Corruption, gaspillage des ressources naturelles et humaines, faiblesse chronique de la planification et de la gestion sont autant d’éléments qui caractérisent le système algérien incarné par le pouvoir en place. Un système rentier qui use de la rente pétrolière pour museler la société civile.
Cette analyse a été faite hier par les participants à la rencontre organisée par la Confédération des cadres des finances et de la comptabilité dans le cadre de son université d’été. La conférence de deux jours qui se tient au Centre de presse international est consacrée au thème de la gouvernance dans sa relation avec la démocratie, les droits de l’homme, la presse ou encore la société civile.
Premier à ouvrir le bal sur la question de la gouvernance en rapport avec la démocratie et le développement, M. Ahmed Benbitour l’ancien chef de gouvernement, a laissé entendre qu’il s’agit de trois concepts indissociables en précisant que «la croissance économique est nécessaire à tout développement» et que la démocratie «ne peut se limiter à l’organisation régulière d’élections».
Les deux sont étroitement liés à la gouvernance qui a été définie comme étant «le processus de prise de décision et celui à travers lequel les décisions sont exécutées». Pour expliquer le lien entre tous ces aspects, M. Benbitour a insisté sur la nécessité de trouver la séquentialité entre réforme politique et réforme économique et, selon lui, les expériences de par le monde ont démontré que la première est un prérequis à la seconde.
Il a également été prouvé que les pays qui ont amélioré leur croissance économique sont des pays non démocratiques car «les régimes autoritaires sont mieux équipés pour imposer des réformes dures à leur population quand il le faut alors que les gouvernements démocrates restent otages des élections», a déclaré M. Benbitour.
Et l’Algérie dans tout cela ? Pour l’ancien chef de gouvernement, l’Algérie est comme tous les pays rentiers. Or cette rente «assure à l’Etat son interventionnisme, freine les libertés et sert de moyen pour atténuer la pression sociale en achetant la société civile».
Il a noté, dans ce cadre, que le budget de l’Etat est basé sur un baril de pétrole à 19 dollars, alors que la grande partie de la fiscalité pétrolière est injectée dans un fonds spécial et échappe, donc, au contrôle, au moment où elle devrait servir à «baisser la pression sur le citoyen».
La rente favorise le maintien d’un régime autoritaire et, là encore, l’expérience internationale a prouvé que «les régimes autoritaires sont plus lents à opérer des réformes, alors que les gouvernements démocrates ont réussi des réformes globales», a-t-il expliqué.
Pour le conférencier les mises en scène électorales ne trompent personne même si «le système a acquis l’art d’organiser des élections pluralistes en maintenant la même majorité avec un parlement qui a pour fonction le maquillage d’une démocratie de façade».
Pour M. Benbitour, il y a nécessité d’opérer «une libéralisation politique négociée pour réfléchir à la confection d’une feuille de route claire et explicite» en vue d’instaurer une vraie démocratie. Transparence, justice et participation, clés de la bonne gouvernance Pour sa part, M. Yahia Zoubir, professeur à l’université Euromed de Marseille, a affirmé que le gouvernement n’est qu’un «acteur dans la gouvernance car il y a beaucoup d’autres acteurs formels et informels qui sont impliqués directement ou indirectement dans la prise ou l’exécution d’une décision.
Ils peuvent être des ONG, des associations, des institutions financières ou de recherche, des médias…». Pour lui, une bonne gouvernance a besoin de «transparence dans la prise de décision, de justice et d’inclusion de toutes les couches et de tous les acteurs de la société et de consensus entre les différents intérêts» sans oublier la notion d’imputabilité ou le devoir de rendre des comptes à la société.
L’instauration d’une bonne gouvernance doit permettre, selon le conférencier, de «minimiser le phénomène de la corruption et de prendre en compte les minorités et les démunis». M. Zoubir s’est joint à l’analyse de M. Benbitour selon laquelle dans les pays du sud de la Méditerranée, comme l’Algérie, «la société civile est domestiquée et la rente sert à acheter son silence pour qu’il n’y ait pas de résistance».
D’un autre côté, «si l’Etat ne garantit pas un minimum de liberté, de sécurité et de protection sociale à ses citoyens, il ne faut pas qu’il s’attende à ce que ces derniers le soutiennent», a-t-il estimé. Le chercheur a souligné, à ce propos, la tendance dans les pays occidentaux, depuis les événements du 11 septembre, à «accepter et à soutenir des régimes autoritaires en place pour peu que ces derniers soient à même d’assurer leur sécurité».
Abordant, pour sa part, la question de la gouvernance et des droits de l’homme, Me Ali Yahia Abdennour a tenu à défendre la cause des harkis qui ont été liquidés par les moudjahidine durant la guerre de libération. Tout en soulignant que la torture n’a pas seulement été pratiquée par les colons, le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme a affirmé qu’il «ne fallait pas sacrifier tout le monde car certains harkis ne faisaient qu’appliquer les ordres et que pour d’autres être harki était un moyen de gagner sa vie».
