Jeudi le 09-08-07
La violence est-elle innée chez l’Algérien? La question qui mérite d’être sérieusement posée par chacun de nous, en posant sur soi un regard sans complaisance, semble trouver, pas seulement une réponse, mais des réponses.
Elle est terrible cette réponse, quand on veut bien la voir et l’analyser. Incursion rapide dans le monde de la violence, de l’angoisse et de la peur.
Il est difficile de supporter cette vision d’une mère berçant son enfant, et dans ce trop-plein d’amour, lui susurrant à l’oreille: «Je vais te mordre, je vais te tuer ou encore je vais t’égorger!» Ces mots, aussi violents que possible, et que l’on ne s’effraie surtout pas, procèdent, semble-t-il, d’un excès d’amour, alors que la traduction courante signifie violence et volonté de nuire. Plus tard quand l’enfant grandit, le père, généralement, «corrige» son rejeton à la moindre incartade avec force gifles, et souvent même avec des coups encore plus violents. Il semble que cela soit naturel. Il faut bien que l’on «éduque son enfant!» A l’école, les «affaires de l’enfant» ne s’arrangent nullement, bien au contraire.
Le maître d’école semble ne pouvoir «travailler» qu’avec des châtiments corporels, bien que les textes de loi soient là pour interdire ce genre de punition, offrant aux instituteurs une panoplie d’interventions éducatives. Mais le père, et souvent même la mère, intervient auprès des maîtres d’école pour leur demander de corriger l’enfant: «Faites de lui ce que vous voulez!» Jusque dans ses jeux, l’enfant, chez nous, est confronté, pratiquement, partout à la violence. Les bagarres entre copains, les taloches distribuées souvent à tort et à travers par les «adultes» pour corriger l’enfant, la double «peine» pour tout-petit fautif.
Passe encore, si dans le cercle de la famille, l’on prenait la précaution de faire une petite place pour l’enfant, hélas! Quand les adultes parlent, on ne permet pas à l’enfant d’intervenir, il n’a que le droit d’écouter bouche cousue ce que des adultes marmonnent ou crient entre eux. Encore heureux si l’enfant n’assiste pas à de violentes disputes et des déchirures au sein de la famille.
Le jeune adulte et la violence
Les activités ludiques de l’enfant sont réduites au minimum vital, encore que jouer est mal vu par les adultes qui n’ont plus aucune souvenance de leur enfance. Bref, l’enfant est, chez nous, un véritable martyr coincé entre des parents souvent violents, car n’ayant, eux-mêmes, connu que la violence et une société qui ne tient guère compte des premiers âges.
Là, ne s’arrêtent pas les affres de la jeunesse, mais on dirait que ce qui s’était déroulé jusqu’ici n’était que jeu, et les choses sérieuses ne font que commencer avec l’entrée du jeune homme dans la vie sociale.
Le jeune homme qui s’apprête à entrer dans la vie sociale commence par s’imprégner de violence avant de devenir, lui-même, la reproduction du schéma original, et le cycle recommence. A son entrée dans le monde adulte, le jeune homme, qui a connu des vertes et des pas mûres, surtout en milieu rural et conservateur, va devoir affronter d’autres types de violence. Après les études secondaires ou, dans le meilleur des cas, supérieures, le voici à la recherche d’un emploi. Un emploi qu’il lui faut d’abord trouver, et cela est loin d’être une sinécure. Un emploi, de nos jours, ne se trouve pas comme ça.
Chez le privé, il faut jouer de «connaissances» ou alors être un véritable cador dans sa branche. Le public n’embauchant plus, ou presque plus. Quand on entre dans une entreprise privée, c’est un véritable parcours du combattant et l’épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de la tête du travailleur.
Non seulement, on doit faire son travail, mais aussi plaire au patron, et ce dernier vous traite, souvent, comme un moins que rien. Taillable, corvéable et licenciable à l’envi. Souvent, le patron vous demande de faire autre chose que ce pour quoi il vous a embauché, et si vous n’exécutez pas, la porte est ouverte. Passe encore pour un travailleur âgé qui, du haut de ses années d’expérience, sourit devant pareils comportements, mais pour un jeune, c’est révoltant. Pareille violence est aussi intériorisée, et en sus, aucun secours ni recours ne semble exister devant ce genre de dépassements.
