Ceux qui ont profité du système et qui se sont enrichi n'ont pas oublié de dire merci à Boumediene.
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2e partie.
Un jour, c’était peut-être dans la plaine de Aïn-F’houl (Tlemcen) ou du côté de Belghimouz (Jijel), quelque part sur cette terre généreuse et arrosée de la sueur des braves, j’avais entendu Boumediene dire, à peu près ceci, s’adressant aux paysans : «Le pire qui puisse nous arriver est que la bourgeoisie réactionnaire prenne le pouvoir. Elle tentera de vous enlever vos terres.
Résistez et sortez les fusils s’il le faut ! Elle essayera de tout prendre aux ouvriers et de casser toutes les réalisations de la révolution. Aidée par l’impérialisme, elle tentera de supprimer toutes les traces de dignité pour que le khemmas redevienne khemmas et que Kaddour et Amar prennent les places de Claude et Pierre (…)»
Dans cette Algérie de fin 2006, à l’heure du démantèlement du secteur public, du bradage à large échelle, de l’exploitation la plus éhontée des ouvriers par le secteur privé trabendiste, avec des salaires ridicules et l’absence de protection sociale — sans compter l’emploi de mineurs —, à l’heure où l’agriculture des copains, renflouée à coups de milliards, n’arrive qu’à alourdir la facture alimentaire, à l’heure où les plus riches et les plus puissants s’envolent pour se faire soigner à l’étranger, laissant nos hôpitaux, surchargés et sous-équipés, gémir de douleur et hurler de colère, à l’heure où l’industrie nationale publique et privée — des femmes et des hommes ont continué de relever le défi — se heurte au bazar et à la puissante maffia de l’import-export que va conforter l’accord avec l’OMC, à l’heure où l’artisanat et le tourisme se meurent, où l’école sinistrée de Benbouzid se découvre une nouvelle réforme, décriée par les enseignants compétents — encore une, allez-y, comme dirait mon ami Zoubir Souissi : «Apprenez la coiffure sur la tête des orphelins.»
Les vôtres sont ailleurs ! — ; à l’heure où la culture, prise en otage par une caste qui n’a rien d’intellectuel — a le cœur qui balance entre les chameaux, le petit lait et le couscous des zerdas ; à l’heure d’un projet national en berne, n’est-il pas utile, en ces moments de découragement et d’abattement, de rappeler ce que l’Algérie de Boumediene a réalisé pour ce peuple ? Pas pour les habitués des vols en first Alger-Paris et qui s’inquiétaient, à l’époque, des pénuries de beurre, non, ceux-là, Boumediene leur avait répondu par cette phrase inscrite dans ma mémoire : «Ce sont là vos préoccupations au moment où des Algériens ne trouvent à manger que des glands et n’ont que les mares pour boire !»Non, nous le rappelons pour les jeunes qui ont besoin de savoir que le rêve a traversé ce pays, un jour ; que leurs parents avaient salué avec un grand «hourrah» la décision de Boumediene de stopper l’émigration vers la France, alors institutionnalisée et canalisée… Il avait dit, sous les applaudissements nourris et les youyous perçants, qu’il «valait mieux manger l’herbe d’ici et vivre dignement».
Notre rêve, notre ambition, notre bonheur, était effectivement de vivre ici, dans un grand pays moderne, ouvert, puissant… Et surtout un pays où le riche n’écrasera pas le pauvre, le puissant, le faible… Nous le disons en direction de ces «harragas» qui n’y croient plus et qui se mettent à douze dans un canot pneumatique défié par les vagues ! Nous le rappelons pour saluer bien bas les hommes encore vivants de cette formidable épopée, petits retraités aujourd’hui, campant dans les queues qui patinent devant les guichets des postes ou savourant calmement leurs cafés sur les terrasses ensoleillées. Oui, ils peuvent être fiers d’avoir bâti le rêve, d’avoir veillé sur ce pays ! Un pays qui ne leur offre même pas une retraite décente pour finir leurs jours tranquillement ! Si vous les rencontrez, embrassez-les sur le front. Ce sont des gens honnêtes, la graine d’une lignée d’arbres debout et fiers. Incorruptibles, ils furent les inlassables architectes de la fierté nationale.
