Il y a une seule chose à dire haut et fort à notre gouvernement : «Vous avez lamentablement échoué !» Durant l’histoire récente de notre pays, il y a eu des échecs et ce n’est pas nouveau. Mais, c’est la première fois que l’échec est total, absolu, une admirable réussite en fait, inégalable un record ! Ce fiasco retentissant fait peur à tous ceux qui vivent ici et qui n’ont pas des résidences de prestige à Genève, Paris ou Baltimore, pour aller oublier le cauchemar.
Ici nous avons vécu, ici nous vivrons, ici nous mourrons ! Vous avez lamentablement échoué dans tous les domaines. Nous sommes devenus la risée des peuples voisins et ceux d’en face nous regardent comme des pestiférés. La lune de miel avec l’intégrisme n’a donné que mort et désolation…..
Le terrorisme, terrassé en 1998 et vaincu politiquement et militairement grâce à la mobilisation héroïque du peuple algérien, revient plus fort que jamais. Durant la décennie que l’on appelle noire et qui sera bientôt dépassée en horreurs si rien n’est fait pour arrêter cette politique suicidaire, les terroristes n’avaient jamais pu frapper le siège du chef du gouvernement. Ils l’ont fait, il y a quelques mois, et ce fut le triste attentat du Palais du gouvernement. Au lieu d’attaquer le mal par les racines, nos responsables ont essayé de minimiser cette explosion meurtrière en disant tout et n’importe quoi : «Il n’y avait pas de kamikaze, les terroristes agissent ainsi parce qu’ils sont dans l’impasse», etc.
Pourtant, ce crime portait une signature claire, celle du terrorisme islamiste qui l’a revendiqué haut et fort. Le responsable de cette boucherie est connu : c’est l’intégrisme religieux, c’est le discours dominant qui, de Tébessa à Maghnia, et grâce aux encouragements d’une classe politique vieillotte, incompétente et corrompue, a la part belle. Il part en chasse quotidiennement contre les femmes qui refusent l’ordre des talibans, contre les hommes qui ne veulent pas se plier aux injonctions des nouveaux docteurs de la foi, contre les idées de progrès et de justice qui ont façonné l’une des plus belles révolutions au monde. Révolution brisée, valeurs soldées pour faire plaisir aux tenants d’un ordre obscurantiste, réactionnaire, qui prône l’archaïsme social et l’immobilisme, pour le plus grand bénéfice de l’impérialisme dont il est l’un des bras actifs.
Au lieu d’attacher définitivement notre pays au train maghrébin de la modernité, en faisant simplement ce que font nos voisins, nos dirigeants ont réveillé les marabouts, enrichi les émirs sanguinaires, multiplié les offres de service aux intégristes, facilité l’implantation et la propagation de leurs idées dans la société, fermé toutes les ouvertures sur les arts, la culture et la pensée de notre siècle, importé du Golfe des us et coutumes qui ne sont pas les nôtres, crétinisé le contenu de l’école, éloigné la pensée rationnelle et la science moderne ! Inconsciemment, ils ont facilité le travail des recruteurs de kamikazes. Il suffit de circuler dans l’Algérie profonde pour s’en convaincre et c’est déjà trop tard. Trop tard, parce que, parallèlement, la politique ultralibérale a anéanti les derniers rêves de la jeunesse. Le chômage et l’exclusion ont enfoncé nos jeunes dans le désespoir. Ils n’ont plus rien à perdre et leurs nouveaux points cardinaux sont désormais : suicide, criminalité, terrorisme ou exil par les mers.
Pendant ce temps, les supports du régime, des entrepreneurs véreux et un tas d’autres affairistes qui se plaisent dans la situation de confusion actuelle pour faire prospérer leurs affaires louches, encourageant la corruption par tous les moyens ; pendant ce temps-là, ces hommes pourrissent tout au niveau local et donnent l’impression aux populations des wilayas que la malhonnêteté est le nouveau chemin de la réussite sociale. La délation, le népotisme et le régionalisme font le reste : dès qu’un cadre honnête lève la tête ou dit une vérité, il est cassé, brisé ! Le silence que j’entends lorsque je passe dans certaines villes de l’intérieur est étrange ! C’est le silence des agneaux !
