Bilan de la saison estivale à Béjaïa
Potentiel touristique à rentabiliser
Alors que l’arrière saison touristique tire à sa fin, l’heure du bilan a sonné pour beaucoup d’opérateurs du secteur du tourisme qui évaluent la saison. Le bilan ne concerne pas uniquement le tiroir-caisse.
Il s’agit également de tirer les bons enseignements des expériences passées et de tracer des plans pour l’avenir. « Il faut faire quelque chose. Il ne faut pas laisser le potentiel touristique de notre région sous-exploité et sous-développé tel qu’il est aujourd’hui », dit Khoudir Arroudj, hôtelier, en lançant un véritable cri de détresse. Propriétaire-gérant d’un hôtel à Tichy, il connaît bien le domaine. Comme de coutume, la saison estivale a vu l’afflux de dizaines de milliers de touristes sur la côte béjaouie dont les structures d’accueil, au plus fort de l’été, n’ont pas suffi à contenir la marée humaine. Des locaux sans aucune commodité ont été transformés en hôtels et des estivants ont passé la nuit sur des parkings ou sur la plage. Cet état de choses est révoltant pour M. Arroudj qui appelle à un grand effort de la part des pouvoirs publics pour encourager l’investissement, afin d’accroître les capacités d’accueil de la zone touristique, par des réalisations nouvelles ou par des extensions des infrastructures existantes. Le touriste, quel qu’il soit, mérite le respect. « Notre pays, faut-il le rappeler, est l’un des rares pays au monde à faire le plein de touristes avec ses seuls résidents et ses émigrés », souligne-t-il. Pour notre interlocuteur, du fait que la région de Béjaïa possède un potentiel touristique unique au monde, elle mérite une plus grande attention des autorités et des moyens appropriés pour répondre aux sollicitations des nombreux visiteurs. « Le paradis est ici », dit-il, pleinement convaincu. « J’ai visité beaucoup de pays, notamment la côte ouest des Etats-Unis, mais leurs plages ne ressemblent pas aux nôtres. La nature que nous avons ici, la mer et la montagne et des endroits comme Cap Carbon, ne se trouvent pas ailleurs », ajoute-t-il. Hélas, la beauté de la nature ne suffit pas, à elle seule, à remplir les hôtels. Notre opérateur pense qu’il faut un environnement plus sain, une hygiène irréprochable, des visiteurs mieux informés et un renforcement des moyens sécuritaires. A titre d’exemple, les baigneurs commencent à arriver vers 7h à la plage, mais les éléments de la Protection civile n’arrivent qu’une heure et demie à deux heures plus tard. Cela entraîne, bien souvent, des cas de noyade sans aucune assistance. Autre exemple de l’inadaptation à la culture du tourisme : les employés des administrations sont absents le week-end, au moment où la pression des estivants est la plus forte. Les égouts et les ordures ménagères débordent de partout de mercredi soir jusqu’à samedi matin. Les coupures d’eau et d’électricité sont fréquentes. Les efforts doivent être concentrés sur les deux à trois mois de la saison estivale. « Faute de solutions appropriées, tout ce potentiel, que beaucoup de pays nous envient, va aller voir ailleurs », dit-il.
Djamel Alilat. El Watan du mercredi 12 sept 2007
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