ABDELGHANI AICHOUN 21 DÉCEMBRE 2020
Dans cet entretien, Soufiane Djilali, le président de Jil Jadid, estime qu’«une élection dans les plus brefs délais serait logique». «Des élections transparentes avec la participation de tous les partis politiques, y compris ceux de l’opposition, redynamiseront la vie politique, transféreront les débats de la rue à l’intérieur des institutions et stabiliseront le pays», a-t-il déclaré.
– Vous aviez annoncé que le président de la République devrait convoquer le corps électoral avant le 31 décembre. Selon vous, est-il possible de convoquer le corps électoral alors que la nouvelle loi (électorale) n’est même pas prête ?
Invité par la Radio algérienne à donner ma lecture sur le contenu de son discours lors de sa dernière apparition, j’avais relevé le fait que le président de la République avait donné instruction pour que la loi électorale soit prête dans les 10 ou 15 jours.
Je ne pouvais que faire le lien avec sa volonté affichée de renouveler les institutions élues avant la fin de l’année. L’intrusion de la Covid-19 avait fini par faire décaler le calendrier initial, cependant, la convocation du corps électoral avant le 31 décembre devenait symbolique par rapport à ses engagements.
De toutes les façons, une élection dans les plus brefs délais devient logique, si l’on se réfère aux critiques, par ailleurs fondées, contre l’actuel Parlement. Les Algériens sont pressés de voir une nouvelle classe politique dans les institutions.
Des élections transparentes avec la participation de tous les partis politiques, y compris ceux de l’opposition, redynamiseront la vie politique, transféreront les débats de la rue à l’intérieur des institutions et stabiliseront le pays.
Tout le monde est d’accord pour qu’il y ait de vrais changements, il faut y arriver de manière calme et sereine.
La voie révolutionnaire selon le mode «printemps arabe» serait à l’évidence suicidaire pour l’Algérie. Aucun patriote, même le plus farouche des opposants, ne voudrait pousser la situation vers le pourrissement en ces temps de menaces sécuritaires à toutes nos frontières.
Le pouvoir devrait s’ouvrir aux partis politiques et renforcer la solidarité nationale. D’ailleurs, un gouvernement politique serait bien indiqué.
– L’on peut aussi comprendre à travers vos récentes déclarations que le processus actuel est la solution pour la crise. Pourtant, il y a eu une grande défection lors du référendum sur la Constitution. Ne craignez-vous pas que le même scénario se produise lors des législatives ou une possibilité que la future assemblée soit toujours dominée par le duo FLN/RND ?
Y a-t-il un seul observateur neutre et objectif pour pouvoir soutenir l’idée que les scrutins à l’ère de Bouteflika mobilisaient plus d’électeurs ? Tout le monde sait que les Algériens ne votaient plus depuis bien longtemps.
Il y a sans aucun doute une grande défiance non seulement pour le vote mais aussi pour l’action politique. Et cette défiance est compréhensible et normale au vu de la gouvernance du pays depuis toujours !
Concernant le taux de participation à de prochaines législatives, je pense qu’il restera faible, bien que meilleur que dans le cas du référendum. La nature des enjeux étant différente, la mobilisation sera plus facile. En tout état de cause, la confiance se construit sur le temps et ne peut être décidée par décret.
Enfin, l’éventuelle domination du Parlement par le duo FLN/RND serait un très mauvais signal pour la démocratie.
Je le répète, si les élections sont libres et transparentes, il faudra respecter les résultats, et si les Algériens ne trouvent devant eux que ces partis pour les rassurer et leur offrir sécurité et stabilité, alors ils iront vers eux.
Il faudra alors s’en vouloir à soi-même en tant qu’opposition. A trop exiger des solutions impossibles, on risque de ne rien avoir.
Il faut prendre la mesure de la crise et sa profondeur pour lui apporter des remèdes. La société algérienne est en pleine évolution. Elle passe de structures traditionnelles en plein effondrement à une forme de syncrétisme impensé, mélange d’archaïsmes résiduels et de modernisme désordonné.
Un projet de société moderne doit pouvoir apporter une cohésion à la société, qui est pour le moment fragile et susceptible d’aller vers une instabilité chronique.
C’est là que l’élite devrait intervenir comme source d’inspiration au peuple et non pas se laisser porter par un populisme bruyant mais stérile.
Quant aux mécanismes de sortie de crise, il faut tout simplement agir comme tous les pays de droit et démocratiques et laisser le peuple choisir ses propres dirigeants. Essayer d’imposer une transition avec des personnes désignées ne résoudra rien, tout au contraire.
Qui serait en mesure de nommer ? Sur quels critères ? Avec quelle légitimité ? Pour quoi faire ? Pendant combien de temps ? On ne règle pas un problème de légitimité par des conclaves entre des personnes autoproclamées représentatives.
Les urnes ont été inventées pour régler ce genre de problème partout où il y a une démocratie. Ici, j’entends les défenseurs du peuple qui l’encensent et qui en même temps lui refusent le droit de choisir ses dirigeants par les élections.
Maintenant, si on me dit qu’il y a des problèmes concernant la transparence et l’honnêteté des élections en général, je répondrai que c’est sur ce point qu’il faut agir. Faisons en sorte que nos élections deviennent impeccables et inattaquables.
Conjuguons nos efforts pour faire ouvrir les grands médias, conforter la liberté de la presse, libérer les initiatives… Soyons plus pratiques et plus efficaces.