Pourtant, demain, lorsque le voile se lèvera sur cette période, des vérités assommantes seront dites. Lorsque les gens ne seront plus les esclaves de l’argent, que la vraie société civile, pas celle qui chante les louanges dans les soirées télévisées, pas celle qui lève des toiles ridicules de gigantisme sur les immeubles de Sétif, non celle-là s’est déjà ridiculisée ; lorsque la vraie société dira son mot, ce sera pour condamner l’unanimisme ! Parce qu’aucune stratégie viable de lutte contre l’intégrisme n’a été imaginée au plus haut niveau, parce que, bien au contraire, on continue de tolérer et d’encourager l’extrémisme islamiste, le terrorisme vient de monter, le plus logiquement du monde, d’un cran : il a tenté de frapper la cible située au-dessus du chef du gouvernement ! Ils nous promettaient un recul de la bête immonde et voilà qu’elle s’attaque à la tête de l’exécutif ! Et ce fut l’attentat sanglant de Batna conçu et exécuté par des islamistes algériens.
Vont-ils enfin se réveiller ? Non ! Le même discours continue d’être véhiculé, s’acharnant à nous prouver que l’islamisme est innocent, alors qu’il persiste et signe. Et, au lieu de répondre à cette escalade périlleuse en prenant les mesures adéquates à tous les niveaux, le pouvoir et ses relais réagissent de la manière la plus sotte, la moins imaginative, en faisant sortir des manifestations très… «spontanées». Alors que les Algériens étaient angoissés et attendaient des actes, on leur ressort l’éternelle rengaine du «troisième mandat», dans un étalage d’opportunisme jamais égalé et qui était comme une insulte aux victimes. Les Algériens voulaient être rassurés : que la politique ayant mené à cette situation soit débattue, critiquée ; changée même, voilà ce qu’ils disaient, partout, en masse.
Mais on ne voulait entendre que les voix des quelques applaudisseurs professionnels ramassés pour faire plaisir à la caméra ! Agissez d’abord et on verra ensuite ! Donnez-nous la preuve que la voie choisie est la bonne ! Nous en doutons parce qu’il y a toutes ces preuves devant nous et voilà, encore, qu’un kamikaze remet ça à Lakhdaria ! Il est algérien et intégriste ! Agissez, améliorez les choses, donnez de l’espoir et tout le monde vous hissera sur les épaules, pour vous donner un troisième, un quatrième et un cinquième mandat ! Cette réconciliation nationale, qui aurait pu être une bonne leçon de courage politique et le prélude à une ère de véritable concorde et de prospérité, n’a pas suivi le chemin qui aurait dû être le sien. Elle n’a pas eu la hauteur de vue nécessaire pour s’imposer comme une œuvre de justice et de paix. Elle n’a pas eu le contenu politique annoncé dans les discours de l’été 2005, lorsqu’il était question de renforcer le droit, réhabiliter la République et tout faire pour que la mémoire des héros soit honorée.
La réconciliation nationale que nous avions lucidement soutenue n’est pas ce mariage contre nature avec l’intégrisme ! Les résultats récoltés jusque-là inciteront-ils les dirigeants à revoir leur stratégie ? Car, et si aucune correction n’est apportée au parcours actuel, nous savons, vous savez, que les choses vont empirer. Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le monde nous regarde autrement depuis l’attentat de Lakhdaria. C’est tout le discours de l’amélioration de la situation sécuritaire et des acquis de l’ère Bouteflika qui prend un sérieux coup. Dans les prochaines semaines, nous assisterons, malheureusement, à une nouvelle perception de nos réalités nationales par les gouvernements étrangers. Puissent-ils aussi comprendre que ce peuple ne peut pas être abandonné une seconde fois. Puissent-ils tout faire — et notamment pour les plus influents d’entre eux — afin que nos gouvernants arrêtent de s’acoquiner avec l’intégrisme religieux. Il y a péril en la demeure et seul le réveil des consciences — de nos dirigeants, des élites politiques, de la société civile — peut encore sauver ce qui reste à sauver. Personnellement, j’en doute et je crois que nous allons vers des jours sombres.
