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«Ainsi vivait le kamikaze...»

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  • «Ainsi vivait le kamikaze...»

    L'Expression.
    Edition du 15-Déc-2007.

    Il tentait d’expliquer le Saint Coran aux jeunes. Il portait une barbe et le kamis. Il voyait d’un mauvais oeil les filles qui ne portaient pas le foulard.

    En cette belle matinée de vendredi, des enfants insouciants s’amusent sur un terrain boueux à Oued Ouchaïeh dans la commune d’El Harrach. Un long chemin traverse ce terrain. C’est la rue «E» qui mène vers une maison blanche de trois étages, qui focalise subitement l’objectif des caméras: c’est là que réside la famille du kamikaze, Larbi Charef, qui s’est fait exploser mardi passé devant le siège du Conseil constitutionnel.

    Avec beaucoup d’appréhension, nous avons emprunté quelques marches des escaliers de «la maison blanche». Nous restons un bon moment devant la porte, mais personne ne répond. Quelques minutes plus tard, un garçon de 12 ans ouvre la porte et nous lance une série de questions: «Qui êtes-vous? Que voulez-vous? Après qui cherchez-vous?» Et d’enchaîner: «Mon grand-père est malade. Mon père est au marché. Mes cousins sont tous sortis.» Soudain, une vieille d’une soixantaine d’années nous apprend que la famille de Larbi a déménagé à Aïn Naâdja, une commune dans la banlieue sud-est de la capitale.

    «Cela fait six ans qu’ils ont déménagé à Aïn Naâdja», annonce-t-elle. Avant de quitter les lieux, la vieille nous donne quelques détails concernant le kamikaze.
    «Avant de déménager à Aïn Naâdja, Larbi insistait pour que toutes les femmes de la maison mettent le foulard. Il conseillait à tous les membres de la famille de suivre le chemin d’Allah et de se conformer à la Sunna.»

    Nous quittons ce quartier enclavé de la capitale où les eaux usées traversent les ruelles et les montagnes d’ordures qui constituent le décor du quartier. Une vingtaine de minutes plus tard, les parents de Larbi nous «accueillent» à Aïn Naâdja. C’est dans une autre maison, dont les travaux de construction ne sont pas achevés, que Larbi et sa famille habitent.

    C’était difficile de s’entretenir avec le père M.C. et ses deux fils. Une rude épreuve. «Je vous recommande de quitter sur-le-champ la maison», nous avertit le petit frère de Larbi, d’un air agressif. Le père M.C. intervient et raconte avec beaucoup d’émotion et de sagesse: «Comme tous les Algériens c’est avec beaucoup de regret et de chagrin que j’ai appris la mort de mes concitoyens. Mon fils n’est rien devant la vie des dizaines de victimes. Il n’est pas le premier ni le dernier.»

    Doublement triste, le père de Larbi traumatisé s’excuse auprès des familles des victimes. On retrouve la même émotion chez son grand frère. «Il était libre de faire ce qui lui paraissait le mieux. Il a choisi ce chemin, il l’assume seul», déclare-t-il avant d’ajouter: «Beaucoup d’Algériens ont perdu la vie à cause des attentats. Larbi, mon frère, n’est pas un cas isolé. On ne peut pas changer le monde. La vie continue», murmure-t-il. Le père révèle que son fils Larbi était diplômé.

    «Il a arraché son baccalauréat en prison. Avant cela, il avait travaillé dans une usine de produits pharmaceutiques. A sa sortie, il a connu le chômage pendant 8 mois.» Tout au long de sa période de chômage, Larbi n’a pas manifesté de signes indiquant qu’il voulait rejoindre le maquis. «Il était venu me voir pour me dire qu’il quittait la maison. Ce jour-là, il m’a annoncé qu’il avait trouvé du travail ailleurs. Il avait, donc, plié bagage et arrangé tous ses papiers. Je ne l’ai plus revu depuis», se souvient le père.

    Son grand frère atteste encore: «Depuis qu’il a quitté la maison, nous avons perdu tout contact avec lui.» Un jeune de la même cité, occupé à bricoler sa Peugeot précise: «Je connais très bien Larbi. C’est un enfant de ma cité. Nous avons passé ensemble notre jeunesse. Franchement, j’étais surpris d’apprendre qu’il était l’auteur d’un attentat.»