Par Le Jeune Indépendant
Cette analyse a été faite hier par les participants à la rencontre organisée par la Confédération des cadres des finances et de la comptabilité dans le cadre de son université d’été. La conférence de deux jours qui se tient au Centre de presse international est consacrée au thème de la gouvernance dans sa relation avec la démocratie, les droits de l’homme, la presse ou encore la société civile.
Premier à ouvrir le bal sur la question de la gouvernance en rapport avec la démocratie et le développement, M. Ahmed Benbitour l’ancien chef de gouvernement, a laissé entendre qu’il s’agit de trois concepts indissociables en précisant que «la croissance économique est nécessaire à tout développement» et que la démocratie «ne peut se limiter à l’organisation régulière d’élections».
Les deux sont étroitement liés à la gouvernance qui a été définie comme étant «le processus de prise de décision et celui à travers lequel les décisions sont exécutées». Pour expliquer le lien entre tous ces aspects, M. Benbitour a insisté sur la nécessité de trouver la séquentialité entre réforme politique et réforme économique et, selon lui, les expériences de par le monde ont démontré que la première est un prérequis à la seconde.
Il a également été prouvé que les pays qui ont amélioré leur croissance économique sont des pays non démocratiques car «les régimes autoritaires sont mieux équipés pour imposer des réformes dures à leur population quand il le faut alors que les gouvernements démocrates restent otages des élections», a déclaré M. Benbitour.
Et l’Algérie dans tout cela ? Pour l’ancien chef de gouvernement, l’Algérie est comme tous les pays rentiers. Or cette rente «assure à l’Etat son interventionnisme, freine les libertés et sert de moyen pour atténuer la pression sociale en achetant la société civile».
Il a noté, dans ce cadre, que le budget de l’Etat est basé sur un baril de pétrole à 19 dollars, alors que la grande partie de la fiscalité pétrolière est injectée dans un fonds spécial et échappe, donc, au contrôle, au moment où elle devrait servir à «baisser la pression sur le citoyen».
La rente favorise le maintien d’un régime autoritaire et, là encore, l’expérience internationale a prouvé que «les régimes autoritaires sont plus lents à opérer des réformes, alors que les gouvernements démocrates ont réussi des réformes globales», a-t-il expliqué.
Pour le conférencier les mises en scène électorales ne trompent personne même si «le système a acquis l’art d’organiser des élections pluralistes en maintenant la même majorité avec un parlement qui a pour fonction le maquillage d’une démocratie de façade».
Pour M. Benbitour, il y a nécessité d’opérer «une libéralisation politique négociée pour réfléchir à la confection d’une feuille de route claire et explicite» en vue d’instaurer une vraie démocratie. Transparence, justice et participation, clés de la bonne gouvernance Pour sa part, M. Yahia Zoubir, professeur à l’université Euromed de Marseille, a affirmé que le gouvernement n’est qu’un «acteur dans la gouvernance car il y a beaucoup d’autres acteurs formels et informels qui sont impliqués directement ou indirectement dans la prise ou l’exécution d’une décision.
Ils peuvent être des ONG, des associations, des institutions financières ou de recherche, des médias…». Pour lui, une bonne gouvernance a besoin de «transparence dans la prise de décision, de justice et d’inclusion de toutes les couches et de tous les acteurs de la société et de consensus entre les différents intérêts» sans oublier la notion d’imputabilité ou le devoir de rendre des comptes à la société.
L’instauration d’une bonne gouvernance doit permettre, selon le conférencier, de «minimiser le phénomène de la corruption et de prendre en compte les minorités et les démunis». M. Zoubir s’est joint à l’analyse de M. Benbitour selon laquelle dans les pays du sud de la Méditerranée, comme l’Algérie, «la société civile est domestiquée et la rente sert à acheter son silence pour qu’il n’y ait pas de résistance».
D’un autre côté, «si l’Etat ne garantit pas un minimum de liberté, de sécurité et de protection sociale à ses citoyens, il ne faut pas qu’il s’attende à ce que ces derniers le soutiennent», a-t-il estimé. Le chercheur a souligné, à ce propos, la tendance dans les pays occidentaux, depuis les événements du 11 septembre, à «accepter et à soutenir des régimes autoritaires en place pour peu que ces derniers soient à même d’assurer leur sécurité».
Abordant, pour sa part, la question de la gouvernance et des droits de l’homme, Me Ali Yahia Abdennour a tenu à défendre la cause des harkis qui ont été liquidés par les moudjahidine durant la guerre de libération. Tout en soulignant que la torture n’a pas seulement été pratiquée par les colons, le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme a affirmé qu’il «ne fallait pas sacrifier tout le monde car certains harkis ne faisaient qu’appliquer les ordres et que pour d’autres être harki était un moyen de gagner sa vie».
Par Le Jeune Indépendant
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