M. F.
Kamel Chibout
Ici nous avons vécu, ici nous vivrons, ici nous mourrons ! Vous avez lamentablement échoué dans tous les domaines. Nous sommes devenus la risée des peuples voisins et ceux d’en face nous regardent comme des pestiférés. La lune de miel avec l’intégrisme n’a donné que mort et désolation…..
Le terrorisme, terrassé en 1998 et vaincu politiquement et militairement grâce à la mobilisation héroïque du peuple algérien, revient plus fort que jamais. Durant la décennie que l’on appelle noire et qui sera bientôt dépassée en horreurs si rien n’est fait pour arrêter cette politique suicidaire, les terroristes n’avaient jamais pu frapper le siège du chef du gouvernement. Ils l’ont fait, il y a quelques mois, et ce fut le triste attentat du Palais du gouvernement. Au lieu d’attaquer le mal par les racines, nos responsables ont essayé de minimiser cette explosion meurtrière en disant tout et n’importe quoi : «Il n’y avait pas de kamikaze, les terroristes agissent ainsi parce qu’ils sont dans l’impasse», etc.
Pourtant, ce crime portait une signature claire, celle du terrorisme islamiste qui l’a revendiqué haut et fort. Le responsable de cette boucherie est connu : c’est l’intégrisme religieux, c’est le discours dominant qui, de Tébessa à Maghnia, et grâce aux encouragements d’une classe politique vieillotte, incompétente et corrompue, a la part belle. Il part en chasse quotidiennement contre les femmes qui refusent l’ordre des talibans, contre les hommes qui ne veulent pas se plier aux injonctions des nouveaux docteurs de la foi, contre les idées de progrès et de justice qui ont façonné l’une des plus belles révolutions au monde. Révolution brisée, valeurs soldées pour faire plaisir aux tenants d’un ordre obscurantiste, réactionnaire, qui prône l’archaïsme social et l’immobilisme, pour le plus grand bénéfice de l’impérialisme dont il est l’un des bras actifs.
Au lieu d’attacher définitivement notre pays au train maghrébin de la modernité, en faisant simplement ce que font nos voisins, nos dirigeants ont réveillé les marabouts, enrichi les émirs sanguinaires, multiplié les offres de service aux intégristes, facilité l’implantation et la propagation de leurs idées dans la société, fermé toutes les ouvertures sur les arts, la culture et la pensée de notre siècle, importé du Golfe des us et coutumes qui ne sont pas les nôtres, crétinisé le contenu de l’école, éloigné la pensée rationnelle et la science moderne ! Inconsciemment, ils ont facilité le travail des recruteurs de kamikazes. Il suffit de circuler dans l’Algérie profonde pour s’en convaincre et c’est déjà trop tard. Trop tard, parce que, parallèlement, la politique ultralibérale a anéanti les derniers rêves de la jeunesse. Le chômage et l’exclusion ont enfoncé nos jeunes dans le désespoir. Ils n’ont plus rien à perdre et leurs nouveaux points cardinaux sont désormais : suicide, criminalité, terrorisme ou exil par les mers.
Pendant ce temps, les supports du régime, des entrepreneurs véreux et un tas d’autres affairistes qui se plaisent dans la situation de confusion actuelle pour faire prospérer leurs affaires louches, encourageant la corruption par tous les moyens ; pendant ce temps-là, ces hommes pourrissent tout au niveau local et donnent l’impression aux populations des wilayas que la malhonnêteté est le nouveau chemin de la réussite sociale. La délation, le népotisme et le régionalisme font le reste : dès qu’un cadre honnête lève la tête ou dit une vérité, il est cassé, brisé ! Le silence que j’entends lorsque je passe dans certaines villes de l’intérieur est étrange ! C’est le silence des agneaux !