Dans cet entretien, Soufiane Djilali, le président de Jil Jadid, estime qu’«une élection dans les plus brefs délais serait logique». «Des élections transparentes avec la participation de tous les partis politiques, y compris ceux de l’opposition, redynamiseront la vie politique, transféreront les débats de la rue à l’intérieur des institutions et stabiliseront le pays», a-t-il déclaré.
– Vous aviez annoncé que le président de la République devrait convoquer le corps électoral avant le 31 décembre. Selon vous, est-il possible de convoquer le corps électoral alors que la nouvelle loi (électorale) n’est même pas prête ?
Invité par la Radio algérienne à donner ma lecture sur le contenu de son discours lors de sa dernière apparition, j’avais relevé le fait que le président de la République avait donné instruction pour que la loi électorale soit prête dans les 10 ou 15 jours.
Je ne pouvais que faire le lien avec sa volonté affichée de renouveler les institutions élues avant la fin de l’année. L’intrusion de la Covid-19 avait fini par faire décaler le calendrier initial, cependant, la convocation du corps électoral avant le 31 décembre devenait symbolique par rapport à ses engagements.
De toutes les façons, une élection dans les plus brefs délais devient logique, si l’on se réfère aux critiques, par ailleurs fondées, contre l’actuel Parlement. Les Algériens sont pressés de voir une nouvelle classe politique dans les institutions.
Des élections transparentes avec la participation de tous les partis politiques, y compris ceux de l’opposition, redynamiseront la vie politique, transféreront les débats de la rue à l’intérieur des institutions et stabiliseront le pays.
Tout le monde est d’accord pour qu’il y ait de vrais changements, il faut y arriver de manière calme et sereine.
La voie révolutionnaire selon le mode «printemps arabe» serait à l’évidence suicidaire pour l’Algérie. Aucun patriote, même le plus farouche des opposants, ne voudrait pousser la situation vers le pourrissement en ces temps de menaces sécuritaires à toutes nos frontières.
Le pouvoir devrait s’ouvrir aux partis politiques et renforcer la solidarité nationale. D’ailleurs, un gouvernement politique serait bien indiqué.
– L’on peut aussi comprendre à travers vos récentes déclarations que le processus actuel est la solution pour la crise. Pourtant, il y a eu une grande défection lors du référendum sur la Constitution. Ne craignez-vous pas que le même scénario se produise lors des législatives ou une possibilité que la future assemblée soit toujours dominée par le duo FLN/RND ?
Y a-t-il un seul observateur neutre et objectif pour pouvoir soutenir l’idée que les scrutins à l’ère de Bouteflika mobilisaient plus d’électeurs ? Tout le monde sait que les Algériens ne votaient plus depuis bien longtemps.
Il y a sans aucun doute une grande défiance non seulement pour le vote mais aussi pour l’action politique. Et cette défiance est compréhensible et normale au vu de la gouvernance du pays depuis toujours !
Concernant le taux de participation à de prochaines législatives, je pense qu’il restera faible, bien que meilleur que dans le cas du référendum. La nature des enjeux étant différente, la mobilisation sera plus facile. En tout état de cause, la confiance se construit sur le temps et ne peut être décidée par décret.
Enfin, l’éventuelle domination du Parlement par le duo FLN/RND serait un très mauvais signal pour la démocratie.
Je le répète, si les élections sont libres et transparentes, il faudra respecter les résultats, et si les Algériens ne trouvent devant eux que ces partis pour les rassurer et leur offrir sécurité et stabilité, alors ils iront vers eux.
Il faudra alors s’en vouloir à soi-même en tant qu’opposition. A trop exiger des solutions impossibles, on risque de ne rien avoir.
Il faut prendre la mesure de la crise et sa profondeur pour lui apporter des remèdes. La société algérienne est en pleine évolution. Elle passe de structures traditionnelles en plein effondrement à une forme de syncrétisme impensé, mélange d’archaïsmes résiduels et de modernisme désordonné.
Un projet de société moderne doit pouvoir apporter une cohésion à la société, qui est pour le moment fragile et susceptible d’aller vers une instabilité chronique.
C’est là que l’élite devrait intervenir comme source d’inspiration au peuple et non pas se laisser porter par un populisme bruyant mais stérile.
Quant aux mécanismes de sortie de crise, il faut tout simplement agir comme tous les pays de droit et démocratiques et laisser le peuple choisir ses propres dirigeants. Essayer d’imposer une transition avec des personnes désignées ne résoudra rien, tout au contraire.
Qui serait en mesure de nommer ? Sur quels critères ? Avec quelle légitimité ? Pour quoi faire ? Pendant combien de temps ? On ne règle pas un problème de légitimité par des conclaves entre des personnes autoproclamées représentatives.
Les urnes ont été inventées pour régler ce genre de problème partout où il y a une démocratie. Ici, j’entends les défenseurs du peuple qui l’encensent et qui en même temps lui refusent le droit de choisir ses dirigeants par les élections.
Maintenant, si on me dit qu’il y a des problèmes concernant la transparence et l’honnêteté des élections en général, je répondrai que c’est sur ce point qu’il faut agir. Faisons en sorte que nos élections deviennent impeccables et inattaquables.
Conjuguons nos efforts pour faire ouvrir les grands médias, conforter la liberté de la presse, libérer les initiatives… Soyons plus pratiques et plus efficaces.
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