S’il reste des zones d’ombre dans le bilan de Boumediene et des questions qu’il faudra bien un jour éclaircir — toute œuvre humaine est imparfaite —, nous n’avons pas la prétention d’être objectif et refusons de l’être si c’est pour dénigrer l’époque la plus lumineuse de ce peuple ! C’est un travail d’historiens. Nous sommes des résistants, heureux de voir que Chavez et d’autres braves continuent l’œuvre de Boumediene sous d’autres cieux. C’est forcément un handicap et ce n’est pas du journalisme, tel que le conçoivent certains. On s’en fout. Nous tenons la promesse que nous avons faite en janvier 1979 : «Repose en paix Boumediene, nous poursuivrons ton œuvre !» La fidélité ne se négocie pas ! En ce jour où tous, la classe laborieuse, les pauvres, les sans-grade, se souviendront de Boumediene comme d’un homme qui a entendu leur cri et répondu à leur détresse, consacrant sa vie à réaliser leurs vœux les plus chers, nous avons voulu rappeler quelques vérités. Et nous les disons d’ici, de cette terre d’authenticité et d’espoir, là où le blé ne trahit jamais et où l’eau, bien que rare, est la plus limpide.
Du hameau qui a vu naître ce grand, j’ai voulu témoigner, non pas en homme politique, ni en militant des droits de l’homme, ni en apôtre de la démocratie, mais en simple révolutionnaire ; c’est-à-dire en homme qui croit que les changements ne peuvent être produits que par la volonté des hommes libres, de ceux qui sont prêts à sacrifier leur vie pour les autres, de ceux qui ne rêvent pas de se vautrer dans le luxe, ni d’amasser les biens personnels, mais d’amour, de fraternité et de partage, dans un monde où l’injustice et l’inégalité ne seront plus les seules valeurs à diriger la marche de l’histoire ! En haut de la colline, la maison familiale, pratiquement en ruine, continue d’être cinglée par les mêmes vents qui s’engouffrent entre les parois escarpées. Ces vents sont porteurs des complaintes lointaines du pays chaoui lorsqu’ils surgissent du sud, comme un beau cavalier de fantasia, debout dans la nudité de la plaine d’Aïn-Beïda. Mais ils savent se parer aussi des charmes des forêts de Petite Kabylie — d’où serait originaire l’homme —, lorsqu’ils arrivent par le nord, revigorés par les senteurs marines. La pluie ne s’arrête pas. Elle tombe, abondante, compacte, comme un immense rideau tiré en plein jour sur Aïn- Hassaïnia. Rassasiée, la terre ressemble à une femme enceinte. Celle qui attend d’avoir le plus bel enfant. Ce sera au printemps, celui-là ou l’autre, dans une ou dix années.
Quand ce pays se réveillera pour gommer le désespoir, renvoyer les islamistes et leurs funestes projets vers leurs siècles, ressusciter les démocrates, rappeler aux nationalistes leur devoir de mémoire vis-à-vis de Boumediene ; quand ce nom-là sera remis à sa place dans le panthéon de l’histoire et que les jeunes détruiront tous les canots pneumatiques pour casser la gueule au désespoir, alors, la terre, libérée du lourd fardeau de l’infidélité qui lui bloquait le ventre, enfantera sans douleur le plus beau des espoirs. Et le convoi militaire en fanfare s’ébranlera pour le plus magnifique des défilés, le 19 Juin, jour férié malgré tous les reniements ! Puis, la démocratie, la vraie, pourra prendre possession de ces terres en fleurs, comme une vraie reine, pas comme une sorcière, déguisée et maquillée à la hâte, pour nous tromper et piller ce qui reste de nos biens.
