Peut-on encore festoyer, réclamer un «déboulonnage» de l’Etat, alors que le FMI est aux portes ? L’actualité politique et sociale du moment recommande aux Algériens et surtout à leurs élites de voir les choses en face. Dire que la révolution est en marche, qu’elle n’aboutira pas cette année, ni la suivante et que pour ce faire, il faut maintenir une pression permanente sur le pouvoir jusqu’à son effondrement total, c’est mentir à l’opinion nationale. Cette approche «révolutionnaire» aurait été valable dans un contexte d’occupation étrangère, comme cela était le cas durant la révolution d’indépendance. Elle était justifiée en Inde et ailleurs, durant la période de décolonisation où chaque peuple a choisi sa méthode pour mettre un terme à un système colonial, injuste, raciste et criminel.
La révolution dans un pays où le peuple a déjà admirablement accompli la sienne, doit avoir une autre dimension et d’autres objectifs. Les élites qui poussent vers une sorte d’affrontement stérile entre la société algérienne et son Etat ne sont visiblement pas dans le temps. A trop vouloir appliquer un agenda «révolutionnaire» qui ne prend pas en considération que l’Algérie de 2019 est déjà indépendante et gouvernée par des Algériens, revient à «oublier» tout le combat héroïque d’un peuple qui a arraché son indépendance, sauvegardé le caractère républicain de son Etat et recouvré toutes les dimensions de son identité plurielle, au prix du sang de ses martyrs.
Les Algériens qui ont bravé l’interdit, investi les rues du pays, mis un terme à un processus électoral, amené les autorités à emprisonner des dizaines de hauts cadres du régime finissant, changer profondément la composante humaine de l’administration, les services de sécurité, la magistrature… Ces Algériens ont fait leur révolution, sans leurs élites. C’est là une vérité historique qu’aucun intellectuel ou politique ne saurait contredire, pour la simple raison que personne n’avait parié sur l’émergence du peuple sur la scène politique. Toutes ces victoires sont à inscrire à l’actif du peuple algérien. A la veille du 22 février, les élites étaient encore à négocier avec les piliers du régime. Ce n’est pas un tort de procéder de la sorte. C’est même l’une de leurs missions, sauf qu’il faut le dire et reconnaître un fait historique : que les Algériens n’ont pas attendu leurs élites pour renverser la table et créer une nouvelle réalité politique dans le pays.
Aujourd’hui, on peut comptabiliser les acquis de cette révolution pacifique. Ils sont innombrables et personne en Algérie n’en disconvient. Mais doit-on écouter certaines élites qui «théorisent» sur parcours long, douloureux et porteur de dangers pour la nation ? Cela au moment où beaucoup estiment important de poursuivre le combat dans les institutions, maintenant que le peuple a dit son mot. Cela passe par l’élection d’un président de la République. Il faut savoir arrêter une révolution au bon moment et entamer l’édification du pays.
Les élites combattantes de la guerre de libération n’ont peut-être pas tout réussi dans l’œuvre de développement, mais l’on se souvient de la réaction du président du GPRA, Benyoucef Benkhedda qui, après une semaine de festivités, avait interpellé les Algériens à se remettre au travail. L’Algérie n’est certainement pas dans la même séquence historique, mais il est grand temps, après toutes ces victoires de remettre le pays et le peuple au travail. Il faut revenir à la légalité constitutionnelle, donner un visage à l’Etat et poursuivre la mission de développement du pays. A plus forte raison que la situation économique et sociale du pays recommande de ne perdre aucune minute. Peut-on encore festoyer, réclamer un «déboulonnage» de l’Etat, alors que le FMI est aux portes ? Est-ce raisonnable de prendre le risque d’un chaos socio-économique, juste pour cette sacro-sainte constituante, dans un pays qui dispose d’un arsenal juridique complet et d’institutions vieilles de plus de 50 ans ? Ne suffit-il pas simplement de rendre plus efficaces, ces lois et ces institutions, dans un cadre constitutionnel légal où la nation ne se met pas inutilement en danger ?
