perdu la voix.
Rachida Hammadi, âgée de trente-deux ans, est surnommée par ses collègues «kamikaze» en raison de son courage lorsqu'elle couvre des opérations antiterroristes, n'hésitant pas à prendre elle-même la caméra pour filmer. Elle était en train de préparer un reportage sur la solidarité en Europe avec le combat des femmes algériennes. Les téléspectateurs algériens ne verront certainement jamais ce témoignage.
Au siège de la télévision, c'est le choc. Plusieurs journalistes de la maison ont déjà été assassinés. Une assemblée générale a eu lieu lundi matin pour dénoncer ce crime odieux. Il faut rappeler que le GIA (Groupe islamique armé) avait demandé aux journalistes de la radio et de la télé de démissionner, faute de quoi ils s'exposeraient à des représailles. Rachida est la 32e journaliste victime des tueurs intégristes.
L'AJA, Association des journalistes algériens, a rapidement réagi. Dans son communiqué, elle «condamne avec toute son énergie» ce crime, tout en se demandant: «A qui profite ces attaques contre la corporation des journalistes?», et ce, «au moment où les entraves à la liberté d'expression de la presse menacent sournoisement la profession». Le communiqué ajoute que, «prise entre plusieurs feux dont le plus dangereux reste le terrorisme intégriste, la corporation est livrée à elle-même, tandis qu'on cherche par tous les moyens à réhabiliter les commanditaires des assassinats de journalistes dans une perspective purement électoraliste». L'AJA en appelle au président Zéroual, en rappelant les promesses non tenues par l'ancien ministre de l'Information concernant la sécurité des journalistes. Ce nouvel assassinat n'est pas de nature à rassurer une corporation qui, malgré tout, continue son travail d'information.
HASSANE ZERROUKY
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