Article complet.
http://www.lesoird***********/articl...id=47582&cid=2
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2e partie.
Un jour, c’était peut-être dans la plaine de Aïn-F’houl (Tlemcen) ou du côté de Belghimouz (Jijel), quelque part sur cette terre généreuse et arrosée de la sueur des braves, j’avais entendu Boumediene dire, à peu près ceci, s’adressant aux paysans : «Le pire qui puisse nous arriver est que la bourgeoisie réactionnaire prenne le pouvoir. Elle tentera de vous enlever vos terres.
Résistez et sortez les fusils s’il le faut ! Elle essayera de tout prendre aux ouvriers et de casser toutes les réalisations de la révolution. Aidée par l’impérialisme, elle tentera de supprimer toutes les traces de dignité pour que le khemmas redevienne khemmas et que Kaddour et Amar prennent les places de Claude et Pierre (…)»
Dans cette Algérie de fin 2006, à l’heure du démantèlement du secteur public, du bradage à large échelle, de l’exploitation la plus éhontée des ouvriers par le secteur privé trabendiste, avec des salaires ridicules et l’absence de protection sociale — sans compter l’emploi de mineurs —, à l’heure où l’agriculture des copains, renflouée à coups de milliards, n’arrive qu’à alourdir la facture alimentaire, à l’heure où les plus riches et les plus puissants s’envolent pour se faire soigner à l’étranger, laissant nos hôpitaux, surchargés et sous-équipés, gémir de douleur et hurler de colère, à l’heure où l’industrie nationale publique et privée — des femmes et des hommes ont continué de relever le défi — se heurte au bazar et à la puissante maffia de l’import-export que va conforter l’accord avec l’OMC, à l’heure où l’artisanat et le tourisme se meurent, où l’école sinistrée de Benbouzid se découvre une nouvelle réforme, décriée par les enseignants compétents — encore une, allez-y, comme dirait mon ami Zoubir Souissi : «Apprenez la coiffure sur la tête des orphelins.»
Les vôtres sont ailleurs ! — ; à l’heure où la culture, prise en otage par une caste qui n’a rien d’intellectuel — a le cœur qui balance entre les chameaux, le petit lait et le couscous des zerdas ; à l’heure d’un projet national en berne, n’est-il pas utile, en ces moments de découragement et d’abattement, de rappeler ce que l’Algérie de Boumediene a réalisé pour ce peuple ? Pas pour les habitués des vols en first Alger-Paris et qui s’inquiétaient, à l’époque, des pénuries de beurre, non, ceux-là, Boumediene leur avait répondu par cette phrase inscrite dans ma mémoire : «Ce sont là vos préoccupations au moment où des Algériens ne trouvent à manger que des glands et n’ont que les mares pour boire !»Non, nous le rappelons pour les jeunes qui ont besoin de savoir que le rêve a traversé ce pays, un jour ; que leurs parents avaient salué avec un grand «hourrah» la décision de Boumediene de stopper l’émigration vers la France, alors institutionnalisée et canalisée… Il avait dit, sous les applaudissements nourris et les youyous perçants, qu’il «valait mieux manger l’herbe d’ici et vivre dignement».
Notre rêve, notre ambition, notre bonheur, était effectivement de vivre ici, dans un grand pays moderne, ouvert, puissant… Et surtout un pays où le riche n’écrasera pas le pauvre, le puissant, le faible… Nous le disons en direction de ces «harragas» qui n’y croient plus et qui se mettent à douze dans un canot pneumatique défié par les vagues ! Nous le rappelons pour saluer bien bas les hommes encore vivants de cette formidable épopée, petits retraités aujourd’hui, campant dans les queues qui patinent devant les guichets des postes ou savourant calmement leurs cafés sur les terrasses ensoleillées. Oui, ils peuvent être fiers d’avoir bâti le rêve, d’avoir veillé sur ce pays ! Un pays qui ne leur offre même pas une retraite décente pour finir leurs jours tranquillement ! Si vous les rencontrez, embrassez-les sur le front. Ce sont des gens honnêtes, la graine d’une lignée d’arbres debout et fiers. Incorruptibles, ils furent les inlassables architectes de la fierté nationale.
