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Karim Tabbou écrit à Emmanuel Macron

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  • Karim Tabbou écrit à Emmanuel Macron

    Les récentes déclarations du président de la République française, Emmanuel Macron au magazine “Jeune Afrique”, qualifiées par les observateurs d’ingérence dans les affaires internes du pays, n’ont pas laissé indifférent le Secrétaire général du parti non agrée UDS et ancien détenu du hirak, Karim Tabbou, qui a décidé de répondre au chef d’Etat français à travers une longue lettre ouverte dont voici le texte intégral:

    Monsieur le Président ;

    Excusez-moi de rompre les usages diplomatiques en m’adressant directement à vous par le biais de cette lettre. Je le fais pour une raison simple : vos propos sur l’Algérie dans l’entretien que vous avez accordé au journal « Jeune Afrique » ne me laisse guère indifférent ; non seulement ils démontrent que la position officielle de la France à l’égard de l’Algérie est restée inchangée, mais plus encore, ils réaffirment l’attachement viscéral des autorités françaises à l’idée que le pouvoir algérien reste et demeure un allié incontournable et prétendument seul garant de la stabilité de l’Algérie.

    Derrière cette position se cache de façon pernicieuse l’idée que les pays du Sud en général et l’Algérie en particulier sont à portée de main, politiquement vulnérables et inaptes à la démocratie. Pour la France, les régimes du Sud ne sont là que pour servir de postes avancés et de sous-traitants.

    Justement c’est pour ces raisons liées à la défense des intérêts stratégiques de la France, que vous continuez, Monsieur le Président, au mépris de toutes les valeurs de justice, de liberté et de démocratie que vous proclamez, d’apporter votre inconditionnel soutien aux régimes dont les caractéristiques sont la manipulation du suffrage universel, la répression comme système de gouvernance et la corruption comme moyen de légitimation politique.

    Monsieur le Président ;

    Vous ne devez pas ignorer que l’opinion publique algérienne a bien conscience que tant que les relations algéro-françaises n’arriveront pas à se soustraire de cette implacable logique de réseaux d’intérêt et d’influence, les espoirs d’un apaisement et d’une confiance mutuels resteront de simples vœux.

    Dans la mesure où nous n’attendons aucun soutien de votre part, votre abstention aurait été moralement compréhensible pour le peuple algérien. Par contre votre appui affiché pour le régime algérien, un des plus liberticides de la Méditerranée, dévoile votre mauvaise foi et votre hypocrisie politique.

    Votre soutien assumé au processus actuel dit de « transition » est une insupportable moquerie envers tous ces citoyens qui ont subi dans leur chair les plus graves injustices et l’arbitraire le plus abject. Pour avoir exprimé des opinions, de jeunes étudiants, des enseignants, des médecins et de simples citoyens se sont retrouvés abusivement poursuivis en justice, voir même emprisonnés.

    Ce que vous qualifiez de processus de transition n’est en réalité qu’une contre révolution inspirée et menée afin d’empêcher les Algériennes et les Algériens d’accéder à leur droit à l’autodétermination. Vous ne pouvez ignorer ces rassemblements au cours desquels des millions d’Algériens ont scandé « le peuple veut l’indépendance », dans toutes les villes algériennes, les capitales occidentales et notamment place de la République à Paris.

    Ce soutien à un régime rejeté par les Algériennes et Algériens, est non seulement une offense à la volonté du peuple, mais plus encore, une opposition affirmée à cette « Algérie en marche » portée par un Hirak pacifique, rassembleur et historique.

    Un Hirak dans lequel le peuple algérien a prouvé son attachement indéfectible au combat pacifique et son enracinement insoupçonnable dans les valeurs démocratiques, malgré les traumatismes profonds et les graves meurtrissures engendrés par des décennies de violence. L’essence même de la démocratie se trouve dans les libertés individuelles et collectives des citoyens. C’est cette liberté qui suscite des dynamiques génératrices d’espoir et de changement.

    Monsieur le Président ;

    L’histoire retiendra qu’à un moment précieux de la vie de notre nation meurtrie, un moment crucial où l’espoir a émergé et les horizons ont commencé à se dégager pour une jeunesse algérienne avide de vie et de bonheur, vous avez choisi le monde des affaires en vous acoquinant honteusement avec un régime pourvoyeur de violence, d’exclusion et de tristesse.

    Finalement, votre position n’est pas loin de celles de vos prédécesseurs. Nous gardons en mémoire, avec amertume et révolte, les propos insultants tenus par François Hollande lors de l’une de ses visites à Alger et devant un Bouteflika inerte et inaudible, surprenant même le peuple Algérien, qui asséna sans vergogne « qu’il n’avait jamais rencontré un président d’une telle alacrité intellectuelle ».

    Nous ne nous faisons plus aucune illusion sur la nature et la puissance des liens qu’entretiennent certains hauts responsables français avec le régime algérien. Toutefois, nous prenons acte de votre décision de renoncer aux engagements que vous aviez vous-même pris lors de votre compagne électorale.

    Avant votre investiture, vous avez annoncé au journal « Jeune Afrique » du 14 avril 2017 que vous alliez œuvrer à la mise en place d’un partenariat stratégique basé sur la liberté et la responsabilité.