Dans la quotidienneté, ces comportements appellent des réactions, et, souvent, les jeunes deviennent violents face à ces problèmes. Les cas de dépassements sont nombreux et variés, ils vont de l’attitude des nouveaux riches, mégalomanes et méprisants envers les autres, à ces fonctionnaires des administrations, pourtant publiques, qui s’échinent à vous poser des problèmes souvent insurmontables. Cela va de l’employé de l’APC, qui vous en fait «baver» pour le plus simple des actes d’état civil, au responsable des entreprises d’Etat, qui vous regarde de haut comme s’il était payé pour rendre la vie difficile aux citoyens.
Un exemple, dans une entreprise d’Etat revendant tel ou tel objet, donc ne produisant, en fait, rien du tout et faisant ce que le commerçant du coin fait mieux et plus rapidement que toute l’entreprise, le client se doit, avant d’être servi, faire plein de courbettes ou alors connaître telle ou telle personnalité.
Ce manque de considération ajouté aux diverses marques de mépris de parvenus ont fait que notre jeunesse, abreuvée de violences, a versé pratiquement toute dans l’excès. Les brutalités, les cruautés et autres «douceurs» étant servies à tout moment et à tous suffisent à expliquer pourquoi les jeunes sont acariâtres, brutaux et souvent même taciturnes et violents.
En sus de ces tracas, il faut peut-être ajouter cette période de violence terroriste que les jeunes, tout comme les autres générations et peut-être un peu plus que les autres, ont subi dans leur âme et leurs corps les affres du terrorisme. Durant la tragédie nationale, les jeunes ont eu à vivre, pour certains, à voir, et pour d’autres à entendre les horreurs de la violence. Ayant grandi dans la violence, les jeunes gens ont eu à se colleter avec elle durant une bonne partie de leur jeunesse.
à suivre....
La violence est-elle innée chez l’Algérien? La question qui mérite d’être sérieusement posée par chacun de nous, en posant sur soi un regard sans complaisance, semble trouver, pas seulement une réponse, mais des réponses.
Elle est terrible cette réponse, quand on veut bien la voir et l’analyser. Incursion rapide dans le monde de la violence, de l’angoisse et de la peur.
Il est difficile de supporter cette vision d’une mère berçant son enfant, et dans ce trop-plein d’amour, lui susurrant à l’oreille: «Je vais te mordre, je vais te tuer ou encore je vais t’égorger!» Ces mots, aussi violents que possible, et que l’on ne s’effraie surtout pas, procèdent, semble-t-il, d’un excès d’amour, alors que la traduction courante signifie violence et volonté de nuire. Plus tard quand l’enfant grandit, le père, généralement, «corrige» son rejeton à la moindre incartade avec force gifles, et souvent même avec des coups encore plus violents. Il semble que cela soit naturel. Il faut bien que l’on «éduque son enfant!» A l’école, les «affaires de l’enfant» ne s’arrangent nullement, bien au contraire.
Le maître d’école semble ne pouvoir «travailler» qu’avec des châtiments corporels, bien que les textes de loi soient là pour interdire ce genre de punition, offrant aux instituteurs une panoplie d’interventions éducatives. Mais le père, et souvent même la mère, intervient auprès des maîtres d’école pour leur demander de corriger l’enfant: «Faites de lui ce que vous voulez!» Jusque dans ses jeux, l’enfant, chez nous, est confronté, pratiquement, partout à la violence. Les bagarres entre copains, les taloches distribuées souvent à tort et à travers par les «adultes» pour corriger l’enfant, la double «peine» pour tout-petit fautif.
Passe encore, si dans le cercle de la famille, l’on prenait la précaution de faire une petite place pour l’enfant, hélas! Quand les adultes parlent, on ne permet pas à l’enfant d’intervenir, il n’a que le droit d’écouter bouche cousue ce que des adultes marmonnent ou crient entre eux. Encore heureux si l’enfant n’assiste pas à de violentes disputes et des déchirures au sein de la famille.