    «Ici tout le monde peut témoigner du calme, du sérieux et de la générosité de Larbi», souligne le bricoleur mécanicien. Il ajoute que son copain de quartier a brusquement changé de comportement. «Depuis plus de sept ans, Larbi s’est isolé de nous. Il se faisait de plus en plus rare dans la cité et ne nous fréquentait plus.» «J’ai entendu dire qu’il avait été relaxé, mais je n’ai pas eu de contacts avec lui», a-t-il affirmé.


    A quelques mètres de la maison blanche, un jeune adossé à la porte de sa maison, regarde jouer sa soeur, un morceau de pain et une tomate à la main. «Larbi n’est pas de ma génération. Il me dépasse de quelques années. Mais je le connais. Je discutais avec lui. Il nous conseillait de suivre le chemin de Dieu. Je le trouvais un peu introverti», confie ce jeune de 25 ans, chômeur. Selon ce dernier, Larbi avait de «bonnes relations» avec tout le monde. Il s’amusait comme il voulait et comme il pouvait. Il conseillait aux gens du quartier d’arrêter de fumer. Il tentait d’expliquer le Saint Coran aux jeunes. Il portait le kamis. Il était barbu. Il appliquait la Sunna. Il voyait d’un mauvais oeil les filles qui ne portaient pas le foulard.
    • Comment devient-on kamikaze?
    • Quels en sont les critères?
    • Quelles sont les raisons qui incitent à le devenir?


    Larbi Charef, celui qui s’est fait exploser devant le Conseil constitutionnel à Ben Aknoun mardi dernier, remet en question le stéréotype du kamikaze.
    • Comment peut-on cerner, ainsi, cet individu?
    • Comment les autres personnes le définissent-elles?
    • Que faisait-il dans la vie?
    • Dans quel milieu social a-t-il été élevé?
    • Qui sont ses amis?
    • Bref à quel profil répond-il?


    Le père et le frère de Larbi le racontent. Si les amis et les enfants du quartier où réside ce nouveau kamikaze ont apporté leurs témoignages, le mystère reste entier sur ses réelles motivations. Larbi n’est pas le seul kamikaze issu de cette région.

    Avant lui, le jeune Nabil, 15 ans, s’est fait exploser à la caserne des gardes-côtes à Dellys. L’autre kamikaze, Mouadh Ben Jabel, qui s’est fait exploser devant le Palais du gouvernement le 11 avril, était également originaire de Bourouba, El Harrach. La région d’El Harrach reste la zone la plus défavorisée de la capitale. On y rencontre tous les maux sociaux. La situation sociale de ses habitants est plus que précaire.

    Tahar FATTANI
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

  • #2
    Comme avec les serial killer, il est tres difficile de profiler les kamikazes ... c'est monsieur tout-le-monde.

    Interessant l'article, merci.
    Dernière modification par BeeHive, 14 décembre 2007, 23h39.

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    • #3
      Nous quittons ce quartier enclavé de la capitale où les eaux usées traversent les ruelles et les montagnes d’ordures qui constituent le décor du quartier.
      C'est cela qui explique tout....A Alger aujourd'hui voilà dans quelles condtions vivent nos compatriotes. C'est un vivier de kamikazes potentiels tout comme ce fut un vivier pour le FIS et le pourquoi c'est en citation. Je n'excuse pas ce kamikaze mais chose sure c'est que je comprend ce qui l'a poussé à aller dans le giron de ceux qui lui ont promis une autre vie.......
      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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      • #4
        Bonsoir


        Ce qui me touche le plus est la réaction des parents, que dieu leur donne le courage de traverser cette épreuve comme à tous ceux qui ont perdu des proches lors de cet évènement.

        Mais je n'ai aucune compassion envers cet individu.

        Beaucoup de gens vivent dans la pauvreté en Algérie et ailleurs, si tout le monde se mettaient à s'exploser, en tuant d'autres personnes, il ne resterait plus personne sur la planète ! Je pense qu'il faut vraiment mépriser les autres et n'avoir aucun respect pour l'être humain que d'oser ôter la vie à une autre personne.