    Restituant intégralement vos propos, vous avez déclaré : « Nous devons mettre en place un partenariat stratégique entre les unions (africaine et européenne) qui renouvelle complètement les politiques existantes, pour sortir des logiques de charité ou de clientélisme … ; dès les premières semaines de mon mandat, j’engagerai une nouvelle politique fondée sur la liberté et la responsabilité ; tout d’abord je tiens à agir dans la transparence, loin des réseaux de connivence franco-africains et des influences affairistes …dans cet esprit je veux m’appuyer sur les forces vives africaines, les intellectuels, les ONG, les entreprises, la diaspora…. ».

    Aujourd’hui les masques sont bien tombés !

    S’obstiner à vous approcher de l’absurde en croyant pouvoir trouver du sens devient un non-sens. Au nom de quelle valeur, quelle morale et quel principe démocratique, pouvez-vous justifier votre caution à un pouvoir arrogant qui emprisonne des journalistes, bafoue les libertés publiques et soumet la justice à son diktat.

    Il n’est pas inutile de vous rappeler que le courage selon Jean Jaurès : « c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. ».

    Par contre, il est plus qu’utile de vous rappeler que cette belle sentence fut prononcée à l’occasion d’un discours à la jeunesse en 1903.

    Monsieur le Président ;

    Votre soutien au chef de l’État Abdelmadjid TEBBOUNE n’est en réalité qu’une intrusion dans le débat interne à l’Algérie. C’est une implication directe dans les luttes souterraines qui opposent les différents clans du pouvoir. Des batailles qui ont, non seulement bloqué les processus de transition démocratique tels que revendiqués par le peuple, mais qui risquent aussi d’hypothéquer l’avenir de générations entières.

    Vous devez bien savoir que ni les uns et ni les autres ne pourront entraver ou différer indéfiniment la reconquête de la souveraineté par le peuple algérien.

    Nous vous rappelons que l’une des revendications majeures du Hirak est de soustraire notre pays à la lutte des clans et de l’engager sur des perspectives démocratiques.

    Les Algériens ne veulent plus d’aucun arrimage ni à l’Orient ni à l’Occident et ni à tout autre lieu où se côtoient les réseaux de tout genre. Ils veulent bâtir une Algérie algérienne ouverte, tournée vers la modernité et intégrée dans un ensemble maghrébin démocratique et solidaire.

    De grâce et par respect à la mémoire d’un million et demi de CHOUHADAS qui ont sacrifié leurs vies pour que vive l’Algérie indépendante et par respect également à toutes celles et tous ceux qui ont dédié des vies pour que l’algérien puisse jouir de la plénitude de sa citoyenneté, gardez-vous de toute interférence et immiscions dans nos affaires.

    Le respect de la démocratie c’est aussi et surtout de laisser les volontés et les destins des peuples se forger par leurs propres dynamiques.

    Inter-lignes
    23-11-2020
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    Belle lettre écrite par Karim Tabbou.
    ils réaffirment l’attachement viscéral des autorités françaises à l’idée que le pouvoir algérien reste et demeure un allié incontournable et prétendument seul garant de la stabilité de l’Algérie.
    Parler "d'allié" laisse penser qu'on serait sur le même pieds d'égard. Or, l'Algérie est encore soumise à la France et les présidents algériens sont choisis par l'Elysée. Excepté Boumedienne arrivé au pouvoir par un coup d'Etat.
    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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    • #3
      Tabbou répond à Napoléon 4 en président du Hirak. C'est un bon pas en avant de Tabbou à condition qu'il s'éloigne des scénarios en cours du pouvoir, et de sa transition démocratique en préparation et un bébé Boumboum jeté avec le bain de Sissi l'impératrice... scénario au demeurant auquel Napoléon 4 apporte un soutien implicite, malgré les apparences...
      Othmane BENZAGHOU

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      • #4
        Macron ne peut se passer du filtre ou de la barrière que représente l’Algérie des flux migratoires du sud vers le Nord

        En plus de ce qui se passe en Libye

        La France s’en fiche du reste je pense
        Votre ennemi c'est celui que vous n'avez pas encore invité à déjeuner Edgar Faure

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        • #5
          Pourquoi il lui écrit directement ?! Bizarre...

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          • #6
            Une lettre adressée par un petit-bourgeois droit l'hommiste à un grand bourgeois impérialiste. Où sont les intérêts et les revendications de la grande masse du peuple algérien dans cette lettre ??

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            • #7
              @Elghifari

              Rien à dire sur le soutien de Macron à Tebboune et son ingérence dans les affaires politiques internes de l'Algérie ?
              Comme a dit Karim Tabbou les masques sont bien tombés. On sait maintenant qui est la vraie main de l'étranger !
              Dernière modification par shadok, 24 novembre 2020, 01h11.
              Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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              • #8
                Pourquoi il lui écrit directement ?! Bizarre...
                Pour parler de lui il veut être une superstar au nom de la démo-Grati

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                • #9
                  Intervention de Kraim Tabbou sur Awras Tv sur le même sujet :



                  La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

                  Commentaire


                  • #10
                    Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

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