Le jeune adulte et la violence
Les activités ludiques de l’enfant sont réduites au minimum vital, encore que jouer est mal vu par les adultes qui n’ont plus aucune souvenance de leur enfance. Bref, l’enfant est, chez nous, un véritable martyr coincé entre des parents souvent violents, car n’ayant, eux-mêmes, connu que la violence et une société qui ne tient guère compte des premiers âges.
Là, ne s’arrêtent pas les affres de la jeunesse, mais on dirait que ce qui s’était déroulé jusqu’ici n’était que jeu, et les choses sérieuses ne font que commencer avec l’entrée du jeune homme dans la vie sociale.
Le jeune homme qui s’apprête à entrer dans la vie sociale commence par s’imprégner de violence avant de devenir, lui-même, la reproduction du schéma original, et le cycle recommence. A son entrée dans le monde adulte, le jeune homme, qui a connu des vertes et des pas mûres, surtout en milieu rural et conservateur, va devoir affronter d’autres types de violence. Après les études secondaires ou, dans le meilleur des cas, supérieures, le voici à la recherche d’un emploi. Un emploi qu’il lui faut d’abord trouver, et cela est loin d’être une sinécure. Un emploi, de nos jours, ne se trouve pas comme ça.
Chez le privé, il faut jouer de «connaissances» ou alors être un véritable cador dans sa branche. Le public n’embauchant plus, ou presque plus. Quand on entre dans une entreprise privée, c’est un véritable parcours du combattant et l’épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de la tête du travailleur.
Non seulement, on doit faire son travail, mais aussi plaire au patron, et ce dernier vous traite, souvent, comme un moins que rien. Taillable, corvéable et licenciable à l’envi. Souvent, le patron vous demande de faire autre chose que ce pour quoi il vous a embauché, et si vous n’exécutez pas, la porte est ouverte. Passe encore pour un travailleur âgé qui, du haut de ses années d’expérience, sourit devant pareils comportements, mais pour un jeune, c’est révoltant. Pareille violence est aussi intériorisée, et en sus, aucun secours ni recours ne semble exister devant ce genre de dépassements.
Dans la quotidienneté, ces comportements appellent des réactions, et, souvent, les jeunes deviennent violents face à ces problèmes. Les cas de dépassements sont nombreux et variés, ils vont de l’attitude des nouveaux riches, mégalomanes et méprisants envers les autres, à ces fonctionnaires des administrations, pourtant publiques, qui s’échinent à vous poser des problèmes souvent insurmontables. Cela va de l’employé de l’APC, qui vous en fait «baver» pour le plus simple des actes d’état civil, au responsable des entreprises d’Etat, qui vous regarde de haut comme s’il était payé pour rendre la vie difficile aux citoyens.
Un exemple, dans une entreprise d’Etat revendant tel ou tel objet, donc ne produisant, en fait, rien du tout et faisant ce que le commerçant du coin fait mieux et plus rapidement que toute l’entreprise, le client se doit, avant d’être servi, faire plein de courbettes ou alors connaître telle ou telle personnalité.
Ce manque de considération ajouté aux diverses marques de mépris de parvenus ont fait que notre jeunesse, abreuvée de violences, a versé pratiquement toute dans l’excès. Les brutalités, les cruautés et autres «douceurs» étant servies à tout moment et à tous suffisent à expliquer pourquoi les jeunes sont acariâtres, brutaux et souvent même taciturnes et violents.
En sus de ces tracas, il faut peut-être ajouter cette période de violence terroriste que les jeunes, tout comme les autres générations et peut-être un peu plus que les autres, ont subi dans leur âme et leurs corps les affres du terrorisme. Durant la tragédie nationale, les jeunes ont eu à vivre, pour certains, à voir, et pour d’autres à entendre les horreurs de la violence. Ayant grandi dans la violence, les jeunes gens ont eu à se colleter avec elle durant une bonne partie de leur jeunesse.
à suivre....
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