Pourtant, demain, lorsque le voile se lèvera sur cette période, des vérités assommantes seront dites. Lorsque les gens ne seront plus les esclaves de l’argent, que la vraie société civile, pas celle qui chante les louanges dans les soirées télévisées, pas celle qui lève des toiles ridicules de gigantisme sur les immeubles de Sétif, non celle-là s’est déjà ridiculisée ; lorsque la vraie société dira son mot, ce sera pour condamner l’unanimisme ! Parce qu’aucune stratégie viable de lutte contre l’intégrisme n’a été imaginée au plus haut niveau, parce que, bien au contraire, on continue de tolérer et d’encourager l’extrémisme islamiste, le terrorisme vient de monter, le plus logiquement du monde, d’un cran : il a tenté de frapper la cible située au-dessus du chef du gouvernement ! Ils nous promettaient un recul de la bête immonde et voilà qu’elle s’attaque à la tête de l’exécutif ! Et ce fut l’attentat sanglant de Batna conçu et exécuté par des islamistes algériens.
Vont-ils enfin se réveiller ? Non ! Le même discours continue d’être véhiculé, s’acharnant à nous prouver que l’islamisme est innocent, alors qu’il persiste et signe. Et, au lieu de répondre à cette escalade périlleuse en prenant les mesures adéquates à tous les niveaux, le pouvoir et ses relais réagissent de la manière la plus sotte, la moins imaginative, en faisant sortir des manifestations très… «spontanées». Alors que les Algériens étaient angoissés et attendaient des actes, on leur ressort l’éternelle rengaine du «troisième mandat», dans un étalage d’opportunisme jamais égalé et qui était comme une insulte aux victimes. Les Algériens voulaient être rassurés : que la politique ayant mené à cette situation soit débattue, critiquée ; changée même, voilà ce qu’ils disaient, partout, en masse.
Mais on ne voulait entendre que les voix des quelques applaudisseurs professionnels ramassés pour faire plaisir à la caméra ! Agissez d’abord et on verra ensuite ! Donnez-nous la preuve que la voie choisie est la bonne ! Nous en doutons parce qu’il y a toutes ces preuves devant nous et voilà, encore, qu’un kamikaze remet ça à Lakhdaria ! Il est algérien et intégriste ! Agissez, améliorez les choses, donnez de l’espoir et tout le monde vous hissera sur les épaules, pour vous donner un troisième, un quatrième et un cinquième mandat ! Cette réconciliation nationale, qui aurait pu être une bonne leçon de courage politique et le prélude à une ère de véritable concorde et de prospérité, n’a pas suivi le chemin qui aurait dû être le sien. Elle n’a pas eu la hauteur de vue nécessaire pour s’imposer comme une œuvre de justice et de paix. Elle n’a pas eu le contenu politique annoncé dans les discours de l’été 2005, lorsqu’il était question de renforcer le droit, réhabiliter la République et tout faire pour que la mémoire des héros soit honorée.
La réconciliation nationale que nous avions lucidement soutenue n’est pas ce mariage contre nature avec l’intégrisme ! Les résultats récoltés jusque-là inciteront-ils les dirigeants à revoir leur stratégie ? Car, et si aucune correction n’est apportée au parcours actuel, nous savons, vous savez, que les choses vont empirer. Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le monde nous regarde autrement depuis l’attentat de Lakhdaria. C’est tout le discours de l’amélioration de la situation sécuritaire et des acquis de l’ère Bouteflika qui prend un sérieux coup. Dans les prochaines semaines, nous assisterons, malheureusement, à une nouvelle perception de nos réalités nationales par les gouvernements étrangers. Puissent-ils aussi comprendre que ce peuple ne peut pas être abandonné une seconde fois. Puissent-ils tout faire — et notamment pour les plus influents d’entre eux — afin que nos gouvernants arrêtent de s’acoquiner avec l’intégrisme religieux. Il y a péril en la demeure et seul le réveil des consciences — de nos dirigeants, des élites politiques, de la société civile — peut encore sauver ce qui reste à sauver. Personnellement, j’en doute et je crois que nous allons vers des jours sombres.
M. F.
Kamel Chibout
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