        A.

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        • #5
          la pauvreté contribue mais ce n'est guere une raison pour se faire explosé ,c'est bien l'education sur toute ces formes religieuse, parentale etc et cela des le jeune age ,ce n'est pas a 30 ans qu'on va eduqué quelqu'un mais faut voir son passé ,qui a fréquenté ,qui a contacté etc !!

          la pauvreté n'explique en aucun cas les kamikaze ,les pauvre ont toujours existé ,la pauvreté aussi et ce la dans tout les pied du monde ,faut voir comme exemple les Favelas au bresil c'est des taudit des petite maison les une sur les autre ni eau ,ni gaz ,ni electricité ,certains d'entre eux vole ,vendent de la drogue ,braquent des banque mais ne s'explose pas ,il faut bien un autre facteur qui poura les faire explosé et c'est l'education !!

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          • #6
            Ou s'est il fait exploser ?

            Je crois plutot que c'est au UNHCR ....
            Au Conseil constitutionnel , c'est plutot le vieux !

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            • #7
              medit, bonjour

              Le problème n'est pas l'endroit mais bel et bien ce cas extrême "de se faire exploser"

              Comme l'écrit si bien BeeHive il est difficile d'établir un profil "type", les facteurs qui favorisent cette "déchéance" sont nombreux.

              L'un des plus grand danger, c'est l'endoctrinement religieux, l'utilisation faite des infrastructures religieuses en Algérie n'est pas étrangère à toute cette mélasse, il faut surveiller les mosquées, ce qui est déjà le cas, surveiller et sanctionner.

              Tout ne se limite pas à elle, il est clair que le processus est plus complexe que ça mais c'est une étape très importante dans l'acheminement de la descente aux enfers de ces "bombes humaines".

              Il faut que la population prenne conscience que les discours politiques ne se font pas dans les moquées et qu'elle le fasse comprendre à leur guide spirituel, les imams "laveurs de cerveaux".

              Le problème est très profond, il convient d'établir une réelle réflexion autour de la chose, ce qui a toujours été fait, mais muselé et reléguer au dernier plan.

              Comme le disait la dernier fois Jawzia, bien des intervenants sont à prendre en considération dans cette affaire, seulement il convient d'en déceler les grands facteurs (les plus urgents) et de procéder à leurs éradication par étapes.

              Il faut que toute la société soit mise a contribution et c'est à l'Etat d'enclencher le processus et de servir de "régulateur" et non pas de "museleur".
              “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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              • #8
                ce ci dis ya une petite incohérences dans l'article : on dis qu'il etait un peu reservé et qui avais de bonne relation avec tout monde a part qu'il avais une barbe et porté un kamis et regarder les fille d'un mauvais oeil ,je ne vois pas la cause de sa presence en prison !! et comme dans d'autre article on dis que c'est un amnistié de la réconciliations national ,pour cela il fallait qu'il sois deja etait impliqué mais d'apres son pere il disait qu'il a travaillé normalement et ne lui a jamais fait paraitre aucun signe jusqu'au jour ou il a pris ses bagage et part !!

                donc j'aimerais comprendre ou est la verité ? il etait en prison ca on le sais ,mais pourquoi il etait en prison ? il etait un encient terroriste repenti et gracié par la concorde ?

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                • #9
                  Bonjour à tous,
                  je suis d'accord avec ceux qui disent que la pauvreté ET la misère sont les conditions qui ont fait basculer Larbi et autres dans le terrorisme.

                  Oui mais,...est-ce suffisant ?

                  Des gens dans la pauvreté et la misère il y en a plein, mais il gardent le sourire et vivent, tout simplement,... alors aussi grande est la tristesse de ses proches, jamais il ne changera le fait qu'à cause de lui (et d'autres aussi), presque une centaine d'innocents sont morts et que la souffrance de leur famille ne sera jamais que plus cruelle,... alors IL FAUT ARRETER, à part la connerie et les intérêts rien ne justifie le terrorisme.
                  je compatit pour toutes les familles, je sais ce qu'ils vivent en ce moment.
                  les terroristes me désintéressent,...
                  " Il mange avec le Loup et pleure avec le Berger"...

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