S’il reste des zones d’ombre dans le bilan de Boumediene et des questions qu’il faudra bien un jour éclaircir — toute œuvre humaine est imparfaite —, nous n’avons pas la prétention d’être objectif et refusons de l’être si c’est pour dénigrer l’époque la plus lumineuse de ce peuple ! C’est un travail d’historiens. Nous sommes des résistants, heureux de voir que Chavez et d’autres braves continuent l’œuvre de Boumediene sous d’autres cieux. C’est forcément un handicap et ce n’est pas du journalisme, tel que le conçoivent certains. On s’en fout. Nous tenons la promesse que nous avons faite en janvier 1979 : «Repose en paix Boumediene, nous poursuivrons ton œuvre !» La fidélité ne se négocie pas ! En ce jour où tous, la classe laborieuse, les pauvres, les sans-grade, se souviendront de Boumediene comme d’un homme qui a entendu leur cri et répondu à leur détresse, consacrant sa vie à réaliser leurs vœux les plus chers, nous avons voulu rappeler quelques vérités. Et nous les disons d’ici, de cette terre d’authenticité et d’espoir, là où le blé ne trahit jamais et où l’eau, bien que rare, est la plus limpide.
Du hameau qui a vu naître ce grand, j’ai voulu témoigner, non pas en homme politique, ni en militant des droits de l’homme, ni en apôtre de la démocratie, mais en simple révolutionnaire ; c’est-à-dire en homme qui croit que les changements ne peuvent être produits que par la volonté des hommes libres, de ceux qui sont prêts à sacrifier leur vie pour les autres, de ceux qui ne rêvent pas de se vautrer dans le luxe, ni d’amasser les biens personnels, mais d’amour, de fraternité et de partage, dans un monde où l’injustice et l’inégalité ne seront plus les seules valeurs à diriger la marche de l’histoire ! En haut de la colline, la maison familiale, pratiquement en ruine, continue d’être cinglée par les mêmes vents qui s’engouffrent entre les parois escarpées. Ces vents sont porteurs des complaintes lointaines du pays chaoui lorsqu’ils surgissent du sud, comme un beau cavalier de fantasia, debout dans la nudité de la plaine d’Aïn-Beïda. Mais ils savent se parer aussi des charmes des forêts de Petite Kabylie — d’où serait originaire l’homme —, lorsqu’ils arrivent par le nord, revigorés par les senteurs marines. La pluie ne s’arrête pas. Elle tombe, abondante, compacte, comme un immense rideau tiré en plein jour sur Aïn- Hassaïnia. Rassasiée, la terre ressemble à une femme enceinte. Celle qui attend d’avoir le plus bel enfant. Ce sera au printemps, celui-là ou l’autre, dans une ou dix années.
Quand ce pays se réveillera pour gommer le désespoir, renvoyer les islamistes et leurs funestes projets vers leurs siècles, ressusciter les démocrates, rappeler aux nationalistes leur devoir de mémoire vis-à-vis de Boumediene ; quand ce nom-là sera remis à sa place dans le panthéon de l’histoire et que les jeunes détruiront tous les canots pneumatiques pour casser la gueule au désespoir, alors, la terre, libérée du lourd fardeau de l’infidélité qui lui bloquait le ventre, enfantera sans douleur le plus beau des espoirs. Et le convoi militaire en fanfare s’ébranlera pour le plus magnifique des défilés, le 19 Juin, jour férié malgré tous les reniements ! Puis, la démocratie, la vraie, pourra prendre possession de ces terres en fleurs, comme une vraie reine, pas comme une sorcière, déguisée et maquillée à la hâte, pour nous tromper et piller ce qui reste de nos biens.
Article complet.
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