A l’heure où certains députés grassement rémunérés par la République papotent sur la constituante, des dizaines de milliers de travailleurs ont perdu leurs emplois. Des dizaines de milliers d’autres voient leurs horizons bouchés. Des millions de chômeurs perdent chaque jour un peu plus l’espoir de décrocher un poste d’emploi. Tous ces députés qui ont «démissionné» tout en percevant leurs salaires ne sont pas certes directement responsables de cet état de fait, mais en militant contre la présidentielle, ils rendent irréversible la descente aux enfers que le pays a déjà entamée. L'Expression
La révolution dans un pays où le peuple a déjà admirablement accompli la sienne, doit avoir une autre dimension et d’autres objectifs. Les élites qui poussent vers une sorte d’affrontement stérile entre la société algérienne et son Etat ne sont visiblement pas dans le temps. A trop vouloir appliquer un agenda «révolutionnaire» qui ne prend pas en considération que l’Algérie de 2019 est déjà indépendante et gouvernée par des Algériens, revient à «oublier» tout le combat héroïque d’un peuple qui a arraché son indépendance, sauvegardé le caractère républicain de son Etat et recouvré toutes les dimensions de son identité plurielle, au prix du sang de ses martyrs.
Les Algériens qui ont bravé l’interdit, investi les rues du pays, mis un terme à un processus électoral, amené les autorités à emprisonner des dizaines de hauts cadres du régime finissant, changer profondément la composante humaine de l’administration, les services de sécurité, la magistrature… Ces Algériens ont fait leur révolution, sans leurs élites. C’est là une vérité historique qu’aucun intellectuel ou politique ne saurait contredire, pour la simple raison que personne n’avait parié sur l’émergence du peuple sur la scène politique. Toutes ces victoires sont à inscrire à l’actif du peuple algérien. A la veille du 22 février, les élites étaient encore à négocier avec les piliers du régime. Ce n’est pas un tort de procéder de la sorte. C’est même l’une de leurs missions, sauf qu’il faut le dire et reconnaître un fait historique : que les Algériens n’ont pas attendu leurs élites pour renverser la table et créer une nouvelle réalité politique dans le pays.
Aujourd’hui, on peut comptabiliser les acquis de cette révolution pacifique. Ils sont innombrables et personne en Algérie n’en disconvient. Mais doit-on écouter certaines élites qui «théorisent» sur parcours long, douloureux et porteur de dangers pour la nation ? Cela au moment où beaucoup estiment important de poursuivre le combat dans les institutions, maintenant que le peuple a dit son mot. Cela passe par l’élection d’un président de la République. Il faut savoir arrêter une révolution au bon moment et entamer l’édification du pays.
Les élites combattantes de la guerre de libération n’ont peut-être pas tout réussi dans l’œuvre de développement, mais l’on se souvient de la réaction du président du GPRA, Benyoucef Benkhedda qui, après une semaine de festivités, avait interpellé les Algériens à se remettre au travail. L’Algérie n’est certainement pas dans la même séquence historique, mais il est grand temps, après toutes ces victoires de remettre le pays et le peuple au travail. Il faut revenir à la légalité constitutionnelle, donner un visage à l’Etat et poursuivre la mission de développement du pays. A plus forte raison que la situation économique et sociale du pays recommande de ne perdre aucune minute. Peut-on encore festoyer, réclamer un «déboulonnage» de l’Etat, alors que le FMI est aux portes ? Est-ce raisonnable de prendre le risque d’un chaos socio-économique, juste pour cette sacro-sainte constituante, dans un pays qui dispose d’un arsenal juridique complet et d’institutions vieilles de plus de 50 ans ? Ne suffit-il pas simplement de rendre plus efficaces, ces lois et ces institutions, dans un cadre constitutionnel légal où la nation ne se met pas inutilement en danger ?
A l’heure où certains députés grassement rémunérés par la République papotent sur la constituante, des dizaines de milliers de travailleurs ont perdu leurs emplois. Des dizaines de milliers d’autres voient leurs horizons bouchés. Des millions de chômeurs perdent chaque jour un peu plus l’espoir de décrocher un poste d’emploi. Tous ces députés qui ont «démissionné» tout en percevant leurs salaires ne sont pas certes directement responsables de cet état de fait, mais en militant contre la présidentielle, ils rendent irréversible la descente aux enfers que le pays a déjà entamée. L'Expression
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